Le petit village de Marcilly Dracy a connu une vive agitation, beaucoup de cris et de cavalcades, de sifflements de machines à vapeur, de coups de cor de marteaux et d’enclume pendant deux jours. Tous les deux ans se tient là la Fête de la Nature et du Chien organisé par la Fédération des Associations de Chasseurs aux Chiens Courants de Côte d’Or. Une fête qui a lieu tous les deux ans destinée à faire connaître le chien courant mais aussi de découvrir ou redécouvrir les métiers de la terre et de la nature
La 10ème Fête de la Nature et du chien, mobilisant 120 bénévoles pendant une semaine après 1 an de préparation, a été inaugurée sous une pluie battante par Didier Lépine, président de l’Association française pour l’avenir de la chasse aux chiens courants de Côte-d’Or, organisatrice de cette dixième édition, Bernard Paut, maire de Vitteaux, Marc Frot, conseiller départemental de Montbard, Michel Chalumeau, vice-président de la Fédération des chasseurs et Éric Niquet, capitaine de gendarmerie de Montbard.
Une première journée perturbée par une pluie battante n’a pas découragé le public et surtout les amateurs de sonneries qui ont assisté, la nuit tombée, à un concert de trompes, bien emmitouflés dans leur pull over en ce soir de 15 août.
Dimanche fut plus clément et a débuté par une messe de Saint Hubert en plein air, rassemblant près de 150 fidèles et nombre de chiens venus avec leurs maîtres pour la traditionnelle bénédiction des meutes. Bénédiction peu conventionnelle et fort appréciée par l’assemblée qui fut donnée par le Père Albert Zoungrana, circulant entre croyants en prière et chiens sagement assis, allant vers l’autre au lieu de réunir tous les animaux devant l’autel improvisé bousculé par le vent.
L’office fut traditionnellement sonné par une compagnie de 8 trompes, celle-ci ayant la particularité d'accueillir de 4 jeunes sonneurs de 10 à 13 ans. Maelle a, quant à elle, distribué la traditionnelle brioche coupée.
La légende de Saint Hubert ...
On le dit apparenté à Charles Martel.
Il est vrai qu'on le trouve à la cour de Pépin d'Hérstal, maire du Palais. Il épouse Floribanne, la fille du roi Dagobert, et les chroniqueurs nous disent qu'il était connu par "les folles joies de sa vie mondaine" peu édifiante, jusqu'au jour où la grâce de Dieu et les conseils de Saint Lambert, évêque de Maestricht, l'entraînèrent vers la sainteté.
La tradition légendaire raconte cette belle histoire du cerf qu'il vit durant une chasse, un jour de Vendredi-saint, et qui lui apparut avec une croix entre ses bois « Chasser un jour pareil ? Pourquoi ne vas-tu pas prier ? »
Dès le XIe siècle, Saint Hubert devint le patron des chasseurs. On le fête le 3 novembre.
Ce qui est historique ...
En 688, il abandonne le duché d'Aquitaine à son frère pour se consacrer totalement à Dieu. Après une vie monastique exemplaire, il est élu évêque de Liège-Maestricht et Tongres, puisque saint Lambert venait d'être martyrisé. Saint Hubert fut un grand évêque, proche de ses fidèles qu'il rejoignait là où ils vivaient, dans les clairières, sur les rivières, dans les villages.
Attentif à toute misère, il aidait les malheureux et les prisonniers. Il mourut des suites d'une blessure occasionnée par un ouvrier maladroit qui lui écrasa la main gauche.
La journée fut riche d’animations…
Une trentaine d’exposants ont proposé, sur les 3 hectares de manifestation, des stands variés présentant des produits phytosanitaires ou d’aromathérapie, des équipements destinés aux chasseurs ou cavaliers. La Fédération des gardes forestiers, les lieutenants de louveterie (nommés par le préfet de région), les tireurs à l’arc ont pu expliquer leur rôle et leur démarche.
Le public très nombreux a pu assister à des démonstrations de chien d’arrêt, d’agility et bien sur de grande vénerie avec l’équipage du Vieux Chêne ( 40 boutons, gilets et épingles et 90 tricolores poitevins) sous la houlette du maître d’équipage Gilles Couvent, qui est également champion international de sonnerie à cheval.
En tout, 46 meutes de chiens de toutes races ont assuré le spectacle sur le ring central. Mais comme l’explique Laetitia Frayssi, le but est non seulement de faire connaître les chiens courant la nature mais aussi de se rapprocher du monde agricole.
De nombreux agriculteurs avaient amené, tant bien que mal, des tracteurs d’un autre âge, à la mécanique implacable qui tourne et ronfle ... comme un sonneur !
