19 juillet 2023
Le président de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP) avait réuni la presse pour un état des lieux de la filière. En préambule, Vincent Martin a rappelé l'interdépendance des élus et des entreprises de TP.
Si les collectivités représentent 70% de l’investissement public et la moitié de l’investissement total dans les infrastructures, les entreprises de TP leur apportent conseil et savoir faire pour leurs projets, implantées localement, elles génèrent ou maintiennent des emplois locaux, non-délocalisables, entraînant des effets multiplicateurs pour l'activité des territoires.
A mi mandat, il est temps d'investir !
En première ligne pour défendre les intérêts de son secteur, le président de la FRTP s'inquiète de la baisse des projets d'investissement du bloc communal qui ne manque cependant pas d'aides selon Vincent Martin avec la DETR, la DSIL et le Fonds Vert pour la réalisation de projets. Aides auxquelles s'ajoujent celles des Départements et de la Région BFC.
Ensuite, il a dénoncé la complexité des procédures publiques alors que 70% des carnets de commande des entreprises des travaux publics dépendent justement de la commande des collectivités. Soulignant « un empilement de strates » administratives qui sont par exemple un véritable parcours du combattant lorsqu’il s’agit du secteur spécifique de la détection de fuites d’eau et de réparation des réseaux – un enjeu majeur pour les années qui viennent -, Vincent Martin plaide pour une simplification et un pouvoir décisionnel rendu aux maires, en première ligne, eux, pour défendre leurs budgets. S’il reconnaît que le Fonds vert mis en place par l’État a permis de valoriser les travaux – les subventions permettant d’envisager des chantiers de plus grande ampleur de la part des collectivités -, Vincent Martin a néanmoins regretté que les milieux ruraux soient « à la peine ». Et l’on est en droit de s’interroger sur l’ampleur de la volonté de certains maires… mais ceci est un autre débat. Le président de la FRTP a également dénoncé le manque de « visibilité sur les budgets abondés par l’État », qui là non plus, n’aident pas les collectivités à être ambitieuses dans leurs projets de travaux.
Soutien indéfectible du Conseil départemental
En revanche, Vincent Martin se montre nettement plus avenant envers le conseil départemental et son président François Sauvadet qui a, rappelons-le, mis en place un « plan Marshall » pour les communes qui depuis le 1er novembre 2022 et jusqu’en 2027 mobilisera 150 millions d’euros. « C’est un soutien fondamental, a souligné Vincent Martin, car c’est un coefficient multiplicateur de 4 à 5. 100 euros investis par le département, c’est au final 400 à 500 euros d’investissement communal. »
L’apport d’Ecorse TP
Autre obstacle, la loi ZAN « Zéro artificialisation nette », qui, même assouplie par les apports du Sénat, va empêcher certains projets de développement. « Et je ne suis pas certain, a ajouté Vincent Martin, que la densification a forcément rendu service aux collectivités locales. » Pour autant, le président de la FRTP voit dans ces lois écologiques, l’opportunité de développement de nouveaux métiers et nouveaux modes de conduite des chantiers : la vision plus responsable de la filière TP est d’ailleurs à l’œuvre depuis 10 ans au travers d’Ecorse TP. Cette association, fierté régionale, s’est attachée à « développer nombre d’actions visant à faciliter les innovations et les bonnes pratiques environnementales, rendre concrets les enjeux du développement durable dans les travaux publics et développer la compétitivité des entreprises », dixit son site internet. Une mission vertueuse qui culmine d’ailleurs par la labellisation « Pôle de compétitivité » annoncée lundi 27 mars 2023 par Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie de France, à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’Association Française des Pôles de Compétitivité pour Infr@2050. Ce pôle de compétitivité dédié aux travaux publics et aux infrastructures est en effet porté par Ecorse TP aux côtés du cluster Indura (Auvergne-Rhône-Alpes) et l’Irex (institut pour la Recherche Appliquée et l’expérimentation en Génie-Civil). Infr@2050 est soutenu par Syntec-Ingénierie et la FNTP. Les années à venir, souligne Vincent Martin, montreront la compétence des TP dans les domaines du réemploi de matériaux, des nouvelles techniques, des matériaux innovants… De quoi aussi soulever de nouvelles vocations dans un secteur toujours en panne d’attractivité auprès des jeunes, malgré des salaires attractifs, une promesse à coup sûr d’ascenseur social pour qui a envie de s’impliquer. Une commission « promotion des métiers », mise en place par la FRTP, s’efforce d’ailleurs d’y travailler pour convaincre jeunes et parents que la filière est une promesse d’avenir. « La vie quotidienne se fait grâce aux TP », conclut Vincent Martin.
Antoine Gavory