Pour Laurence Porte, qui portait son écharpe de maire et sa casquette de Conseiller Départemental, c’est un ruban coupé pour inaugurer ce bel ensemble constitué d’une place entièrement requalifiée, d’un ensemble monumental, le belvédère, donnant sur les bords de la Brenne, de la requalification du pont, et des passages JB Lhote et de la ruelle des Tarots entièrement pavés. « Mais ce n’est pas un achèvement qui est inauguré, c’est un commencement ! Celui de la transformation audacieuse et ambitieuse de notre cité. Notre belle cité pour laquelle ce nouvel ensemble révèle la beauté et nous montre qu’il existe un centre historique à Montbard… pour preuve, les touristes et les habitants qui viennent déjà s’y promener, le photographier…les 1ères photos de mariage et cérémonies familiales y ont déjà eu lieu ».

Mais avant, c’était comment ?

Avant, c’était avant ! Il  y avait un pont, il est toujours là mais magnifié par ses pavés et son éclairage nocturne, il y avait « une place »  ou plutôt un virage délimité d’un vague arc de cercle de bornes et de  cailloux blancs et agrémenté  d’un point d’eau bien coquet , quand sa pompe fonctionnait évitant les odeurs d’eaux stagnantes , mais comme une verdure  posée au bord de l’asphalte , et il y avait une friche très délabrée ,  « la maison Plater » placardée d’une publicité murale à la gloire de  Total  , une ruelle sombre que personne ne connaissait et pour cause, elle ne menait nulle part… L’adjectif qui vient à l’esprit de madame le maire pour qualifier cet environnement est « sordide ». Il faut dire que c’était un peu moche tout de même !

« Nous avons identifié dès 2014 la nécessité de redonner de la lumière à ce quartier dont le pont est le pivot entre le quartier de la Brenne et le centre-ville, redonner de la lumière au sens propre et pas que figuré : il fallait s’y attaquer mais comment faire ? Vous n ‘y arriverez jamais ! Avec les MH, c’est trop compliqué ! Et puis pas question d’y faire des logements, c’est interdit par le plan de prévention des risques et inondations … Je me souviens du jour où j’ai tendu un petit croquis gribouillé à la main à l’Architecte des Bâtiments de France lui demandant comment travailler ensemble à faire renaitre cet ensemble ?  Et l’histoire a commencé… Un projet est né, pas un rapiéçage, une politique de rustines, à la  «   petits bras » ,  ce n’est pas notre méthode,  mais  un vrai grand et courageux projet mené en moins de 4 ans dont une bonne année de travaux colossaux incluant les sondages archéologiques préventifs  ».  Il n’y a pas eu une visite de préfets ou de services institutionnels que Laurence Porte ait exonéré d’un passage obligé par le pont et l’ancienne place inscrit au plan de revitalisation des centres bourgs.

« Mes premiers remerciements iront donc à ceux qui en subi les désagréments… Les riverains et en particulier à Mme HAMAROUCHE de la pharmacie Buffon qui a été grandement facilitatrice et ce ne fut pas tous les jours faciles, mais aussi le Dr Fontaine et les agences d’intérim… des riverains auprès desquels nous avons organisé des réunions d’information, éveillé l’envie et la curiosité mais quand on est dans les travaux, c’est quand même beaucoup d’embêtements. Mais heureusement, nous avons eu des ouvriers exceptionnels, je ne connais pas tous leurs prénoms, mais deux sont souvent revenus, Momo de l’entreprise de travaux publics Marquis et Damien de l’entreprise de paysagiste ID VERDE, toujours souriants, à l’écoute, prêts à rendre service, à trouver l’arrangement qui va bien enfin qui va pour le mieux. »

De nombreuses entreprises sont intervenues, majoritairement locales à tout le moins de Côte d’or et de la Région BFC, les entreprises MARQUIS, CHARPENTE MORTIER, MATHIOT, CODFERT, AD ELEC, IDVERDE, COLUSSI, SICECO, SOCOTEC. Ce sont aussi 1300 heures de clauses d’insertion inscrite à ces marchés publics qui ont bénéficié à des personnes en réinsertion résidant localement. De tels chantiers soutiennent l’activité et l’emploi. De multiples corps de métiers sont intervenus … pour démolir puis reconstruire … pas n’importe comment, avec le goût du travail bien fait ! Reconstruire en triant et en réemployant chacune des pierres issues de la déconstruction et même un œil de bœuf, en taillant des pavés mais… sous les pavés…  C’est aussi tout un carrefour de réseaux souterrains entièrement refaits et des caves conservées ainsi que l’escalier en colimaçon XVIII de la maison originelle… avec le choix de matériaux très qualitatifs tels que la pierre de Bourgogne issue du Pays chatillonnais  , non sans avoir effectué de multiples tests sur la pierre conforme à toutes les normes comme celle de la  gélivité,  une charpente en douglas des forêts de France y compris du Morvan.  Du beau, du durable …

Pour mettre en mouvement cet orchestre de corps de métier, deux chefs, Vincent BOURGOIN l’architecte, Vincent MAYOT l’architecte paysagiste et un homme souvent dans l’ombre monsieur PETIT, directeur des services techniques, un homme… un véritable couteau suisse… qui ne sourcille jamais devant une nouvelle idée pour citer madame le maire.  Les idées, c’est bien mais encore faut-il avoir les moyens de les mettre en œuvre !

