Info+ :
Le ministère de la Culture a lancé une grande concertation nationale sur la vie culturelle en milieu rural.
Cette consultation prend la forme d’une consultation en ligne ouverte à tous jusqu’au 31 mars 2024.
Afin de l’accompagner, la préfecture de Côte-d’Or et la Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté, avec le soutien de la ville de Montbard, a organisé une rencontre sur ce thème, à Montbard, ouverte à toutes et tous, elle a permis d’échanger et de faire émerger idées et propositions.
D'autre part, des rencontres sont organisées dans les territoires afin d’échanger et de croiser les points de vue.
Les fruits de cette consultation seront présentés lors des Assises nationales de la culture en milieu rural et permettront de définir la feuille de route visant à renforcer la place de la culture au cœur des territoires ruraux.
Un avis ? une idée ?
Une plateforme numérique est ouverte afin que chacun puisse participer :
https://www.culture.gouv.fr/Printemps-de-la-rurali...
Développer l’accès à la culture pour tous les habitants des territoires ruraux est l’une de priorités de Rachida Dati, ministre de la Culture. Dans notre région, 55% de la population vit en milieu rural. Alors, à l’heure où se lance une consultation nationale, comment vit-on la culture loin des centres urbains ? Quel développement pour les initiatives culturelles à la campagne ? Des questions, des idées, personne n’en a manqué au cinéma de Montbard entre élus, représentants d’associations ou de structures culturelles, DRAC et Etat se sont lâchés sur ce sujet passionnant avec l’enjeu de recueillir les idées et propositions de tous !
Et bien sûr, comme pour tout service rendu au public, pour qu’il soit équitable et de qualité il faut un peu, voire beaucoup d’argent. Pour Laurence PORTE, maire de Montbard, il est primordial de poser la réflexion du développement de la culture en milieu rural à l’échelle des bassins de vie pour mailler le territoire d’équipements tout en se donnant les moyens (qui manquent) pour le faire savoir. Communiquer c’est un peu le nerf de la guerre car peu de structure, à la campagne, disposent des finances nécessaires pour initier des campagnes de communication dans un domaine qui se professionnalise de plus en plus et n’est parfois plus à la portée des bénévoles associatifs. Les communes comptent sur leur site internet, leurs réseaux sociaux et quelques médias partenaires… De la visibilité en milieu rural, un sujet de bac de français ?
Pourtant chacun s’accorde à dire que les programmations de qualité des théâtres de Semur et de Châtillon mais aussi celles des cinémas attirent des émules et font carton plein ! on note également la grande richesse des initiatives associatives qui font la fierté du nord de la Côte d’Or. Pour Dominique BONDIVENA, maire de Flavigny-sur-Ozerain, il est question d’être éclectique, de s’appuyer sur les compétences locales pour mailler tous les publics, tous les styles et genres… l’important étant de se diversifier !
C’est Alexandra BOUILLOT, directrice du musée de Semur-en-Auxois qui lâchera « On a un potentiel de dingue, avec de vraies locomotives comme la Fabrique à Berlue, Théâtre au Village et bien d’autres… qui affichent complet malgré le manque de lisibilité à l’échelle du Pays Auxois-Morvan ». Et ce n’est pas Christine BERTOCCHI, co-directrice de la compagnie D’un instant à l’autre, ou Agnès DESJOBERT, directrice de la programmation de l’action culturelle Hors-Saison musicale, qui pourraient démentir. Pour la première, c’est l’environnement naturel qui remplace la salle de spectacle dans la démarche d’aller vers le public qui ne viendrait pas, de partager des temps d’intervention lors des répétitions, des temps d’immersion et de rencontres qui créent le lien avec une « autre culture » plus alternative. Un concept qu’a également suivi Catherine HUBEAU, qui dirige la compagnie Avril Enchanté, et qui proposera six représentations cet été avec des personnes de dix villages des alentours ainsi que des résidences d’artistes !
Pour la seconde, c’est la culture et l’art qui vont à la rencontre des habitants dans les petites communes où la salle de spectacle, comme un espace un peu confidentiel, est le domicile des villageois qui ne peuvent pas se déplacer. Une démarche solidaire et fédératrice grâce à des artistes renommés qui savent porter la musique au plus près de tous ! Pour le nouvel habitant, arrivant tout droit de la Martinique (et originaire de la Nièvre), qu’est Sébastien LANOYE, sous-préfet de l’arrondissement de Montbard, c’est le plaisir de découvrir un territoire où il trouve 3 cinémas, des fêtes populaires vivaces comme le Tape Chaudron « A la campagne, on ne rate pas trop ce qu’on a envie de voir car du prix à la proximité tout est accessible… C’est à chaque individu de se renseigner ».
En passionné de nouveauté, Laurent BOURDERAU, directeur du MuséoParc, la structuration de l’offre doit changer pour adopter « le temps long » que sont les temps de la transmission, le temps de la nature, le temps de l’autre. Il s’agit de réinventer le temps, de mutualiser les moyens, l’ingénierie pour des structures plus fortes et plus ouvertes… de décloisonner le monde de la culture pour plus de générosité, plus de convivialité… Il plaide pour un « permis à point » pour les plus jeunes, un permis incitatif, dont les unités seraient cumulées en fonction des spectacles et des expositions vues, dans le but de « donner à chaque jeune une accessibilité aux arts et à la culture sur toute sa scolarité ».
Laurence PORTE évoque un monde enchanteur de poésie, de rencontre avec l’art au cœur de l’espace public… même si faire entrer l’art dans l’espace public n’est pas facile… évoquant son « intrusion malgré lui » quand une musique filtre d’une fenêtre ouverte, quand on croise une des quatre boîtes à livres de sa commune !
Anne-Valérie FONTAINE, responsable du service communication, programmation et événementiel à la ville de Montbard, souligne « Inconsciemment, en arrivant à la campagne, on se dit que c’est forcément moins qualitatif. Pourtant, il n’y a pas de raison que ça le soit parce que c’est en ruralité. Pour être tout à fait transparente, je n’allais pas si souvent au théâtre avant d’arriver en campagne… »
Reste la problématique de la mobilité dans des territoires parfois isolés quand il est question de ne pas opposer monde rural et monde urbain alors qu’il n’existe, sur terre, aucun endroit sans culture !