Alors que la crise sanitaire a amplifié les difficultés sociales, la ville de Chenôve prend des mesures de solidarité face à l’urgence et renforce celles déjà existantes comme le revenu minimum étudiant. Une mutuelle municipale, un revenu municipal garanti, une maison des solidarités, autant de réflexions engagées dans l’intérêt de tous les habitants.
« Tous les indicateurs sont au rouge ! » Thierry Falconnet, maire de Chenôve s’inquiète de la tendance que les chiffres laissent entrevoir à commencer par un taux de pauvreté qui atteint désormais 25% de la population de la commune et grimpe à 40% dans le quartier politique de la ville. Le taux de vulnérabilité des moins de dix ans, de 15,4% dans la métropole, arrive à 29% à Chenôve et s’envole à 53% dans certains lieux du quartier prioritaire de la politique de la ville. Le niveau de scolarisation n’inverse pas la tendance avec seulement 48% des 18-24 ans scolarisés contre près de 70% dans la Métropole. « Cette crise sanitaire se double d’une crise économique et d’une crise sociale, renforçant la précarité. Nous avons donc décidé de construire un plan global cohérent pour la cohésion sociale, gravement menacée. Il y a un risque patent de décrochage républicain aux lourdes conséquences. » A court, moyen et long terme, d’ici la fin de son mandat en 2026, l’équipe municipale veut s’appuyer sur dix mesures phares pour accompagner les Cheneveliers. Outre des financements municipaux, le maire entend solliciter tous les acteurs du territoire susceptibles d’intervenir dans son action. « La Métropole, le Conseil départemental, le Conseil Régional mais aussi l’URSSAF, la Caisse d’allocation familiale, les Assedic, Pôle emploi, tous les acteurs qui pourraient mettre en place des amortisseurs sociaux … Ma préoccupation reste avant tout l’intérêt des habitants de Chenôve. »
A minima pour tous
Le plan municipal de cohésion sociale brosse l’ensemble des solidarités, tous les âges, tous les profils d’habitants : famille, sénior, étudiant, enfant… « Les mesures ne vont pas seulement s’adresser aux catégories sociales fragiles mais aussi à la classe populaire supérieure, juste au-dessus des minimas sociaux, souvent écartée des aides. » Thierry Falconnet souhaite soutenir cette population, essentielle à la mixité sociale et fragilisée par la crise, parfois incapable de boucler ses fins sans pouvoir compter sur des prestations. En tête de liste des mesures, la mise en place d’une mutuelle municipale à l’horizon 2022. Quand, a minima, une collectivité prend contact avec un organisme pour profiter de tarifs préférentiels, la ville de Chenôve veut garantir un niveau de couverture satisfaisant à tous les habitants, envisageant de prendre en charge une partie du coût de la complémentaire santé. « On doit travailler avec le département dans le cadre de ses prérogatives sociales et dans l’intérêt des citoyens qui doivent bénéficier de l’apport des collectivités dont ils dépendent. » Soucieux du bien-être des étudiants, le maire pourrait même intégrer ce soutien au Revenu Minimum Étudiant qui leur ait consacré et palier ainsi à un autre chiffre à la hausse, celui du renoncement à la complémentaire santé chez les jeunes de 18 à 24 ans. L’élu prévoit également la mise en place d’un revenu municipal garanti d’ici à 2023. « Quand on est attaché à l’égalité et à l’accès au droit, cette situation est inacceptable. Nous travaillons à ce que chacun des habitants dispose au moins du seuil de pauvreté à 850 €. Le RSA, ce n’est que 500 € par mois. Nous devons combler ce manque et travailler conjointement avec toutes les organisations susceptibles de verser des droits. » En France, 30% de la population n’a pas accès aux droits auxquels elle peut prétendre. « L’Etat fait des économies sur le dos des minima sociaux » regrette Thierry Falconnet.
Des mesures pour tous
Parmi les dix mesures phares, la mairie de Chenôve a inscrit la création d’un logement d’urgence pour les victimes de violences conjugales ou encore des actions à destination de la jeunesse chenevelière. « L’enjeu est de garder ou ramener certains enfants qui pourraient être perdus pour la République. Nous avons donc pris des engagements pour l’école et l’éducation. » Thierry Falconnet a ainsi créé une direction de la jeunesse qui va embrasser toutes les problématiques des jeunes, du décrochage à l’emploi en passant par les questions de logement ou de santé. Chaque élève de CM1 bénéficiera quant à lui, sans condition de revenus, d’un ordinateur Chromebook qu’il conservera jusqu’à son entrée au collège et pourra utiliser autant dans le cadre scolaire qu’à la maison avec ses parents, eux aussi formés à sa prise en main. Sans combattre directement la pauvreté, Chenôve entend limiter ses conséquences.