Vendredi 27 novembre 2015, était inaugurée par Charles et Victor Schneider, gérants du GAEC, l'unité de méthanisation du GAEC Schneider à Salives en présence de François Patriat, président du conseil régional de Bourgogne, Myriam Normand, directrice régionale de l'ADEME Bourgogne. Avec celle de Brazey-en-Plaine c'est la deuxième unité de méthanisation sur une exploitation agricole en Côte-d'Or.
Le Gaec Schneider, Gaec de 2 associés (Victor et Charles) est une exploitation polyculture - élevage de 585 hectares ; 150 vaches, avec un atelier d'engraissement de 340 taurillons. Il emploie 6 salariés.
C'est une exploitation pionnière en termes de diversification notamment dans les énergies renouvelables : des panneaux photovoltaïques en toiture. 1 ère chaufferie paille/bois qui alimente le célèbre CEA de Valduc et enfin cette unité de méthanisation pilote ; une des toutes premières en phase sèche sous la forme de garages.
En chiffres
Investissement global: 1,6 M€ HT.
Subventions Ademe/région : 602 000 C.
Capacité de traitement: 6 225 tonnes de substrats par an.
4 digesteurs sous forme de garages de 677 m3.
1 029 000 Kw électriques par an et I 229 000 Kw chaleur par an.
4 980 tonnes de digestat par an.
Avec subventions temps de retour brut de 7,5 ans avec taux de rentabilité interne de 10,3.
A cette occasion, François Patriat a exprimé 3 messages forts
1) innovation et d'entreprenariat.
Evidemment - satisfaction d'être ici à Salives cet après-midi pour honorer une façette concrète de la transition énergétique en cette veille d'ouverture de la conférence internationale du climat au Bourget (COP21 - conférence de la dernière chance).
Evidemment fierté de terminer mon mandat sur ce qui l'imprime certainement le plus : les énergies renouvelables.
Je veux parler d'une d'entre elles: la méthanisation. Je veux parler de l'unité initiée par les 2 associés du Gaec Schneider.
En mars 2006, je me souviens très bien, j'étais déjà venu ici pour une autre et formidable inauguration en présence de la présidente de l'Ademe. Il s'agissait de la 1 ère chaufferie paille/bois de France qui chauffait un établissement bunker le CEA de Valduc. Je vois que les pionniers d'hier n'ont rien perdu de leur soif d'innovation et d'entreprenariat.
2) La triple conviction
• Notre modèle est un modèle fini, insoutenable. Nous devons préparer l'après fossile et le bas carbone en misant sur la sobriété/l'efficacité énergétiques et sur l'accélération et la massification de toutes les énergies renouvelables.
C'est le sens de la loi sur la transition qui prévoit 40 d'ENR en 2030. L'Ademe prévoit quant à elle 100% en 2050 (atteignable ou utopique ?).
Dans ce mix, la méthanisation qu'elle soit agricole, industrielle ou issue des déchets ménagers ou verts a toute sa place. Elle appartient aux territoires. « Faisons du biogaz le substitut au gaz fossile ». C'est aussi tout le sens des 1 500 projets de méthaniseurs dans les territoires ruraux lancés par le Gouvernement.
• En Bourgogne, depuis plus de 3 ans, nous disposons d'un cadre de planification (le Schéma régional Climat Air Energie) qui fait ressortir la capacité de la Bourgogne à atteindre en 2020, 23% de part d'énergie renouvelable dans notre consommation finale.
Nous y arriverons avec bien sûr le bois énergie, l'éolien, le solaire, l'hydroélectricité mais aussi la méthanisation.
La Bourgogne compte déjà une quinzaine d'unités en majorité agricoles et en co-génération représentant plus de 12 GWh. Une quarantaine sont escomptées d'ici 2020 pour la seule Bourgogne. L'Ademe dont je connais le soutien indéfectible !, l'Europe mais aussi la région (je le souhaite demain) ont pris et prendront l'engagement de poursuivre dans cette direction.
• Mais cette belle ambition n'est pas à la portée de tout le monde. Elle doit être entourée de lucidité et de vigilance. On ne se lance pas dans un projet de méthanisation par mimétisme ou par simple volonté de diversifier ses revenus. Cette énergie renouvelable requiert à mon sens plusieurs préalables, indispensables : y croire profondément, s'investir dans le projet et aller voir ailleurs,
- disposer d'intrants suffisants et pérennes dans le temps,
- Se faire bien accompagner et étudier minutieusement car la méthanisation est un processus biologique complexe qui mélange microbiologie, énergie et agronomie.
- bien intégrer l'économie des projets car force est de constater que les projets de méthanisation sont coûteux en investissement y compris si on y ajoute les coûts de raccordement,
- capitaliser sur les 1 ères expériences en particulier sur le digestat et son impact sur les sols,
- disposer en proximité de débouchés pour la chaleur,
- que les territoires s'approprient et s'emparent de cette énergie (les déchets d'un territoire sont aussi ses ressources !), (ex: Bristol fait fonctionner ses bus avec les matières fécales de ses habitants !),
- enfin, penser à l'autoconsommation et la valorisation d'énergie sur place.
3) L'exemplarité et la force de l'unité Schneider :
Avoir parié sur l'économie locale de la ressource.
- C'est d'avoir déjà pris le virage du renouvelable il y a 10 ans déjà (antériorité) ;
- C'est d'avoir su réunir les conditions favorables, d'avoir compris l'intérêt de s'associer avec une autre exploitation pour bien remixer et pérenniser les substrats;
- C'est par delà la vente d'électricité, de réutiliser sur place la chaleur pour les 4 digesteurs, le séchage de bois bûche mais aussi de valoriser le digestat pour optimiser la fertilisation des sols (et réduire les intrants).
Nous sommes là dans la preuve par l'exemple d'un entreprenariat de l'économie circulaire qui peut et doit servir à reproduire ailleurs (pourquoi pas à sécher des plaquettes bois, faire du maraîchage sous serres, approvisionner de petites zones d'activités, améliorer les pratiques agronomiques, réinjecter le biogaz dans le réseau de gaz naturel...)