Elle était vendeuse d’électroménager mais rêvait de vivre dans la nature avec des animaux. A trente ans, Aline de Bast a décidé de changer de vie. Deux formations plus tard, la voilà éleveuse de chèvres et productrice de fromages à Barjon, petit village de 40 habitants.
Comment reconnaître un élevage heureux ? Sans rien y connaître en éthologie (la science du comportement animal), c’est tout de même assez simple : les animaux ont tous un petit nom. Même lorsque ce sont 40 chèvres alpines qui, au premier coup d’œil se ressemblent quand même pas mal.
Chez Aline de Bast, c’est comme ça : chacune de ses biquettes a un patronyme (Cacahuète, Bilbao, Milka, La Petite…). Parce que de toute évidence, elle les aime et que son troupeau est le symbole évident qu’elle est en train de réussir son pari…
Aline de Bast n’a pas hérité de son exploitation : la jeune femme originaire d’Is-sur-Tille était vendeuse d’électroménager chez Carrefour lorsque, ses trente ans approchant, elle décide de tout plaquer : « Je me suis dit : c’est maintenant ou jamais ». Elle qui rêvait de vivre dans la nature, auprès d’animaux, étudie le marché existant jusqu’à imaginer un troupeau de chèvres laitières. Elle commence par passer son BPREA (Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole).
Il lui faudra un an pour dénicher un terrain et une maison. Première chance : à Barjon, à une quinzaine de km d’Is-sur-Tille (et 40 km au nord de Dijon), elle trouve les deux. Deuxième chance : le propriétaire accepte de patienter plusieurs mois, le temps qu’elle valide une deuxième formation sur le fromage à Poligny.
Aline de Bast va ensuite choisir ses premières chèvres, de race alpine, issues de deux souches génétiques différentes : l’une est bonne laitière, l’autre « donne la couleur » du pelage des chèvres.
Les débuts seront, de son propre aveu, un peu rock’n’roll : alors que le bâtiment d’élevage, pour des raisons indépendantes d’elle, n’est pas encore achevé, le premier lot de chèvres, pleines de surcroît, doit être livré. Aline et sa famille aménagent une dépendance et c’est là qu’ont lieu les premières naissances. « Il y en avait au large ! » raconte-t-elle en riant.
A goûter sur place ou à la ville
Aujourd’hui le bâtiment où domine le bois est fini et grouille d’activité. Dans leurs enclos, les chevreaux donnent de la voix en attendant leur biberon, tandis que les chèvres passent par lot sur le quai de traite. Dans le fond, Aline a réuni une mère et ses deux petits qui viennent de naître : le reste du troupeau n’arrêtait pas de la harceler, cela devenait dangereux. Ses journées sont remplies du même rituel immuable : traite, alimentation, soins. Justement, elle est contente car une de ses chèvres qui lui donnait du souci semble aller mieux. Le lait en bure est ensuite transporté à la fromagerie où Aline va le transformer en diverses gourmandises : fromages à divers stades de maturation, aromatisés ou non, mais aussi yaourts et faisselle. « C’est maintenant, en début de saison que le fromage est le meilleur, assure la productrice. En fin de saison, c’est mieux pour le yaourt. » D’autres produits vont arriver : Aline de Bast réfléchit à une tomme, a fait des effets concluants de yaourts aux fruits bio (citron et vanille)… Bref : l’activité est quasi non-stop si on ajoute à l’activité élevage et production proprement dite les livraisons !
Car si les produits sont en vente à la ferme (appeler obligatoirement avant) les lundi, mardi, mercredi et vendredi de 11 h à midi, Aline est présente au marché des terroirs le dimanche matin à Is-sur-Tille et est également référencée dans six Ruches (1) dont celle de la Maladière pour les Dijonnais qui veulent goûter les produits d’une reconversion réussie !
Aline de Bast « La Ferme du Cul de Sac », 4, rue du Grand Jardin à Barjon. 06.30.11.85.26
(1) La Ruche qui dit Oui est une association qui permet de réserver en ligne des légumes, fruits, épices, viandes, produits laitiers… issues d’exploitations locales, souvent bio, que l’on vient chercher une fois par semaine dans les points de collecte. A la différence des Amap, on peut choisir ce que l’on achète et l’on n’est pas tenu par un contrat.
Rédaction : Emmanuelle de Jesus
Agence ProScriptum
03 80 75 87 37 | proscriptum.presse@gmail.com