Après plus de deux ans de travaux, le barrage modernisé de Pont-et-Massène a été inauguré par Christiane Barret, préfète de Région, Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marc Papinutti, directeur général de Voies Navigables de France (VNF) et Patrick Roux, maire de Pont-et-Massène. Une inauguration marquée par la première crue de l'année pour ce barrage, dont les travaux de rénovation et de sécurisation ont coûté 15,7 M €, financés par VNF avec la participation de la Région à hauteur de 3 M €.
50m3 secondes ce n’est pas le débit du déluge qui a arrosé cette inauguration, mais celui des cascades résultant de l’ouverture de l’évacuateur de crue. Pas de quoi décourager les élus, les représentants de l’Etat ni les habitants venus assister à ce moment qui met un point d’étape, plus qu’un terme, à l’aventure de ce barrage sur lequel de lourds travaux de génie civil ont été effectués après l’identification d’un risque lié à la sécurité de l’ouvrage datant du 19ème siècle. Madame Barret, préfète de Région, n’a pas manqué de rappeler le travail des anciens qui ont construit, et bien construit, un édifice de granit, qui après plus d’un siècle d’activité a vu vieillir ses maçonneries nécessitant la reconnaissance géotechnique du barrage.
Ce chantier colossal, un des plus gros chantiers de VNF, a permis de changer les vannes, de poser des instruments de mesures modernes et de construire un évacuateur de crue plus grand. Une opération effectuée, conjointement par l’Etat et la Région, dans le cadre de la politique de sécurisation et de modernisation du réseau navigable français.
Pour ce faire, il aura fallu répondre à une contrainte inévitable, vidanger au préalable plus de m3 millions d’eau, opération qui n’a pu se réaliser qu’en période de basses-eaux c'est-à-dire entre juin et octobre. Il aura ensuite fallu curer les sédiments, dériver les écoulements de l’Armançon pendant les travaux, puis procéder au nouveau remplissage du lac qui atteint aujourd’hui 20,05m de profondeur.
Christiane Barret a salué l’ensemble des usagers mitoyens du barrage, les agents de VNF et les élus, soutenus par Joël Bourgeot, sous-préfet de Montbard, très attaché à ce projet. En effet, cette opération d’envergure qui a duré plus de 2 ans ne s’est pas déroulée sans impact sur les usages et sur l’environnement à proximité du site. Ce sont donc la médiation des services de l’Etat, la bonne coordination, la volonté de coopération de chacun, ayant eu raison des conflits et désaccords qui a ont été mises en avant. Pour Joël Bourgeot ce fut le premier « gros dossier » à son arrivée à la sous-préfecture de Montbard et pour Christiane Barret une stupéfaction devant le barrage qu’elle n’avait pas eu l’occasion de voir au préalable.
Marie-Guite Dufay, présidente de Région, a tenu a salué François Patriat qui s’était saisi du dossier en tout premier lieu… François Patriat n’ayant pu être présent pour des raisons de santé, l’ensemble des orateurs a tenu à lui rendre hommage pour sa pugnacité sur ce sujet sensible, une pugnacité partagée par Patrick Roux, maire de Pont-et-Massène qui voit là le renouveau s’installer dans sa commune avec la réouverture des plages et d’un site de loisirs largement fréquentés depuis toujours par de nombreux côte d’oriens et touristes étrangers.
Mais au-delà de l’enjeu local, c’est bien d’un enjeu plus global dont il est question puisque le Lac de Pont est l’un des principaux barrages réservoirs du canal de Bourgogne. L’eau délivrée par cet ouvrage d’art rend possible un ensemble d’activités qui ne pourraient pas exister sans lui. Marie-Guite Dufay a donc évoqué l’attrait primordial de ce site à l’aune du futur Contrat Canal qui verra le jour en 2017. Un contrat qui permettra de développer de nouveaux partenariats et de nouvelles activités sur l’ensemble des sites liés au canal de Bourgogne entre Laroche-Migennes et Dijon. Avec ses 2000 franchissement d’écluses et la richesse patrimoniale qui l’entoure, le canal de Bourgogne devient un des enjeux majeurs du tourisme pour la Région.
