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Yolaine de Courson au 06 38 34 26 27
yolaine.decourson@assemblee-nationale.fr
A noter que François Bayrou a été interpellé par des membres de la CGT dès son arrivée au Pantographe. Les militants inquiets ont pu faire part de leur préoccupation au sujet des incertitudes planant sur l’avenir de l’usine VBT, récemment mise en vente par le groupe Vallourec. « On nous parle de ruralité conquérante, mais on ferme les services publics, l’offre de soins diminue, sans parler de la fracture numérique et maintenant on craint une fermeture d’usine sur notre territoire. On veut des réponses et on ne lâchera rien. » Une écoute attentive a été portée par le fondateur du Modem et maire de Pau, d'autre part.
POUR ETRE INCOLLABLE SUR LE COMMISSARIAT AU PLAN
Tout d’abord, précisons qui est le Haut-commissaire au Plan nommé par décret en conseil des ministres. Chargé d'animer et de coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l'Etat et d'éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques et culturels, il dispose du concours de France Stratégie, des administrations et services de l'Etat susceptibles de contribuer à l'accomplissement de sa mission et exerce cette fonction à titre gratuit.
Les contrats de plan État-Région (CPER) constituent un outil de développement entre l’État et les Régions, par la mise en œuvre de projets structurants. Les CPER viennent renforcer la politique d’aménagement au service de l’égalité des territoires. Le Plan et le Contrat du même nom est né en 1982. 5 contrats de plan se sont succédé et 2015 a vu une nouvelle mouture se concrétiser pour 5 ans avec comme principales thématiques la mobilité et les infrastructures de transports (pour la moitié des investissements de l’État et des conseils régionaux), l'enseignement supérieur et la recherche, l'emploi et la formation professionnelle, la transition écologique et énergétique, la culture et le patrimoine et la cohésion des territoires. Un engagement entre l’Etat et les Régions mobilisant 30 milliards €.
LES CONTATS DE PLAN... BON A SAVOIR A L’HORIZON 2021-2027
La nouvelle génération de CPER et de CPIER (contrats de plan interrégionaux État-Régions) pour la période 2021-2027est en cours de préparation. Elle traduit un nouveau cadre de dialogue entre l’État et les collectivités territoriales. L’engagement minimum au niveau national de 20 milliards € de la part de l'Etat et 20 milliards de la part des Régions. Afin de susciter un effet levier, les crédits que l’Etat met à disposition dans le cadre de France relance ont vocation à être complétés par des cofinancement des collectivités territoriales. Etat et collectivités s’engageront ainsi réciproquement, dans le cadre d’accords régionaux de relance et, au niveau infrarégional, dans le cadre de contrat de relance et de transition écologique (CRTE), qui pourront être la déclinaison du volet territorial du CPER.
Crédit photos Echo des communes
Plusieurs fois reportées sur fond de crise sanitaire, les Rencontres de la Ruralité Conquérante proposées par Yolaine de Courson, députée de la 4ème circonscription de Côte d’Or, l’une des plus vastes et rurales de France, ont été accueillies au Pantographe de Venarey-les Laumes, sur les terres de Patrick Molinoz. La matinée était consacrée à l’intervention de François Bayrou, Haut-commissaire au Plan. Un après-midi de travail a, quant à lui, mobilisé un public nombreux en quête de sens et d’actions face aux enjeux de l’aménagement du territoire pour une ruralité vivante et … conquérante !
Animée par Philippe Bertrand, la matinée commençait fort avec la présence de François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, nommé en septembre 2020 et invité de dernière minute qui s’est prêté, sans concession, au jeu du question-réponse.
Yolaine de Courson, qui aime se qualifier comme étant la grand-mère de Greta Thunberg, a ouvert la journée d’échanges en évoquant « son angoisse climatique … car nous ne pouvons plus impacter l'avenir de nos enfants comme nous l'avons fait avec des modes de vie complètement inadaptés ! » L’ardente défenseuse d’une ruralité conquérante plaide pour une solution se trouvant en grande partie dans la ruralité, poumon de la planète, où « nous sommes les gardiens de l'eau, les protecteurs de la biodiversité, les protecteurs du vivant et c'est chez nous que l'on peut trouver les grands espaces pour les industries de demain et tous les espaces aussi pour faire une alimentation saine et durable ».
Si des soucis existent dans les territoires ruraux, il faut s’y attaquer en prenant une vraie place stratégique pour une ruralité servie par des conquérants et non plus des gémissants plaintifs ! C’est donc un fervent défenseur de la ruralité qui intervenait et répondait aux questions nombreuses de l’assistance avec une question phare… Quelle pourrait être la place de la ruralité dans la France de 2022 à 2032 ?
