Innovations techniques et sociales, oui c'est possible en milieu rural ! La preuve avec la Fabrique du Millénaire

Innovations techniques et sociales, oui c'est possible en milieu rural ! La preuve avec la Fabrique du Millénaire

Info+ :

La Fabrique du Millenaire

Date de création : 22/01/2018

Date de publication : 27/01/2018

Date de déclaration : 22/01/2018

RNA : W213002070

Genre : Préservation Du Patrimoine

Type : Environnement et patrimoine

 

Objet de l'association :

Réunir régulièrement sous le nom de Forum des Solutions des personnes s'inscrivant dans le développement économique, culturel et social des territoires ruraux afin de susciter des réflexions et des partages d'initiatives qui concourent au mieux vivre ensemble .

Fédérer habitants, acteurs de terrain et élus autour d'un programme de développement des pays concernés par l'espace du futur Parc National des forêts de Champagne et de Bourgogne et au-delà .

Devenir un centre de ressources pour toute personne susceptible de créer une activité à cet endroit.

Etre une préfiguration à la création d'une fondation de territoire placée sous l'égide de la Fondation de France


29 mars 2018

La Fabrique du Millénaire créée en décembre dernier a pour souhait de donner à entendre et à comprendre la démarche d’acteurs positifs des territoires ruraux et à partager une réflexion commune sur les enjeux des espaces ruraux que l’on dit oubliés ou marginalisés, alors qu’ils n’aspirent qu’à de nouvelles perspectives de développement ! Alors, dans le Châtillonnais, après les cris, les mots qui volent bas ou du moins pas très haut, les heurts et les discordes…Voici une ambition apaisante et constructive qui ne demande qu’à se partager.

Après un premier forum organisé en décembre dernier sur les alternatives agricoles et les productions relocalisées, un deuxième rendez-vous avait lieu le 23 mars, salle Roidot d’Aignay-le-Duc, autour cette fois des innovations techniques et sociales. Ce rendez-vous, réalisé comme le précédent sous l’égide du GIP du futur Parc National, sonnnant comme un petit vent fais sur l’équinoxe de printemps a vu des intervenants débattre sans se battre, dans l’ambiance prometteuse des projets qui se partagent.

Yolaine de Courson, députée de Côte d’or était là pour sa maison de l’audace récemment inaugurée à Montbard, Fabien Bazin, maire de Lormes (Nièvre) et initiateur du programme des Villages du Futur, Frédéric Roure, fondateur de la société GéoChanvre, un nouveau process mis en œuvre dans le Tonnerrois (89), Christophe Juppin, chargé de développement Innovation au cluster rural de Nogent (52), Dominique Bernard, créateur du Muid Montsaugeonnais(52) pour la présentation du domaine et une dégustation amicale et gratuite et Marc Frot, conseiller départemental, pour quelques nouvelles du déploiement de la fibre numérique en territoire rural.

Alors il s’est dit quoi et pourquoi autour de Philippe Bertrand dont vous connaissez tous Les Carnets de Campagne ??? On a parlé innovation, envie de faire et initiatives quand on a plutôt l’habitude d’entendre les mots oubli… isolé… désert… détresse du monde rural, comme quoi la ruralité est bien vivante et ils étaient environ 80 à ne pas en douter ce soir-là.  

Yolaine de Courson, députée LREM de la quatrième circonscription de la Côte-d'Or, conseillère municipale d’Arrans a ouvert le tour de piste ou le pas de danse à propos de la «Maison de l'Audace» créée à Montbard en janvier 2018.  La Maison de l’audace, c’est un collectif d’énergies, une sorte de club. Elle est dirigée par Étienne Jobard. Onze experts assistent les porteurs de projets, les motivent, leur donnent de l’énergie. L’objectif est de les accompagner tout au long de la réalisation de leurs projets en les aidant dans leurs démarches, dans la constitution de dossiers de demandes de subventions et de financements, leur donner accès à des conseils juridiques, Elle est apparue en réunion publique, à Châtillon-sur-Seine, à la suite du constat qu’il y a beaucoup de ressources en haute Côte-d’Or, des talents, voire même des pépites.

Le problème, c’est de trouver comment les relier entre eux pour les faire émerger et leur insuffler cette audace qui peut parfois manquer. On y travaille, par exemple, à l’émergence de projets collectifs pour une nouvelle agriculture essentielle sur le territoire mais qui, aujourd’hui, bute sur ses limites. Pour pouvoir les effacer, tout doit se faire avec les agriculteurs ce qui nécessite un travail de détection, de dénichage des bonnes personnes pour les mettre en relation.

