Quel avenir pour la ruralité ?

25 octobre 2013

Lutte contre la désertification des campagnes, dynamisation économique, maintien des commerces et des services publics, transports en commun, maintien des classes rurales, lutte contre les déserts médicaux, accès à l'internet et à la culture... autant d'enjeux pour la mosaïque de petits villages qui entourent la puissante capitale régionale Dijon et sa dauphine Beaune.

Quelle est la vision des élus sur l'avenir du monde rural et des stratégies à mettre en place pour un développement harmonieux du département de la Côte-d'Or ?

 

 

 

 

A l'invitation de l'Echo des communes, les parlementaires de Côte-d'Or, les conseillers généraux, le président de l'Association des maires ruraux de Côte-d’Or se penchent sur cette problématique...

 

Nous remercions les élus qui prennent le temps et la reflexion nécessaires pour répondre à cette enquête. 

Retrouvez ci-dessous les réponses des élus au fur et à mesure de leur réponse.

 

Sommaire élus

- L'avis de... Alain Houpert Sénateur de la Côte d'Or Conseiller général du canton de Grancey-le-Château...lire

L'avis de... Laurent Grandguillaume Député de la Côte-d'Or Conseiller municipal de Dijon...lire

L'avis de... François Sauvadet Député de Côte-d'Or Président du conseil général de Côte-d'Or...lire

- L'avis de... François Rebsamen Sénateur de la Côte-d'Or Maire de Dijon...Lire

- L'avis de... Bruno Bethenod,  Président de l'Association des maires ruraux de la Côte-d'Or...Lire

L'avis de... Rémi Delatte Député de Côte-d'Or Maire de Saint-Apollinaire.. lire

 

 

 

La ruralité Alain HoupertL'avis de... Alain Houpert

Sénateur de la Côte d'Or

Conseiller général du canton de Grancey-le-Château (1166 hab.)

Groupe Initiatives Côte-d'Or

 

 DE LA RURALITE

 

Urbanité dixit le petit Robert signifie « politesse où entre beaucoup d’affabilité naturelle et d’usage du monde ».

Le ton est donné, on part déjà sur un pied d’inégalité, il y a les rats des villes et les rats des champs, les modernes et les anciens pour ne pas dire les urbains et les ploucs.

Les médias ont encore une fois caricaturées cette différence lors des élections européennes où, vous le savez, le non à été retentissant. Pour caresser les élites et ne pas avouer que ce vote a été une sanction contre le pouvoir suprême, nous avons eu droit encore une fois au sempiternel mythe du bouc émissaire.

Le oui était le choix des intellectuels et de la ville, le non celui des ouvriers et de la campagne, donc des ploucs.

Notre société nous le savons est binaire, fonctionnant avec des relations d’inégalités, avec le gâteau pour les premiers rôles et les miettes pour les figurants, au lieu de fonctionner dans un système vertueux de réciprocité.

Cette société duale se sert du duel pour exister, on se construit toujours par opposition à l’autre au lieu de se compléter afin d’élever le niveau.

A qui profite le crime ?

Les villes ont d’abord été des villages, certaines se sont développées grâce à des atouts géographiques, naturels voir cultuels.

Ces villages qui sont devenus des villes sont aussi le fruit de la misère et de l’instinct grégaire de l’homme qui veut se rapprocher du pouvoir, de la richesse.

Ces miroirs aux alouettes, ces Eldorados sont à l’origine de nos capitales régionales et de toutes les mégalopoles mondiales.

Je suis toujours frappé par la faculté de l’homme quand il devient urbain d’oublier ces racines et de mépriser d’où il vient. Alors que pour savoir où aller il faut savoir d’où l’on vient. L’exemple en est le parisien, le 75 ou le 92 qui se croient tout permis et qui a très vite oublié d’où viennent ses ancêtres.

La ville est évidement essentielle à la vie économique d’un pays, mais elle m’apparaît comme un ghetto où les valeurs sont à l’aune des droits de chacun et où les privilèges sont ce que l’autre possède, un melting pot où désir et vitesse règnent en maîtres.

Il est difficile en ville pour un enfant de prendre conscience de la rotondité de la terre et de sa précarité, tout semble possible, il y règne un sentiment rassurant d’invulnérabilité.

En 2050, 60% de la population mondiale habitera en ville, notamment dans les pays émergeants, c’est une préoccupation écologique essentielle pour notre avenir.

La ville n’a pas l’apanage du futur et de la modernité et la campagne n’est pas le refuge du passé, il faut saisir la voie du milieu celle de la tradition c’est à dire transmettre.

Qu’est ce qu’un village ? Groupé entre son église et le cimetière, entre Dieu et ses défunts, le village constitue une sorte de centre du monde, un rêve d’enfance enfoui au plus profond de tout individu, une géographie mythologique qui va par des chemins secrets entre l’école et le bois des fées. C’est le fondement par où passe, en dernier ressort, toute expérience de la vie et de la mort. Le village et l’enfance se complètent pour former un tout inséparable. Partir au village, c’est un peu retourner en enfance.

Le village en France a connu mille revers de fortune. Sanctuaire de la résistance, bastion de l’identité nationale, la forteresse gauloise de Vercingétorix a vu partir les enfants de l’exode rural, puis revenir leurs petits enfants. Elle a accueilli le retour utopique à la terre, la fin des paysans et l’arrivée d’urbains en manque d’urbanité qui veulent du village comme on désire une famille, une tribu. La nostalgie du passé, le besoin de racines retrouvées sinon réinventées, l’envie  toute simple d’un peu d’air pur dans les poumons, d’un retour aux valeurs originelles, à la nature. Participer au paysage imaginaire des vrais habitants qui se croisent, se côtoient sans s’ignorer. Nous avons tous en nous le souvenir du film « jour de fête » de jacques Tati, l’image de son facteur, des dialogues souvent incompréhensibles mais tellement vrais parce que le temps ne fuit plus.

Le temps maitrisé, le temps présent, dont on n’a plus conscience qu’il s’écoule comme du sable entre nos doigts. Ce temps nostalgique qui nous pousse à rechercher les objets de notre enfance, concentrés de temps qui passe.

C’est ici et maintenant, et nulle part ailleurs que se trouve notre paradis perdu, un refuge contre les mauvais coups de l’histoire, la promesse d’une communauté qui fait le pari de vivre, pour de bon, ensemble.

La ville revient à la campagne, la terre colle aux semelles et elle reprend ses droits et donne vite à une chaussure de marque la patine d’un sabot de paysan.

 

Le rapport ville/campagne est en train d’évoluer, en France, à l’image des pays anglo-saxons, on assiste à une inversion du processus migratoire cette misère qui a contribué à l’extension des villes.

