Marie Jeanne a le goût du rare et du profond pour qui la vie est un chemin qui a besoin d’actions pour être, des actions qui ont besoin de missions, de contours.
Un matin de printemps frais, Marie Quiquemelle, femme de mots, a recueilli ceux de Marie Jeanne Fournier amoureuse des lettres et du verbe ... Un moment singulier, comme sont les rencontres ... uniques !
C’est presque par hasard que Maire Jeanne Fournier est devenue maire de Source Seine en 2011, pas un acte prémédité, plutôt un concours de circonstance, presque par défaut en quelque sorte, car elle n’avait jamais envisagé d’être maire après son mandat de conseiller municipal à Blessey.
Ce mandat de maire lui ai un peu tombé dessus, la réponse à une nécessité amenée par la fusion, au 1er janvier 2009 des communes de Saint-Germain-Source-Seine et de Blessey. « Je n’avais pas d’expérience municipale, mais celle des groupes, des institutions, des associations. Je connaissais toutes les familles, l’histoire des deux village, St Germain et Blessey alors je me suis lancée et j’étais seule à le faire ».
Marie Jeanne aurait bien continué si elle avait pu se reposer …un peu…juste un peu …car il est difficile de mener une commune six années durant sans se poser, se reposer ! Le matériel prenant le pas sur la réflexion, il faut répondre aux citoyens en un temps raisonnable quelle que soit la demande … les gens ne sont pas toujours prêts à chercher des solutions par eux même… et tout cela use le temps qu’on pourrait passer à construire de nouveaux projets, de nouvelles idées. Etre maire, c’est accepter d’être seule, quand on est « chef dans un système pyramidal ». Alors en 2014, Marie Jeanne a pris une décision, comme elle sait prendre toutes ses décisions, après beaucoup de réflexion. « Je ne veux pas être maire, adjointe non plus, conseillère cela me va bien… prendre un peu de distance sans lâcher la mairie ni les 55 administrés de Source Seine et surtout le SIVOS d’Oze et de Seine pour apporter ma pierre à cet édifice qu’est la réforme des rythmes scolaires. Je pense aux enfants, à ceux à venir ».
L’ancien maire de Source Seine tourne la page « Quand on est plus maire, on n’est plus maire…mais tout ceci est trop récent pour savoir où ça va… et conseillère ? C’est trop tôt pour se prononcer ! »
Marie Jeanne est femme de lettres et de temps. « Ecrire sur ces trois dernières années, ce serait trop violent, il faut que cela décante mais j’ai tellement de choses à dire …tout ceci est un peu en désordre…cela vient comme ça vient ».
Et Marie Jeanne, se livre comme on tricote une écharpe, cela file limpide et simple à l’abri de son jardin en terrasse entre orage menaçant et Monts de l’Auxois magnifiques et sauvages, verts et fleuris d’une nature préservée qui parle tant à Marie Jeanne.
Elle passera en revue sa vision de l’Europe et des femmes en politique, mais c’est aux valeurs qui ont une construit sa vie de femme, de mère et d’élue qu’elle s’attardera comme une enfant sur un livre d’images. « Vous savez, la démocratie est une valeur contemporaine et une municipalité réussit grâce à des élus qui écoutent et facilitent les projets communs. C’est un peu comme pour l’Europe. Comment comprendre que l’Europe ne peut exister sans un substrat commun, sans se définir par des projets et pas par l’intermédiaire de partis… ? Construire l’Europe c’est bâtir ensemble sans raisonner de manière partisane ».
