10 janvier 2018
Salle comble et franc succès pour les vœux du Medef : à la Maison des entreprises, Pierre-Antoine Kern – dont c’est la dernière année de mandat jusqu’au 3 mai prochain – s’est fait le relais de la spectaculaire « remontada » du moral des patrons depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Quant à l’économiste Philippe Dessertine, guest-star de la soirée, s’il a partagé les bonnes nouvelles économiques, il n’a pas manqué de mettre en garde contre une euphorie synonyme d’attentisme.
Heu-reux.
Qui se souvient des visages tendus, pour ne pas dire franchement bougons, des patrons de Côte-d’Or lors des vœux 2017, aura pu noter la différence : lundi soir à la Maison des Entreprises pour les vœux 2018 du Medef, l’ambiance était nettement plus guillerette. Moral en bandoulière, Pierre-Antoine Kern, le président du Medef, s’est ainsi publiquement réjoui de la nouvelle direction impulsée au pays depuis l’élection du Président Macron : « Nous sommes globalement satisfaits même s’il y a quelques bémols comme le prélèvement des impôts à la source qui ne doit pas retomber sur les entreprises et la baisse de la dotation aux CCI ».
Localement, le Medef s’est également félicité de l’unité du monde patronal local, symbolisée par le système de binôme mis en place entre d’une part des élus du Medef, de la CPME et de la CCI et de l’autre les députés de Côte-d’Or élus ou réélu cette année. Idem pour les actions communes avec la Burgundy school of business et l’Université de Bourgogne (qui accueille depuis plusieurs années l’université d’été du Medef), signe d’un travail en synergie entre le monde de l’entreprise et l’éducation. Un discours tout en satisfecit donc, pour celui qui laissera son mandat entre les mains d’un nouveau.elle président.e le 3 mai prochain.
Invité pour une conférence express, l’économiste Philippe Dessertine a commencé son allocution par un mea culpa, l’invitant lui et ses pairs « qui n’en sont pas coutumiers » à un peu plus d’humilité : personne, il y a un an, n’aurait pu imaginer les bouleversements induits par l’élection d’Emmanuel Macron, président « jamais élu auparavant et avec un mouvement qui n’existait pas un an et demi avant l’élection ». Or, rappelle Dessertine, l’économie est aussi la psychologie de ceux qui font et décryptent l’économie et de ce point de vue, « le regard sur la France a changé de façon exceptionnelle ». Vu de l’Atlantique, il semble même que notre pays attire à nouveau des étudiants brillants, aimantés par l’arrivée de Macron et de tout ce que cela signifie de possibilités d’élan, mais aussi repoussés par l’arrivée de Trump à la tête de leur pays. « Le nouveau monde a changé de rive de l’Atlantique » a ainsi formulé Philippe Dessertine.
Revenant sur la sortie de crise qui semble se profiler et profite de fait à « Lucky Macron », l’économiste a néanmoins insisté sur la nécessité de ne pas s’endormir sur ces bons chiffres et au contraire de s’occuper dès à présent de ce qui plombe les pays européens en opérant la diminution simultanée du déficit du commerce extérieur et des dépenses publiques.
S’adressant aux chefs d’entreprises, il a rappelé l’impérieuse nécessité dans une économie dominée par les Gafam et l’irruption des crypto-monnaies, d’innover sans cesse : « En tant que chef d’entreprise, je dois me demander sans arrêt : qu’est-ce que je fais de manière routinière pour y remédier » afin d’être l’un des acteurs de la 4ème révolution industrielle que nous sommes en train de vivre.
Enfin répondant à une question de l’assistance, Philippe Dessertine a rappelé que les métropoles et la concentration démographique n’étaient pas forcément la solution économique malgré tout ce que l’on tente de nous faire croire : dans un monde où les enjeux de climat et de bouleversements démographiques (hausse et déplacements massifs des populations), le bonheur économique était peut-être aussi dans le pré… ou du moins dans les zones rurales ou moins densément peuplées à condition bien sûr de pouvoir y faire prospérer l’économie : « En tant que chefs d’entreprises, réclamez partout la fibre ! » a-t-il conclu. Un vœu que l’on partage volontiers et dont on espère qu’avec la politique de déploiement de la fibre dans le département, il soit un jour exaucé !