Les médecins libéraux de bourgogne se font entendre...

27 avril 2015

Demain, la Côte d’Or, la Bourgogne sans médecins libéraux ? Le cri d’alarme du Dr P. Bouillot, Président de l’URPS de Bourgogne et du Dr. G. Fesquet, Praticien à Nuits Saint Georges. 

 

Rencontre, à Dijon, avec le Docteur Patrick Bouillot, Président de l’Union Régionale des Professions de Santé de Bourgogne (URPS) représentant 2.700 médecins libéraux.

Patrick Bouillot, médecin Endocrino-diabétologue, installé depuis 1988 pratique l’exercice libéral exclusif en cabinet privé après avoir été jusqu’en avril 2012, Praticien Hospitalier à temps partiel à Nevers.

 

Quelle motivation pour devenir Président de l’URPS Médecins Libéraux de Bourgogne ?

 

« M’impliquer dans l’organisation du système de santé de demain en maintenant et défendant les atouts qui sont les nôtres et qui font toute la performance et les qualités, reconnues, de la médecine libérale en France. Préserver mais aussi faire évoluer cette médecine libérale. Que nous puissions, toujours, répondre aux besoins croissants de la population.»

 

« Il y a une désaffection, en termes de « recrutement » de futurs médecins libéraux, liée à la lourdeur de plus en plus pesante des  contraintes administratives et une absence sérieuse de valorisation du secteur libéral. Ce, dû à une plus grande attractivité du secteur hospitalier qui propose des conditions d’exercice plus sécurisantes et une rémunération stable. De plus, de nombreux futurs médecins sont des femmes qui aspirent à une activité différente, plus régulière et plus attirées par le salariat que par les conditions d’exercice en cabinet privé.»

 

« Etre Président, à mon niveau, c’est se battre, interpeler, réagir pour ne pas voir disparaitre notre métier, nos engagements, notre proximité avec les populations.»

 

« Sociologiquement il y a eu trois phases successives dans les installations de médecins : la première avec un mari médecin et une femme qui l’aidait, la seconde, des installations de couples de médecins et aujourd’hui des femmes médecins.»

 

Comme dans la première phase sociologique dont vous parlez, ne peut-on pas imaginer pour les femmes médecins qui s’installent qu’elles puissent à leur tour… avoir un mari qui les aide ?

« Le conjoint des femmes médecins a  un métier et évidemment il souhaite l’exercer et le contexte sociologique n’est plus celui du siècle dernier.»

 

En France, on a le sentiment que si beaucoup semblent défendre le « libéralisme », dès que l’on touche à certaines corporations ou aux « avantages acquis » pour d’autres, nous assistons à une levée de boucliers. Comme, par exemple, les huissiers, les notaires, les taxis et … peut-être même les médecins aujourd’hui !

 

« Votre question collective est une vision un peu rapide ou simpliste des choses... La médecine libérale n’est pas à la fête. En effet, nous devons valoriser ou revaloriser notre métier et s’en donner les moyens. Nous laissons, actuellement, paraître une véritable amertume car nous nous voulons continuer à exercer notre activité correctement, au profit, toujours de la population et comme médecin libéral. Nous ne voulons pas disparaître.»

 

« Nous sommes favorables au dialogue constructif et n’avons jamais dit qu’il ne fallait pas de réformes. Réformes oui mais avec une vraie concertation sur le système de santé, l’offre de soins. Il faut que l’on s’intéresse à ce que disent les professionnels de santé dans le cadre d’une vraie et sincère concertation. Ne pas ignorer les médecins libéraux au profit des hospitaliers, ne pas cantonner les spécialistes dans le secteur hospitalier. Aujourd’hui, sur tous les plans, nous avons le sentiment d’être tout de même enfumés donc, à terme, asphyxiés.»

 

Imaginons que dans un monde digital, un monde 2.0 tous les problèmes techniques soient réglés pour faciliter de manière performante le Tiers Payant. Seriez-vous encore opposés ?

 

« Cela peut paraître intéressant pour le patient mais, aujourd’hui, c’est techniquement impossible. Cela nous contraint à un vrai déploiement du secrétariat. Un vrai chantier. Personnellement je ne vérifie plus ces comptes… et je sais que je perds de l’argent. Nous n’avons pas envie de devenir les salariés de l’assurance maladie ou des complémentaires. Notre liberté d’actes et de prescriptions nous impose de ne pas être sous la coupe des payeurs.»

 

Au regard des patients, les médecins semblent avoir des revenus plutôt décents …

« Comment savez-vous que nos revenus sont décents… cela fait partie des fausses croyances comme il en existe médicalement parlant. Les médecins de France – à part certains Pays de l’Est – sont les plus mal payés d’Europe. Ceci dit nous ne pleurnichons pas sur nos revenus, nous ne sommes pas dans le tout revendicatif. Nous voulons, tout simplement, être entendus. »

www.urps-med-bourgogne.org

 

 

EN COMPLEMENT, l’ECHO DES COMMUNES A CONTACTÉ UN MEDECIN LIBERAL QUI EXERCE A NUITS SAINT GEORGES.  Docteur Guillaume Fesquet.

 

urps Guillaume Fesquet« Nous serons, soi-disant, demain, payés par la Sécu et les complémentaires (pour les patients qui auront les moyens d’en avoir une). Mais au préalable nous devrons valider la carte VITALE puis la mutuelle complémentaire en vérifiant que les personnes sont correctement inscrites sur ces documents. Et si un problème apparait au traitement du dossier par ces organismes, il nous faudra retraiter le dossier, écrire et … attendre. Des heures de travail administratif.»

 

« Actuellement, les délais de règlement nous concernant, sont de 2 mois pour le tiers payant avec feuilles de soins papiers (le patient n’ayant pas toujours sa carte Vitale sur lui et ne sentant pas concerné pour la ramener puisqu’il est soigné !!!)  et de 6 mois pour les accidents du travail (quand les patients expédient correctement leurs papiers et que les entreprises font les démarches nécessaires… loin d’être toujours le cas). Demain, en fin de consultation j’aurai 50 virements à traiter le soir… Je n’ai pas fait médecine pour devenir salarié d’un organisme. Je suis un médecin libéral, j’organise mon activité seul et si j’ai la nécessité, pour répondre aux besoins de mes patients, d’achever ma journée à 21 heures c’est mon choix. Mais pas de faire de l’administratif. »

 

« Je reçois des propositions « alléchantes » et « confortables » dans des cadres hospitaliers, cliniques ou maisons de santé. Mais je sais qu’alors personne ne reprendra mon Cabinet à Nuits alors même que je ne suis pas en zone sinistrée... Nos consultations sont toujours à 23 € quand les spécialistes peuvent être à 60 ou 140 €. Notre activité est mal reconnue, mal valorisée alors que notre présence est un gage de santé publique. Vous comprendrez alors, facilement, le peu d’attrait des jeunes praticiens pour s’installer... et tous les risques d’éloignement et d’anonymat qui peuvent être, pour les patients, la réalité de demain.»

 

 

 

 

Xavier MULLER

Correspondant de l'Echo des communes
pour Beaune Côte et Sud

06 09 72 56 94

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