Le prix actuel du foncier rend inaccessible l’accession à la propriété du vulgum pecus qui se replie sur les territoires ruraux par défaut et par opportunité foncière.

L’élu rural a la redoutable tâche d’accueillir ces néo-ruraux, il a le choix entre transformer son territoire en dortoir sans âme, à l’image des banlieues surpeuplées ou le faire évoluer d’une manière réfléchie et coordonnée en accueillant des habitants qui font le choix de venir y sculpter leur poutre de vie.

C’est un choix cornélien qui demande du recul et de l’empathie pour le territoire, soit céder aux sirènes de l’argent des marchant de biens et des immobiliers ou raisonner à long-terme.

 

Il est vrai que je suis un écartelé entre une vie professionnelle prenante et ma mission d’élu. Pourquoi suis-je obligé de faire le grand écart, d’avoir cette vie de schizophrène qui m’oblige parfois à avoir le don d’ubiquité au grand dam de  mes proches.

Pourquoi ai-je cet attachement addictif à la ruralité, à mon village ?  Peut-être le refus de vieillir, voire de grandir. Si je suis atteint par le syndrome de Peter Pan, rassurez-vous ce n’est pas contagieux, qu’elle est donc ma fée clochette ? Je crois que ce sont mes souvenirs d’enfance, l’image de mes ancêtres que j’ai connus qui agissent sur moi comme une bonne conscience, qui me rassurent. Je me souviens de ces moments, de ces paroles bienveillantes et rassurantes qui me guident et me poussent à agir.

Né à la campagne, j’ai le sentiment d’appartenir à ce village, d’avoir envers ce territoire plus de devoirs que de droits, le sentiment d’être dépositaire d’un patrimoine exceptionnel, le devoir de le transmettre aux générations futures.

Le patrimoine n’est pas un boulet, quelque chose qui coûte cher, c’est un véritable atout pour un territoire, une planche d’envol pour l’avenir. Ce qui est beau est toujours respecté, on a rarement vu des tags sur nos monuments, il est essentiel de tirer nos citoyens vers le haut.

La France est la première destination touristique du monde, pour Paris bien évidemment, pour ses rivages, mais aussi et surtout pour ses paysages et son art de vivre.

Si les Américains se représentent toujours le Français avec un béret et une baguette de pain sous le bras c’est simplement par refus que notre art de vivre soit contaminé par la modernité et ses contraintes.

Nos paysages sont couverts de patrimoine vernaculaire en péril, Malraux en son temps avait demandé à ses services un recensement du patrimoine français, il n’en reste aujourd’hui qu’un tiers.

Ce patrimoine est en danger, il est un outil essentiel au développement de notre pays, « nous sommes les héritiers de nos enfants » disait Voltaire. Le patrimoine est un capital, nous n’avons aucun droit sur ce capital, nous ne pouvons que consommer la valeur ajoutée que nous y aurons apportée.

Il n’est pas question de transformer certains villages en musées, mais de les construire à l’inverse des villes qui ont privilégié l’économique avec les dégâts collatéraux que cela a occasionné, mais plutôt de mettre l’humain au centre du débat en bâtissant sur le socle des valeurs fondamentales que j’ai décrites plus haut, en misant sur le volet culturel pour accueillir des habitants qui sont en empathie avec le territoire.

Je pense qu’il est temps d’arrêter d’opposer la ville à la campagne, il faut cesser de mettre des remparts idéologiques autour des villes, les territoires doivent être en continuité, il faut qu’ils travaillent dans le respect mutuel et la tolérance au-delà des barrières administratives qui leur sont imposées. La ville s’est toujours développée en France sans se soucier de l’extérieur, de façon égoïste en considérant l’autre comme rival, il est temps d’arrêter ce processus et qu’elle grandisse par ses erreurs. La Ruralité est une chance pour la ville, l’étalement urbain ne doit par se faire par métastases ou par conquête sinon on va renouveler le processus délétère du passé.

Il est temps que les élus ruraux et urbains travaillent ensemble, je souffre du mépris de certains pour les élus de gouttière dont je fais partie.

Un élu doit être au service de ces concitoyens et de son territoire en sachant que ce dernier leur survivra. retour sommaire

 

 

 

La ruralité Laurent GranguillaumeL'avis de... Laurent Grandguillaume

Député de la Côte-d'Or

Conseiller municipal de Dijon

 

Le concept de justice territoriale ne va pas de soi. Un constat, aussi trivial soit-il, s’impose : les territoires sont par nature inégaux. En revanche, cette inégalité géographique devient politique dès lors qu’elle se traduit par des inégalités de destin entre citoyens du fait du territoire de naissance ou de résidence. Les approches managériales et comptables qui ont prévalues sous les précédents gouvernements ont exacerbé les situations de décrochage des territoires les plus meurtris : espaces ruraux isolés, territoires périurbains non maitrisés, zones urbaines enclavées.

Les inégalités territoriales se sont transformées. S’il subsiste toujours des écarts entre les régions les plus productives (Île de France, Rhône-Alpes) et les autres, les inégalités interrégionales ont eu tendance à se résorber.

 

L’explication est aujourd’hui bien connue : ce sont les fonctions redistributives de l’État qui garantissent au premier chef la cohésion territoriale. D’autres facteurs sont également à prendre en compte : l’économie dite « résidentielle » liée à une économie de la consommation a ainsi nettement contribué au développement d’une circulation « invisible » des richesses entre territoires. La mobilité croissante des individus et l’augmentation des pratiques touristiques ont apporté une nouvelle dynamique pour les territoires.

 

Désormais, les inégalités se jouent à des échelles plus fines, au sein des territoires, des bassins de vie et parfois même des quartiers où se développent des poches de pauvreté. Inégalités sociales et territoriales se cumulent, s’imbriquent et rendent toute politique sectorielle (éducation, santé, sécurité, emploi, …) le plus souvent inefficace.

 

Les politiques publiques développées depuis 20 ans portent une responsabilité majeure dans cette aggravation des inégalités territoriales. D’une part, la remise en question des politiques redistributives a fragilisé les territoires les plus vulnérables qui dépendaient fortement de l’apport de ces revenus sociaux et des pensions de retraite. D’autre part, la mise en place d’une conception darwinienne de l’aménagement du territoire a sapé le principe même d’égalité républicaine. Entre 2005 et 2009, la transformation de la DATAR en délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires a symbolisé cette dérive.

Une doctrine libérale a été mise en œuvre qui se caractérise par trois traits principaux :

– La concentration des financements sur quelques pôles en présupposant leur capacité d’entrainement pour le reste du territoire ;

– La compétition entre les territoires comme moteur de la compétitivité nationale ;

– Le retrait de l’État sur les enjeux de solidarité territoriale en faisant des Régions et des Départements des prestataires de politiques nationales.

