Si l’habit ne fait pas le moine, le bleu ne fait pas le gendarme.
Derrière ces apparences, liées aux fonctions, existent d’abord, et surtout, des femmes et des hommes avec leurs engagements et leurs histoires personnelles. Leurs parcours. Leurs passions.
L’écho des Communes vous propose les portraits de deux femmes gendarmes. Portraits qui seront complétés, prochainement, par celui de deux hommes. Parité ! Ceux qui nous protègent et, si nécessaire, nous contrôlent sont aussi des femmes et des hommes qui vivent comme nous tous. Vraisemblablement avec plus de contraintes mais avec le même appétit. Et les mêmes soucis.
Des JO MILITAIRES à RIO en 2011 à la brigade de gendarmerie de Nolay en 2015 !
Parcours d’Ingrid PINTO dans une Brigade de Gendarmerie qui compte aujourd’hui 3 femmes sur 9 gendarmes… Parité oblige ? Pas seulement… car l’engagement est total. Femmes ou Hommes ? Non… d’abord GENDARMES !
Accro au foot dès ses dix ans avec son frère et son père. Originaire de Saône et Loire, Ingrid intègre en Division 2 le Club de Blanzy, en National. Milieu défensif, elle rencontre même l’OM !!! Même pas peur…
Puis elle intègre l’équipe nationale militaire avec laquelle elle finira … 4° (un peu frustrant pour le podium !) aux Jeux Olympiques militaires de Rio en 2011. Mais tout cela « n’est que du foot » même si elle joue toujours aujourd’hui, au Club de Blanzy, en Division d’Honneur.
Car Ingrid PINTO sait ce qu’elle veut. Elle veut, depuis toujours, « être gendarme » ! L’action, le statut militaire, la discipline… Et elle assume même si ses amis la charrient un peu. « Gendarme, c’est un vrai métier ». Silence. Rompez !
Après son bac en 2009 elle intègre l’Ecole de Gendarmerie de Chaumont en qualité de gendarme adjoint volontaire. Puis passe le concours de sous-officier de gendarmerie en octobre 2012. Reçue ! Elle assume sa première affectation à Gevrey-Chambertin. De bons crus mais aussi … de bonnes recrues … Aujourd’hui affectée à Nolay elle a abandonné l’objectif de Séoul en équipe militaire de foot pour se consacrer à son « boulot ». Blanzy remplacera Séoul…
Ce qu’elle aime : « je fais le métier dont je rêvais, je suis sur le terrain, le contact avec la population est agréable car nous rassurons, on nous fait confiance. Mais nous faisons aussi respecter la Loi. Aucune journée ne se ressemble : enquête judiciaire, police de la route, interventions diverses. La plus difficile pour moi fut de constater un suicide. Car, là aussi, nous intervenons. Mais par ailleurs il y a une superbe entente et un bon soutien entre collègues et cela donne envie de travailler. Et je suis aussi sensible à la reconnaissance que les personnes nous témoignent. »
Alors j’ose … comment êtes-vous perçue lors des contrôles routiers ? «Comme les hommes ». Pas la peine d’insister… soyez juste en règle lors d’un éventuel contrôle et tout ira bien !
Alors ? Règlement toujours ? «J’ai 25 ans… une famille, des amis… normale quoi ! Et je sais aussi faire la fête et j’ai également des projets d’avenir … personnels».
Pour finir… les avantages et les inconvénients de votre métier ?
« Il faut avoir envie d’être disponible, très disponible ! On vit en caserne, avec un règlement. Mais cela me convient. De plus on peut, sur concours, vraiment évoluer. Aujourd’hui on peut intégrer une gendarmerie mobile, on peut se diriger vers une section de recherches… Il faut bosser ! ».
Incontestablement motivée et donnant, encore une fois, un bel exemple d’engagement au service de la collectivité et de l’application de ses Lois. Au service et la protection de la population.
Lieutenant Isabelle MANCEAU, 26 ans. Commandant de communauté de brigades au sein de la Compagnie de Beaune.
Seule femme Lieutenant de Gendarmerie, à ce jour, en Côte d’Or. L’effectif dont elle a la charge est de 18 gendarmes dont six femmes. « Les gendarmes font tous le même boulot qu’ils soient hommes ou femmes et à salaire égal dans le même grade. Un super exemple de parité, non ? » (Lieutenant- Colonel CORTOT).
