Entre la date de sa création, en 1947, et aujourd’hui, le SICECO a bien changé, en harmonie avec les évolutions technologiques et les mutations administratives des communes. Créé à l’origine avec comme mission principale les travaux d’électrification rurale, le Syndicat d’énergies de Côte d’Or est désormais un acteur de la transition énergétique, jouant un rôle de conseil auprès des collectivités (communes, EPCI…) : autant de missions qui accompagnent la vitalité des territoires et fait du SICECO, selon la formule de son Président Jacques Jacquenet, « l’avocat des petites communes ».
Avec 664 communes (bientôt 681 si l’extension du périmètre de ses compétences, accompagnant l’évolution législative des intercommunalités, est entérinée), 15 à 20 millions d’euros investis par an, des missions étendues auprès des communes (diagnostic et conseils en économies d’énergies, achat d’énergies, énergies renouvelables, maîtrise d’ouvrage pour les travaux sur les réseaux d’électricité, de gaz, de chaleur et d’installation des bornes de recharge pour véhicule électrique…), le SICECO est un acteur majeur du développement du territoire et l’interlocuteur incontournable des maires de communes et des EPCI. Il est aussi, par le fait du transfert des compétences « d’autorité organisatrice des missions de service public de la distribution et de la fourniture d’électricité », un maillon invisible mais indispensable de la vie de près de 280 000 habitants de notre département.
Affronter les réalités
Mais notre Côte-d’Or doit également se préparer aux réalités d’aujourd’hui qui sont de plusieurs ordres :
- Ecologiques, puisque dans le sillage des accords de Grenelle et de la COP21, notre pays est engagé dans la transition énergétique, les économies d’énergie et une politique d’émergence des énergies renouvelables ;
- Technologiques, avec le déploiement du Très haut débit qui permettra à terme un accès égal aux réseaux électroniques pour les ruraux par rapport aux habitants des agglomérations ;
- Législatives, avec la loi NOTRe qui impose un redécoupage des intercommunalités et des seuils démographiques avec de nouvelles compétences obligatoires.
De fait, le SICECO a pris les devants puisque dès 2012, le Syndicat lançait une étude baptisée « Stratégie énergétique départementale » en partenariat avec différents acteurs (Région Bourgogne, Ademe, Dreal, Département de Côte d’Or et Grand Dijon). Son but : définir les meilleurs choix stratégiques pour une maîtrise de la consommation énergétique pour les usagers, le déploiement des énergies renouvelables et les réseaux. En 2013, cette étude livrait un profil pointu du territoire sur ces domaines dont voici quelques chiffres :
- 12 000 Gwh consommés en Côte d’Or soit 870 millions d’euros/an
- 66% de taux de dépendance aux énergies fossiles
- + 77% de prévision d’augmentation des dépenses énergétiques à l’horizon 2020, soit une facture qui pourrait atteindre 1,5 milliard d’euros pour notre département
- + 34% d’augmentation de la facture énergétique pour les communes
- 30% des ménages potentiellement en précarité énergétique d’ici à 2020.
Jean-Michel Jeannin, Directeur Général - Jacques Jacquenet, Président
Un levier pour le développement rural
Une des réponses du SICECO et de ses partenaires (1) est la création d’une Société d’économie mixte locale (SEML) qui permet au Syndicat d’investir dans la production d’énergies renouvelables. Baptisée « Côte d’Or Energies », elle aura pour mission de développer les énergies renouvelables, d’investir dans des projets énergétiques d’ampleur et d’y associer les citoyens au moyen du crowdfunding (financement participatif). Déjà deux projets, après études de faisabilité, ont été retenus pour être accompagnés par Côte d’Or Energies : une unité de méthanisation à Créancey destinée à terme à alimenter la ZAC de Créancey (8 consommateurs industriels) et le site hydroélectrique dit de La Forge de Bèze, visant à remettre en service un site abandonné par EDF dans les années 60 sur une chute créée par un barrage. Ce dernier produira de l’électricité qui sera ensuite injectée sur le réseau basse tension et consommée localement. La commune percevra, elle, un loyer de la SEML pour l’occupation du terrain, qui s’accompagne de la construction d’une passe à poisson afin de respecter les directives écologiques de la loi sur l’eau. Ce projet est la démonstration qu’il est parfaitement possible de conjuguer une activité économique à taille humaine, à la dimension d’un territoire rural, tout en respectant les nouvelles normes en matière de production d’énergie renouvelable et sans bouleverser le milieu naturel. La signature du tournant qu’a su emprunter le SICECO pour continuer à faire face à ses missions tout en intégrant la dimension écologique de celles-ci. Pas mal pour un Syndicat créé juste après-guerre !
(1) Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, Caisse d’Epargne Bourgogne Franche Comté, Caisse régionale du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne, SICAE Est, Dijon Céréales, SEM Nièvre Energies.