La Côte-d’Or ne fait malheureusement pas exception quand il s’agit des agressions sur les élus. Devant ses actes répréhensibles, l’association des maires de France en Côte-d’Or renforce son engagement aux côtés des victimes en se portant partie civile.
Deux affaires jugées, d’autres en attentes de jugement. En 2024, les procédures se suivent à l’encontre des agresseurs d’élus. « Chaque année, nous recevons une vingtaine de signalements d’agressions verbales ou physiques à l’encontre d’un maire » regrette Ludovic Rochette, président de l’AMF 21. Tous ne font toutefois pas l’objet de poursuite, le procureur décidant ou non de s’en saisir, mais quand une action en justice est initiée, désormais l’AMF se porte partie civile aux côtés des élus victimes. « Quand un maire est agressé, il peut malheureusement se retrouver seul dans un temps long pour la justice qui fait avec ses moyens humains et financiers. »
Une élue récemment victime d’agression verbale a vu son audience prévue fin août reportée à mars 2025, obligeant l’élue à vivre dans un climat de tension au sein de sa commune. « Nous avons aussi des cellules de soutien psychologique à leur disposition. »
Quand le maire d’Ouges a été agressé à coups de barre de fer, les procédures ont duré trois ans. Ludovic Rochette et l’AMF ont manifesté leur soutien à l’élu. « Cela restait moral et symbolique. » Désormais, l’association s’engage plus fortement. « L’AMF a décidé au niveau national que les émanations départementales pouvaient se porter partie civile. »
Des exemples regrettables
Si les responsables de l’agression sur le maire d’Ouges ont été condamnés pour certains à de la prison ferme, ils auraient pu avoir en plus à verser des indemnités à l’AMF si, à l’époque, cette dernière s’était déjà portée partie civile. Sur le banc des victimes, désormais l’AMF fait face aux responsables au même titre que l’élu. « Nous ne sommes pas directement victime mais nous sommes concernés car il s’agit de l’un de nos adhérents. Quand on porte préjudice au maire, on porte aussi préjudice à notre association. Si le maire le demande, nous agirons avec lui. »
Quand le maire de Villeberny a été diffamé sur les réseaux sociaux, quand le maire de Magny-Montarlot a été insulté, quand le maire d’Auxonne a subi un outrage homophobe, les élus ont porté plainte. « Le procureur a retenu les plaintes. Nous avons donc pris un avocat pour qu’il défende l’AMF 21 dans ces affaires. »
Faire front avec les élus
Elu de proximité, les maires traversent des situations humaines complexes à vivre. « Notre fonction est d’être à leurs côtés pour qu’ils ne soient pas seuls à traverser cette épreuve » martèle Ludovic Rochette tandis que les agressions contre les élus ont tendance à se multiplier. « Les maires hésitent aussi moins à nous en faire part tandis que la justice s’est saisie de la question. Les agressions d’élus revêtent un caractère symbolique dans le vivre ensemble au même titre que celles subies par les pompiers, les médecins, les enseignants… Ce ne sont pas des agressions anodines et la justice l’a compris. »
En se portant partie civile dans les procès, l’AMF 21 vise un double objectif. En plus de remplir sa fonction de soutien auprès des élus membres, 692 sur les 698 maires du départements, l’AMF entend ainsi adresser un message « à la minorité de la population qui voudrait s’en prendre à un maire. » Pour le coupable, si la justice en décide ainsi, cette démarche signifie des dommages et intérêts complémentaires à verser. « Ce que nous pourrions obtenir servira à financer par exemple da la formation autour de la protection des élus. »
Sur cette problématique de violence, l’AMF 21 intervient en aval mais aussi en amont. « En deux ans, plus de 150 maires ont été formés avec un négociateur du GIGN autour de mise en situation d’agression. Il s’agit de leur apprendre à ne pas envenimer la situation mais aussi à la désamorcer avec les bons gestes et attitudes. »
Nadège Hubert