Commune rurale : « Qu'on nous foute la paix ! »

Commune rurale : « Qu'on nous foute la paix ! »

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 Bruno Bethenod AMRF

Bruno Bethenod
Président de l'Association des Maires Ruraux de Côte-d'Or
40 Grande Rue - 21310 Arceau
Tél. 06 08 24 42 13
Mail : bbc21@bethenod.com
www.amrf.fr


03 octobre 2018

Président de l’association des maires ruraux de Côte-d’Or, Bruno Bethenod s’inscrit en fervent défenseur des communes. Alors que leurs prérogatives sont régulièrement repensées ou remises en question, le maire d’Arceau insiste sur le rôle de ce maillon de l’organisation territoriale, au plus près du terrain et des habitants.

Avec une centaine d’adhérents, des maires de communes rurales de moins de 3500 habitants, l’association des maires ruraux de Côte-d’Or promeut et défend l’intérêt communal. « L’actualité nous montre que notre action est une nécessité car l’échelon communal est menacé par les regroupements en intercommunalité XXL. A côté de la remise en cause du département, la mise en place des métropoles donne la priorité au monde urbain en oubliant le monde rural. » Décidé à défendre la gestion de proximité incarnée par les communes, Bruno Bethenod rappelle que cette forme de découpage territorial relève d’un choix historique. Il met en avant cette spécificité française qui s’appuie sur une population réparties sur un vaste territoire. « La commune ne disparaitra pas mais je crains que l’on veuille en faire une coquille vide. La disparition par compensation de la taxe d’habitation, mesure re-centralisatrice amène à la mise sous tutelle des communes voir a terme a leur disparition. Pourtant, je ne vois pas comment on peut la remplacer. » Exemple à l’appui, le président de l’association, regrette que les réformes ne se fassent pas en concertation. Ainsi, Bruno Bethenod évoque la compétence eau et assainissement transférée à la communauté de communes. « Toutes les associations d’élus étaient contre, pourtant les quatre députés du département ont voté pour, contre l’avis de leurs élus locaux. Girondins en week-end chez nous, Jacobins à Paris en semaine.» Le maire d’Arceau va plus loin dans son analyse de l’organisation voulue des territoires. « L’intercommunalité est vendue comme favorisant les économies mais pourtant les mutualisations, à cause d’un poids administratif, n’amènent pas d’économie. Il suffit de regarder la compétence scolaire. » Bruno Bethenod fait ainsi le parallèle entre son ancienne gestion de l’école municipale, en lien direct avec les personnels, et le nouveau service intercommunal créé avec des responsables et donc un coût nouveau. « Je ne remets pas en question la qualité de service, aussi bien rendu qu’avant, mais avec un nouveau coût de personnel. » L’élu rural n’hésite pas à dire que la gestion de la commune ne coute rien à l’Etat et détaille les besoins en ingénierie qui relève du département, de l’intercommunalité ou de la commune elle-même. Pourtant, il s’étonne de voir les dotations poursuivre leur descente quand les populations sont grandissantes. « En 2013, pour 713 habitants, nous touchions 67 000 euros. En 2018, nous comptons 878 habitants mais seulement 33 000 euros de dotation. Cherchez la logique ! »

Des territoires autonomes

Pour Bruno Bethenod, les communes rurales se sentent délaissées voir oubliées dans les intercommunalités grande taille. « L’aménagement du territoire n’existe plus, il n’y pas de vision globale. Il suffit de voir l’entretien des routes, les petites gares qui ferment ou le déploiement de la fibre, si long que ce sera obsolète quand elle arrivera. » Reconnaissant que le département a pris ce dernier sujet à bras le corps, l’élu regrette que l’Etat ne s’engage pas pour les communes. « On nous parle de moyens de communication et de mobilité mais on ne fait rien en ce sens pour les territoires ruraux. Comment attirer les habitants et les entreprises quand la téléphonie mobile ne passe pas !? Cela ne relève pas de la commune. » Agacé que l’Etat veuille dicter la conduite des élus communaux plutôt que d’agir dans leur intérêt, le maire d’Arceau  n’y va pas par quatre chemins quand il s’agit de proposer une réponse. « Qu’on nous foute la paix ! Les maires ruraux veulent une intercommunalité choisie et non imposée comme on l’a fait sans tenir compte du bassin de population et du territoire. » Après le regroupement de 5 000 habitants, Bruno Bethenod digère beaucoup moins bien celui des 15 000 à 20 000 habitants. « On n’a pas besoin du législateur derrière nous en permanence pour faire la moindre chose. » D’autre part, le président de l’association des maires ruraux de Côte-d’Or regrette une ancienne gestion qui lui semblait plus fine et plus équitable dans les intercommunalités. « Le conseil communautaire prend les décisions, vote les impôts mais il n’y a plus de lien avec les communes. Avant, nous avions nos règles et notre système de compensation entre les communes, aujourd’hui, nous participons tous à la même hauteur dans les investissements alors que nos habitants n’ont pas la même facilité d’accès aux équipements installés dans une commune voisine, plus grande. L’équité a disparu.» Bruno Bethenod enchaine les sujets avec la même véhémence. Un état d’esprit que l’élu a retrouvé chez ses confrères lors du congrès de l’association qui les a récemment réuni dans le sud de la France. « C’était un congrès de combat ! On ne va pas se laisser faire et nous pourrions le montrer dès les élections européennes, quand on nous demandera les résultats des votes… » Le président rappelle également que le rôle d’un maire, rural de surcroit, va au-delà d’une fonction administrative ou politique. « Quand il y a un incident dans la commune, on appelle le maire, à toute heure, et c’est lui, si besoin, qui prend le tracteur communal pour résoudre le problème. Demain, ce seront des astreintes, moins proches, avec un coût supplémentaire. » Et de conclure, comme une évidence à ses yeux : « Vraiment, je ne vois pas comment remplacer le maire et la commune ! »

 

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