Avec émotion pour les unes, avec déférence pour les autres, une trentaine de personnes ont reçu leur naturalisation française à la préfecture de Dijon ce 31 janvier. Venu-es du Maghreb, du Moyen-Orient, d’Europe ou encore d’Amérique Latine, ils-elles ont fait le choix de la France et de ses valeurs.
« La France vous souhaite la bienvenue » a introduit Amelle Ghayou, secrétaire générale adjointe de la préfecture de Côte-d’Or devant une cinquantaine de personnes réunies dans l’une des salles de la préfecture à Dijon. La cérémonie de naturalisation débute par un film qui résume l’histoire du pays à travers les siècles jusqu’à la démocratie, sans oublier de mettre en avant quelques personnes issues de l’immigration qui ont contribué à faire avancer le pays dans différents domaines comme la scientifique Marie Curie ou le footballeur Raymond Kopa. Dans son discours d’accueil, la secrétaire générale adjointe, en tenue de cérémonie, a insisté sur la solennité du moment pour chacune des personnes présentes. « Elle marque désormais votre appartenance pleine et entière à notre communauté nationale. » Liberté, égalité, fraternité, les valeurs françaises ont été rappelé tout comme une autre valeur fondamentale de la démocratie, la laïcité. « La liberté fonde la démocratie. Toutes les croyances et les différences ont leur place dans la République. Vous avez décidé d’adopter les règles qui régissent notre société. Parmi elles, la laïcité, qui garantit à chacun la possibilité de croire ou de ne pas croire et permet le libre exercice de sa religion dans le respect des valeurs de la République. »
Etudier la demande
Amelle Ghayou a souligné que la cérémonie correspond à l’aboutissement d’un parcours qui a débuté au moment de l’arrivée de chacun des candidats à la naturalisation sur le sol français. « Certains sont venus pour poursuivre leurs études, pour trouver du travail pour fuir la guerre et les persécutions, d’autres pour des raisons plus personnelles. » A ses côtés, Jean-Christophe Thuillier, chef de la plate-forme interdépartementale de la naturalisation donne quelques éléments chiffrés. « Chaque année, nous recevons 2 500 demandes à l’échelle de l’ancienne Bourgogne. 40% des demandes concernent la Côte-d’Or. La majorité des demandes portent sur des procédures de réclamation en raison d’un mariage ou d’une ascendance. » La naturalisation française s’obtient en effet par deux biais. Le premier consiste à faire valoir un droit suite à un mariage ou du fait d’un lien de parenté. « On réalise une enquête pour vérifier les faits. »
Une candidature passée au crible
La seconde façon d’obtenir le statut de citoyen français passe par une demande d’une personne majeure qui émet le souhait d’être française. La procédure dure alors de 12 à 18 mois et implique de répondre à certaines exigences. « Nous vérifions l’adhésion aux valeurs de la République et l’envie de construire sa vie en France » insiste la secrétaire générale adjointe de la préfecture. « Il faut être en situation régulière sur le sol français depuis au moins cinq ans mais en moyenne les personnes sont installées depuis 8 à 13 ans » complète Jean-Christophe Thuillier. La recevabilité de la demande implique un niveau de langue française au moins équivalent au niveau B1. L’évaluation du niveau se fait soit par l’obtention d’un diplôme français, brevet, CAP, BEP, Licence… ou par un test. La personne doit ensuite prouver son autonomie. « Il faut une stabilité dans l’emploi et ne pas dépendre de la solidarité nationale. L’oisiveté n’est pas acceptée » ajoute Jean-Christophe Thuillier. « Il faut vouloir construire sa vie en France » complète Amelle Ghayou. Tous deux citent l’exemple d’une personne en attente de sa naturalisation pour passer le concours de commissaire de police. Avant d’accepter la naturalisation d’un candidat, la préfecture s’assure également que ce dernier n’a pas de dette fiscale ou locative mais également qu’il n’a pas troublé l’ordre public.
Le choix d’une vie et plus encore
Une fois tous les critères remplis, le candidat peut alors obtenir officiellement la naturalisation au cours d’une cérémonie. « Vous auriez pu conserver votre statut d’étranger vivant régulièrement sur notre sol mais vous avez choisi une autre voie, celle de devenir français » a rappelé la secrétaire générale adjointe. « C’est un acte puissant qui vous engage vous-même mais aussi vos enfants et les générations qui suivront. » Désormais naturalisés, les nouveaux français peuvent participer à la vie du pays en votant mais ils deviennent également éligibles. Hamidou, 34 ans, originaire du Burkina Faso le conçoit ainsi. Venu en France par amour, il souhaite s’impliquer pleinement dans son pays d’accueil. « Aux prochaines élections, je voudrais rejoindre le conseil municipal de Mirebeau-sur-Bèze » sourit-il, soutenu par une élue locale.
Emotion et conviction
Amelle Ghayou a d’ailleurs souhaité mettre en lumière le rôle des élus locaux dans la démarche. « Tout au long de votre parcours, il y a eu des femmes et des hommes qui, dans les services de la République, vous ont accueillis. Il y a eu les élus locaux qui ont travaillé avec vous et des services de l’Etat qui ont œuvré pour que vous puissiez être là. » Plusieurs maires et adjoints au maire avaient fait le déplacement pour soutenir la démarche des candidats à la naturalisation. Preuve que, pour tous, le moment était porteur d’émotions, les proches venus assister à la cérémonie ont immortalisé la remise des documents officiels de naturalisation. Ceux venus seuls n’ont pas hésité à demander à d’autres candidats de prendre la photo du moment fort. Sur l’estrade, certains ont embrassé les documents, d’autres ont serré leurs enfants contre eux. Claire, trentenaire arrivée du Cameroun, a affiché sa fierté de recevoir la nationalité française. « Je suis en France depuis 2014 et je ne suis que peu retournée au Cameroun. Je me sentais française, c’est un aboutissement. Cela me permettra aussi d’évoluer dans ma carrière. » Un sentiment d’appartenance partagé par Mounira, née en Algérie et habitant à Til-Châtel. « J’ai toujours senti un manque par rapport à mon entourage qui avait la nationalité. L’Algérie c’est chez mes parents, la France, c’est chez moi. Je voulais pouvoir exprimer mon avis mais je n’en avais pas le droit. » Si les demandes en provenance des pays du Maghreb représentent la majorité, dans une logique de proximité géographique, Jean-Christophe Thuillier rappelle que les nouveaux français viennent de tout le globe. « Nous avons eu beaucoup d’anglais après le Brexit, il y a aujourd’hui un allemand parmi nous. » Après la photo de groupe et un dernier « Bienvenue en France » adressée par la secrétaire générale adjointe, tous ont été invités à partager le verre de l’amitié. Pour certains, c’était l’occasion de faire d’autres photos à côté des drapeaux français et européens.
Nadège Hubert