Ca s’appelle tout un Art au Lavoir et c’est le fruit d'une collaboration entre le Pays d’Art et d’Histoire de l’Auxois Morvan et de la Crconscription Académique de Semur-en-Auxois qui porte le projet. En effet, apprendre autrement, découvrir ce qui les entoure et jeter un œil ou deux sur l’histoire, la petite et la grande, aller à la rencontre de lieux ou d’expressions artistiques c’est la porte que ces deux institutions ont ouverte aux enfants et aux collégiens de l’Auxois Morvan.
Le PAH propose donc au jeune public de poser un regard nouveau sur leur environnement proche, de l’urbanisme de leur ville aux lignes des paysages, en passant par les formes des architectures et leurs évolutions. Visites, ateliers et outils sont mis en place gratuitement avec les équipes pédagogiques, afin de donner un ancrage local fort aux projets d’Education Artistique et Culturelles.
Oui mais comment ça marche ?
Envoyées aux enseignants en début d’année, ces propositions se déclinent autant en ateliers thématiques (cette année autour de l’eau) qu’en mise à disposition de ressources patrimoniales et accompagnement de projets. Une réflexion est menée avec certaines structures culturelles afin d’être force de propositions à l’avenir pour les nouveaux temps d’activités ou de projets pluridisciplinaires, comme les NAP, les EPI, etc.
Depuis cet hiver et jusqu’au printemps, le projet patrimoine "Tout un art au lavoir" mobilise 2 classes de 2 écoles primaire (classe cycle 1 et 2 Thoisy-la-Berchère et CP Semur) autour des lavoirs et de l'art contemporain. Toute une histoire pour ces enfants et leurs enseignants,
Et voilà c’est parti pour une super aventure au Pays des Lavoirs qui jalonnent nos villages si pittoresques… Car pas de village sans lavoir en Côte d’Or ! 4 à 5 séances pour chaque classe ont mobilisé l’énergie et fait marcher la curiosité des enfants autour de Marie-Agnès animatrice du patrimoine de Semur et de leurs enseignants, Catherine Communeau à Thoisy et Brigitte Goudeau à Semur, pour se pencher sur…le Lavoir avec un grand L !
Pour les enfants, déjà absorbé par le sujet, il faut s’initier au langage sur le thème de l'eau dans le village et les constructions qui s’y rapportent… Autrement dit, Céline a proposé une analyse architecturale du bâtiment, a présenté la vie au lavoir d'hier à aujourd'hui ainsi que l’activité des lavandières.
Et comme on parle création…Tout un Art au Lavoir et bien il est normal de parler art et interprétation et réinterprétations d'art contemporain que le lavoir peut inspirer. Mais non, mais non Ce n’est pas que du blabla, car ces ateliers sont un préalable aux interventions d'un artiste contemporain qui réalisera avec les élèves des œuvres de land art avec Bruno Clognier au mois de mai.
Alors les enfants …si vous nous racontiez le lavoir ?
Autrefois, on ne faisait la lessive que deux fois par an. Et c’était parfois un peu compliqué car tout un tas de croyances religieuses et païennes venaient un peu perturber le planning des lavandières !
En fait, les lessives ne pouvaient pas se faire la semaine avant Pâques ni la semaine avant la Toussaint car ce serait comme laver son linceul, le drap dans lequel on enveloppait les morts.
En mai pas question de faire ce qui plait car en mai et juin car cela portait également malheur.
NDLR : Les croyances populaires et les interdits entourant la lessive appartiennent au folklore, chaque région a développé ses propres légendes comme un moyen de se prévenir des femmes qui lavent. Les interdits varient d’une région à l’autre, mais le risque de bafouer l’interdit reste le même : il en va de la vie de la laveuse ou de celui dont elle lave le linge.
Pâques étant la descente au tombeau du Christ et la Toussaint (enfin le lendemain) le jour des défunts dans la religion chrétienne… pas question de lessiver des drpas car cela aurait été assimilé à un blasphème (un pêcher très grave, plus grave que de tuer son voisin).
L’interdiction de faire la lessive en mai était moins répandue que l’interdiction des mariages ce même mois de mai qui est celui de la Vierge Marie dans la religion chrétienne Cette interdiction n’était valable le plus souvent que pendant les trois jours des Rogations Dans une partie de la Bourgogne et de la Franche Comté, c’était présage de mort si c’était le jour de l’Ascension.
