Nouvelle fouille de la tombe princière de Vix : premiers résultats

Nouvelle fouille de la tombe princière de Vix : premiers résultats

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Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, service partenariats et relations médias
01 40 08 80 24 – mahaut.tyrrell@inrap.fr
Stéphanie Hollocou
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction régionale Bourgogne-Franche-Comté
06 72 56 28 51 – stephanie.hollocou@inrap.fr
Sophie Desbois,
assistante de communication
UMR ARTEHIS du CNRS
sophie.desbois@u-bourgogne.fr


19 septembre 2019

Le site de Vix est, en Europe, un témoignage emblématique du phénomène princier celtique. Il est avant tout célèbre pour la tombe de « la Dame de Vix », dont la fouille, menée en 1953, a révélé un mobilier d’une incomparable richesse. 66 ans après les fouilles menées par René Joffroy et Maurice Moisson, les archéologues réinvestissent ce terrain.

Soutenues par la Drac, ces recherches sont menées sous la direction de l’Inrap en partenariat avec le Laboratoire ARTEHIS (CNRS/Université de Bourgogne- Franche-Comté). Prévues jusqu’à mi-novembre 2019, ces fouilles programmées visent à connaître l’environnement de cette découverte fabuleuse.

Vix, lieu de pouvoir
Le site englobe un promontoire dominant la Seine, fortifié par un vaste réseau de remparts. En son sommet s’implante un habitat, certainement siège de l’aristocratie locale. Il est composé de grands bâtiments absidés et de puissants greniers. La tombe est implantée en contrebas et à proximité du fleuve. Autrefois impressionnante butte de terre et de pierre marquant pour l’éternité la mémoire de « la Dame de Vix », le monument princier, mis en culture, ne constitue plus qu’un relief discret dans le paysage. L’association de la ville fortifiée et d’une tombe princière permet de percevoir la butte du Mont Lassois comme le centre d’un important pôle de pouvoir contrôlant la vallée de la Seine.

La fouille de 1953
Durant l’hiver 1953, dans des conditions difficiles, la tombe de « la Dame de Vix » fut fouillée par René Joffroy. Dans la chambre funéraire, parementée de bois, les quatre roues d’un char étaient déposées le long d’une paroi. Au centre, une femme d’environ 40 ans reposait sur la caisse du char. Elle était richement parée avec notamment un torque en or, des fibules en bronze décorées d’or, de corail et d’ambre... Un gigantesque cratère grec en bronze – le plus grand vase métallique de l’antiquité – occupait un angle de la tombe. Il est décoré d’hoplites, de chevaux et de chars et des gorgones forment ses anses. Sont aussi présents une phiale (coupe) d’argent, une oenochoé, des bassins de bronze…
Cette tombe constitue en France la plus grande découverte celtique du XXe siècle mais le vaste monument funéraire qui l’abritait n’a jamais été réellement fouillé.
Racheté par la Communauté de Communes du Pays Châtillonnais et classé au titre des monuments historiques, il fait l’objet, jusqu’en novembre 2019, d’une importante fouille visant à remettre en contexte cette extraordinaire découverte.

Réouverture d’une fouille ancienne
Les techniques d’enregistrement des données en usage en 1953 n’autorisaient qu’une prise en compte partielle de la tombe. Aucune vue d’ensemble, aucun relevé stratigraphique n’existent pour cet espace funéraire. Aujourd’hui, l’utilisation de drone, la photogrammétrie et la modélisation 3D sont autant de nouvelles technologies au service des archéologues.
De nombreuses questions restent en suspens, auxquelles l’équipe de spécialistes (archéologues, géomorphologues, céramologues etc…) tente de répondre. Le monument funéraire abrite-t-il encore des sépultures secondaires ? Pourrait-on, comme l’a montré le site princier de Lavau, déceler les traces d’un podium destiné aux funérailles de la princesse ?

Découverte du monument funéraire
Les fouilles de 1953 n’avaient révélé que peu de choses du monument funéraire lui-même. Seules les prospections géophysiques récentes (réalisées dans le cadre du PCR « Vix et son environnement ») ont confirmé sa présence. Vaste tertre de 40 mètres de diamètre, il se dévoile depuis le début de la fouille sous la forme d’un dôme de pierres et de terre arasé. Le dégagement permet d’observer en périphérie de l’aménagement une vaste couronne de puissants blocs de pierre ne provenant pas de l’environnement immédiat de la tombe. La présence de quelques assises révèle l’existence d’un véritable mur parementé en pierres liées à la terre qui atteignait un ou deux mètres. Ce dispositif ceinturant le tertre renforçait encore le caractère monumental de l’aménagement funéraire.
L’omniprésence de mobilier antique en surface du monument princier suggère que le tertre était arasé à cette époque. À la différence du monument princier de Lavau, arasé au cours du Moyen Âge, le tumulus de Vix aurait donc été détruit très tôt.

La chambre sépulcrale
Au centre du tertre, une couronne de gravier semble délimiter l’emplacement de la chambre sépulcrale. Actuellement, les archéologues ne l’ont pas encore explorée. Toutefois, à sa surface, les remblais de la fouille de 1953 ont révélé de petits clous en bronze provenant des ornementations du char. Ces objets témoignent à eux seuls du caractère hâtif des recherches anciennes. Les chercheurs procèderont très prochainement à une fouille plus fine des remblais de la tombe : l’occasion de vérifier si les recherches anciennes ont bien sondé l’intégralité de la chambre sépulcrale ou si le sol de Vix recèle encore de nouveaux indices.

L’Inrap
L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.

ARTEHIS
Le laboratoire Archéologie, Terre, Histoire et Sociétés (http://artehis.ubourgogne.fr) est pluridisciplinaire : archéologie, histoire, histoire de l’art et sciences de la terre constituent les disciplines permettant d’analyser territoires etsociétés du Néolithique à la fin du Moyen-Âge. Les chercheurs se consacrent aussibien aux espaces et sites régionaux majeurs, comme Bibracte, Vézelay, Alésia,Vix, Autun, Luxeuil ... qu’à des territoires plus lointains (Allemagne, Péninsule ibérique, Italie, Croatie, Afrique du Nord, Mongolie …). Cette pluridisciplinarité permet de mener des recherches associant des analyses de monuments, de sites, de textes, d’artefacts, de sols, de terroirs et leur anthropisation sur la longue durée. Près de 80 titulaires, une trentaine de doctorants et près de 100 associés collaborent, adossant leur recherche aux publications du laboratoire : la Revue archéologique de l’Est et le Bucema.

Contrôle scientifique Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique Inrap, UMR ARTEHIS (UBFC, CNRS)
Responsable scientifique Bastien Dubuis, Inrap/ ARTEHIS (UBFC, CNRS)

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