 

Ainsi, de nouveaux instruments politiques ont été imaginés qui ont contribué à exacerber « la fracture territoriale » : pôle de compétitivité, pôle d’excellence rurale, Plan Campus, etc. À chaque fois, l’État a encouragé la mise en compétition des territoires entre eux avec les résultats que l’on connaît aujourd’hui, à savoir une concentration des moyens financiers dans les pôles urbains disposant déjà d’une forte ingénierie de projet et de capacités de financement.

 

Dans le même temps, l’État a organisé sa mise en retrait des territoires à travers, coup sur coup, une réforme de la carte des hôpitaux, celle des tribunaux et celle des casernes. Seuls les critères d’efficacité et de performance ont prévalus abandonnant tout principe d’équité spatiale et de proximité.

 

Certains territoires ont vu s’abattre sur eux des retraits massifs verticaux décidés par des administrations centrales étanches aux demandes d’études d’impact sur les conséquences catastrophiques de ce cumul.

 

Les effets de cette politique sont aujourd’hui visibles et dommageables pour la nation et la République. Elles ont engendré « un sentiment d’oubli, d’abandon, de relégation surtout (…) ». C’est le Président de la république lui-même qui en fait le diagnostic lors de son discours aux élus, en Côte d’Or, le 14 mars dernier.

 

La croissance démographique – considérée à juste titre comme un atout au sein de l’Europe – semble déstructurer les territoires plutôt que de les renforcer. La crise du logement ne cesse de s’approfondir dans les métropoles, l’urbanisation se poursuit de manière anarchique dans les territoires périurbains et péri-ruraux. Ce sont les grands groupes privés (promoteurs, lotisseurs, constructeurs) qui sont aujourd’hui les véritables aménageurs du territoire. Et ils le font selon leur propre critère, celui de la rentabilité immédiate. Tout ceci explique pourquoi les opérations réalisées dans les territoires, en particulier dans les territoires ruraux en déficit d’accompagnement technique, continuent de faire l’impasse sur les exigences du développement durable (mixité sociale, maîtrise de la consommation foncière, maintien des terres agricoles, proximité des services, organisation de l’inter-modalité, etc.).

 

Nous devoir avoir l'ambition de n’ouvrir rien moins qu’un nouvel âge de l’aménagement du territoire. Il ne s’agit pas d’une énième relance pour en appeler à un État aménageur disparu avec l’époque gaulliste. Il n’y a en effet pas de nostalgie à en appeler à une époque où l’État décidait seul des grands projets et des infrastructures fixant définitivement les places des territoires dans un ensemble national organisé.

 

Il faut repenser la notion même d’aménagement, à la lumière des évolutions des modes de vie et de la nouvelle donne spatiale telle qu’elle s’est affirmée depuis les années 2000. Nous avons l’occasion d’ouvrir une autre période, celle du développement soutenable, contribuant au bien être des habitants de ce pays, à l’évolution progressive du mode de production des richesses collectives, à l’instauration d’un nouveau rapport à la nature.

 

Si elle a eu un apport indéniable, la décentralisation a pu aboutir dans certains cas à la multiplication de petites souverainetés, centrées sur leur périmètre. Il est temps de sortir de cette spécialisation où les territoires riches sont devenus de plus en plus riches, les plus pauvres de plus en plus pauvres. L’évolution de la décentralisation n’aura de sens que si elle s’inscrit dans cette recherche de l’égalité des territoires. La métropolisation initiée par les dynamiques du marché (de l’emploi, de l’immobilier, …) et encouragée par les politiques publiques ne doit pas se faire au dépens de la qualité de vie des habitants des autres territoires en dehors de ces dynamiques. Dans ses recommandations pour une politique d’égalité des territoires, Éloi Laurent prévient que « les seules ambitions d’attractivité et de compétitivité économiques ne suffisent pas à définir des stratégies de développement territorial soutenables et justes, il importe de repenser ces stratégies en partant du développement humain et des capacités de personnes (…) ».

 

L’insuffisance des politiques de péréquation reconnue par de multiples rapports, notamment parlementaires, nécessite une action rapide avec une programmation permettant aux collectivités concernées une prospective constructive.

 

Toutefois, la recherche de l’égalité des territoires n’est pas celle de l’équivalence des territoires. Elle passe bien davantage par la mise en capacité des tous les territoires, y compris les plus enclavés qui doivent pouvoir nourrir des perspectives de développement. Cela suppose une montée en responsabilité et donc une montée en échelle des territoires.

 

Il est nécessaire de créer en milieu rural des intercommunalités de projet à une dimension qui donnera à ces futurs E.P.C.I. la pertinence et les moyens d’être acteur de leur destin. Mais la question ne se limite pas à celle de l’organisation territoriale ou de la fiscalité locale, elle est plus profonde : elle implique une prise de conscience des interdépendances, des systèmes de liens qui font que les lieux ne sont pas des îles mais fonctionnent en archipel avec des enjeux qui se posent et se traitent à toutes les échelles, du local au global en passant par le national.

 

La recherche de l’égalité des territoires peut se traduire à travers la mise en œuvre de deux principes d’action publique complémentaire :

– une politique des « lieux » afin de faire évoluer la politique de zonage pour donner la priorité aux bourgs et petites villes des espaces périurbains et ruraux qui offrent un maillage territorial de proximité en matière de services et d’aménités. Selon des travaux récents de la DATAR, environ 1 200 pôles de proximité peuvent être identifiées, tous situés en dehors des pôles urbains mais permettant une bonne accessibilité pour les territoires les plus isolés. La revitalisation de ces pôles de proximité est primordiale si l’on veut garantir l’égalité des territoires. Pour ce faire, le premier enjeu est de sortir du décloisonnement des politiques sectorielles de droit commun pour adopter une approche territoriale intégrée. Cette approche pourrait se traduire par des contrats territoriaux de revitalisation des pôles de proximité entre l’État et les collectivités locales. L’État s’engagerait à y maintenir les services publics de « base » (Gendarmerie, Police, Justice, École, La Poste, Santé). Il viserait plus largement le développement d’une véritable politique de renouvellement urbain afin de rendre les centres anciens à nouveau attractifs pour les ménages et les entreprises,