Lors de cet entretien en août, Isabelle MANCEAU assume, pendant son absence, les responsabilités de son Chef d’escadron Didier DRAULT. Soit, tout de même, près de 90 gendarmes ! En toute confiance et toujours à 26 ans !
Annecy il y a quelques années. Deux sœurs, un frère. Passe son bac à 18 ans avec, elle aussi le rêve d’être gendarme ! A cet âge, pour approcher son rêve, elle est déjà réserviste en Haute Savoie.
Tout s’enchaîne avec une volonté farouche mais toujours souriante.
2007 entre en fac de droit à Lyon, puis en 2009 passe une année à Londres en criminologie et obtient sa Licence de Droit. 2010, Master 1 de Relations Internationales Sécurité Défense, 2012, Master 2 Droit et Stratégie de la Sécurité (dans le cadre d’un partenariat entre Assas et la gendarmerie nationale). Reçue partout y compris – c’était son rêve – au Concours d’Officiers de la Gendarmerie.
Au cours de son parcours universitaire, un stage de six mois à Interpol, parle couramment anglais et allemand. Au cours de ses deux années à l’Ecole d’Officiers de la Gendarmerie Nationale, passe un brevet de parachutisme et défile le 14 juillet 2012 sur les Champs Elysées. Avec gravé sur son sabre « vivre c’est faire de son rêve un souvenir ». Son rêve étant réalisé … revendique maintenant, non plus des rêves, mais des objectifs. Très cartésienne !
« Vous savez mes motivations sont les mêmes que le Gendarme Pinto. Notre métier est utile, tourné vers les autres, être au contact de la population, assurer sa sécurité et faire respecter la Loi. D’ailleurs, tous mes amis universitaires ont le même cheminement que moi. Servir ! Gendarmes, militaires, infirmiers… ».
D’un naturel enjoué, toujours souriante et incontestablement modeste. De l’humour et une pincée d’ironie sympathique. Sachant toujours répondre aux exigences de la permanence, de la disponibilité et de la compétence indispensables à ses responsabilités.
Alors, une femme qui commande à 26 ans ?
« Commander c’est toujours difficile pour tout le monde, hommes ou femmes. Il faut de l’intelligence sociale et humaine. De la compétence sans prétendre tout savoir et tenir compte de l’expérience et des compétences de ceux que l’on dirige. Ceci dit, je ne suis pas la première femme arrivée en Gendarmerie, d’autres que moi ont ouvert les portes, et les mentalités ont maintenant totalement évolué. Les femmes ont leur propre sensibilité mais le Chef c’est le Chef. Et cela ne pose strictement aucun problème ».
Journées chargées et attention soutenue : démarre sur les interventions de la nuit précédente et la préparation des feuilles de service journalier. Puis faire le point sur les procédures des gendarmes avant de les transmettre, après éventuelles corrections, au Parquet. Et bien sûr gérer les interventions en cours (accidents de la route, recherche des personnes ayant commis des dégradations et/ou des vols …). Un vrai temps plein sachant qu’aucune journée ne se ressemble et que cela nécessite une vraie capacité d’adaptabilité. « Ce qui est passionnant dans ce métier. Nous sommes tous les jours confrontés à une nouvelle journée dont nous ne connaissons pas le déroulement ». Disponible autant que l’exige le service !Pour vivre son rêve devenu sa réalité !
Les Officiers changent d’affectation tous les 4 ans. Alors un souhait pour 2017 ?
« Interpol, Europol mais en tout état de cause nous sommes militaires. Et disciplinés ».
Empathique, souriante, décidée. Impressionnante et 100% professionnelle !
Mais sait aussi – aime – s’évader. A l’occasion de voyages. Pratique la course à pied, a une prédilection pour Sylvain Tesson et son livre « s’abandonner à vivre », pour le reggae mais aussi pour Mozart ! « Mes plaisirs sont assez simples et je n’ai pas besoin de sauter en parachute pour me sentir vivante ». Etonnante…
Une vie normale mais pas vraiment banale. Un bel exemple. Une nouvelle rencontre de qualité.
Je termine en me permettant de dire au Lieutenant « vous pourriez être ma fille mais vous pourriez tout aussi bien m’arrêter ». Réponse nette et sans bavure « oui comme pourrait le faire le gendarme PINTO ». Au moins je suis prévenu !!!
Xavier MULLER
Correspondant Echo des Communes Pays Beaunois
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