Vendredi 20 octobre 2023, un protocole d’entente a été signé entre Dijon métropole et Kumamoto (île de Kyushu, Japon) pour renforcer les relations existantes entre les deux collectivités et favoriser le développement de coopérations dans les domaines de la gastronomie, l’alimentation, l’industrie agro-alimentaire mais aussi des parcs, jardins, du Bonsaï et du tourisme.
Le protocole d’entente signé entre François Rebsamen, maire de Dijon, Président de Dijon métropole, et Takashi Kimura, Vice-Gouverneur du Département de Kumamoto, en présence de Makita Shimokawa, ambassadeur du Japon en France a marqué un temps fort de la Semaine du Japon à Dijon. « Le partenariat que nous nous apprêtons à signer conjointement, est le premier de l’histoire de Dijon métropole qui symbolise la forte relation d’amitié entre Dijon et Kumamoto et nous permet de renforcer, d’approfondir les liens qui unissent la France et le Japon » déclare François Rebsamen.
Un partenariat fort et ancré
Cette relation amicale et de partenariat entre la France et le Japon existe depuis plusieurs années dans plusieurs domaines, notamment politique, économique et culturel. En 2013, le Premier Ministre du Japon Shinzo Abe et le Président de la République Française François Hollande « ont élevé les relations des deux pays au rang du partenariat d’exception » poursuit le maire de Dijon. Kumamoto et Dijon en sont un exemple, et leurs relations existaient déjà dans un contexte de collaboration scientifique et industrielle, avec les universités de Sojo et de Bourgogne, et le partenariat entre le pôle de compétitivité de Dijon Vitagora et le Kyushu Bio Cluster Conference (KBCC) depuis 10 ans. « Nous avons reçu une délégation dijonnaise en novembre 2022 » explique Takashi Kimura « et nous avons profité de l’occasion pour discuter de l’organisation de la Semaine du Japon à Dijon, dans l’idée de faire participer le département de Kumamoto. C’est à ce moment là que le projet de signature d’un protocole d’entente a été formulé ».
François Rebsamen, avec l’association qu’il préside Cités Unies France, a patronné et piloté les 7èmes Rencontres franco-japonaises de la coopération décentralisée à Aix-en-Provence en octobre 2022. Cet événement d’échange et de mutualisation de connaissances portait sur le thème de « L'innovation au service d'un territoire durable et inclusif ». Cette notion de durabilité sera d’ailleurs au programme de la 8ème édition en 2024 à Shizuoka au Japon, pour laquelle le maire de Dijon fera le déplacement : « ce sera l’occasion d’aller à Kumamoto ! »
Créer de nouveaux liens : la gastronomie, le tourisme, le végétal
Si Dijon et les produits du terroir bourguignon sont appréciés au Japon, « le département de Kumamoto est connu pour ses ressources agricoles et pour ses produits traditionnels fermentés comme le miso, la sauce soja et l’alcool distillé shōchū » explique Makita Shimokawa. « Avec son patrimoine historique fascinant, son excellente gastronomie il partage de nombreux points communs avec sa partenaire française Dijon ». Sa cuisine sait allier tradition, histoire et expérimentation, comme le prouve l’existence d’un plat de racine de fleur de lotus à la moutarde, évoqué par Takashi Kimura.
En plus des mets, les liens gastronomiques s’articulent autour du vin : une séance de dégustation organisée le 18 octobre a permis de mettre en avant les cépages japonais, les principales régions de production et le célèbre saké. « C’était difficile d’imaginer déguster des vins japonais à Dijon, en Bourgogne, terre au patrimoine viticole mondialement reconnu… Et d’avoir de si bons retours ! » se réjouit le Vice-Gouverneur.
Sur le plan du tourisme, les japonais sont venus nombreux visiter Dijon en 2023, et les deux villes souhaitent renforcer ces échanges. « Nous pensons à des rencontres autour du manga One Pièce très populaire en France, et à des actions de promotion conjointes autour de Kumamon, notre mascotte » explique Takashi Kimura. Kumamon est l’une des mascottes japonaises les plus populaires à l’étranger, « elle est un véritable levier de politique internationale » reconnait François Rebsamen. Elle était d’ailleurs présente lors de la signature du protocole, et avait pour l’occasion revêtu sa tenue institutionnelle : « Kumamon a fait un effort particulier pour s’habiller aujourd’hui ! » s’amuse Takashi Kimura.
Enfin, les Dijon et Kumamoto se lient autour de la nature : « Nous avons choisi aussi de nous développer en prenant soin de la nature et des végétaux et c’est un pan de la culture japonaise à Dijon » affirme François Rebsamen.
Le jardin japonais, structuré dans les années 80 est le fruit d’une collaboration avec la ville de Koshigaya (préfécture de Saitama). Il a été rénové (de nouveaux arbres ont été plantés, et un jardin zen a été créé) et inauguré mercredi 18 octobre 2023.
En décembre 2022, Dijon a planté une forêt Miyawaki de plus de 27 000 arbres et arbustes, en suivant les recommandations du célèbre botaniste japonais Akira Miyawaki.
L’art traditionnel du Bonsaï, qui fait la fierté du Japon a aussi été adopté à Dijon : un salon dédié s’est tenu les 21 et 22 octobre 2023 pour la première fois « Le Dijon Bonsaï show », organisée par l’association « Le Bonsaï Gaulois » de Saint-Apollinaire.
Deux villes tournées vers l’avenir et le développement durable
Comme pour le reste du monde, la question du réchauffement climatique et du développement durable sont au coeur des préoccupations des deux pays, et font partie intégrante du protocole d’entente.
Cette collaboration tournée vers l’avenir existe déjà grâce au travail de recherche commun sur les ferments qui n’est pas prêt de s’arrêter. « Avec le NARO (l’inrae françaisNational Agriculture and Food Research Organization), l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique) et Vitagora, nous avons promis de continuer à travailler sur le sujet d’une agriculture plus raisonnée et raisonnable. » explique François Rebsamen. « Un membre du NARO devrait d’ailleurs venir à Dijon travailler en permanence avec nous pour faire la liaison avec le Japon ».
« Notre métropole est depuis longtemps investie dans les concepts de transition climatique, énergétique et alimentaire. Je pense que nous sommes en avance sur cette thématique en particulier sur nos amis japonais, et nous pouvons leur apporter des pistes de réflexion, car ils souhaitent eux aussi lutter contre le réchauffement climatique » poursuit François Rebsamen avant de conclure : « Je suis que de cette intelligence mise en commun naitrons de nombreuses solutions pour un monde meilleur ».
Un sentiment partagé par Makita Shimokawa « Ce protocole d’entente permettra aux deux collectivités d’approfondir leur compréhension mutuelle et d’insuffler une nouvelle dynamique dans chaque domaine de coopération. Je souhaite que le cercle vertueux ainsi créé encourage le développement durable des échanges entre Dijon et Kumamoto et qu’il contribue au renforcement de l’amitié entre le Japon et la France. »
Déborah Vital