En juillet et août on était occupé à la moisson, donc tant pis pour la blancheur des chemises et autres pantalons ! Les lessives se faisaient donc en février-mars et en octobre-novembre et cela durait 3 jours… Et il fallait bien ça ! Le 1er jour, il fallait trier le linge. Le gros linge était composé par les draps, les pantalons des hommes et les jupes de travail des femmes …et le petit linge.
NDLR : Le petit linge était composé des camisoles, non pas de force…des petites chemises fines en coton ou en laine qu’on portait sur la peau et qu’on ne quittait pas dans les milieux pauvres (dans les milieux riches on avait aussi une camisole de nuit) du petit linge de corps qu’était les « pantalons Sous la robe », du linge des jeunes enfants…non la couche jetable n’existait pas !
Il fallait ensuite frotter les grosses tâches en brossant le linge sur une planche en bois, appelée selle, installée sur une grosse bassine. On laissait le linge tremper toute la nuit. Le 2ème jour, il fallait allumer le feu pour faire chauffer l’eau et préparer le cuvier, une grosse bassine en bois, et l’installer sur un récipient. Le cuvier avait le fond percé pour laisser passer l’eau. Il fallait mettre des branchages au fond puis recouvrir d’un grand drap avant de remplir le cuvier de linge.
On ajoutait alors du savon de Marseille ou de la saponaire et une racine d’iris pour que cela sente bon. On ajoutait également de la cendre pour nettoyer encore mieux puis enfin l’eau qui bouillait sur le feu. L’eau finissait par tomber dans le récipient du dessous. On la remettait alors à chauffer sur le feu et on recommençait ainsi plusieurs fois à la faire passer dans le cuvier. A la fin du 2ème jour qu’on appelait l’enfer à cause de la chaleur, de la fumée et de la vapeur brûlante, on retirait le linge du cuvier à l’aide d’une espèce de fourche pour ne pas se brûler et l’eau sale servait à nettoyer le sol ou à arroser le jardin.
NDLR : La Saponaire est une plante saponifère. Cela veut dire qu’elle fait de la mousse quand on la frotte au contact de l’eau, c’est un excellent détachant. On l'appelle aussi savonnaire, savonnière, saponière, herbe à savon, herbe à foulon, savon des fossés ou savon de fosse. Cette jolie plante est étudiée de près par les chercheurs dans la lutte contre le cancer…
Le 3ème jour, qu’on appelait le purgatoire car un peu comme l’antichambre de l’enfer tellement la tâche était rude et douloureuse pour le corps, il fallait aller au lavoir. Les femmes s’installaient dans leur carrosse, agenouillées au chaud dans la paille. Elles frottaient le linge sur la pierre à laver avec du savon de Marseille et une brosse puis le rinçaient et mettaient le linge en boule pour le taper avec le tapoir.
A cette époque, seuls les hommes avaient le droit d’aller au café. Alors, le lavoir était appelé « le café des femmes » car elles en profitaient pour se raconter des histoires. Tout en lavant leur linge, elles salissaient les gens en disant du mal d’eux. Elles se moquaient de celles qui ne lavaient pas bien le linge et les appelaient « les lavandières de nuit » et c’était une insulte assez grave à l’époque !
Marie-Agnès a donc raconté l’histoire d’Ernest. Une nuit, il a aidé une lavandière à essorer son drap en le tournant puis a été retrouvé mort dans son lit le lendemain. Oui mais voilà …pourquoi ?
NDLR : On ne plaisantait pas avec les lavandières qui avaient un vrai statut social. D’autre part, une lavandière de nuit (ou lavandière de la mort) est un personnage de légende, une créature féminine ou une revenante, rencontrée de nuit, nettoyant un linge dans un cours d'eau ou un lavoir. La lavandière est toujours liée au domaine de la mort. Suivant les traditions, elle est annonciatrice d'un décès, ou bien, elle, condamnée dans la mort à expier ses anciens péchés. Voilà pourquoi les lavandières ne plaisantaient pas avec leur travail !
La fin du 3ème jour ou le 4ème jour quand on n’vait pas eu le temps de finir le 3ème , il fallait étendre le linge sur un fil ou sur l’herbe. Le 4ème jour, il fallait faire chauffer le fer à repasser sur le feu avant de pouvoir repasser le linge , le plier et le ranger dans les armoires quand on en avait ou dans de grands coffres de bois. Une fois tout cela terminé, on disait que c’était le paradis...