– une politique des « liens » en systématisant la coopération entre les territoires et en les incitant à partager des stratégies de développement, à travers par exemple des pactes territoriaux. Plusieurs secteurs peuvent être cités : l’agroalimentaire, l’énergie, le tourisme, les déchets, l’eau, … Ces pactes devront reconnaitre les apports et les spécificités du monde rural, sa faible densité, sa vocation agricole et productive, ses enjeux paysagers et environnementaux, etc. La capacité à construire des accords stratégiques entre territoires, sous le pilotage de l’État, sera l’un des moteurs de l’égalité des territoires. retour sommaire

 

 

 

 

La ruralité François SauvadetL'avis de... François Sauvadet

Député de Côte-d'Or

Président du conseil général de Côte-d'Or

 

 "le Conseil Général de la Côte d'Or joue son rôle de dernier bouclier de la ruralité"

 

 

La France est un grand pays – le plus grand d’Europe – avec un immense espace rural doté d’un véritable maillage territorial grâce à ses 36 600 communes. Notre pays en comptait entre 40 000 et 44 000 communes en 1789. Chacune de ces communes représente un lieu de vie et de solidarité, un territoire avec son patrimoine, son histoire …

 

L’un des plus grands défis auxquels nous aurons à faire face au cours du XXIe siècle, c’est celui d’assurer un avenir à ces pans entiers de territoires qui sont confrontés à une dépopulation et se perçoivent aujourd’hui –sans doute à raison- comme les « oubliés » de la République.

 

La Côte-d’Or n’échappe pas à ce scénario. C’est, à cet égard, une petite France avec une métropole qui draine la moitié de la population, et des territoires qui se vident inexorablement.

 

Le retour à la campagne décrit par certains se concentre en fait sur la périphérie, la première couronne voire la seconde, ou le long des axes de communication avec un temps de trajet qui lorsqu’il excède 45 mn, devient dissuasif.

 

La mort lente guette en fait bon nombre de territoires ruraux, avec des maisons aux volets clos, la fermeture des services de proximité, voilà pour le constat.

 

Dès lors, lorsque l’on regarde objectivement les scenarii de l’INSEE, si rien n’est fait, c’est 85 % de la population de la Côte d’Or qui sera concentrée dans les agglomérations dijonnaise et beaunoise.

 

Ce n’est pas ce que nous voulons. Les agglomérations sont des locomotives économiques essentielles, mais elles n’ont pas pour vocation de « cannibaliser » le reste du territoire. Nous avons donc pris des décisions fortes et décidé d’accompagner les communes pour rénover leur patrimoine. Sur cinq ans, nous avons investis 100 millions dans le territoire rural, et 50 millions dans la ville. Parallèlement, nous avons contractualisé avec les communautés de commune sur des projets structurants d’aides à la personne, d’accueil de petite enfance, de soutien aux zones d’activité. Nous avons développé un plan mobilité avec le réseau de bus accessibles aux personnes handicapées et à mobilité réduite, avec un tarif unique à 1,50€ le ticket quel que soit le nombre de kilomètres parcourus. Cette seule mesure a permis de doubler la fréquentation des bus en deux ans.

 

Nous aidons le commerce de proximité, la rénovation des hôtels restaurants. Le développement touristique constitue également un enjeu de développement et nous avons équipé la Haute Côte d’Or d’un pôle, le MuseoParc d’Alésia réalisé par l’architecte Bernard TCSHUMI qui est devenu le 3ème site le plus visité Côte d’Or. Nous avons contractualisé un plan de développement agricole et notamment, un plan de construction et de modernisation des bâtiments.

 

Enfin pour les familles, nous avons décidé de maintenir et d’équiper tous nos collèges en numérique, avec des visioconférences.

 

Nous assurons le transport scolaire gratuitement et avec Orvitis, nous avons une politique du logement social pour l’accueil des jeunes couples. Enfin, et ce n’est pas la moindre de nos politiques, nous avons une politique volontariste de maintien à domicile des personnes âgées dépendantes.

 

Il nous faut aussi investir dans les technologies du futur. Nous allons donc  investir 72 M€ dans un plan de déploiement du très haut débit avec le déploiement de la fibre optique pour tous.

 

Certains parlent de « saupoudrage », c’est une erreur, et nous continuerons  d’accompagner l’investissement des communes. Nous garantissons ainsi la préservation de notre patrimoine et soutenons l’emploi. Si nous y renoncions, ce serait à terme le visage de la Côte d’Or et de la France qui s'en trouverait transformé.

 

Grâce à l’effet-levier, pour chaque euro de subvention du Conseil Général, ce sont trois à quatre euros qui sont investis au total. En investissant près de 550 millions d’euros dans l’économie locale depuis 2008, le Conseil Général a généré plusieurs milliards d’euros de travaux. C’est aussi un signal fort adressé aux habitants des territoires périphériques pour leur dire : « non, vous n’êtes pas oubliés. » Ce message est crucial. Je regrette que les départements soient aujourd’hui les derniers à le porter, quand l’Etat, les Régions et les villes ne jurent que par la « métropolisation ».

 

Pour garantir l’avenir harmonieux et équilibré du département, il faut donc que le Conseil général, dernier acteur à prendre en charge l’aménagement et la solidarité des territoires, dispose des moyens pour assurer ses missions. En cette période de crise où les dépenses sociales augmentent considérablement, le Gouvernement doit cesser d’augmenter les charges qui pèsent sur les Conseils Généraux (hausse de la TVA, hausse de 10% du RSA en cinq ans, réformes des rythmes scolaires…) tout en asséchant leurs ressources (baisse des dotations de 4,5 milliards d’euros sur deux ans, qui pourrait même s’accroître après 2015 !).

 

Cette asphyxie financière se double d’une attaque sans précédent contre la représentation politique du monde rural. En redécoupant les 4 000 cantons de France et en imposant un rééquilibrage démographique sans la moindre prise en considération des territoires, le Gouvernement socialiste remet les clefs des départements entre les mains des habitants des métropoles. Sous l’apparence du bon sens, cette réforme est en réalité absurde. Alors que les métropoles se voient incitées à récupérer les compétences des Conseils Généraux sur leurs propres territoires (c’est déjà le cas à Lyon par exemple), les Conseils Généraux vont être amenés à exercer leurs compétences uniquement en dehors des agglomérations majeures. Pourtant, les élus des Conseils Généraux seront principalement issus de ces mêmes agglomérations ! On marche sur la tête ! Cette évolution risque de sonner le glas de la solidarité territoriale et de l’aménagement du territoire. Cette réforme entrainera par ailleurs la suppression de près de la moitié des chefs-lieux de cantons de France, un coup très brutal au monde rural car il faut s’y attendre, les services publics s’organiseront dans ces nouveaux immenses cantons ruraux.

