Deux territoires ancrés, deux hommes engagés

04 mai 2021

Seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin. A en croire le vieil adage, les collectivités territoriales auraient donc tout intérêt à collaborer pour faire avancer chacune leur territoire. Difficile de dissocier la Côte-d’Or et Dijon Métropole, le premier étant l’écrin du second, le second étant le moteur du premier.  La Côte-d’Or compte 530 000 habitants dont près de 258 000 vivent dans l’une des 23 communes de Dijon Métropole. Les Côte-d’Oriens de tous horizons profitent du dynamisme de la capitale des Ducs tant au registre de l’emploi, de la culture, du sport que de la santé. Les Métropolitains se réclament volontiers d’un territoire viticole, savourent les produits du terroir et apprécient les paysages naturels du département. Pour appréhender les forces de chacun et saisir leurs interactions, François Sauvadet, président du Conseil départemental de Côte-d’Or et François Rebsamen, président de Dijon Métropole, pilotes des trajectoires de chaque collectivité, répondent à l’Echo des communes.

 

Dijon, cœur de Côte-d’Or

François Rebsamen, président de Dijon Métropole et maire de Dijon

Avec 260 000 habitants, Dijon Métropole se positionne comme le cœur de vie du département de la Côte-d’Or. Bassin économique, culturel, sportif, de services… le territoire urbain rayonne au-delà de ses limites géographiques. François Rebsamen, président de Dijon Métropole et maire de Dijon, revient sur la place de la capitale des Ducs de Bourgogne.

Qu’est-ce que Dijon Métropole apporte au département et à la région ?

« Capitale régionale, elle en est aussi la seule métropole. Elle représente un atout car c’est un pôle de développement, une locomotive dans des domaines moteurs pour l’attractivité du territoire départemental et régional. Cela passe par l’innovation et l’attractivité économique, l’innovation dans la santé avec un grand nombre d’entreprises du secteur par exemple, par l’enseignement supérieur avec ses nombreux étudiants… Le rayonnement international, le tourisme et l’image de la ville sont aussi propres à Dijon Métropole qui met tout ça au pot commun avec la région et le département. La Métropole contribue aussi au développement de ces territoires en portant la transition écologique avec le plan hydrogène et 100 millions d’euros engagés, relativisant les aides de l’Etat. Avec la ville connectée, nous rayonnons à l’international grâce aux nombreuses délégations qui nous rendent visite, quand le contexte le permet. Notre politique en matière de gestion des déchets avec un contrat signé avec le Conseil régional, partenaire naturel, s’inscrit aussi dans notre capacité d’innovation. »

Qu’est-ce que le département apporte quant à lui à Dijon Métropole ?

« Le Conseil départemental a choisi de ne pas apporter de subventions à la moitié de sa population. Il ne s’engage ni dans la vie culturelle de la Métropole, ni dans la future Cité de la gastronomie, ni dans  notre projet hydrogène… Pourtant, nous demandons, au même titre que les autres EPCI du département, à fixer des objectifs communs. Mais nous sommes considérés comme un « petit » département qui doit visiblement vivre à part. Je le regrette.

Qu’apporte le territoire départemental à Dijon Métropole ?

« Nous avons la volonté de nouer des relations vertueuses avec les autres EPCI du département en passant des contrats de réciprocité. Ainsi, nous gérons les ordures ménagères de 80% des habitants du département soit 480 000 habitants.  Nos infrastructures de l’eau et d’assainissement  alimentent 50 communes.   Nous proposons aux EPCI des accords sur l’eau à un prix concurrentiel attractif. Nous prévoyons de renforcer nos coopérations dans d’autres domaines avec des échanges gagnant-gagnant autour de la mobilité, avec les EPCI qui nous entourent, dans un rayon de 20 kilomètres. L’objectif est d’organiser des pôles intermodaux de déplacement intégrant le train, le bus, le co-voiturage ou encore des pistes cyclables pour les vélos électriques afin de désengorger l’entrée de ville. Quatre plateformes pourraient voir le jour, avec le soutien de la région, à Genlis, Is-sur-Tille, Sombernon, Gevrey-Chambertin ou Nuits-Saint-Georges. Nous voulons aider la population à venir dans la Métropole pour travailler, profiter des grands pôles publics comme le CHU, mais aussi de la culture, du sport ou des pôles commerciaux qui attirent d’autres départements comme les habitants de Langres. »

Sur quel sujet les deux territoires sont-ils complémentaires ?

« Dijon métropole porte un grand projet alimentaire durable d’ici à 2030. L’objectif est de manger mieux, plus sainement, en développant les filières locales qui, de surcroit, créeront de l’emplois.  Si la Métropole  peut produire 10% des besoins alimentaires, le reste reposera sur le territoire de la Côte-d’Or et de la Bourgogne-Franche-Comté, terre nourricière et d’élevage. Nous devons travailler ensemble pour le bien commun.  En ce sens, nous avons supprimé l’urbanisation du plateau de la Cras,  replanté 150 hectares de vignes, créé une légumerie, racheté des fermes…. .»

Comment les collectivités s’unissent dans l’intérêt du territoire ?

