Bien que le service public l’ait attiré très tôt, Laëtitia Martinez l’envisageait du point de vue de sa carrière professionnelle et non comme une élue honorant un mandat. A côté de son engagement politique sur le territoire du Creusot, elle occupe la fonction de vice-présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’égalité et la laïcité.
Née au Creusot, dans une famille d’ouvriers sur un territoire particulièrement industriel, Laëtitia Martinez grandit dans un environnement militant qui a contribué à forger son caractère et ses idées. Etudiante, elle entre dans le monde associatif en soutenant les sans-papiers notamment. « J’avais une forte volonté d’avoir un engagement pour l’intérêt général. Je voulais travailler en collectivité, pour le service public. » Après des études à Sciences Po pour devenir enseignante ou journaliste, elle débute finalement sa carrière à la communauté urbaine du Creusot- Montceau en tant que communicante. « La communication touche à toutes les politiques publiques et donne à voir le sens de l’action politique et publique. » Elle y passe six ans, d’abord en tant que chargée de communication puis comme directrice de la communication, jusqu’en 2008.
Entrée en politique
En parallèle, en 2007, on lui propose d’intégrer l’équipe municipale pour les élections de 2008, sur la liste d’André Billardon, déjà à la tête d’un remarquable parcours politique. Elue l’année où la parité encourage à faire une plus grande place aux femmes, elle devient adjointe à la démocratie participative, à la vie étudiante et au jumelage. « Même si je suis passée par Sciences Po, je ne voyais pas un mandat politique comme une finalité. » Professionnellement, elle prend en 2011 la direction de la communication de la commune de Saint-Priest à deux pas de Lyon mais continue à vivre au Creusot où elle assume pleinement son rôle d’élue.
Entre fonction publique et mandat politique
2012 marque un tournant dans sa vie professionnelle et politique. Après s’être engagée dans les primaires socialistes pour Martine Aubry, elle décide de prendre sa carte du PS. « J’ai mis du temps avant de sauter le pas car je pensais que ne pas l’avoir c’était une façon de garder une liberté de ton. » En parallèle, elle devient attachée parlementaire pour une députée du Charolais puis, 18 mois plus tard, en 2014, saisit une opportunité en entrant au cabinet de Laurence Rossignol, alors secrétaire d’état à la famille, l’enfance, les personnes âgées et l’autonomie. Tout s’enchaine. Les municipales de 2014 la reconduisent à la mairie et elle devient vice-présidente de la communauté urbaine du Creusot-Montceau, en charge de l’enseignement supérieur. « Ce sujet m’a toujours passionné, c’est l’un des premiers dossiers sur lesquels j’ai travaillé en autonomie quand j’étais chargée de la communication. J’ai aussi aimé la dimension particulière, la synergie et la volonté des acteurs de développer ensemble, de démocratiser l’enseignement supérieur. » A ce poste, Laëtitia Martinez travaille à renforcer le maillage territorial de l’université pour la rendre accessible à tous. « Si l’université se trouve chez moi, elle peut donc être pour moi. Cette proximité participe à lever les freins vers l’enseignement supérieur. »
Une dimension régionale
En 2015, elle se lance un nouveau défi. « J’ai eu envie de tenter l’aventure des régionales pour rejoindre une belle collectivité avec de belles missions et ce, au moment, de la fusion des régions. » Elle rejoint donc l’équipe de Marie-Guite Duffay et devient vice-présidente au sport début 2016 ; elle qui avait passé ses dimanches d’enfance sur le bord des terrains de foot pour regarder ses proches. « J’ai vécu un mandat passionnant. » Alors qu’au cabinet de Laurence Rossignol, devenue ministre en charge de la famille, de l’enfance et des droits des femmes, elle planche sur ce dernier sujet sous l’angle du sport notamment ; elle se concentre sur les politiques du sport à l’échelle régionale. Pour respecter l’engagement pris du non-cumul des mandats, elle quitte sa délégation à la communauté urbaine pour se contenter d’être conseillère communautaire.
Gérer sa vie et ses idées
Malgré ses engagements politiques, il apparait comme essentiel à Laëtitia Martinez de conserver un emploi, même à temps partiel. « C’est pour garder le lien avec une vie quotidienne normale, comme la majorité des français, à côté d’une vie d’élue particulière. » Plus anonyme, elle se réjouit de ne pas toujours être Madame la Vice-Présidente, de garder un pied dans la réalité. Epanouie dans son emploi et dans sa fonction politique, elle y consacre cependant ses week-ends, rencontrant des difficultés à préserver du temps pour elle-même et ses proches. « L’articulation vie professionnelle, vie politique et vie personnelle n’est pas simple. La politique et le professionnel nuisent parfois au personnel. »
Sur de bons rails
En 2017, le gouvernement change obligeant Laëtitia Martinez à chercher un nouvel emploi capable de lui apporter la souplesse, le temps partiel et le télétravail dont elle a besoin pour mener toutes ses activités de front. Une association de tourisme social à Montreuil lui offrira ce qu’elle recherche. En 2020, réélue à la mairie du Creusot, elle prend la délégation de l’égalité des droits et de la vie étudiante et suit la même lignée en 2021 quand, réélue au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, elle a la charge de l’enseignement supérieur, la recherche ainsi que l’égalité et la laïcité. « Mon engagement politique, je le conçois comme un engagement militant. Concernant la cause des femmes, quand j’étais jeune, je ne voyais pas tout à fait le problème mais en vieillissant, j’ai pu identifier et mettre des mots sur la réalité des inégalités entre les femmes et les hommes. » Pour l’élue, même si les inégalités femmes – hommes évoluent, elles ne se résorbent pas assez vite. « Les bonnes vieilles habitudes perdurent, tout comme un paternalisme fait de réflexions sexistes. » Passionnée par ses missions, l’élue se mobilise au quotidien pour tous les sujets dont elle a la charge et s’engage pleinement pour son territoire.
Nadège Hubert