 

Aujourd’hui, sur les 55 millions d’hectares du territoire français, seuls 7 millions d’hectares représentent le territoire non agricole (contre 32,5 millions d’hectares agricoles et 15,5 millions d’hectares pour les bois et forêts…) : cet espace immense doit conserver son dynamisme et continuer d’accueillir de nouvelles populations. Ma vision de l’avenir est claire : je suis inquiet par les orientations du Gouvernement actuel, mais plus déterminé que jamais à ce que le Conseil Général de la Côte d'Or joue son rôle de dernier bouclier de la ruralité. retour sommaire

 

 

 

L'avenir de la ruralité F RebsamenL'avis de... François  Rebsamen

Sénateur de la Côte-d'Or

Maire de Dijon

 

« Faire confiance à l’intelligence territoriale » 

 

Le résumé des enjeux qui nous invite en avant-propos à livrer notre vision de l’avenir de la ruralité en Côte-d’Or est, malheureusement comme trop souvent dans notre département, orienté, avec une présentation de la ruralité côte-d’orienne qui serait  ultra dominée, « entouré par la puissante capitale régionale Dijon ». 

Pourquoi, au contraire, ne pas se réjouir d’une capitale régionale forte, attractive et moteur d’un développement local capable d’entrainer les autres territoires Côte-d’Oriens.

Je ne peux dès lors que regretter l’esprit partisan qui anime ce discours qui n’a d’autre finalité que de tenir la Ville de Dijon et ses représentants pour responsables d’une ruralité Côte-d’Orienne qui serait en déclin et qui oppose, dans un débat stérile et dépassé, la ville à la campagne. Un discours qui n’a de cesse de diviser la Côte-d’Or en deux territoires : l’un rural, l’autre urbain, l’un victime, l’autre coupable. Un discours que l’on pourrait qualifier de caricatural s’il n’était pas dangereux pour la démocratie et l’action nécessaire que nous devons porter en faveur de tous les habitants de notre département.

Le temps n’est plus où l’on pouvait opposer ville et campagne. La vérité, c’est que les échanges urbain-rural sont permanents et s’enrichissent mutuellement. La réalité côte-d’orienne est la suivante : les Côte-d’Oriens viennent travailler à Dijon, y étudier, s’y divertir,… . Au scénario fataliste, je préfère un scénario mobilisateur.

 

La vision politique de l’avenir de la ruralité ne peut être que celle de l’équilibre. Je crois à cet aménagement du territoire harmonisé, qui se construit sur la recherche d’un nécessaire et indispensable équilibre territorial entre la ville et la campagne, sans domination d’un territoire sur l’autre. Il nous appartient alors à tous de préserver cette notion fondamentale qu’est la solidarité territoriale entre toutes les communes de Côte-d’Or, y compris Dijon.

Rappelons ici qu’une majeure partie des recettes fiscales du département provient de Dijon et de son agglomération et devrait servir au Conseil général de la Côte-d'Or à assurer l'aménagement du territoire départemental au profit des communes rurales.

Aussi, il est temps de réconcilier la ville et la campagne, de réparer la fracture territoriale, de renouer avec une solidarité territoriale La rhétorique ne suffit plus, il est impératif d’agir.

 

C’est un enjeu démocratique tant on ne peut se satisfaire du vote protestataire concentré dans les territoires qui se sentent à l’abandon.

 

Dès lors, je me félicite, que pour la première fois, un gouvernement a fait de la lutte contre la fracture territoriale une de ses priorités, en créant un ministère chargé de promouvoir l’égalité des territoires.

Saluons aussi la création du Commissariat général à l’égalité des territoires, qui remplace la DATAR, le secrétariat général du comité interministériel des villes (SGCIV) et l’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.

 

Au cœur de cette approche transversale, les territoires sont une chance pour la France et la ruralité doit être le laboratoire de toutes les dynamiques.

 

Pour cela, il apparait nécessaire de développer certains axes fondamentaux et prioritaires.

 

La question de la mobilité est une préoccupation majeure pour les habitants des territoires ruraux. Dans une perspective d’égal accès de tous aux services publics et au public, les transports sont un outil fondamental de solidarité entre les territoires. Des solutions de transports adaptées doivent ainsi être recherchées en concertation avec tous les niveaux de collectivités territoriales.

 

L’accessibilité aux services publics est aussi un enjeu majeur. Dès lors, le projet de loi de mobilisation des régions pour la croissance et l'emploi et de promotion de l'égalité des territoires apportera des réponses au problème de l’accessibilité des services publics.

Il définit les objectifs de l'État et des collectivités territoriales en matière d’accessibilité des services au public : « L'État et les collectivités territoriales poursuivent un objectif partagé d'amélioration de l'accessibilité des services au public, en milieu rural comme en milieu urbain, et pour toutes les catégories de public. Cet objectif concerne à la fois les services publics, qu'ils soient exercés par l'État ou les collectivités et leurs groupements ou par des organismes chargés d'une mission de service public, et les services privés indispensables à la qualité de vie des populations. »

Il prévoit l’élaboration d'un schéma départemental d'amélioration de l'accessibilité des services au public sur le territoire départemental.

Il donne un statut juridique aux « maisons de services au public », destinées à améliorer l'accès des populations aux services. Dans le cadre de ces maisons de services au public, les intercommunalités pourront définir des obligations de service public leur permettant, à l'issue d'une procédure d'appel d'offres, de sélectionner un opérateur de service auquel ils pourront verser une compensation.

Enfin, il est prévu la création d'un fonds national de développement des maisons de services au public destiné à financer leur mise en place et leur équipement.

 

Si l’accessibilité des services publics est fondamentale, l’accès aux soins est primordial. Aussi est- il impératif de mettre fin à la désertification médicale. La question de la démographie médicale est complexe et nécessite d’agir dans plusieurs directions.  Outre le nombre de patriciens, se pose également la question des délais d’attente, pour des rendez-vous signalés comme non urgents, qui s’allongent de manière extrêmement préoccupante pour certaines spécialités. Ces disparités ont des conséquences en termes d’inégalités de santé qui doivent être corrigées. Je ne doute pas que ces questions seront débattues lors de l’examen du Plan Territoire Santé que présentera Marisol Touraine en décembre prochain.

Sur la formation-l’installation : il convient de renforcer l’obligation de stage en cabinet de médecine générale pour tous les étudiants en médecine (cette obligation existe déjà mais n’est pas respectée), ainsi que les bourses d’engagement de service public. En échange de cette aide publique, les jeunes médecins s’installent ensuite dans une zone sous-dotée. 

La création de 200 postes de praticiens territoriaux de médecine générale (PTMG) en 2013, avec un revenu garanti de 55 000 euros annuels, est actée.

S’agissant de l’exercice de la médecine, il faut encourager le travail en équipe, la télémédecine, le rapprochement entre les maisons de santé et les hôpitaux.

