07 mars 2025
La chambre d’agriculture de Côte-d’Or a un nouveau président depuis quelques semaines. Jacques de Loisy s’engage pour une agriculture qui prenne en compte aussi bien la rentabilité des activités que les enjeux de société, l’eau en particulier, pour laquelle ils imaginent des étangs dans les villages.
« Des agricultures rentables et des installations durables », tel était le slogan de Jacques de Loisy désormais président de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Également président de la représentation départementale de la FNSEA, il estime que la filière est à un tournant. « Au regard du climat et du contexte géopolitique, nous devons conserver notre métier premier de production alimentaire mais on doit voir évoluer les pratiques et les cultures pour les adapter. » Le représentant de la filière agricole locale mise notamment sur l’innovation et la recherche pour faire émerger des variétés moins sujettes au climat ou aux ravages des insectes.
Au registre de la transition climatique, Jacques de Loisy rappelle que la Côte-d’Or se situe dans une zone intermédiaire. « C’est un secteur économique plus compliqué car nous avons moins d’aides financières que d’autres régions, en montagne par exemple, mais aussi moins de rendement que des territoires comme la Beauce. On cherche donc des relais de croissance comme les énergies renouvelables. » Pour son exploitation de 290 hectares située à Hauteville-lès-Dijon, il fait lui-même le choix d’un méthaniseur en association avec cinq autres agriculteurs. « Il faut que les exploitations stabilisent leurs revenus » insiste-t-il alors qu’il s’insurge contre le projet de décret du ministre délégué à l’industrie et l’énergie de freiner l’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments agricoles.
Une gestion à revoir
Il regrette aussi que le rôle des agriculteurs sur le territoire ne soit pas mieux pris en compte dans le cadre de l’aménagement et des transitions. « Sur le canton de Vitteaux, on a freiné le nettoyage des fossés réalisé par les agriculteurs ce qui a eu pour effet d’accentuer les dégâts suite aux inondations. » Jacques de Loisy insiste sur l’impact des agriculteurs sur leur commune. « Ils sont souvent le dernier rempart à la désertification. Ils produisent de la matière et de la richesse donc des emplois tant sur leur exploitation qu’en amont ou en aval. »
Le syndicaliste, désormais président de la chambre d’agriculture départementale, regrette aussi les problèmes associés à la gestion des fonds européens par la Région. « Il reste 65 millions d’euros en instance de traitement soit environ 2 000 dossiers qui doivent être traités avant le 30 juin 2025. Nous sommes la seule région de France pour laquelle deux ministres ont dû intervenir pour reprendre les dossiers. » Pour Jacques de Loisy, cette gestion met en péril l’installation des jeunes agriculteurs tout autant que la modernisation des exploitations. « Pourtant, ces investissements ruisselleraient localement, notamment auprès des entreprises des TP qui en ont sans doute bien besoin. » Ils permettraient par ailleurs de « produire plus et mieux. Il faut plus de marges de manœuvre sur les productions » et de rappeler que « les agriculteurs sont des chefs d’entreprise qui doivent avoir un revenu décent. »
Désormais à la tête de la chambre d’agriculture, il souhaite également inscrire la gestion de l’eau parmi ses préoccupations. « Quand il y en a trop, il faudrait l’évacuer et la conserver dans des étangs en sortie de village. Une petite retenue d’un à trois hectares » explique-t-il. L’eau ainsi stockée pourrait alors avoir plusieurs utilités. En plus de participer de la biodiversité locale, elle pourrait en partie ruisseler mais aussi servir à la défense incendie et à l’agriculture. Il a ainsi instauré une nouvelle commission au sein de la chambre, dédiée à la transition climatique et énergétique. Une première.
Nadège Hubert