François Bayrou, en VRP du Plan, s’insurge au sujet de l'accélération du temps politique qui ne permet plus de prendre des décisions pour trente ans, mais réduisant parfois le temps des décisions importantes à trente jours. Un non-sens pour cet aménageur du territoire dû à un changement de paradigme lié à l'influence du libéralisme économique ! « On opposait le plan dépassé au marché efficace et actuel. Le plan, c'est de penser à 10, 20 ou 30 ans au lieu de penser à 10, 20, 30 jours ». Une des missions de Plan est, en toute logique, de réfléchir à « Où va-t-on ? Quels sont les chemins qu'on va suivre pour atteindre quel but fixé ? Quelles sont les étapes ?»
Il évoque la nécessité d'un regard sur le long terme quand les territoires ruraux déplorent souvent un désengagement de l'action publique, permettant à des acteurs privés résonnant en « retour sur l'investissement pour l'actionnaire » de prendre le pas sur l’action. De nouvelles pratiques professionnelles se sont développées en milieu rural sur fond pandémique, mais pas seulement, permettant justement de pouvoir envisager de nouvelles façons de vivre pour peu que la mobilité, le numérique, l’offre de soins soient adaptées aux besoins de tous.
Au fil des échanges François Bayrou, au nom du devoir de lucidité, plaide pour l’énergie propre et se positionne en faveur du nucléaire « pour une production électrique pilotable il faut lancer le chantier de nouveaux réacteurs parallèlement au développement des énergies renouvelables… Nous avons pris des engagements en termes de réduction des gaz à effet de serre au nom de la France. Ces engagements formels ne sont tenables, dans un contexte où toutes les organisations écologiques européennes disent que, pour réduire notre empreinte carbone, il faut électrifier les voitures, les transports en commun, les chauffages des maisons, les équipements de conforts… »
Ce fils de paysan de toute petite exploitation agricole, revendiquant sa situation d’éleveur depuis toujours, affirme que la ruralité c'est l'avenir ! Une ruralité cependant disloquée par la géographie des grandes régions qui ont été créées « non pas pour faire des régions mais pour faire des résultats électoraux ». Des régions « hors sol » qui n'ont pas été faites en réfléchissant à la géographie, à l'histoire et à la culture « dont l'identité est une donnée essentielle dans la légitimité des grands choix. Dans ces régions, il n'y a plus d'identité, on ne connaît pas les élus, on ne sait pas ce qu'ils pensent, on ne les identifie pas… Ma conviction est que ça donne au monde rural un avenir absolument remarquable parce qu'il va être l'élément principal d'un nouvel équilibre du territoire ».
Les 250 participants et intervenants ont pu partager une dizaine de tables rondes animées par les partenaires de cette manifestation qui aura réuni et fait parler beaucoup de monde pour à l’occasion de cette journée inédite.
Ainsi, Jacques Jacquenet, président du SICECO a pu rebondir sur le tout électrique prôné par François Bayrou. Pour le président du syndicat d’énergie côte-d’orien, qui a installé 41 bornes de recharge de véhicules électriques, ce serait un peu réducteur. En milieu rural, il compte sur le gaz et la mise en œuvre de méthaniseurs, moins sujets aux aléas climatiques (notamment en haute Côte d’Or) et réparables par n’importe quel garagiste au fond de la campagne à contrario des structures électriques nécessitant les interventions d’ENEDIS. Tout comme son voisin Thierry Gay, Directeur territorial de GRDF Côte-d’Or, il insiste sur le gaz 100% vert et local en 2030 disponible à prix moindre. Un biogaz peu cher puisqu’aujourd’hui, il est possible de produire du gaz renouvelable à partir de déchets organiques issus de l’agriculture, de l’industrie agroalimentaire, des déchets ménagers, des déchets verts ou résultant du traitement des eaux usées. Plusieurs exploitations côte-d’oriennes s’investissent déjà dans cette dynamique produisant un revenu à l’exploitant tout en réduisant l’impact du traitement des déchets. Un biogaz produit et consommé localement qui permet également de limiter le « l’érosion et le lessivage des sols » puisque produit grâce aux cultures intermédiaires (entre deux récoltes vivrières).
Christine Heurtaux, Chargée de mission transition énergétique en milieu rural chez Edf, quant à elle, souhaite qu’on cesse d’opposer les urbains et les ruraux, considérant que sur fond de transition climatique et énergétique chacun a sa partition à jour au moment où le prix des énergies flambe et durablement. A chaque territoire sa transition énergétique, le meilleur outil et l’énergie la plus efficiente ! Réduire la consommation avant de produire, pour alléger les dépenses des communes et des familles, aller vers une mobilité décarbonée… il est aussi question de formation des élus pour faire face au serpent de mer des aides, ressources etc. ! On évoque également l’énergie citoyenne autour de laquelle des habitants, collectivités et acteurs locaux se rassemblent pour produire ensemble une énergie renouvelable. Tournés vers l’intérêt général avant tout, ils ouvrent le financement et la gouvernance des projets aux citoyens qui souhaitent s’y investir.
