Le harcèlement est au coeur des préoccupations quotidiennes en milieu scolaire, au niveau national comme départemental. Face à ce fléau, le Département de la Côte-d’Or et le Conseil Départemental des Jeunes sont mobilisés pour libérer la parole et mener des actions de sensibilisation aux côtés de leurs partenaires.
Mardi 7 novembre 2023 au collège Clos de Pouilly à Dijon, François Sauvadet, président du conseil Départemental de la Côte-d’Or, Catherine Louis, vice-présidente en charge de l’Education, accompagnés de 6 conseillers départementaux jeunes ont rappelé l’engagement du département et du Conseil Départemental des Jeunes (CDJ) dans la lutte contre le harcèlement scolaire dans les collèges. Un investissement en place depuis plusieurs années, comme l’a souligné François Sauvadet : « Nous n’avons pas attendu le drame survenu en septembre 2023 à Poissy pour se saisir de cette question. Nous travaillons avec l’Education Nationale depuis de longs mois pour sensibiliser les jeunes au respect de l’autre, au vivre ensemble, pour libérer la parole et accompagner les victimes de harcèlement. »
Des chiffres qui alertent
« Le harcèlement est un fléau qui sévit dans nos cours d’école, mais aussi en ligne, sur les réseaux sociaux. Il semble n’y avoir aucun endroit qui assure un sentiment de sécurité aux jeunes. » poursuit le président du conseil Départemental. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : chaque année, 1 million de jeunes sont victimes de harcèlement, 18% des collégiens déclarent avoir subi au moins une atteinte de harcèlement sur les réseaux sociaux et 71% de jeunes adolescents déclarent avoir subi une forme de harcèlement lors de leur cursus au collège. La Côte-d’Or n’est pas épargnée : en 2022-2023, 130 situations de harcèlement ont été identifiées par les services de l’Education Nationale sur toute l’Académie de Dijon, et on estime qu’au moins 3 élèves sur 30 ont été ou sont victimes de harcèlement.
Sensibiliser et communiquer
Pour lutter contre ces formes de violences, « il faut avant tout sensibiliser et prévenir ces comportements » assure François Sauvadet. Le département lance donc ce mardi 7 novembre une campagne de prévention et de sensibilisation déployée sur toute la Côte-d’Or. Des affiches sont ainsi déclinées sur tous les abribus desservis par les lignes de transport scolaire et métropolitain (soit 260 espaces répartis sur toute la Côte-d’Or). « Nous voulons toucher, sensibiliser, ouvrir les yeux de la population côte d’orienne, enfants, adolescents et adultes. Nous voulons qu’un maximum de personnes soient alertées de cette situation inadmissible » exprime Florine Brevot, membre du CDJ. Une plaquette réalisée par le CDJ sera également distribuée à tous les collégiens, reprenant des conseils pour faire face aux situations de harcèlement, pour donner des clés aux victimes, à leurs familles et aux personnels d’éducation.
Libérer la parole et la faire entendre
« Lorsqu’on a un problème, il faut en parler. Ce n’est pas un déclassement, au contraire, c’est se donner une chance à soi même, afin d’être accompagné. Il ne faut pas attendre et laisser ce problème grandir au point de vouloir attenter à sa vie. » répète François Sauvadet. Pour se faire aider rapidement, un numéro gratuit, le 3018 permet aux victimes ou témoins de signaler une situation de harcèlement, de manière anonyme et confidentielle, 7 jours sur 7 de 9h à 23h.
Pour libérer la parole, le département et ses partenaires vont également organiser 54 débats dans les 54 collèges de Côte-d’Or entre janvier et juin 2024. « Le harcèlement n’est pas l’affaire des autres et peut nous concerner très directement. Elèves, parents, personnels exerçant dans les collèges… Tout le monde doit s’emparer du sujet. » Ces réunions s’appuieront sur la mini-série de 4 épisodes intitulée « les ciblés » réalisée en 2022 par le CDJ pour sensibiliser les jeunes au harcèlement scolaire.
Une grande consultation « Bien être dans son collège » est en cours de construction par le CDJ et sera déployée sur l’année scolaire 2023-2024 pour interroger les 23 700 collégiens du département sur leurs attentes, leur vision de l’avenir, leurs préoccupations et traitera bien sûr du sujet du harcèlement. « Il est important de consulter nos jeunes pour toujours mieux répondre à leurs attentes. Et leur signifier que nous sommes à leurs côtés pour les accompagner dans ce monde chahuté » explique le président du département.
Enfin, un comité de réflexion-réseau d’aide aux victimes est mis en place et s’est réuni une première fois il y a 15 jours. « Avec l’ensemble des acteurs de notre société, l’Education Nationale, la gendarmerie, la police nationale, la directrice de la maison des parents et adolescents, les représentants de parents d’élèves, les comités départementaux sportifs, nous avons eu des échanges nourris et avons pu réfléchir à ce qu’il est nécessaire de mettre en place. » précise Catherine Louis, en charge de cette mission pour le département. Ce comité se réunira une fois par trimestre pour continuer à faire bouger les lignes et ainsi faire reculer le harcèlement scolaire, au sein et en dehors des collèges.
« Rien n’est pire que l’indifférence face aux difficultés. » conclue François Sauvadet. « On est tous co-responsables du destin collectif, et j’espère qu’un jour, nous n’aurons plus besoin de conduire des campagnes aussi massives, et que de moins en moins d’élèves se sentiront ou seront effectivement harcelés. »
Déborah Vital