Marc Papinutti, directeur général VNF a quant à lui a exprimé la satisfaction de voir ce bel ouvrage, construit à l’ancienne… « on se sait jamais ce qu’on va trouver lorsqu’on ouvre un barrage et celui-ci fut plutôt une bonne surprise»… Et c’est sous un déluge dantesque, digne de ce mythe retrouvé dans toutes les cultures du monde, que Bertrand Sercq, directeur territorial de VNF, a invité avec beaucoup d’humour l’assemblée à se réunir sous le dais blanc dressé pour protéger les invités de la pluie (je vous rassure ce ne fut qu’une courte illusion) pour dévoiler la plaque commémorative et le cordon… quasi ombilical entre Pont-et-Massène !
La visite technique s’est réduite à un ballet de parapluies en rang serré. Mais le vernissage de l'exposition sur la modernisation de barrage-réservoir a mis tout le monde au sec et au chaud. Cette belle exposition tournera sur toute la Bourgogne et sera visible pendant deux semaines à la salle des fêtes de Pont-et-Massène avant sa prochaine étape qui aura lieu à l'Abbaye de Fontenay.
Une crue pour inaugurer le barrage rénové a saisi les habitants de stupeur. En effet, à la suite des violentes intempéries des derniers jours, le barrage-réservoir modernisé de Pont-et-Massène a fait son travail en déversant des mètres cubes d’eau lorsque la cote d’alerte du lac de Pont a atteint la hauteur de 20 mètres. Dès que l’eau a atteint sa cote de 20 m, les clapets du barrage se sont ouverts automatiquement, ce qui a eu pour effet de déverser des mètres cubes d’eau dans la rivière Armançon, inondant les prés situés en contrebas mais aussi deux habitations et une partie du moulin neuf.
Toute la nuit, le personnel de VNF est donc resté sur le pont ! Des prés et deux habitations situées en aval du barrage ont été inondés dans la matinée… Cette première crue a été l’occasion, pour VNF, de voir ce qui peut être améliorer. « Avec les services de contrôle de l’État, il faut que l’on regarde les habitations touchées pour voir comment on peut atténuer ce problème », a expliqué Thierry Feroux, directeur opérationnel Est VNF. Marc Papinutti a bien sûr admis qu’il y avait encore des petits réglages à effectuer sur le barrage. La montée des eaux soudaine de l’Armançon a toutefois permis de tester l’efficacité du nouveau barrage car, contrairement à 2013, « il est sous contrôle ». Pour mémoire, il y a trois ans, un risque sur la sécurité de l’ouvrage en cas de crue de l’Armançon a été identifié.
Devant l’adversité et les amalgames rapidement faits, Patrick Roux a remis quelques pendules à l’heure dans ce communiqué adressé à ces concitoyens « Le barrage n'est en rien responsable de la crue de l'Armançon. Vous pourrez constater sur les photos ci-dessous que la Brenne et le Serein ont débordé considérablement et qu'ils n'ont aucun rapport avec le barrage de Pont. Les pluies ont été intenses pendant ces dernières semaines, le niveau du lac était élevé puisque nous étions en phase de test. Les fortes précipitations de lundi ont rempli les cours d'eau, ont gorgé l'Armançon qui lui est venu grandir le lac. Le nouvel évacuateur de crue automatisé a rempli sa fonction en laissant échapper le trop plein et donc en protégeant le barrage d'une éventuelle immersion. Je vous laisse imaginer les dégâts si un tel cas arrivait. Ce ne sont pas deux ou trois garages inondés mais plusieurs villages en aval du barrage qui seraient submergés.
Il faut dédramatiser également les choses concernant les sinistrés de Pont. Le Moulin a effectivement été inondé, puis deux autres habitations plus légèrement touchées avec de l'eau dans leur allée et garage. Je rappelle que ces habitations sont dans des zones inondables et que malheureusement, le barrage ne résoudra pas leur problème. Toutefois, VNF s'engage à les prendre en charge et se penchera sur leur cas pour voir s'ils peuvent améliorer les choses de leur côté. Une réunion sera ouverte aux habitants de Pont et Massène et à tous ceux qui habitent en bord d'Armançon pour faire le point avec VNF. Cette réunion aura pour but de vous expliquer son fonctionnement, son utilité et les travaux effectués pendant ces deux dernières années ».
Pour être pluvieux, ce baptême fut pluvieux, gageons que l’avenir de ce barrage et de son environnement privilégié soit donc… heureux !
En cliquant sur le logo VNF vous pourrez regarder le Timeplapse de ces travaux pharaoniques
Avec l'aimable autorisation de VNF
Crédit photos Patrick Roux et Marie Quiquemelle
m.quiquemelle@echodescommunes.com
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