Les enfants, bien très excités et curieux d'être au lavoir, ont beaucoup apprécié cette intervention et ont su restituer, collectivement, tout ce que Marie-Agnès a expliqué. Cela permet de travailler sur le thème de l'eau, la comparaison passé-présent et les différents modes de vie selon les régions du monde puisqu'il existe des pays où les femmes lavent encore à la rivière, confie Brigitte Goudeau.
Concrètement, les enfants ont été actifs chacun leur tour en participant aux différentes étapes de la lessive. Le tri du linge pour commencer, puis le prélavage du en frottant sur la selle, préparant du feu pour faire chauffer l'eau et préparant le cuvier en suivant toutes les opérations …branchages, remplissage, ajout du savon, des racines d'iris, de la cendre…A la fin ils ont sorti le linge du cuvier, laver dans le bassin du lavoir en frottant le linge sur la pierre à laver agenouillés sur la paille dans le carrosse en bois malgré l’eau glacée, repasser avec un fer à l’ancienne chauffé sur le feu…
Bien sûr, il n'y a pas eu réellement de feu ni d'eau bouillante mais l'eau gelée du lavoir était bien réelle ! Le reste c’est tout comme et ce fut une bien jolie aventure pour nos marmots en quête d’histoire d’eau et de lavoir. « Hier on a frotté, lavé, séché et repassé...
De lavoir en lessive ... et Thoisy la Brechère dans tout ca ?
Le village possède encore une charmante statue qui représenterait saint Amand et daterait de l’époque du roi Dagobert. Cette vallée fertile de l’Auxois fournissait du froment en abondance et, non loin de l’étang Chenomène, une argile spéciale permettait la fabrication de briques réfractaires. Les villageois se réunissaient régulièrement autour du four vertical alimenté par plusieurs centaines de fagots acheminés par des chariots à bœufs, qui servait à la fois à la dessiccation de la chaux et à la cuisson des briques et des tuiles, jusqu’en 1926. Au lieu-dit le Creux de la Foudre, existait autrefois une mare d’eau salée qui ne gelait jamais, tandis que plus loin une source donnait de l’eau tiède et que le lavoir, en contrebas des murs du château, était alimenté par de l’eau chaude naturelle.
Le service pédagogique du Pas d’Art et d’Histoire
Le service pédagogique du Pays d’art et d’histoire a pour objectifs de faire découvrir aux jeunes publics le patrimoine qui les entoure grâce à des visites et des activités adaptées permettant une approche active, de conseiller et accompagner les enseignants et les animateurs pour la réalisation de visites ou activités patrimoniales de donner des pistes pour l’enseignement de l’Education Artistique et Culturelle, dont l’Histoire des Arts ou encore l’histoire et la géographie, appliqué au territoire de l’Auxois Morvan.
Avec l’aide d’un professeur détaché, le Pays d’art et d’histoire développe des actions de sensibilisation à l’architecture, au patrimoine et au cadre de vie. C’est à travers des partenariats forts avec l’Education Nationale et la DRAC Bourgogne, que les offres pédagogiques autour du patrimoine ont été développés depuis 5 ans (notamment à travers un Contrat Local d’Education Artistique et Culturelle, en cours de renouvellement).
Il vous propose des visites et des ateliers autour de thèmes patrimoniaux du territoire et/ou vous aide à concevoir votre propre projet patrimonial, notamment en lien avec les nombreuses structures culturelles de l’Auxois Morvan. Ouvertes aux jeunes de la maternelle à la terminale, dans le cadre scolaire ou péri scolaire, les actions sont adaptées à l’âge et aux connaissances de chaque groupe, et favorisent une approche concrète, sensorielle et locale. Les visites et activités sont conçues afin de s’intégrer dans les programmes scolaires, notamment d’Histoire et d’Histoire des Arts, et proposent la découverte de différentes expressions artistiques (dessin, sculpture, photo, arts plastiques…).
Afin de captiver les enfants, elles privilégient une approche sensible du patrimoine architectural, urbain et paysager et une attitude active, par la découverte sur place et la manipulation. Le questionnement et l’expérimentation, individuellement ou en petits groupes, sont à la base de chaque activités permettant à tous de comprendre et d’intégrer de nouvelles notions.
Les activités destinées au jeune public sont réalisées par les médiatrices du Pays d’art et d’histoire et/ou par des guides conférenciers agréés, assistés de l’enseignant ou de l’animateur.
Crédit photos Brigitte Goudeau
Personnes ressource au Pays d'Art et d'Histoire Milena Secher
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