Démonstration de tamisage de la farine, de maréchalerie, de corderie et des balades en voiture à cheval ont agrémenté l’après midi. Bien sur, c’est l’énorme batteuse qu’animaient de nombreux bénévoles (anciens de la Ferme du Hameau) qui fit fureur. Nicolas Vatan explique « combien le rôle de ses engins étaient facteurs de lien entre les agriculteurs qui s’entraidaient tant pour amener les gerbes que pour alimenter et faire tourner la machine. Une époque à laquelle l’individualisme forcené n’avait pas sa place et où la solidarité autour du battage était l’occasion de se retrouver et de compter sur ses voisins ».
Pour approcher le monde agricole, l’AFACCC avait convié pour le grand bonheur des passionnés et des autres les Traits de l’Auxois. Les jumenteries de Bernard Poncet à Saffres et de Monsieur Dupasquier à Posanges présentaient 60 chevaux, 30 juments et leurs poulains de l’année encore tout décoiffés.
Un concours modèles et allures ponctuait l’après midi en bel apparat de crinières et croupes tressées de paille fraiche pour les chevaux et en tenue traditionnelle blanche et cravate rouge pour les trois générations d’éleveurs présentes.
Pour en revenir au chien courant Laetitia raconte l’histoire « des chasseurs sans fusils » ou « chasseurs au bâton », démarche qui fait toujours de nouveaux adeptes, centrée sur le travail du chien et l’amélioration de la meute.
« Notre mode de chasse a subi ces dernières années une très forte évolution. Beaucoup ont pris conscience des immenses possibilités qu’offre la chasse aux chiens courants et du plaisir procuré par le travail d’une meute, sans que le prélèvement de l’animal poursuivi constitue une nécessité. Au contact d’autres passionnés, divers styles sont apparus et le fait de voir chasser d’autres meutes, de partager avec d’autres conducteurs nous a fait tous progresser. »
Cette recherche de la belle chasse au détriment de la chasse productive, a favorisé l’accroissement de la technicité des conducteurs, avec le souci permanent d’apporter sa contribution au bon déroulement de l’acte de chasse.
Appuyer, laisser faire, être au contact ou pas, de nombreuses questions subsistent encore, preuve du désir d’avancer encore. Cette observation, la plus pointue possible va obliger chaque propriétaire à se plonger un peu plus dans la génétique ou tout au moins à réfléchir précisément à ses objectifs de sélection, aux améliorations prioritaires à apporter à sa lignée et aux alliances à effectuer.
« Veut-on un chien froid, un rapprocheur, un chien de chemin, bref la saillie sera plus orientée vers la recherche du style de chasse à améliorer et des musiciens manquants à l’orchestre pour que la partition proposée par la meute soit la plus harmonieuse possible. »
La chasse aux chiens courants est devenue plus sportive et pratiquée par un grand nombre de jeunes et de femmes. L’entretien des chiens ne s’arrêtent pas à la fin de la saison.
Les naissances, l’éducation et l’entrainement sont les étapes essentielles pour la bonne tenue de la meute tout au long de l’intersaison.
« Notre chasse devient un art de vivre, une philosophie qui fait de plus en plus d’adeptes avec des chasseurs de plus en plus intégrés dans la vie locale. »
Qu’est-ce que la FACCC ?
Le mouvement « AFACCC » est né en 1989 à l’initiative de Marcel Voillot et d’une poignée de propriétaires de chiens courants, en réponse aux intolérances témoignées par d'autres chasseurs à l’égard de la chasse aux chiens courants
70 AFACCC départementales ou bi-départementales regroupent maintenant plus de 12 000 adhérents sur la quasi-totalité de l’Hexagone. Elles ont choisi depuis 1996, sous l’impulsion de Patrick Molina, de se doter d’une Fédération, la FACCC. Cette dernière occupe maintenant une place de premier plan dans le paysage cynégétique et cynophile français.
Statutairement chaque AFACCC départementale ou bi-départementale poursuit les objectifs suivants :
- promouvoir et défendre de la pratique traditionnelle de la Chasse aux Chiens Courants.
- représenter de façon permanente ses adhérents et les chasseurs aux chiens courants du département auprès des pouvoirs public et des institutions cynégétiques locales (FDC, DDT / DDTM, CDCFS, ONCFS, ONF, DDCSPP,…).
- mettre en œuvre de la stratégie nationale définie par la FACCC et la déclinaison des actions correspondantes.
- protéger les chiens courants ou chassant comme tel ou leurs utilisateurs
Par ailleurs, elles fédèrent leurs adhérents autour d’une éthique illustrée par la devise du mouvement « Aimer la chasse pour le chien » et en conformité avec la charte nationale. Elles permettent aussi une meilleure connaissance et une meilleure prise en compte de la réglementation cynégétique relative à l’utilisation des chiens courants, en diffusant à leurs membres des supports didactiques et pédagogiques.
AFFACCC de Côte d'Or
Monsieur LEPINE Didier
Téléphone : 03.80.89.07.33
Mobile : 06.85.77.07.53
Email : lepine.didier@orange.fr
Crédit photos Marie Quiquemelle
m.quiquemelle@echodescommunes.com