Le secteur bio... levier de développement durable et équitable pour la future grande Région ?

03 décembre 2015

Un débat public s'est tenu à Marsannay-la-Côte sur l'agriculture biologique en Bourgogne Franche-Comté à l'initiative de la Confédération des Groupements des Agrobiologistes de Bourgogne et du Groupement Régional des Agriculteurs Bio de Franche-Comté. Plus de 60 personnes se sont mobilisées.

 

 

 

 

 

Afin de poser les enjeux du secteur, nourrir les débats par des chiffres ou préciser les points techniques, le président de la CGAB, Xavier Niaux, Marianne Fouchet, représentante Bourgogne à la Fédération Nationale FNAB, le président du GRAB, Pierre Chupin ou encore Francis Houchot, président  du groupement des bio de l’Yonne sont intervenus à plusieurs reprises. Muriel André a animé le débat, forte de son parcours de journaliste reconvertie en éleveuse bio dans la Nièvre.

 

AGRO BIO BFC ECHO DES COMMUNES 2015Sur l’ensemble du territoire de la nouvelle région Bourgogne Franche-Comté, les producteurs biologiques sont aujourd’hui près de 1 700 et représentent près de 5% de la surface agricole. Les conversions bio ont connu en 2015 une dynamique sans précédent : + 17 % des fermes, + 25 % en surface, cultivées par 153 nouveaux agriculteurs engagés en AB pour la Bourgogne. La Franche-Comté compte +15% de fermes en bio, +20% en surfaces, soit 80 nouveaux agriculteurs.

 

La mise en œuvre de la politique agricole commune relève désormais des compétences des Régions ce qui confère aux nouveaux  élus  un  rôle  essentiel. Les nouvelles compétences de la Région en termes de développement économique et d’emploi offrent l’opportunité aux élus et aux citoyens de se mobiliser ensemble pour une transition écologique et sociale de notre territoire. Xavier Niaux réaffirme la volonté du réseau bio d’être partenaire des futurs élus. Le principe est de créer les conditions d’un dialogue constructif pour une bonne compréhension des préoccupations des uns et des autres.

 

La reconnaissance des vertus de protection de la santé, le public témoigne…

 

« Médecin, je constate chaque jour l’augmentation des maladies de Parkinson, des cancers qui proviennent d’un environnement pollué et nocif pour l’homme. Je n’en étais pas autant consciente il y a quelques années, mais désormais,  oui, l’agriculture bio comporte des enjeux évidents de santé ».

 

«A 24 ans, dans ma promotion, 4 jeunes luttaient déjà contre le cancer, tout est lié. L’action pour le bio intervient dans un cadre plus large que l’agriculture.»

 

«Aider l’agriculture bio c’est sauver les villages. Je ne veux pas qu’il y ait Dijon d’une part et des territoires vides par ailleurs».

 

«Les exploitations bio emploient en moyenne 2,4 unités de travail annuel contre 1,5 pour les exploitations traditionnelles,  c’est un atout majeur pour l’emploi rural».

 

Concernant les cantines, le Grenelle a rendu obligatoire 20 % de bio dans la restauration publique. Concernant la ressource en eau, l’agriculture utilise 95% des pesticides vendus en France. Pesticides et nitrates provoquent la fermeture de nombreux captages d’eau potable (400 captages abandonnés chaque année). La présidente de France Nature Environnement Bourgogne, Catherine Schmitt, a exprimé toute son inquiétude sur l’état de l’eau, et notamment la pollution des eaux souterraines, dans l’Yonne. «90 % de captages d’eau potable plongent dans les eaux souterraines profondes ; 10 % des pollutions se trouvent dans l’eau ;  20 % dans l’air et le reste dans la nourriture… »

 

Un point d’accord commun réside dans  le rejet du traité transatlantique TAFTA... Mais de quoi s’agit-il ?


AGRO BIO BFC ECHO DES COMMUNES 2015Le projet d’accord de libre-échange transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis, désigné par les acronymes Tafta et TTIP, fêtera en 2016 ses trois ans. Et s’il est encore loin d’être conclu, il suscite une opposition grandissante et tout particulièrement chez les écologistes.


Le Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) est un projet de zone de libre-échange lancé début 2013 par Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy, avec le soutien des 27 Etats-membres européens (qui sont maintenant 28).

 

L’objectif est de libéraliser au maximum le commerce entre les deux rives de l’Atlantique, en réduisant les droits de douane, en réduisant les « barrières réglementaires », c’est-à-dire les différences de réglementations qui empêchent l’Europe et les Etats-Unis de s’échanger tous leurs produits et services et qui génèrent des coûts supplémentaires.