Marie Jeanne se dit aussi qu’il n’y a pas assez de femmes en politique et qu’un certain manque de parité ne permet pas de donner, dans ces circonstances, le meilleur des femmes qui se trouvent coincées entre résistance aux habitudes institutionnelles et manque de représentation. « Je crois aux femmes en politique, en leur avenir, mais comment trouver sa place autrement que dans une forme de résistance perpétuelle… ? Les femmes sont résistantes dans l’âme en quelque sorte. Des femmes qui, de tous temps, détiennent ce savoir de la pédagogie, de la réciprocité dans l’altérité et l’affirmation d’autres valeurs…Il est tellement dommage que les femmes s’engagent si peu en politique… Il ne faut pas y chercher le pouvoir, mais évoluer dans les mandats électifs, changer d’échelle et d’échelon, travailler pour les autres et non pour soi » Puis évoquant les pays où elle a vécu, Marie Jeanne a la ferme conviction que c’est aussi dans l’éducation des enfants qu’elles contribueront à faire évoluer le monde.
Marie Jeanne remonte le fil de ses engagements, de ses croyances, de ses craintes et de ses espoirs.
Un petit chat gris passe, discret pour ne pas déranger ces deux femmes qui devisent dans le parfum des glycines et des iris. La nature toujours … l’homme … l’esprit … L’esprit de l’âme et celui de l’intelligence subtile et profonde qu’aime Marie Jeanne chez les auteurs engagés que sont Hugo, Vigny ou Stendhal. Des hommes dont elle sait apprécier tant le verbe que le combat pour d’autres idées, d’autres valeurs. Ces auteurs qui ont su prendre « l’esprit du temps », celui qui passe, celui qui conduit les actes après la réflexion posée comme un livre à un chevet de lit, qui se pense, se comprend et s’adopte.
L’écriture parle à Marie Jeanne et c’est tout naturellement qu’elle évoque ses transitions de l’enseignement classique, à la formation auprès des plus démunis, puis aux ateliers d’écriture. Elle rayonne de ces richesses fondées sur le partage qui ont fait d’elle la femme qu’elle est en devenir permanent. Marie jeanne se souvient avec émotion de ses ateliers d’alphabétisation où il fallait commencer par apprendre à tenir un crayon, ce qui n’est pas si facile …ce n’est pas inné…
De ses longs séjours en Afrique, où elle a enseigné pendant six ans, elle évoque son premier engagement, celui de jeune maman puis se dit que le voyage n’a de sens que s’il est porté par des rencontres, par ce qu’elle apporte aux autres, par les échanges qui contribuent à donner et recevoir ne serait ce qu’une expérience de vie.
Le partage est une constante chez Marie Jeanne pour qui donner et recevoir d’avantage de temps que d’argent (surtout dans l’humanitaire) résume le fait que l’attention à l’autre est tout autre lorsqu’on communique que lorsqu’on monétise. C’est ainsi qu’on aide à trouver ou retrouver l’estime de soi. Ainsi sont nés les Réseaux d’Echange Réciproque de Savoirs à Pont à Mousson dont le principe fondateur est simple : « Transmettre ses savoirs, en apprendre de nouveaux, de l'un à l'autre, en petit groupe ou en échange collectif. Tout savoir peut s'échanger. Tout le monde peut apprendre et transmettre. Rien n'est payant, tout est partagé. La règle du jeu est la réciprocité : être à la fois offreur et demandeur de savoirs et de savoir-faire »
Tout l’esprit de Marie Jeanne dont le regard perce toutes les incompréhensions tient en ces quelques mots qui ont su venir au secours de biens des maux. Cette femme profondément humaniste aime à dire « les réponses du moment sont dans le mouvement ». Je quitterai Marie Jeanne Fournier sur cette phrase forte « L’intérêt d’écrire et de faire écrire est celui de faire naitre l’expression partout où elle est muselée…Si pour l’instant je n’ai pas publié, c’est que je ne suis pas prête
Marie Jeanne s’est fait pour mission de transmettre son héritage sur l’époque et le monde à ses petits enfants …sachant que le monde des enfants est un monde à lui tout seul avec ses rêves, ses envies, ses chimères.
Un matin de printemps frais, Marie Quiquemelle, femme de mots, a recueilli ceux de Marie Jeanne Fournier amoureuse des lettres et du verbe...
Un moment singulier, comme sont les rencontres ... uniques !
mariequiquemelle@sfr.fr