Le credo de Yolaine de Courson, qui souhaite valoriser  le french savoir-faire, est le ras le bol de la ruralité gémissante, et qui plus est sur un territoire aussi riche que celui de la Haute Côte d’or en forces vives et prêtes à innover pour peu d’être motivées pour mettre en œuvre des projets qui s’annoncent principalement dans le domaine du développement durable avec la méthanisation, les puits de carbone (ce qui renvoie directement à la préservation des forêts dans le cadre du parc national, la production du lait, sur le mode équitable forcément ou encore la formation avec le lycée Eugène Guillaume de Montbard.

Chez nos voisins de palier et co-habitants du futur Parc National, c’est Christophe Juppin, chargé de développement de la CCI de la Haute-Marne qui prend la parole.  Sortant des sentiers battus, il évoque la HealthTech (pas de panique c’est un gros mot tout simple pour parler des technologies de la santé). Car, s'il existe des labels nationaux pour la FrenchTech, il existe aussi des réseaux thématiques pour les territoires. En Haute-Marne, la ville de Nogent est connue pour ses coutelleries et ses entreprises du secteur de la santé.

Une réputation qui n’est plus à faire au pays de la prothèse du genou. Alors comment se sont débrouillés les haut-marnais ? C’est tout simple, ils ont créé un cluster d'entreprises il y a presque 20 ans avec le soutien de la Banque Publique d'Investissement.

Avec un atout géographique majeur, la proximité de l’autoroute. Peu de chômage et une formation dispensée par les entreprises et les acteurs locaux aux salariés des entreprises. Il en résulte un bassin d’emploi Chaumont-Nogent-Langres qui connait 6,6 % de taux de chômage (chiffres DIRECCTE). Et on se prend à penser que si les entreprises spécialisées dans la coutellerie en avaient autant en se fédérant… le musée ne serait pas le seul endroit (ou quasi) où ce beau métier s’expose en Haute Marne !!

Un autre voisin, mais à l’opposé du Châtillonnais, monsieur le maire de Lormes et conseiller départemental de la Nièvre, Fabien Bazin, est connu pour avoir inventé la notion de « bouclier rural », qui garantirait l’égalité des droits et des chances aux territoires ruraux une réponse, en quelques sortes, au bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy. Le projet de loi porté par Jean-Marc Ayrault, alors député de Loire-Atlantique, déposé en février 2011, n'a pas abouti. Même sans bouclier, Fabien Bazin ne désarme pas. Particulièrement inventif, le maire continue son combat pour la ruralité depuis sa jolie commune morvandelle et dans cette haute Bourgogne où les routes sont sinueuses et où on mesure les déplacements en temps plutôt qu’en kilomètres, Fabien Bazin a eu tout le loisir de peaufiner au volant son projet d’exception rurale à la française et de droit opposable à l’Etat par les collectivités rurales face à un Etat retardataire de 50 ans sur les questions de ruralité.

En 2010 il proposait donc la création de zones franches rurales, inspirées de celles des banlieues, avec une fiscalité adaptée au petit commerce et à l’artisanat, et un soutien aux associations d’intérêt général comme les centres sociaux. Le maire de Lormes préconise également l’instauration d’un « temps d’accès minimum aux services publics » qui permettraient aux habitants des territoires ruraux d’être à moins de quarante-cinq minutes d’une maternité, de vingt minutes d’un accueil de médecine générale, de quinze minutes d’une école élémentaire ou d’un bureau de poste. Et pour ce faire, le bouclier rural prévoit la suppression dans les campagnes de la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Aujourd’hui, il suggère que les anciens commerces devenus vides pourraient être transformés en loft ruraux ou bien en hébergements pour personnes âgées sur le modèle des villages bleus. Il souhaite ainsi clipper la modernité sur les traditions et compte sur le tissu associatif. Lormes ce sont 1.500 habitants, 9 restaurants et 53 associations. Et si vous ne connaissez pas, je vous recommande le Bistrot du Goulot et pour les aventuriers en grosses chaussures ne pas rater les gorges du Narvau !

On connait la tradition viticole de la Bourgogne mais moins celle de la culture du chanvre qui est traditionnelle depuis le Moyen Age, comme en témoignent encore les nazoirs et de nombreux lavoirs. la première région d'Europe pour la production du chanvre, C’est donc dans  la première région d'Europe pour la production du chanvre que Frédéric Roure, président de la société Géochanvre, a créé la startup de géotextiles biodégradables en mai 2016, Geochanvre  grâce à trois millions d'euros collectés avec le soutien de la BPI et de la FrenchFab, pour s'installer sur un ancien site du cimentier Lafarge dans le Tonnerrois.

Geochanvre qui conçoit des toiles de paillage compatibles avec la technique de mulch employé en permaculture, emploie 8 personnes et produit 8000m² de paillage pour les maraîchers La permaculture a pour principe de produire le maximum avec un apport minimum d’énergie (fossile ou humaine). Pour cela, la technique de mulch (paillage) est une action très importante. L’objectif est de n’utiliser que des produits qui n’auront aucune incidence nocive.