Deux exemples de barrières règlementaires



Aux Etats-Unis, les feux arrières d’une voiture doivent obligatoirement être couleur ambré, tandis qu’ils doivent être blancs en Europe, ce qui oblige les constructeurs à produire deux modèles différents selon le marché de destination. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’il serait plus judicieux d’harmoniser ces réglementations.

En Europe, beaucoup d’Etats refusent, au nom du principe de précaution, d’autoriser la culture d’organismes génétiquement modifiées (OGM), alors que les Américains sont beaucoup plus souples pour les mettre sur le marché, et les interdire a posteriori en cas de problème.

Un traité qui n’est pas sorti de nulle part ! Plusieurs instances du dialogue transatlantique lui ont ouvert la voie depuis la fin de la Guerre froide. Mais surtout, il s’inscrit dans la course aux mégazones de libre-échange lancée au milieu des années 2000, quand les principales puissances ont pris acte de l’enlisement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a échoué à libéraliser le commerce mondial à cause d’intérêts trop divergents entre ses quelques 160 membres.
Les nombreux opposants  au traité, toutes classes politiques ou syndicales confondues, craignent pour la spécificité européenne.


Pour conclure ce moment d'échange ...

 

 

AGRO BIO BFC ECHO DES COMMUNES 2015Le CGAB alerte sur la possible disparité du soutien des régions auprès des bio.  Le pouvoir des régions avec le nouveau découpage est renforcé. Les régions n’accompagnent pas toutes de la même façon les conversions en bio. Cette hétérogénéité des politiques régionales a pour conséquence une concurrence injuste entre les producteurs bio français.

 

Il est proposé la création d’un observatoire des terres agricoles biologiques ainsi qu’une  écoute renforcée et  la consultation des paysans et agriculteurs bio.

 

Il est également suggéré de persévérer dans la pédagogie auprès du consommateur et du citoyen, d’appréhender les enjeux de l’agriculture bio, ce qui s’avère difficile pour le grand public, les responsables  politiques, les fédérations et associations qui doivent continuer à communiquer pour une plus grande conscience de l’importance de ces sujets.

 

 

Faire de la bio un des leviers du renouveau économique...

 

Face aux défis sociétaux d’aujourd’hui, des adaptations majeures sont nécessaires. Les régions doivent devenir des espaces productifs et innovants en matière d’énergies renouvelables, d’économie relocalisée. L’agriculture biologique est un des vecteurs de ce renouveau, créateur d’emplois non délocalisables (production, transformation, distribution),  de maintien de production de valeur ajoutée sur le territoire sans dépendre d’importations massives d’intrants venus des quatre coins du monde.

 

« Parce que produire et s’alimenter de manière responsable dans nos régions constitue déjà en soi un projet fédérateur et mobilisateur : Pour notre (future) région, mobilisons les énergies citoyennes autour d’un grand projet de souveraineté alimentaire bio, locale et équitable ... et renforcer l’attractivité du  territoire. Les nouvelles compétences de développement économique et de l’emploi de la Région offrent l’opportunité aux élus et aux citoyens de se mobiliser ensemble pour une transition écologique et sociale de notre territoire. L’agriculture biologique s’inscrit parfaitement dans ce projet de société. »

 

Comment  ?

 

AGRO BIO BFC ECHO DES COMMUNES 2015

 

 

 

AGRO BIO BFC ECHO DES COMMUNES 2015La Confédération Régionale bio est administrée par un Conseil composé d’agriculteurs bio et présidée par Xavier Niaux. Elle s'articule autour des problématiques soulevées par les 4 groupements départementaux (GAB) de Bourgogne, un par département, et les sections spécialisées de filières. Les actions définies dans leur programme de développement sont soutenues financièrement par la région Bourgogne, les 4 conseils départementaux et la DRAAF. Le groupement appartient au réseau de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique.

 

Confédération des Groupements des Agrobiologistes de Bourgogne

19 avenue Pierre Larousse

BP 382 – 89006 AUXERRE cedex

tel : 03 86 72 92 20

 

 

 

AGRO BIO BFC ECHO DES COMMUNES 2015Le Groupement Régional des Agriculteurs Bio de Franche-Comté est administré par un Conseil composé de paysans bio, et présidé par Pierre Chupin. Il coordonne et complète les actions des 3 groupements départementaux (GAB) de Franche-Comté (Jura, Haute-Saône-Doubs et Territoire de Belfort associés). Le GRAB est acteur dans l’interprofession bio pour le développement des filières régionales. Il fait partie du réseau de la FNAB.

 

Groupement Régional des Agriculteurs Biologiques de Franche Comté

Valparc Bât E

25048 BESANCON

 

 

 

 

 

 A lire ici le document statistique de l’agriculture biologique en Bourgogne

 

 

 

m.quiquemelle@echodescommunes.com

 

 

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