Concernant plus particulièrement des territoires en grande difficulté, le gouvernement  s’est engagé, dès 2013, à  garantir un accès à des soins médicaux urgents en moins de 30 minutes, (nouvelles antennes SMUR, hélicoptères ou médecins correspondants des SAMU).

Il est également nécessaire de mobiliser les CHU, en faveur de la réorganisation des hôpitaux de proximité.

 

Enfin, le développement du Très Haut Débit est également une condition impérative du développement des territoires ruraux. Il représente un enjeu majeur, tant sur le plan économique que social. De surcroit, le THD favorise le développement de nombreuses autres activités, comme la télémédecine.

En matière de désenclavement numérique, l’Etat doit reprendre la main. En effet, la couverture des zones les moins dotées ne peut répondre à une logique purement concurrentielle mais plutôt à celle de l’aménagement du territoire.

Pour répondre à cet enjeu, rappelons que le Plan France Très Haut Débit mobilisera 20 milliards d’euros, dont 3 milliards de subventions pour soutenir les projets des collectivités territoriales.

 

Pour conclure, au-delà de toutes les actions qui sont menées et qui méritaient d’être saluées,  tenais-je à rappeler le dynamisme des élus locaux qui œuvrent quotidiennement pour faire vivre leurs territoires, refusant ainsi le fatalisme du déclin de la ruralité, et ce, souvent à titre quasi bénévole. (Pour cela, aussi, il est impératif de faire évoluer le statut de l’élu).

 

Oui, les territoires ruraux sont porteurs d’un dynamisme qu’il faut encourager collectivement. Ils sont surtout capables de prendre en main leur destin, dès lors qu’on ne crée pas les conditions de leur résignation.

 

« Faire confiance à l’intelligence territoriale » : le Sénat, lors de l’examen du premier volet de décentralisation, a fondé ses travaux sur cette nécessité, et n’aura de cesse de poursuivre dans cette voie. retour sommaire

 

 

 

Bruno Bethenot,  Président de l'Association des maires ruraux de la Côte-d'Or L'avis de... Bruno Bethenod,  Président de l'Association des maires ruraux de la Côte-d'Or, Maire d'Arceau...

 

Le monde rural s’est profondément métamorphosé au cours des 20 dernières années. Sa démographie a renoué avec la croissance depuis les années 2000 et sa population évolue globalement au même rythme que l’ensemble du territoire national, plus que les pôles urbains, moins que le périurbain. 11 millions de personnes vivent aujourd’hui dans les espaces à dominante rurale, soit 18 % de la population française métropolitaine. Ils n’ont évidemment pas les mêmes modes de vie ni les mêmes aspirations que les habitants des agglomérations    

Les 33 800 communes de moins de 3500 habitants restent les témoins des identités et de la démocratie de proximité qui font référence au «  vivre ensemble ». Elles savent s’engager dans une logique communautaire volontaire, propice au maintien des services aux publics malgré le désengagement de l’Etat et son manque d’ambitions au niveau de l’aménagement du territoire. Manque d’ambitions marqué notamment par le choix aujourd’hui de privilégier la population sur les découpages de cantons par rapports aux bassins de vie, renforçant le poids de l’urbain sur les politiques de proximités telles que celles gérées aujourd’hui par les Conseils Généraux.

Ce choix qui est un choix politicien ne sert pas l’intérêt général : il opposera à terme l’urbain et le rural….

Le monde rural est source d’aménités. Il répond à des demandes de bien être, de mieux vivre ; en témoignent le nombre de résidences secondaires, l’attrait du tourisme vert. Il est porteur de valeurs d’humanisme, d’équilibre, de solidarité.

Pour le groupe Monde Rural, en 2013, démonstration est faite que le monde rural, par les valeurs et modes de vie qu’il induit, permet de répondre aux nouveaux défis qui se posent à la société :

Favoriser un développement territorial équilibré et vivable.

Contribuer à nourrir une population en forte croissance grâce à ses ressources.

Créer des emplois dont la plupart sont non délocalisables.

Permettre le développement des énergies renouvelables et participer à la réduction des gaz a effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique.

Développer une économie productive à forte valeur ajoutée.

Produire et entretenir de la biodiversité, notamment au travers de productions agricoles : nourritures, textiles, constructions, industries…

Construire les bases d’un « vivre ensemble » renouvelé.

Le développement économique des territoires ruraux repose sur des activités artisanales, libérales, industrielles, agricoles et tertiaires. Il nécessite des connexions avec des territoires plus denses.

Le territoire rural se conçoit en relation avec les villes, dans une logique de complémentarité et non de hiérarchie entre espaces urbains et espaces ruraux. Alors que se profile la perspective d’un développement s’ordonnant autour d’une douzaine de métropoles régionales (si le seuil de 250 000 habitants est retenu pour la métropole au lieu de 400 000) et du grand Paris, le Groupe Monde Rural, lui, estime utile et nous le partageons, de promouvoir conjointement , comme éléments déterminant d’un équilibre territorial, le renforcement de réseaux transversaux restant à constituer entre villes moyennes, petites villes, bourgs relais et territoires ruraux, dans une logique de solidarité et d'équilibre d’activités.    

La politique globale d’aménagement du territoire doit prendre en compte de façon cohérente tous les espaces dans leur diversités et leur spécificité, et favoriser les synergies et les complémentarités. Or il est apparu aux membres du Groupe Monde Rural, dont nous, Association des Maires Ruraux, faisons partie et qui rassemble les forces vives économiques, sociales, culturelles ainsi que les collectivités locales que les zones rurales, qui couvrent en France près de 80 % du territoire, n’occupaient pas toujours la place qui leur revient dans les politiques publiques par exemple au niveau de la dotation globale de fonctionnement ( DGF) ou un urbain vaut 2 ruraux…

Le Groupe Monde Rural estime impératif de promouvoir, conjointement aux politiques des villes, la ruralité comme élément déterminant d’un équilibre territorial global identifiable dans la structure gouvernementale, surtout lorsque l’INSEE sort de son vocabulaire le mot rural….

L’activité économique et l’emploi en milieu rural ne peuvent croître que si les habitants trouvent des logements, des moyens de transport, des services essentiels de proximité. L’accès de tous les territoires ruraux, y compris de ceux qui ne sont pas sous influence d’un pôle urbain, aux nouvelles technologies de l’information et de la communication les plus performants, et particulièrement au haut débit, est impérieux pour répondre aux besoins professionnels et personnels des populations rurales, qui ne peuvent pas attendre 2025  car c’est au détriment de la préservation d’un cadre de vie agréable.

