A quelques jours du vote, ce lundi, par le conseil de communauté du Grand Dijon portant sur la transformation de la Communauté urbaine du Grand Dijon en Dijon Métropole, le maire de Talant et élu communautaire Gilbert Menut, a fait parvenir une lettre à ses collègues pour dire tout haut qu’il ne votera pas ce changement de statut. Dans un entretien avec l’Echo des communes, il confirme.
Vous avez des mots très durs pour qualifier le passage à Dijon métropole, sur le fond comme sur la méthode. Vous évoquez le « dirigisme » avec lequel les communes sont priées d’être unanimes pour « faire naître une énormité inutile et indomestiquée. »
Gilbert Menut. On nous a emmenés dans la Communauté urbaine d’une façon brutale et précipitée. Actuellement, les services comme le fonctionnement ne sont pas suffisants. Et aujourd’hui on nous demande de passer à un stade supérieur – supérieur à quoi d’ailleurs, on se le demande ! - avec davantage de compétences alors que cela ne marche déjà pas ! Cela va encore aggraver les dysfonctionnements. Dijon n’a ni les moyens, ni la taille physique d’être une métropole, sinon une métropole de papier.
Vous ne croyez pas à l’effet locomotive d’une Métropole avec des moyens supérieurs ?
Gilbert Menut. On nous a déjà dit ça pour la Communauté urbaine, mais nous n’avons rien vu venir ! Les compétences à venir ne sont pas claires : elles reposent en réalité sur une discussion de marchands de tapis pour ne pas dire de chiffonniers, entre le Grand Dijon et le Conseil départemental. Et les maires seront directement impactés… je pense par exemple au social, qui va passer sous le chapeau de la métropole. Actuellement, il y a déjà un flou, voire une quasi fusion entre les services de la Ville de Dijon et ceux de la Communauté urbaine. Regardez l’organigramme d’ensemble : c’est une seule et même administration au service de la ville de Dijon. Les autres communes sont niées. Que nous restera-t-il ? L’inauguration des chrysanthèmes ! Les communes deviendront des coquilles vides, des structures pour la forme que l’État sera bien content de trouver uniquement pour les tâches dont il veut se décharger, comme c’est le cas pour les cartes d’identité. Et c’est la même chose pour les communes rurales : le but est uniquement de ramener un maximum de moyens sur Dijon et son agglomération, au détriment du reste du département.
Ne partez-vous pas perdu d’avance dans ce combat ?
Gilbert Menut. C’est une démarche de longue haleine, mais regardez : l’Association nationale des Maires de France auparavant discrète sur le sujet, commence à réagir. C’est fini le temps où les députés socialistes pouvaient dire : « Vous avez tort parce que vous êtes minoritaires » (1). Puisqu’ils s’appuient sur une loi pour changer le statut des villes, quand une loi est mauvaise il faut changer la loi !
(1) Gilbert Menut fait référence au mot de Michel Laignel, député PS de l’Indre qui en 1981 lors du débat sur les nationalisations lança à Jean Foyer, ancien garde des Sceaux de de Gaulle : « Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires »
Lettre de Gilbert Menut aux maires du Grand Dijon
Rédaction
Emmanuelle de Jesus
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