La première réunion « délocalisée et thématisée » entre le Département de la Côte-d’Or et la Communauté de Communes (Com Com) de Forêt Seine et Suzon s'est déroulée, centrée sur la « Filière Bois Énergie » à Messigny-et-Vantoux. Présidée par Catherine Louis, la présidente de la Com Com, et François Sauvadet, cette séance a permis de souligner l'engagement des collectivités en faveur des projets novateurs inscrits dans la transition énergétique.
Un contexte difficile
François Sauvadet, président de conseil départemental, tout en exprimant sa satisfaction de retrouver l’ensemble des élus a tenu à rappeler le contexte économique des départements : « Le contexte national est tendu, pour ne pas dire douloureux : notre République est frappée par des actes terroristes inqualifiables, la précarité augmente, l’inflation demeure à un niveau élevé, le contexte politique et géopolitique, social sont difficiles, et l’avenir financier reste très incertain pour de nombreuses collectivités ». Des difficultés marquées par des chiffres en explosion, notamment concernant la solidarité : « En 2022, la solidarité a augmenté de 30 millions pour le département, tout en devant absorber une perte de recettes de 17 millions. C’est plus de 60% du budget. La prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) a augmenté de 36% en 8 mois, portant le budget à 7,5 Millions d’euros spécifiquement alloués aux MNA et l'État ne verse seulement 276 000 €. C’est à peine 4 % des coûts supportés par le Département ».
Emploi et transition énergétique, même combat
Pour faire face, François Sauvadet voit dans la filière bois, un moyen d’affronter la prise en charge des 9 612 bénéficiaires du RSA : « Il y a aujourd’hui 18 000 demandeurs d'emploi, et 41 000 offres d'emplois non-pourvues » invitant les bénéficiaires à se former : « Il y a du travail dans la filière. On nous dit souvent que les métiers forestiers sont des travails dangereux, mais tout s’apprend et tout est dangereux. Mais la filière bois peut aujourd’hui apporter une réponse une qualification à forte valeur ajoutée à des personnes éloignées de l’emploi ». Et de souligner la collaboration avec France Travail qui a permis de réduire de 11,5% le nombre de bénéficiaires du RSA dans les territoires des ASCO de Genlis et de Beaune depuis sa mise en place.
Pour le président mais aussi l’ensemble des élus présents, la filière Energie bois représente une issue à la précarité à la fois énergétique et aux tensions sur le marché du travail par une réponse aux enjeux liés aux transitions énergétiques et écologiques sont aujourd’hui prioritaires pour le Département mais aussi pour les collectivités qui s’engagent vers une valorisation des ressources et une meilleure efficacité énergétique. Depuis 2018, neuf intercommunalités sont ainsi accompagnées dans l’élaboration de leur Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) et la constitution de Schémas de Développement des Énergies Renouvelables (SDENR) qui, en tant qu'outil d'aide à la décision, vise à guider le déploiement structuré des Énergies Renouvelables à l'échelle du territoire. Il permet aux intercommunalités et à leurs communes membres de s'engager dans des projets alignés sur des objectifs de production d'énergies renouvelables, tout en préservant l'environnement, les paysages, et la qualité de vie des habitants. La volonté d'adopter un SDENR émane généralement de l'aspiration des élus locaux à avoir une vision commune face aux propositions des promoteurs privés.
L’exemple de Communauté de Communes Forêts, Seine et Suzon
Une vision commune illustrée par la Communauté de Communes du Pays de Saint-Seine, aujourd'hui Forêts, Seine et Suzon qui dès 2006, la Communauté de Communes du Pays de Saint-Seine, aujourd'hui Forêts, Seine et Suzon, s’est engagée dans le développement local durable en optant pour le bois-énergie avec la volonté de réduire la dépendance aux énergies fossiles, tout en proposant une filière plus économique aux entreprises locales. Cette volonté politique a conduit à l'élaboration d'une charte forestière de territoire de 2006 à 2010. Cinq communes ont adopté le bois-énergie pour le chauffage de leurs bâtiments rénovés et la Communauté de communes compte aujourd’hui une plateforme de stockage pouvant contenir 1 000 tonnes de plaquettes bois et 9 chaufferies : Frénois (100 kW), Bligny-le-Sec (100 kW), Vaux-Saules (70 kW), Saint-Seine-l’Abbaye (640 kW), Chanceaux (55 kW), Pôle enfance de Lamargelle (70 kW), Francheville (100 kW), Lamargelle (100 kW), Savigny-le-Sec (100 kW) pour un total de 1235KW.
La Côte-d’Or en tête de peloton
Pour Catherine Louis, la présidente de la Com Com, cette ambition répond à la particularité du territoire : « Nous avons plus de 36000 hectares de bois, soit la plus grande superficie de la région Bourgogne (51%), 35 % de domaniales, 40 % de communales et 92 % de taillis sous futaie. C’est ce qui nous permet d’avoir été à la fois en avance sur la filière mais aussi la première collectivité à s’engager dans la construction de chaufferies ». Et les résultats sont là. En 13 ans, la filière a permis de créer entre 3 et 4 emplois dédiés à l’approvisionnement et à l’entretien des neuf chaufferies et de proposer un chauffage à 0,093 euros le KWH aux collectivités. Les chaufferies bois, alimentées exclusivement par le bois des forêts locales, impliquent des entreprises locales pour la coupe et le broyage du bois, permettant ainsi de valoriser les savoir-faire mais aussi de réduire considérant les émissions de gaz à effet de serre.
Une stratégie globale
Tout en appelant à la mise en place d’autres projets de ce type, François Sauvadet a conclu en rappelant que le département s’inscrit dans une stratégie globale d’énergies propres. Classée au 6ème rang des départements forestiers métropolitains avec ses 332,000 hectares boisés, la Côte-d’Or se distingue par son engagement envers la transition énergétique bois. Depuis 2004, le Plan Bois Énergie "MBE 21" apporte un soutien financier substantiel, couvrant 20 % des coûts des systèmes de chauffage automatisés à bois pour les collectivités. À ce jour, 80 projets ont été financés, valorisant plus de 22,000 tonnes de bois et évitant l'émission de 8,150 tonnes d'équivalent CO2 annuellement. La politique forestière inclut un objectif de plantation d'un million d'arbres d'ici 2027 et l'acquisition d'une forêt « mosaïque » pour une multifonctionnalité accrue. Avec 11 Ateliers Chantiers d’Insertion en cours, la Côte-d’Or favorise également l'emploi et l'accompagnement de plus de 1,000 personnes. Autre piste, le Plan Solaire Côte-d’Or qui trace la voie vers une installation massive de panneaux photovoltaïques, couvrant 42,000 m² sur les bâtiments départementaux et les collèges.