Pour maintenir des territoires ruraux capables de relever les défis «économiques, sociaux, territoriaux, et environnementales il convient de :

En économie :

De redonner du dynamisme et de la compétitivité aux entreprises de proximité en zones rurales, préparer un plan de contribution des zones rurales a une nouvelle politique énergétique fondée, pour une large part sur les énergies renouvelable et sur un mouvement de réindustrialisassions qui privilégient les unités de taille moyenne et l’artisanat , favoriser l’économie de proximité et les circuits courts de vente des produits alimentaires mais aussi de certains produits du bâtiment( énergie grise) en rapprochant les producteurs et transformateurs détenteurs de la matière première, du savoir faire et du savoir mettre en valeur auprès des consommateurs. Diversifier le plus possible l’économie rural( industrie, artisanat, services, recherche, tourisme, loisirs). Mais aussi, enrayer le déclin de l’animation et de l’ingéniérie publique consécutif a la réorganisation ou disparition des services techniques de l’Etat ( double peine : plus de services et baisse des dotations !) et alléger le panel des normes de toutes natures imposés aux décideurs. 

 

Un maillage solide garantissant l’attractivité des territoires ruraux :

S’i faut en choisir un : assurer d’ici 2015/ 2016 le déploiement effectif du haut débit pour les territoires qui n’y ont toujours pas accés.

 

Complémentarité, équilibre et équité entre monde rural et urbain :

Freiner l’étalement urbain qui conduit au grignotage des espaces agricoles et naturels : la construction d’infrastructures pas toujours indispensables, l’aménagement de lotissements….cette consommation foncière plus rapide que la croissance démographique exige une reprise en main des outils de régulations de l’urbanisme en respectant et responsabilisant  les élus locaux afin de protéger les espaces et le potentiel agricole mais aussi de protéger la ville contre elle-même, notamment dans les espaces périurbains ou se situent plus de 30 % des terres agricoles.

Exiger, dans le cadre d’une réforme de la fiscalité, une meilleur péréquation et un rééquilibrage de la dotation globale de fonctionnement en faveur des petites communes et de leur intercommunalité.

D’encourager les synergies, les échanges et les partenariats entre monde rural et monde urbain sur les plans économiques et culturels ( la découverte et la mise en valeur du patrimoine, les jumelages entre collectivités…)   

 

Le monde rural dispose d’atouts pour relever les défis de la société, c’est ce que j’ai voulu avec l’aide du Groupe Monde rural vous faire partager, car pour nous Maire ruraux un seul but :

Rendre possible ce qui est nécessaire. 

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Rémy Delatte Député de la Côte-d’OrL'avis de... Rémi Delatte Député de Côte-d'Or Maire de Saint-Apollinaire...

 

La ruralité, une chance pour l’avenir des métropoles


Le Gouvernement de Monsieur Ayrault conduit une politique d’aménagement du territoire selon un processus « d’archipel éclaté », d’après le vocable repris d’une analyse en 2000 de la délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR) ; c’est-à-dire un territoire dans lequel s'opposent des villes dynamiques, économiquement performantes et internationalement compétitives, et des territoires marginalisés. C’est vrai que dans tous les débats sur l’aménagement du territoire, le Gouvernement défend une vision selon laquelle la division territoriale prime sur l’unité de la diversité des territoires.


Son choix de segmenter les problématiques d’organisation territoriale autour de trois textes de loi distincts : la loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles d’une part, la loi relative à la mobilisation des régions pour la croissance et l'emploi et de promotion de l'égalité des territoires d’autre part, et enfin la loi relative au développement des solidarités territoriales et de la démocratie locale, en est la preuve. En conséquence, la réflexion perd de sa globalité et se prive d’une démarche plus large dans laquelle la complémentarité des espaces et des cultures devient un atout. Le seul fait de rappeler que le premier projet de loi « entend conforter les dynamiques urbaines en affirmant le rôle des métropoles », limite d’emblée une dynamique de synergie avec les territoires ruraux. Et pourtant, la mutualisation au sens large du terme est majeure et même indispensable, si l’on ne veut pas que la croissance des métropoles s’étouffe sous la pression démographique et un développement économique « concentrationnaire ».


J’ajoute que la réforme du scrutin départemental conçue par la gauche, porte un coup malheureux à la ruralité qui perd une partie de sa représentation sur le seul critère démographique au profit des villes. Les enjeux du monde rural, autour de l’agriculture, du patrimoine naturel, architectural et culturel sont relégués à un second rang sous l’hégémonie des dirigeants politiques des villes.
C’est une faute lourde de ce début de millénaire qui marque un tournant dommageable à l’équilibre territorial !
Je plaide depuis longtemps pour un renforcement des territoires ruraux, selon le processus que la DATAR appelle « polycentrisme maillé ». Celui-ci s’appuie sur la recomposition des territoires et la redéfinition des missions de la puissance publique, parce qu'il conjugue les trois impératifs du développement durable que sont : la solidarité et la cohésion sociale, la performance économique et la préservation des grands équilibres environnementaux. Nos quelques 700 communes côte-d’oriennes sont la chance de la métropole dijonnaise, autant que Dijon est de toute évidence un atout pour nos cantons ruraux.

La solidarité et la cohésion sociale sont une priorité constante pour tous les élus et les acteurs de terrain, en ville comme à la campagne. Etre acteur de cohésion sociale, c’est s’assurer que chacun trouve sa place, là où il fait le choix de vivre. Dans la ville souvent anonyme, dépersonnalisée, le lien social relève beaucoup de l’initiative publique et collective avec le recours précieux de professionnels. Dans la sphère rurale, la réponse sociale est plus spontanée et portée par la « proximité », la famille, la population aux côtés des travailleurs sociaux. Cependant, le champ social est aussi bien investi dans les petites communes que dans les grandes agglomérations ; par contre, sa charge publique y est moins onéreuse. Les publics socialement fragilisés sont attirés par les centres urbains qui, pensent-ils, sont susceptibles de leur apporter davantage de réponses à leurs problématiques sociales, sanitaires, professionnelles ou personnelles. Pourtant, la population rurale garde un temps d’avance sur l’accompagnement des populations en souffrance ; partout elle relève généreusement le défi du vieillissement et de la dépendance ; elle accompagne petits et grands sans jamais renoncer. Les établissements médicosociaux de nos cantons, parfois même reculés de notre département, en sont l’illustration. La richesse du réseau associatif, voire bénévole, d’aide à domicile, et l’investissement des professionnels de santé dans les villages les plus éloignés, témoignent de cette vitalité qui prend une dimension humaine toute particulière et qui honore ses acteurs. Les ressources du monde « paysan » en termes de générosité, de solidarité sont immenses. Elles contribuent à l’attractivité de l’espace rural dans une dimension rassurante.


