Microcrédits au menu...

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A Aisey-sur-Seine, des habitants planchent sur une soirée mêlant convivialité et développement local. Le principe, venu de Detroit aux États-Unis, est simple : au cours d’un repas au ticket d’entrée modique, des porteurs exposent aux convives leur projet local d’intérêt général. Après délibérations et votes, le lauréat repart avec la recette constituée par les entrées.
Par Maurice Fergusson - Photo : D. R .

C’est une idée née il y a trois ans dans les quartiers latinos de Detroit, ville industrielle du Nord des États-Unis sinistrée économiquement (elle vient de se déclarer en faillite) : autour d’un repas, de simples citoyens viennent exposer un projet qui leur tient à coeur aux convives. Exercice délicat : convaincre un public attentif qui a envie de s’impliquer pour la communauté mais exigeant sur la qualité des projets présentés. A la clé, un microcrédit constitué par la recette des droits d’entrée à la soirée. Convivialité, débats, citoyenneté, nouvelle approche du développement local... Thierry Rouyer, habitant du village depuis dix ans et conseiller municipal à Aisey-sur-Seine croit à la greffe du concept américain dans son village du Châtillonnais et espère « recréer une forme d’agora qui n’existe plus. »
Début octobre, salle Garnier, aura lieu la première soirée Initiative citoyenne made in Côte-d’Or. Au menu : omelette géante ou formule auberge espagnole où l’on dînera de ce que chacun apportera, mais surtout présentation des projets d’initiative locale. Restauration ou sauvegarde du petit patrimoine bâti, services à la personne, projets d’intérêt communautaire... Tout ceci émanant d’habitants du village ou de sa proximité.Toutes les idées ou presque sont admises. « Les projets seront transmis au préalable pour valider leur conformité à un cahier des charges avant leur présentation », précise néanmoins Thierry Rouyer. Une présentation d’ailleurs qui sera réduite au minimum : pas de powerpoint, « des mots de tous les jours, pas de mots de consultants ».

 

Un effet papillon ?


L’essentiel est de susciter des débats et des échanges et de générer des projets de terrain, « avec un caractère concret, immédiat, sans idéologie ». La recette des entrées, connue avant la présentation des projets, est l’enjeu du vote qui départagera les projets soumis au public. Au dessert, le lauréat empoche la somme et est redevable devant la communauté de la mise en oeuvre de ce qu’il a présenté. Certes on pourra élever bien des objections désabusées à cette initiative. A commencer par la démographie d’Aisey-sur-Seine (224 habitants), la désaffection d’un public rural qui boude déjà les manifestations festives classiques type 14-Juillet ou encore la méfiance envers une idée assez inédite… mais aussi le fait que ce type de projet pourrait se substituer aux fonctions naturelles d’un conseil municipal. Pourtant Thierry Rouyer y croit fermement. « C’est certes un pari, mais qui de toute façon sera positif. J’aimerais qu’il vienne générer la bonne idée, à Aisey-sur-Seine bien sûr, mais pourquoi pas ailleurs…un effet papillon qui serait né ici. » Premier défi : trouver des bonnes volontés pour rejoindre Thierry et les quelques habitants qu’il a déjà réussi à convaincre afin de réussir ce pari. De Detroit à Aisey-sur-Seine, un sacré effet papillon !

 

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* Thierry Rouyer répond à vos mails : rouyer.thierry@hotmail.fr
A lire aussi, le site (américain) qui présente le projet né à Detroit :
http://detroitsoup.com