Avec Jacques Perrier, Délégué régional du groupe la Poste et Patrick Molinoz, vice-président du Conseil Régional et président du GIP Territoires numériques, Bruno-Louis Seguin, Directeur des opérations et du développement Fing, Fondation Internet Nouvelle Génération, et Véronique Morlighem, Déléguée régionale d’Orange, il a été question de territoires intelligents et connectés en milieu rural. Présentation des services proposés par La Poste, numérique ultra présent, numérique plus humain, plus responsable en termes d’environnement et surtout plus inclusif… autant d’enjeux sur des territoires ruraux tels que la possibilité du télétravail ou d’installation de nouveaux habitants. Un numérique porteur de beaucoup d’espoirs pour les ruraux (de souche ou nouveaux ruraux) auquel on souhaite que soient adjoints des services pour tous.
Le sujet de la fracture numérique, de l’écueil de la compréhension et des usages suscite des idées, provoquent des projets. Patrick Molinoz plaide pour la création d’un service public du numérique (qui n’a rien à voir avec la numérisation des services publics) pour permettre une bonne utilisation des services publics lorsqu’ils sont numérisés. Pendant ce temps utile à la réflexion et à la mise en œuvre, il est primordial que se chevauchent anciens et nouveaux systèmes pour une véritable appropriation par les usagers, pour un accompagnement aux plus éloignés. L’Etat ayant son rôle à jouer, là où les DDE (direction départementales de l’équipement) et certains services préfectoraux qui apportaient une ingénierie précieuse aux communes ont disparu. Autrement dit, il y a un besoin d’ingénierie publique pour explique ce qu’est le numérique d’intérêt général ! Dans ce sens, la Région va créer une Agence régionale du numérique.
De son côté, Orange via sa fondation et son engagement RSE (responsabilité sociale d’entreprise) impulse le bénévolat d’entreprises dans l’accompagnement des publics qui en ont besoin. Intégration des femmes éloignées de l’emploi grâce aux Maisons digitales, Fab’lab solidaires, ateliers numériques, Véronique Morlighem souhaiterait porter ou mutualiser certains projets avec La Poste, la Région ou les collectivités locales elles-mêmes porteuses de projets.
« On se souvient de l’époque où les gens désertaient les campagnes pour les grandes villes, mais depuis l’épidémie de Covid-19, les choses évoluent et bon nombre de personnes ont pris conscience que d’autres modes de vie étaient possibles. De nouvelles pratiques professionnelles se sont également développées durant cette période, permettant justement de pouvoir envisager de nouvelles façons de vivre ; à condition, bien sûr, que la mobilité, le numérique ou encore l’offre de soins soient aussi repensés. C’est toute une société qui est en train de changer… »
Faire ensemble grâce la solidarité au-delà de toutes concurrences un espoir là encore pour les territoires ruraux où se déplacer, communiquer est parfois complexes… L’enjeu d’une ruralité vivante et conquérante ?
LES PETITES PHRASES
Au sujet du télétravail « Nous avons désormais des capacités de rendre cette vie engagée dans les grands enjeux économiques du temps…La plupart des fonctions tertiaires s’accommodent aujourd'hui de deux jours de télétravail ».
Au sujet du photovoltaïque à grande échelle « la relocalisation de la production de panneaux photovoltaïques est une nécessité mais il faut prendre en compte l'empreinte carbone des composants des systèmes de production d'énergie renouvelable. Par ailleurs, cela nécessite une très importante ressource en eau et un entretien conséquent ».
Au sujet d'une administration aidante et non pas contraignante « c’est un sujet grave de préoccupation dans l'organisation de l’État et de l'administration… l’État a dérivé en administration et l'administration en bureaucratie ».
Au sujet de l’offre de soin en milieu rural « Dans l'offre de soins, on a commis un crime social dans les décennies passées, c'est le numerus clausus médical dans le plus grand pays médical du monde. On se trouve dans l'incapacité de fournir des anesthésistes, des ophtalmos ou même des généralistes etc… Un crime qui a été commis par tout le monde qu’on va payer pendant une génération entière ». Dans ce cadre, le Haut-commissaire au Plan a demandé au ministère de la Santé la création de CHU plus disséminés sur l'ensemble du territoire.
« On se souvient de l’époque où les gens désertaient les campagnes pour les grandes villes, mais depuis l’épidémie de Covid-19, les choses évoluent et bon nombre de personnes ont pris conscience que d’autres modes de vie étaient possibles. De nouvelles pratiques professionnelles se sont également développées durant cette période, permettant justement de pouvoir envisager de nouvelles façons de vivre ; à condition, bien sûr, que la mobilité, le numérique ou encore l’offre de soins soient aussi repensés. C’est toute une société qui est en train de changer… »
RETROUVEZ
ICI LE MANIFESTE POUR UNE RURALITÉ CONQUÉRANTE
ICI LES INTERVENANTS parmi lesquels l’ensemble des partenaires ci-dessous
ICI LA CONCLUSION PAR JACQUES ATTALI
Crédit photos Echo des communes