En ce qui concerne la performance économique, l’articulation sur un même territoire des espaces d’habitat et de travail est source de bien-être pour le salarié et offre un environnement favorable pour l’entreprise. A contrario, les grandes zones d’activité économique, concentrées sur les agglomérations les plus grandes, font apparaître leurs limites notamment en termes de déséquilibre démographique, ainsi qu’en matière de nuisances environnementales. Les déplacements y sont de plus en plus ingérables pour les particuliers comme pour les professionnels. Ainsi, dans l’agglomération dijonnaise, les flux automobiles croissent au fur et à mesure que se concentrent les parcs d’activité et les zones d’habitat, malgré l’effet des réseaux de transports en commun et le tram. Les rocades et les accès intramuros sont saturés, justifiant de nouveaux investissements routiers que la collectivité, au sens large, ne peut plus assumer. Pendant ce temps, trop de territoires ruraux se désertifient, abandonnant les exploitants agricoles à leur rôle de gestionnaires des espaces naturels. Heureusement, la polarisation urbaine n’est pas complètement inéluctable. Las de ne pouvoir se déplacer facilement, de nombreuses familles s’éloignent de la capitale régionale pour s’orienter vers des pôles péri-urbains ou ruraux à dimension humaine.

Dans ma circonscription, la 2ème de Côte-d’Or, dans chaque canton qui la compose, plusieurs sites industriels ou de services illustrent, s’il en est besoin, combien l’activité industrielle, artisanale et commerciale reste viable en milieu rural, pour autant que les services et les infrastructures de communications, routières, ferroviaires y soient suffisamment développés. Le meilleur exemple est celui de la société métallurgique de Fontaine-Française qui a résolument choisi un site champêtre pour y implanter son usine, parce qu’il y avait une insertion rapide sur l’autoroute. Voilà une intégration réussie, qui fait de Fontaine-Française une commune agréable, active, qui n’aurait sans doute pas eu le même destin sans l’arrivée d’un chef d’entreprise pragmatique, audacieux, précurseur sur son temps ! En réalité, c’est le facteur « temps » qui conditionne le choix et la motivation pour un chef d’entreprise d’installer son entreprise ici plutôt qu’ailleurs. C’est ce même facteur « temps » qui guide la décision d’une famille qui s’établit dans un village plutôt que dans un autre. En effet l’essentiel pour les usagers réside dans la capacité à bénéficier de services performants là où ils se trouvent. A cet égard, le déploiement de l’internet très haut débit constitue désormais un enjeu majeur. La toile numérique réduit en effet la notion de « temps » et de délai puisqu’elle rapproche l’ensemble des populations au niveau planétaire. Les applications sont pléthores dans le domaine administratif ou technique. Elles préservent le service de proximité au public sur tous les territoires. Je pense à la télémédecine qui intègre les professionnels de santé isolés dans un dispositif collectif de partage d’informations et d’expertise dans l’intérêt du patient éloigné des centres médicaux les plus performants ainsi qu’à une meilleure offre de soins. L’effort de déploiement de la fibre optique consenti par le Conseil général de la Côted’Or avec l’Etat et la région, pour réduire au plus vite la fracture numérique dans tout le département, participe à la dynamisation de la ruralité. Je suis persuadé que le numérique va révolutionner nos schémas d’organisation de l’espace des prochaines décennies. Je m’en réjouis et m’inscris dans une dynamique volontariste et ambitieuse, qui devra reposer sur un large consensus. Il est de la responsabilité des élus d’anticiper cette mutation, d’ouvrir des voies nouvelles, sans jamais perdre de vue qu’au-delà des innovations technologiques, l’humanisation des espaces demeure le coeur de notre conception moderne du service public.


Enfin, sur la préservation des grands équilibres environnementaux, l’extension concentrique de l’agglomération dijonnaise relève d’une urbanisation archaïque et dépassée. Elle détruit progressivement et inexorablement l’environnement historique et écologique des communes incluses dans le périmètre aggloméré. L’analyse des PLU de l’agglomération dijonnaise sur les 20 dernières années montre bien l’effet pervers de la conurbation sur la destruction lancinante et constante de l’identité des communes qui la composent. Le bétonnage démesuré de l’espace urbain pour y concentrer les populations oblige à développer des programmes de verdissement artificiel et conduit à une gestion coûteuse des effluents, sans oublier l’ensemble des moyens utiles à la vie citadine. Notre regard sur l’aménagement de l’espace et son organisation doit se porter aussi sur le critère de « masse critique ». Il permet de relativiser la taille et l’influence d’un pôle. Ainsi, certains équipements structurants peinent à trouver leur place faute d’un bassin de vie suffisamment confirmé. C’est le cas par exemple d’une petite commune qui ne disposera jamais d’une salle des fêtes si elle n’inscrit pas son projet dans un cadre communautaire. C’est le cas aussi de l’aéroport civil de Dijon qui ne trouve sa légitimité que dans un cadre interrégional. C’est une question de bon sens et de bonne gestion qui plaide en faveur d’une interactivité entre tous les territoires, sans limites géographiques pour rechercher la plus grande optimisation des ressources. Cette synergie s’exerce d’autant plus naturellement entre toutes les collectivités territoriales que ses élus explorent au mieux les mutualisations à l’échelle communautaire, puis cantonale, départementale, régionale et métropolitaine.


En conclusion, il m’apparait déterminant et urgent de réorienter le « tout urbain » vers une notion de maillage raisonné, partagé entre des pôles urbains et des pôles ruraux. On ne réussit pas un ménagement territorial dynamique sur la seule composante urbaine. Il faut au contraire miser sur l’équilibre entre l’attractivité citadine et le potentiel des espaces polarisés ruraux. Le facteur « temps » est influencé par les infrastructures logistiques et numériques réparties en nombre suffisant sur le territoire. C’est une question de volonté politique, qui requiert de nos dirigeants actuels davantage d’inspiration pour l’avenir, que d’une vision étriquée de court terme. Les temps de crise sont souvent l’opportunité de repenser notre avenir pour bâtir un monde meilleur.


Je rêve d’un pays qui retrouverait son harmonie autour de ses contrastes du nord au sud, des montagnes aux plaines, des métropoles aux petites bourgades… Dans un monde qui va toujours plus vite, les enjeux aspirent à beaucoup d’agilité ; les élus locaux n’en manquent pas, peut-être les représentants ruraux plus que d’autres d’ailleurs ; ils ont la capacité à relever les défis pour servir l’avenir de tous les territoires, pour peu qu’on les écoute !  retour sommaire

 

 

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