 « C’est par la gestion maîtrisée de nos finances sans jamais recourir au levier fiscal, bien au contraire, et par la recherche des subventions publiques que ce projet de 1,2 M d’€ a été financé à 80 % :   395 000 € du Conseil Départemental dans le cadre du cap 100% CO, 360 000 € de l’Etat, 200 000 € de la Région sur un projet répondant aux attentes de tous ces institutionnels dans le cadre de leurs dispositifs de soutien. Et là, je n’oublierai pas de remercier les autres agents de la ville travaillant dans l’ombre : la DGS, Tatiana PUSCASU et le service des finances et marchés publics … Vous voyez, c’est une somme de travail, de personnes qui ont concouru à la réalisation de l’ensemble. »

Ce n’est pas qu’une somme d’argent mais aussi celle de  détails pensés pour habiller  cet ensemble comme le lettrage des grilles en pied d’arbres, des trompe l’œil sur les chiens assis de l’hôtel Buffon,  des éclairages en led à basse consommation , avec un branchement pour un majestueux sapin de Noël prévu sur la place , de  mobilier urbain avec ces bancs que nous retrouvons maintenant aussi au parc  , des ferronneries, et  ces magnifiques bacs d’orangerie déclinés sur le thème de l’histoire naturelle de Buffon  …etc. Il ne manque que l’engazonnement en contrebas et la plantation d’un petit arbre. Le quartier du Belvédère nouveau look, ce sont aussi des travaux de nettoyage du pont, des tags du passage du Select, l’époussetage de la façade de l’hôtel Buffon pour lequel l’avenir se dessinera par l’étude d’opportunité qui y sera y conduite…  Une bâtisse dont l’architecture est désormais mise en valeur, c’est un morceau du puzzle… un grand puzzle dont le secteur Buffon -belvédère -pont de la Brenne n’est qu’un morceau.

En effet les autres morceaux du puzzle vont s’assembler peu à peu avec le démarrage mi-juin des travaux rue Carnot- place de la Pépinière royale devant les halles du marché, les travaux en cours du pôle pédagogique de l’Orangerie en contrebas du musée Buffon, puis à venir la jonction par les rues Piot, Liberté, E.Guillaume, du Parc, d’Abrantès …

Pour Laurence Porte, qui porte une vraie vision globale du territoire, « ce projet, c’est aussi celui d’une réflexion sur le rôle de la « place publique » dans une cité, lieu de rencontres et de sociabilité, lieu de flânerie ici en zone partagée redonnant un statut au  piéton , lieu d’expositions comme le  projet Envol, les cimaises déjà posées pour une future expo du Pays d’Art et d’Histoire de l’Auxois Morvan  , d’animations avec un 1er concert le 23 juillet, puis lors des journées du patrimoine où on dansera sur le pont ! De nouveaux usages émergent, demandent à se caler, se rôder aussi avec un peu de temps. »

Patrick MOLINOZ, vice-président de la Région BFC, a rappelé combien l’architecture façonne notre espace et conditionne notre relation à la vie en commun. Cet espace nouveau renforce l’attractivité de la commune au patrimoine historique important qui doit être magnifié et mis en avant. La Région est donc intervenue financièrement pour faciliter cette réalisation.

Joel BOURGEOT, sous-préfet de l’arrondissement de Montbard, se souvient de la candidature de la mairie de Montbard au projet de revitalisation des centres bourgs et de tout ce qui put se dire « encore un projet financé par l’Etat et le gouvernement de l’époque, encore un projet où il n’y aura pas de fonds ni de subvention pour faire avancer les choses et monter de quoi nous sommes capables dans un environnement rural etc. Ce projet démontre donc que la mairie de Montbard a été accompagnée financièrement par l’Etat … pas un grain de sable ne s’est présenté entre les élus et l’Etat pour la réalisation de ce vaste projet dans le cadre de la convention Montbard Pôle de Territoire, notamment. Cela permet aussi de financer un programme d’amélioration de l’habitat en partenariat avec l’ANAH. L’Etat continuera de soutenir les projets montbardois, pour le moment à hauteur de 54 000€ pour les prochains travaux.

En 2017, la place Jacques Garcia a été achevée, en 2018 ce furent les travaux de la place Buffon, en 2019 commencent et se termineront ceux de la place de la pépinière royale. Trois places, une même fonction de rencontre mais une fonction symbolique différente. La première, celle de l’hôtel de ville, est celle du pouvoir politique démocratiquement confié, la seconde, la place Buffon, est celle de l’identité patrimoniale et historique, la 3ème, la place de la Pépinière est celle de l‘économique en secteur commercial, le centre-ville. Les trois sont accessibles aux PMR et les trois sont marquées d’une même signature d’élégance et de qualité.

« Comme Le Corbusier, je crois que les lieux façonnent les gens qui y vivent.  Qui peut encore dire : c’était mieux avant ? »

Crédit photos tous droits réservés ©Marie Quiquemelle