Si la priorité est d’employer des produits de paillage disponibles autour de soi (tonte d’herbes, feuilles mortes, bois…), nombreuses situations amènent une difficulté pour disposer d’assez de matière (petit espace, situation en milieu urbain, grande surface à couvrir…).

Avec l'arrêt de l'utilisation de l'herbicide glyphosate… on l’espère bien… un énorme marché potentiel se créé mais le chef d’entreprise peine malgré tout à convaincre les collectivités. Il est cependant très actif dans le pôle de compétitivité agroalimentaire Vitagora. A noter que la  toile de paillage HERBI’CHANVRE® – Agrotextile de GEOCHANVRE® 100% Chanvre a été nominée au concours SIVAL Innovation 2018

Dominique Bernard, gérant du domaine viticole du Muid Montsaugeonnais en Haute-Marne, a, quant à lui,  expliqué comment avait eu lieu la renaissance du vignoble haut-marnais à partir de 1989 après qu’il fût abandonnée depuis l'apparition du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, la vigne est réapparue en 1988, grâce aux Chevaliers du Montsaugeonnais. A l'extrême sud-est du Bassin parisien, le terroir du Montsaugeonnais est principalement constitué d'une alternance de couches sédimentaires argilo-calcaires. Associées aux éboulis volcaniques, elles donnèrent naissance à des coteaux caillouteux exposés sud/sud-est, pourvus d'une texture de terre argilo-limono-sableuse. Ainsi, sur les contreforts du Plateau de Langres, à une altitude moyenne de 310 mètres, le sud haut-marnais possède tous les atouts pour élaborer un vin humble, digne et de qualité.

Aujourd'hui, les viticulteurs sont là  pour vous faire découvrir leurs vins, leurs racines... et une partie de leur Histoire.  Treize hectares, quatre communes et c’est la bienvenue assurée dans ce domaine où trois cépages sont cultivés. Dans l'une d'elles, Vaux-sous-Aubigny, ce sont les cépages auxerrois, chardonnay, gamay et pinot noir qui s'épanouissent. L'évêque de Langres aurait, au IXe siècle, encouragé les moines à planter des vignes sur les coteaux d'Aubigny où ils fondèrent le prieuré.

L'auxerrois et le gamay sont produits en quantité restreinte. Les breuvages produits ici sont régulièrement primés, notamment au Salon de l'agriculture. Une forme de vin pétillant, à la frontière du crémant et révélant les saveurs du chardonnay, vous attend notamment. Le domaine emploie 4 personnes et produit les bonnes années 100.000 bouteilles en Indication Géographie Protégée Haute-Marne. Dominique Bernard a clairement invité les acteurs publics a soutenir les productions locales par une politique d'achats spécifiques. Espérons !!

Qui dit Châtillonnais dit Parc National et très haut débit… ou l’inverse ! Le moment pour Marion Delforge, chargée de mission du Groupement d'Intérêt Public du Parc National des Forêts de Champagne et de Bourgogne, de faire un point d'étape sur le projet de parc national. La troisième version du projet de charte a été récemment votée. Une concertation concernant le projet de développement de territoire aura lieu jusqu'à cet été et une consultation publique démarrera à l'automne 2018 avec pour objectif une création du parc mi-2019.  C’est pour faire face à certaines frilosités résistantes et dans un souci d'animation du territoire et de convergence des points de vue, pour soutenir la création du parc, que l'association la Fabrique du millénaire a été créée en décembre 2017. L'objectif est de devenir à terme une fondation pouvant soutenir des initiatives locales.

Un petit mot de Marc Frot, conseiller départemental de Côte d’Or, sur le très haut débit. Très attaché à sa ruralité, et celles des autres bien sûr, il a évoqué la question de l'accès à Internet à très haut débit sans se voiler la face. Comme 350 autres communes, celles du Châtillonnais devraient néanmoins être équipées en fibre optique en 2019. Il a rappelé, comme il le fait régulièrement, que ce n'est pas une question de budget mais de disponibilité des entreprises, actuellement très sollicitées. Pour l'avenir des territoires ruraux, Marc Frot croit dans le développement du télétravail, notamment en la haute Côte-d'Or.

L’idée, vous l’aurez compris, c'est de réunir des gens de terrain, des gens qui ne connaissent pas tous les secteurs d'activité, des élus autour des questions de l'avenir de la ruralité au travers de la culture, de l'action sociale, de l'action économique... Le territoire de l'association correspond à la couverture du futur Parc National où les habitants commencent à penser tourisme et économie… il fallait le temps de la maturation, sans doute... La soirée s'est terminée par une dégustation de produits locaux parmi lesquels des vins de Haute-Marne, des jus de fruits de Châtillon-sur-Seine ou encore un époisses artisanal … la gustative attitude de la ruralité, mais nous sommes en terres de bien vivre !

 

m.quiquemelle@echodescommunes.com

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