« Le Conseil départemental est très actif, hors métropole, avec certains crédits qui proviennent notamment des droits de mutation de la capitale. Qu’on le veuille ou non, nous sommes complémentaires. Nous  pourrions avoir un grand plan de tourisme commun pour organiser des séjours plus longs et permettre  aux touristes d’aller à Alesia par exemple. Nous devons mettre en place un vrai partenariat « gagnant-gagnant » où le Conseil départemental pourrait apporter ce qu’il souhaite. »

 

François Sauvadet, président du Conseil départemental de Côte-d’OrLa compétence d’un département

La Côte-d’Or se positionne comme le 4ème département de France par sa surface. Parmi ses 698 communes, le territoire compte une métropole régionale : Dijon Métropole. Si la communauté urbaine contribue au dynamisme du département, elle ne peut s’épanouir que dans un écosystème plus large. François Sauvadet, président du Conseil départemental de Côte-d’Or, rappelle le rôle de chacun dans ce territoire aux multiples facettes.

Qu’est-ce que le département apporte à la Métropole ?

« Le département a des compétences comme chef de file de l’action sociale et territoriale. A ce titre, nous agissons pour tous les Côte-d’oriens, en ville ou en campagne. Le département est le chef de file de l’action auprès des ainés mais aussi autour du handicap et de la protection de l’enfance, l’accueil et la prise en charge des mineurs non accompagnés, dans la Métropole comme dans tout le département. Toutes les agences et espaces solidarité famille ont été maintenues. En parallèle, Dijon a revendiqué le premier accueil dans le domaine social mais on voit que les usagers continuent de venir dans nos agences et espaces solidarité famille de Côte-d’Or pour faire valoir leurs droits. Dans cette période difficile, nous avons mis en place un plan d’urgence qui concerne toute la Métropole avec notamment des aides alimentaires et un plan spécifique aux étudiants. Nous soutenons par ailleurs les associations culturelles, dont 60% se trouvent sur le territoire métropolitain, et nous avons maintenu toutes nos subventions aux associations que les évènements aient eu lieu ou pas. Nous avons aussi voté près de 300 000 pour accompagner le sport de haut-niveau. Par ailleurs, après Talant, Fontaine-les-Dijon et Chevigny-Saint-Sauveur, nous allons signer un contrat avec Chenôve pour soutenir des projets d’investissements et nous sommes en discussion avec Quetigny, Longvic et Saint-Apollinaire. Enfin, bien sûr, nous gérons les 19 collèges publics et les 4 privés de la Métropole. Nous avons aussi beaucoup investi à Dijon que ce soit dans le tram ou le stade de foot et sur d’autres dossiers. »

Qu’est-ce que la Métropole apporte au département ?

« Elle n’a pas de relation directe avec le département, pas de convention directe, elle n’accompagne pas de projets départementaux. La Métropole a revendiqué toutes les compétences disponibles et notamment la compétence tourisme, ce que je regrette. Nous reversons 414 000 euros par an à la Métropole alors qu’il y aurait une cohérence à poursuivre ensemble le développement touristique. Cependant, nous avons la chance d’avoir une agglomération qui pèse dans le département et la région ; une capitale avec une université, un centre hospitalier, des centres de recherche… Nous avons besoin d’une agglomération forte mais notre volonté c’est que son développement contribue à celui des autres territoires et qu’on ne poursuive pas la concentration. Quand j’entends qu’à l’horizon 2030, 80% de la population pourrait se répartir entre Dijon et Beaune, ce n’est pas notre projet. La crise a accéléré des mutations profondes avec des aspirations à une nouvelle qualité de vie. Le département a toute sa place pour assurer un rôle majeur dans ce développement équilibré du territoire. Nous continuerons d’accompagner Dijon et l’agglomération avec une vision territoriale pour que chacun se voit un avenir et cela dans chacune des 698 communes de Côte-d’Or. Il n’y a pas l’agglomération d’un côté et le reste du département de l’autre mais un grand département avec une métropole. Il n’y aura pas de territoire oublié en Côte-d’Or et pour cette raison, nous investissons sur le numérique notamment. »

Sur quel sujet les deux territoires sont-ils complémentaires ?

« Nous avons une nécessaire complémentarité, actuellement en construction, sur la mobilité. Je souhaite aussi une meilleure articulation sur les projets d’alimentation et que la plus-value liée à l'agriculture se  fasse sur le territoire d’abord et ensuite aller sur les lieux de consommation. Nous devons également être complémentaires sur la culture. Si j’ai revu certains financements sur l’auditorium ou le conservatoire, c’est parce que la culture ne doit pas rester dans ses murs mais aller sur tout le territoire. »

Comment les collectivités s’unissent dans l’intérêt du territoire ?

« Nous devons continuer à travailler ensemble sur l’emploi et l’insertion. Je souhaite également un partenariat sur le développement touristique et l’agro-alimentaire. Enfin, sur la mobilité, on ne peut pas concevoir les choses uniquement à partir de la Métropole. Il faut une meilleure organisation de l’accès à la Métropole. Le modèle qui consiste à avoir une métropole et autour d’elle des départements, est révolu. Il ne correspond plus à l’envie des gens qui aiment la vitalité et la vigueur de la ville mais qui apprécient la nature et la campagne. Il faut proposer un nouveau modèle dans lequel le département a sa place en tant que lien évident entre la ville et la campagne. »

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