A Dijon, hygiène et prévention de la santé en actions

16 janvier 2019

Salubrité des habitations, surveillance de la qualité de l'eau, prévention des cancers, bonnes pratiques bucco-dentaires... le périmètre du service Santé-Hygiène, mutualisé entre la Ville de Dijon et la métropole, est large. Françoise Tenenbaum détaille les pouvoirs du maire et les choix politiques de la majorité de François Rebsamen dans ce domaine.

Autorité de police administrative, le maire d'une commune se voit notamment confier des missions de police sanitaire. Cela englobe la salubrité des habitations, l'hygiène alimentaire, la surveillance de la qualité de l'eau, la réglementation concernant les eaux usées et les déchets, la lutte contre les nuisances sonores. Le premier édile a aussi des compétences propres en la matière : règlement sanitaire départemental, animaux errants, hospitalisation sous contrainte, procédure de péril en ce qui concerne les bâtiments... Le maire est donc le garant de la sécurité et de la santé des habitants ou des usagers de passage comme peuvent l'être les touristes.

Le maire exerce directement ses pouvoirs de police ou les délègue à un adjoint. À Dijon, la direction de la santé et de l'hygiène est donc chargée de mettre en place techniquement la politique décidée par le conseil municipal. Françoise Tenenbaum est adjointe au maire de Dijon déléguée à la Solidarité, à la Santé et aux Personnes âgées ; parallèlement, elle est aussi conseillère déléguée de Dijon métropole en charge des questions relatives à la solidarité et à la santé. Avec David Mouton (directeur de la santé et de l'hygiène pour la Ville de Dijon et Dijon métropole), elle détaille les compétences et choix politiques de François Rebsamen.

La police de l'hygiène

Le dramatique effondrement de deux immeubles à Marseille le 5 novembre 2018 a remis sur le devant de l'actualité la question de la salubrité des habitations. À Dijon, le choix de la prévention a été fait. Françoise Tenenbaum met en avant que ce sont « les inspecteurs du service hygiène qui vont vérifier la salubrité des habitations et donc faire que les événements comme ceux de Marseille ne se produisent pas ici ».

Pour David Mouton, « Dijon est très peu concernée parce qu'il y a un gros travail de prévention qui est fait : visite, prévention et orientation des propriétaires sur les aides à la pierre et à la réhabilitation de l'habitat ». À partir d'un appel d'un locataire, les inspecteurs font en sorte de s'intéresser à la totalité du bâtiment. « En même temps que l'on fait la chasse aux logements insalubres, on se donne la possibilité de répondre positivement à la demande de logement » signale Françoise Tenenbaum. D'après les chiffres de la Ville de Dijon, 16 000 logements ont été construits depuis 2001 afin de passer de 15 % à 20 % de logements sociaux.

Autre domaine où l'attente est forte de la part des habitants : la surveillance de la qualité de l'eau, que ce soit à la sortie du robinet ou au bord de la plage du lac Kir. Depuis 1991, Suez bénéficie d'une délégation de service public en matière d'eau et d'assainissement à Dijon. Les inspecteurs du service Santé-Hygiène surveillent l'efficacité de Suez : « on s'assure que l'eau qui est servi au robinet des Dijonnais est de bonne qualité » lance Françoise Tenenbaum. Côté lac : « la surveillance de la qualité de l'eau du lac Kir, qui est effectuée par les inspecteurs chaque année, c'est aussi une politique. Avoir un lac de bonne qualité et pouvoir proposer aux Dijonnais d'aller à la plage, c'est un choix politique » s'enthousiasme l'adjointe au maire.

