17 juillet 2025
La FFB, fédération française du bâtiment de Côte-d’Or, compte des adhérents sur l’ensemble du département. Autant d’acteurs susceptibles de répondre aux besoins des communes avec réactivité mais pourtant souvent ignorés.
« Plus de 90 % des communes de Côte-d’Or ont une entreprise du bâtiment sur leur territoire », rappelle Emmanuel Chevasson, président de la FFB de Côte-d'Or. Électricien, plombier, plaquiste, peintre… Ces entreprises créent des emplois non délocalisables, de proximité, tandis qu’elles peuvent intervenir sur un territoire qui dépasse leur commune. « Un artisan peut s’installer dans un village et rayonner. Il y a une imbrication forte entre les entreprises du bâtiment et le territoire. » Pourtant, Emmanuel Chevasson regrette que de nombreux maires ne connaissent que les métiers disponibles sur leur commune mais pas forcément ceux qui se trouvent juste à côté. Pour faciliter cette connaissance, la FFB édite un annuaire répertoriant toutes les activités présentes partout en Côte-d’Or à travers ses 300 adhérents.
Moins chère, mais plus loin
Selon la taille du chantier, la FFB encourage les élus locaux à privilégier le local tant dans l’intérêt économique du territoire que pour réduire l’empreinte carbone du projet. Une entreprise locale est aussi un gage de réactivité quand un souci se présente, comme une fuite par exemple. « Au prétexte de l’interprétation d’un appel d’offres, les élus privilégient le prix. Même si la démarche est logique puisqu’il s’agit d’argent public, il faut apprécier le choix de l’entreprise dans sa globalité. » Emmanuel Chevasson fait allusion à une forme d’intelligence économique que tous les élus ne maîtrisent pas et qui devrait les encourager à solliciter des services susceptibles de les aider. « La FFB peut guider les élus qui s’interrogent sur l’acte d’achat. La rationalité est essentielle dans leur démarche mais il faut regarder à ce que ce soit juste en voyant plus loin. » Les chantiers et les achats qui en découlent pèsent sur l’économie locale, de façon positive s’ils sont confiés à des entreprises du territoire, ou négative. « À force de solliciter des entreprises éloignées, une commune pourrait voir une entreprise locale être amenée à licencier ou même à fermer. Si la contrainte budgétaire se comprend, il faut voir les détails, qui assurera le suivi, en proximité. Solliciter une entreprise du territoire s’inscrit dans un cercle vertueux. Nous pouvons aider les élus à envisager les solutions de proximité pour qu’ils fassent un choix éclairé. » La FFB rappelle par ailleurs que de nombreux élus savent faire preuve du « bon sens paysan » quand on leur explique, car ils ne mesurent pas toujours les situations.
Voir au-delà des élections
Un bon sens que la FFB met aussi en avant à l’approche des élections municipales dans une période qui malmène les acteurs du bâtiment, notamment avec la révision de MaPrimeRénov’ ou la crise de l’immobilier. « Il ne faut rien freiner à cause des élections. La courte vue électoraliste aurait un impact négatif. Dans une période difficile, nos entreprises ont besoin que les élus locaux prennent de la hauteur et évitent le gel des projets puis l’audit, des situations qui feraient perdre deux ans. »
Emmanuel Chevasson met aussi en avant la responsabilité des collectivités sur la bonne santé économique des entreprises. « Les délais de paiement des marchés publics obligent à arbitrer. Avoir plus de 30 % de marchés publics dans son chiffre d’affaires présente un risque certain. » La conséquence de ces retards de paiement se traduit par des lots infructueux quand certaines collectivités engagent des projets. « La FFB peut alors se faire le haut-parleur des collectivités qui ne trouvent pas d’intervenant. » La fédération propose d’ailleurs son regard pour guider dans la rédaction des appels d’offres. « Nous ne faisons pas à leur place mais apportons un avis, des conseils et des modes de lecture. » Si un marché public ne peut pas limiter géographiquement les entreprises qui répondent, une forme de rédaction permet de privilégier le local. « En mettant un délai d’intervention réduit en cas de problème, on facilite par exemple le positionnement des entreprises du territoire. » La FFB traduit aussi en chiffres l'impact du choix d’un acteur local : un logement construit contribue à créer ou maintenir 2,5 emplois et un emploi dans le bâtiment implique deux emplois dans les activités connexes, que ce soit dans le financement, l’assurance, la fourniture de matériaux ou encore la restauration. « C’est une boucle vertueuse. Nous avons une passion commune avec les élus locaux : faire vivre le territoire. »
Nadège Hubert
