Comme les particuliers, les collectivités doivent faire face à la hausse du prix de l’énergie. À l’approche des fêtes de fin d’année, la question des illuminations s’est posée tout autant que celle de fermer certains équipements. À Dijon, Jean-Patrick Masson, vice-président de Dijon Métropole, délégué notamment à la transition écologique, aux énergies renouvelables et au programme RESPONSE et conseiller municipal de la ville de Dijon en charge de l’énergie, du patrimoine municipal et de la rénovation thermique des bâtiments, détaille la gestion de la situation.
Quelle est la situation de Dijon face à la hausse de l’énergie ?
« Comme tout le monde, nous sommes touchés par cette flambée du coût de l’énergie malgré une diminution des consommations depuis 2010. En 2021, nous avions une facture à 6,5 millions d’euros. En 2022, elle augmente de 50% environ pour atteindre 9,5 millions d’euros mais si nous n’avions pas mené les politiques d’économie d’énergie, nous atteindrions 13 millions d’euros. Pour autant, nous avons depuis longtemps anticipé la transition énergétique de notre territoire. »
François Rebsamen - Jean-Patrick Masson ©François Weckerlé-Ville de Dijon
Quelles réponses avez-vous mises en place ?
Pour le scolaire et la petite enfance, nous avons fait le choix de maintenir le niveau de chauffage tout comme pour les salariés car quand on reste statique à un bureau, on a vite froid. Nous avons aussi décidé de maintenir le niveau de service public et d’assurer financièrement. C’est par exemple le cas des piscines. Bien que ce soit des équipements énergivores, nos piscines ont été rénovées sur le plan énergétique et nous avons déjà baissé les consommations. Le premier poste de dépense électrique concerne l’éclairage public mais nous avons là aussi diminué la consommation et nous maintenons le niveau. Pour l’instant, l’augmentation est soutenable du fait des diminutions que nous avons réalisé par le passé mais je ne sais pas si nous pourrons tenir en 2023. Nous tenons tant que nous pouvons en portant une vigilance particulière à d’autres consommations comme les illuminations de Noël. Nous avons réduit l’amplitude horaire d’1h30 chaque jour et illuminons la ville une semaine de moins. Cette décision permet de réduire de 20% la consommation d’énergie de l’évènement. »
Illuminations-Eclairage public_©Ville de Dijon
Envisagez-vous des coupures ?
« Si l’État nous invite à couper l’électricité, nous le ferons sur les équipements nécessaires mais deux tiers des bâtiments de la ville sont reliés aux 120 km réseau de chaleur urbain alimenté à 75% par des énergies renouvelables, c’est notamment le cas des piscines et l’une des raisons qui nous aide à supporter plus facilement la hausse. Les endroits les plus difficiles à chauffer ne sont pas toujours ceux que l’on imagine. »
Piscine du Carrousel_©Vincent Arbelet-Ville de Dijon
Le réseau de chaleur est un véritable atout….
« Oui, selon la rigueur de l’hiver, entre 60 et 70% de l’énergie locale est renouvelable. Le prix de l’énergie fatale de l’usine d’incinération et du bois restent stables, soit deux tiers du mix énergétique, donc ce n’est qu’un tiers de la facture qui pèse sur notre budget avec le gaz. Initié en 2010, le réseau de chaleur continue à s’étendre d’année en année. En 2023, il devrait couvrir l’équivalent de 55 000 logements contre 50 000 aujourd’hui en allant notamment du côté du Belvédère à Talant. C’est un atout aussi pour l’avenir car le prix de l’énergie ne redescendra pas aussi bas que ce que nous avons connu. Le mégawattheure est passé de 12 à 150 euros en quelques années. »
La ville a-t-elle d’autres projets pour réduire son impact ?
« Nous avons entamé des choses depuis longtemps comme le réseau de chaleur ou l’éclairage public. Sur ce point, nous avons diminué de 30% la consommation et prévoyons de la baisser de 65% d’ici 2027-2028 grâce à des leds et une nouvelle gestion par détection de présence avec l’appui d’OnDijon. Les installations se poursuivent comme nous venons de le faire à la Fontaine d’Ouche. D’ailleurs, le quartier porte le projet Response. Avec l’autoconsommation énergétique collective et des bâtiments à énergie positive, il s’inscrit pleinement dans la démarche. L’école Buffon, première école à énergie positive de France avec notamment les panneaux photovoltaïques posés sur sa toiture, est aussi un beau témoignage de ce qui se fait. Toute l’année, nous menons également des actions récurrentes dans le cadre de la politique normale de la collectivité comme rénover les bâtiments, rationaliser la production de chaleur. Chaque bâtiment de la ville dispose de sa carte d’identité. On sait quand il a été construit, comment il a été isolé mais aussi comment il est chauffé et comment il est utilisé. Nous mettons en adéquation l’utilisation et le chauffage pour les optimiser. Dans cet esprit, les écoles accueillent parfois des associations pour ne pas chauffer plusieurs lieux quand un seul suffit. »
Panneaux photovoltaïques de l'école Buffon_©François Weckerlé-Ville de Dijon
Propos recueillis par Nadège Hubert