La surveillance se fait aussi dans un secteur plus discret et pourtant primordial pour une ville touristique internationale : celui de la restauration, qu'elle soit rapide ou gastronomique. Françoise Tenenbaum doit malheureusement constater que « toutes les semaines, on rappelle aux restaurateurs les règles d'hygiène ». Quand un inspecteur effectue un contrôle – généralement après signalement – et qu'il constate que les règles d'hygiène ne sont pas respectées, un arrêté municipal peut être pris pour imposer une fermeture administrative au restaurateur jusqu'à ce qu'il y ait une mise en conformité. David Mouton tient à chasser une idée reçue : « contrairement à ce que l'on peut penser, ce ne sont pas que les fast-foods qui peuvent poser problème ». Le directeur du service Santé-Hygiène pointe tout particulièrement un problème de turn-over et de manque de formation des personnels au sein des fast-foods. D'autre part, des restaurants classiques peuvent aussi se retrouver à ne pas respecter les règles d'hygiène par négligence (traçabilité, chaîne du froid, recongélation...).

La prévention en matière de santé

En plus des pouvoirs de police en matière sanitaire, la majorité de François Rebsamen met en avant  le choix politique de soutenir les actions de prévention concernant la santé des Dijonnais : bonnes pratiques nutritionnelles, santé bucco-dentaire, prévention des cancers, prévention des conduites à risque, actions en lien avec la santé mentale, soutien aux opérations de vaccination... Dijon a reçu le label « ville santé » de l'Organisation Mondiale de la Santé en 2002 et la commune participe activement au Programme National Nutrition Santé (PNNS) depuis 2006. De plus, il existe un Contrat Local de Santé liant la métropole à l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté (ARS).

Depuis 2001, les enfants des écoles apprennent à se brosser les dents, parfois même dès la crèche. Pour Céline Pacault (adjointe au directeur Santé-Hygiène), « il ne faut pas rester sur les a priori » concernant les dents de lait. En effet, quand les dents de lait sont abîmées, on détériore aussi la racine de la dent qui va pousser ensuite. « C'est l'opportunité aussi pour expliquer aux parents qu'on ne laisse pas s'endormir un enfant avec un biberon sucré » souligne-t-elle. Plus globalement, selon Françoise Tenenbaum, « l'enjeu est de parler aux parents pour que les parents comprennent les comportements favorables ».

Toujours concernant les enfants, un travail sur la lutte contre les perturbateurs endocriniens a fait l'objet d'une expérimentation en 2018 dans deux crèches dijonnaises « pour que le personnel utilise des produits non toxiques et, en parallèle, qu'il y ait une formation des parents à l'utilisation de ses produits non toxiques », comme le signale Françoise Tenenbaum. Il s'agit d'une décision politique commune des adjointes santé, petite enfance et environnement. Cette expérimentation devrait être étendue à l'ensemble des crèches en 2020. L'accent sera mis sur le remplacement des produits chimiques de nettoyage par des produits faits maison avec des ingrédients naturels. À terme, de telles prestations devraient être incluses dans les critères des marchés publics d'entretien de la Ville.

Concernant les actions de prévention des cancers, Françoise Tenenbaum tient à ce qu'elles aient lieu dans tous les quartiers de la commune « pour aller au plus près des populations » avec des démarches pratico-pratiques pour susciter la discussion avec les habitants. Avec la mutualisation ville/métropole, la collectivité peut aussi servir de ressource ou même agir auprès de communes n'ayant pas de service santé agissant sur la prévention. Quetigny, Talant, Chenôve et Longvic font ainsi appel au service Santé-Hygiène.

Lorsque sera renouvelé le Contrat Local de Santé en 2020, la totalité des communes de la métropole pourront être concernées si elles sont volontaires. Si les personnels qui mettent en place les actions dans ces communes sont municipaux, la coordination et l’ingénierie de projet est assurée par des agents de la Ville de Dijon ou de la métropole. « On essaie de mobiliser toutes les communes autour de grands événements et de campagnes de prévention comme Octobre rose » s'enthousiasme Céline Pacault. Octobre rose est une campagne dont l'objectif est d'informer et de sensibiliser les femmes et leur entourage à l'importance du dépistage du cancer du sein – premier cancer chez la femme –  proposé gratuitement à toutes les femmes entre 50 et 74 ans.

