Un plan climat au milieu des Climats de Bourgogne

24 septembre 2018

Avec les années, les outils pour accompagner les collectivités dans la lutte contre le changement climatique se renforcent. Durant le mandat de Nicolas Sarkozy, le Grenelle de l'Environnement avait notamment débouché sur les Plans Climat-Énergie Territoriaux (PCET), un dispositif qui a été complété lors de l'élaboration de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) durant le quinquennat de François Hollande. On parle à présent du Plan Climat Air Énergie Territoriaux (PCAET) qui a pour axes : la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), l’adaptation au changement climatique, la sobriété énergétique, la qualité de l’air et le développement des énergies renouvelables.

Le PCAET s'insère dans les dispositifs de planification des collectivités. En clair, le PCAET prend en compte le Schéma de Cohérence Territorial de la collectivité (SCoT) et la Stratégie Nationale Bas-Carbone de l’État. Le PCAET doit être compatible avec le Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) et le Schéma Régional Climat-Air-Énergie ou le Schéma d’Aménagement Régional valant SRCAE élaboré par le conseil régional. Compatibilité aussi avec les règles du Schéma d’Aménagement Régional, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires et prise en compte de ses objectifs.

 

Estimer sa vulnérabilité au changement climatique

Là où le PCET concernait les collectivités de plus de 50 000 habitants, le seuil a été baissé à 20 000 habitants pour le PCAET. C'est ainsi que, après la fusion de trois comcom' au 1er janvier 2017, la communauté de communes de Gevrey-Chambertin et de Nuits-Saint-Georges (30 000 habitants sur 56 communes) se retrouve dans l'obligation de rédiger un PCAET et de s'inscrire dans les objectifs de la LTECV pour 2030 : réduction de 40% des émissions de GES par rapport à 1990, réduction de 20% de la consommation énergétique finale par rapport à 2012 et atteindre 32% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. Va donc être élaboré un « plan climat » au milieu des fameux « climats de Bourgogne » inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 2015.

 

Christophe Lucand, président de la communauté de communes,

De gauche à droite : Jean-Louis Lextreyt (vice-président en charge du développement durable), François Camé, du bureau d'études Etik-Presse, Christophe Lucand, président de la communauté de communes


Christophe Lucand, président de la communauté de communes, avait donné rendez-vous à ses concitoyens le 20 septembre 2018 à Gevrey-Chambertin pour les informer des grandes lignes du PCAET. Pour ce faire, François Camé, du bureau d'études Etik-Presse, était présent pour animer la réunion, indiquer les repères des évolutions climatiques et répondre aux premières questions des habitants. Dans la journée, plusieurs rencontres avaient été organisées par Delphine Perrin, chargée de missions dédiée de la collectivité et interlocutrice des forces vives du territoire sur le sujet. Des représentants d'association et des entrepreneurs, dont des viticulteurs, avaient ainsi pu être informés sur le PCAET. Car la mise en place d'un PCAET nécessite la mobilisation de tous les acteurs d'un territoire.

 Un plan climat au milieu des Climats de Bourgogne

Selon l'ADEME, la démarche présente bien des avantages pour les élus communautaires. Un PCAET peut conduire à une optimisation budgétaire et, surtout, à une réduction de la facture énergétique. En développant effectivement des énergies renouvelables, l'intercommunalité pourrait générer de nouvelles ressources financières. Cela peut aussi être favorable à l'image de la collectivité par la dimension exemplaire des projets réalisés. Les habitants sont censés être directement bénéficiaires des implications d'un PCAET : réduction des charges d'énergie, rénovation de l'habitat, amélioration de la qualité de l'air, diminution de l'exposition au bruit, préservation de la biodiversité ou tout simplement évolution dans un environnement apaisé. Pour le territoire en général, cela devrait aussi contribuer à des avantages : création d'emplois non-délocalisables (surtout dans les filières du bâtiment et de l'énergie) et, bien sûr, diminution de la vulnérabilité au changement climatique.

La démarche se fait en plusieurs étapes : se préparer en interne, réaliser un diagnostic territorial, élaborer une stratégie territoriale en définissant des objectifs, co-construire le programme d'actions, mettre en œuvre le programme d'actions, évaluer le PCAET. La phase de diagnostic est importante puisque c'est à partir de celui-ci que les réflexions spécifiques aux particularités de la collectivité pourront être menées. Le diagnostic analyse les sources d'émissions de gaz à effet de serre sur le territoire de la collectivité et envisager leur possibilité de réduction. Idem pour les polluants atmosphériques. Il envisage les possibilité de séquestration nette de dioxyde de carbone (CO2). La consommation d'énergie finale doit elle aussi être analysée ainsi que les vecteurs de distribution d'énergie. Un état des lieux de la production d'énergie renouvelable est fait, accompagné d'une estimation du potentiel de développement. En synthèse de tout cela, le diagnostic estime l'ampleur de la vulnérabilité du territoire au changement climatique.

 

« Une opportunité de répondre à l'urgence climatique »

Des temps de concertation sont prévus au milieu de ces étapes afin de partager les objectifs du PCAET et les choix stratégiques locaux. La co-construction du programme d'action nécessite une bonne information des acteurs du territoire d'où la journée de rencontres du 20 septembre à Gevrey-Chambertin.

