Ancien militaire en aéronautique, Olivier Thoinnet s'est reconverti et a créé début 2023 Altidrone 21 pour offrir ses services de télépilote et mettre l'innovation technique au profit, entre autres, des collectivités. Pour nettoyer et entretenir des bâtiments communaux (logements communaux, écoles, façades, etc.) et du patrimoine (églises, monuments aux morts…), l'utilisation d'un drone est une solution supplémentaire au travail réalisé par des couvreurs et présente de nombreux avantages.

Sécurité, efficacité et réduction des coûts

"L'usage d'un drone est particulièrement adapté aux bâtiments hauts, aux toitures pentues, fragiles, voire classés", explique Olivier. Les risques matériels et humains sont réduits : personne ne grimpe sur le toit, le drone est piloté depuis le sol et pulvérise le produit fongicide grâce aux buses dont il est équipé. Pas d'échafaudage ni de nacelle requis : l'intervention est réalisée rapidement et n'est pas invasive, "on a rarement besoin de bloquer une rue pour manipuler le drone".

Le nettoyage par drone est aussi très efficace à long terme. Dans le cas d'un démoussage, le produit projeté sur la surface va sécher et se réactiver au contact de l'humidité, et ce pendant les trois prochaines années. Au bout d'un an, un second produit hydrofuge est appliqué, évitant que la mousse ne se réinstalle trop rapidement. "Contrairement à l'utilisation d'un outil type Kärcher, on n'a pas d'effet "waouh" avec le drone. Mais l'action lente du produit permet de respecter les matériaux (pas d'augmentation de la porosité), l'environnement proche et de prévenir la formation de nouvelles mousses", assure Olivier. On entre alors au fur et à mesure dans une démarche préventive plus que curative et donc moins coûteuse.

Analyse du terrain et respect des réglementations

Si l'utilisation d'un drone présente des avantages certains, elle n'est pas toujours nécessaire ni appropriée. C'est pourquoi Olivier Thoinnet analyse le terrain avant chaque intervention : "j'étudie la zone pour repérer s'il y a des arbres, des câbles, pour analyser dans quel état sont les surfaces et si les zones de mise en œuvre sont adaptées". Dans certaines situations, le traitement de surface au sol avec des perches suffit. À ce travail d'analyse s'ajoute l'anticipation : pour utiliser un drone, des autorisations formulées à la préfecture une semaine en amont sont requises et la météo doit respecter certaines conditions pour le bon déroulement de l'intervention. "On a besoin d'une température comprise entre 5 et 30 degrés, de beau temps et surtout pas de vent pour pulvériser le produit. Il faut ensuite observer une période de 24 à 48 heures pour qu'il puisse prendre et sécher", explique Olivier. La manœuvre étant rigoureuse, l'entrepreneur souhaite créer du lien avec les élus du territoire et instaurer une relation de confiance et de proximité.

Des intérêts pour l'agriculture

À partir de l'année prochaine, Olivier Thoinnet souhaite collaborer avec les agriculteurs pour lutter écologiquement contre les nuisibles qui sévissent dans certaines cultures. "Je peux équiper mon drone d'un outil permettant l'épandage de larves de trichogrammes qui parasitent et détruisent les œufs de pyrales du maïs". Un avantage biologique, non toxique et économe en énergie humaine : le traitement doit se faire au moment où les maïs sont hauts, l'usage de tracteurs n'est pas envisageable et le traitement se fait actuellement à la main !

L’utilisation des drones pour entretenir les territoires n’en est finalement qu'à ses débuts et « on peut imaginer plein d’applications futures possibles » conclut et s'enthousiasme Olivier.

Déborah Vital