Action Octobre rose dans une piscine municipale en octobre 2017 (image d'archives © Ville de Dijon)Action Octobre rose dans une piscine municipale en octobre 2017
(image d'archives © Ville de Dijon)

 

L'action phare du Village Goût-Nutrition-Santé

En termes de sensibilisation de tous les publics, le temps fort de l'année pour le service Santé-Hygiène est le Village Goût-Nutrition-Santé. Chaque année, début mars, il attire environ 1 500 personnes place de la République à Dijon, des enfants jusqu'aux seniors. En 2019, le thème sera l'intergénérationnel. Il s'agit de sensibiliser le public à une alimentation équilibrée et à la pratique d'une activité physique, en apportant une information claire et accessible à tous. Dans ce Village Goût-Nutrition-Santé, le public peut suivre gratuitement un parcours de santé où des professionnels vont donner de bons repères pour une alimentation équilibrée et pour une activité physique adaptée, à la fin du parcours un petit-déjeuner équilibré préparé par la cuisine centrale est offert. Françoise Tenenbaum souligne que « les gens aiment bien avoir le diagnostic de leur nutrition et de leur activité physique ».

Pour animer ce Village, interviennent les étudiants de l'IFSI, l'UFR STAPS ou encore d'Agrosup renforcés par d'autres structures comme Pirouette cacahuète, la Ferme des mille pattes, Latitude 21, Adozen, etc. Soins infirmiers, sports, agroalimentaire... tous ces secteurs sont mis à contribution pour délivrer des messages santé aux Dijonnais. En partenariat avec la CPAM, la référence est le Programme National Nutrition Santé de Santé Publique France afin d'« informer de façon non polémique » selon David Mouton. Si un usager a des questions sur le véganisme, par exemple, il pourra évidemment les poser et recevoir une réponse correspondant aux messages techniques de santé publique.

Portrait du service Santé-Hygiène

La « station 3D » est le fondement historique des services d'hygiène : désinfection, désinsectisation et dératisation. Par le passé, il fallait chasser les rats pour éviter la transmission des maladies.

Aujourd'hui, les inspecteurs sanitaires sont des techniciens ayant un profil de chimistes ou ayant une formation dans le bâtiment ou dans l'étude de bruit. Agents territoriaux, ils sont assermentés devant le tribunal d'instance et agréés par le préfet.

Dijon compte quatre inspecteurs sanitaires complétés par deux  techniciens de salubrité et deux équivalents temps plein administratifs pour les nombreux courriers à adresser.

Il y a deux chargées de prévention (un profil de travailleur social et un profil d'éducateur spécialisé) pour s'adapter aux publics prioritaires des centres sociaux.

Grâce au contrat local de santé, l'ARS finance la moitié d'un poste de coordinatrice (l'autre moitié est apportée par la métropole). De plus, l'ARS abonde une enveloppe de 70 000 euros pour des actions de prévention, réalisées le plus souvent par des associations, coordonnées par Dijon métropole.

Données d'activité en 2018
2390 courriers usagers reçus et traités
537 dossiers traités par les inspecteurs sanitaires dont les deux tiers en habitat
555 dossiers captures d'animaux errants ou morts sur le domaine public
1412 interventions de la Station 3D
1500 visiteurs sur le Village Goût Nutrition Santé
28 écoles inscrites dans l'action bucco-dentaire
1000 enfants touchés par cette action

 

Jean-Christophe Tardivon

 

Présentation d'un potager au Village Goût-Nutrition-Santé en mars 2017 (image d'archives © Ville de Dijon)
Présentation d'un potager au Village Goût-Nutrition-Santé en mars 2017 (image d'archives © Ville de Dijon)

 

Françoise Tenenbaum échange avec des participantes au Village Goût-Nutrition-Santé en mars 2017 (image d'archives © Ville de Dijon)
Françoise Tenenbaum échange avec des participantes au Village Goût-Nutrition-Santé en mars 2017 (image d'archives © Ville de Dijon)

 

Sensibilisation d'élèves d'écoles dijonnaises à l'activité physique lors du Village Goût-Nutrition-Santé en mars 2017 (image d'archives © Ville de Dijon) 
Sensibilisation d'élèves d'écoles dijonnaises à l'activité physique lors du Village Goût-Nutrition-Santé en mars 2017 (image d'archives © Ville de Dijon)

 

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