Christophe Lucand, président de la communauté de communesAprès une introduction par Jean-Louis Lextreyt (vice-président en charge du développement durable), Christophe Lucand a rappelé les enjeux à l'assistance : « c'est un moment historique pour notre nouvelle communauté de communes. C'est le lancement de notre plan climat ! On n'a pas envie de simplement cocher les cases et de répondre à une obligation légale par la constitution d'un dossier. On veut en faire une opportunité de répondre à l'urgence climatique qui pèse aujourd'hui sur nous et sur l'ensemble des habitants de la planète. Le rapport du local au global me semble tout à fait essentiel. Aujourd'hui démarre la sensibilisation que l'on pourra faire avec les acteurs du territoire mais aussi les habitants. Chacun à notre place, dans notre rôle, à nos fonctions, on a un message à faire passer sur la nécessité de lutter à notre échelle pour pouvoir peser sur l'évolution des choses ».

Ayant pris soin de vérifier qu'il n'y avait pas de climato-sceptique dans le public, François Camé a présenté une courbe de l'évolution de la concentration de CO2 dans l'atmosphère sur près d'un million d'années où il est évident que les quantités explosent à partir du début de la révolution industrielle, à la moitié du XIXème siècle, et son utilisation d'énergies fossiles. Les variations des concentrations de gaz à effet de serre sont corrélées avec l'augmentation de la température moyenne de l'atmosphère et l'élévation moyenne du niveau des mers.

Les considérations générales sur l'état de la planète semblant faire l'objet d'un consensus avec l'assistance, François Camé a pu développer les spécificités autour de Gevrey-Chambertin et de Nuits-Saint-Georges. Concernant la viticulture dans les climats de Bourgogne : on constate que les vendanges ont avancé de trois semaines depuis 1945. Pour l'avenir, un scénario moyen entre optimisme et pessimisme envisage une augmentation de la température moyenne de 3,4° d'ici 2100 (soit la température moyenne actuelle des Baux de Provence). Tandis que si des actions importantes sont mises en place pour réduire les gaz à effet de serre, l'augmentation pourrait n'être « que » de 1,5°. Les jours de vague de chaleur supplémentaires en 2100 seraient potentiellement non pas 66 mais 32 par an.

D'importantes émissions de GES par les transports individuels

Puisque c'est la base de réflexion des habitants, François Camé a présenté à l'assistance le diagnostic effectué sur la communauté de communes au premier semestre 2018. En 2014, le territoire a émis 235 000 tonnes de CO2, ce qui est relativement modéré. Surprise, dans ce diagnostic, la très forte proportion liée au transport routier (58 %) dont la moitié liée aux transports individuels (hors autoroute). Un point est à souligner concernant l'agriculture. Si le secteur agricole n'est responsable que de 2 % de la consommation d'énergie du territoire, il génère cependant 13 % des GES (et 20 % des polluants atmosphériques). Des émissions qui relèvent non pas de l'utilisation de véhicule mais du recours aux nitrates.

Le potentiel des réductions serait intéressant avec 103 630 teq CO2 annuelles (avec un effort de 21 % par l'agriculture). Ce qui est encourageant pour les décideurs du territoire, c'est la capacité de séquestration forestière à hauteur de 105 195 teq CO2 par an. Potentiel de réduction et séquestration forestière pourraient permettre à ce territoire de quasiment atteindre un équilibre sur ses émissions de gaz à effet de serre. Du côté du développement des énergies renouvelables, compte-tenu de l'acceptation à obtenir de la population, l'intercommunalité songe aux potentiels du solaire photovoltaïque et de la méthanisation. Le développement de l'éolien n'est pas prévu et le bois-énergie est déjà très utilisé.

Un plan climat au milieu des Climats de Bourgogne


« Un bon plan climat enrichit les habitants »

Pour revenir à une dimension individuelle plus sensible pour le public, François Camé a donné comme repère -3,5 %. Chaque habitant pourrait réduire de 3,5 % par an son impact en terme de gaz à effet de serre pour contribuer à remplir les objectifs demandés par la COP 21 de diminuer de 75 % les émissions de GES entre 1990 à 2050. 75 %, l'effort global ; 3,5 %/an, l'effort individuel. Quelques solutions pratiques ont été indiquées pour arriver à cela sans altérer la qualité de vie (recours à l'écoconduite automobile, baisse d'un degré du chauffage, usage d'ampoule LED, moindre consommation de viande...). Pour François Camé, « un bon plan climat enrichit  une communauté de communes et ses habitants ».

Maintenant que les bases de discussion sont posées, une plateforme interactive recueille les commentaires et les propositions des habitants. Ce sont cinq ateliers numériques et une réunion physique qui contribueront au partage du diagnostic. Parmi toutes les actions proposées, seront retenues celles qui seront estimées les plus efficaces en matière d'économies d'émissions de GES, tout en restant dans le cadre budgétaire de l'intercommunalité. En octobre, la comcom' établira sa stratégie territoriale en choisissant entre deux scénarios et, enfin, de nouveaux ateliers numériques et physiques contribueront à l'élaboration du plan d'actions en décembre pour permettre le vote du PCAET par les élus communautaires, vote prévu en janvier 2019.

Plateforme participative : www.planclimat-ccgevreynuits.fr

 

Texte et photographies Jean-Christophe Tardivon

 

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