A Montbard, un lieu commun pas ordinaire.

A Montbard, un lieu commun pas ordinaire.

Dans la cité de Buffon, au 27 de la rue Anatole-Hugot, La Ménagerie du 27 (ou M 27) a pris ses quartiers depuis peu. Dans ce drôle de bestiaire, on trouve pêle-mêle des créatifs installés à Montbard, une libraire, une retraitée, des habitants du quartier et d’ailleurs… tous unis pour inventer et faire vivre un lieu d’expérimentation en tout genre. Ici, les maîtres mots sont partage, générosité, émulation. Amateur ou professionnel, chacun s’enrichit du parcours de l’autre. Parce que « tout seul, on va vite, mais ensemble, on va loin ».


Par Maurice Fergusson
En partenariat avec L’Echo des Communes

 



 

A partir du logotype M 27 imaginé par le graphiste Franck Dujoux, des membres du collectif ont créé ces supports de communication : (1) Véronique Goulet (libraire) ; (2) Corrine Chalmeau (créatrice textile) ; (3) Laurindo Féliciano (illustrateur) ; (4) Linet Andréa (artiste) ; (5) Prune Dujoux (écolière) ; (6) Sokina Guillemot (artiste).

Au départ, il y avait un projet dans l’air entre trois « créatifs » (appelons-les ainsi, même si c’est bobo et un peu vague) désireux de monter un espace de co-working, travail partagé en VF. Parce que le boulot à la maison, chacun dans son atelier, c’est bien mais un peu limité question lien social. Ensuite, il y a ce lieu, au 27 de la rue Hugot : un ancien cabinet de kiné, une façade magnifique gardée par deux angelots, une belle vitrine sur rue et une centaine de m² qui ne demandent qu’à vivre. « c’était un peu grand pour trois », résume le graphiste Thomas Vivant. Mais si emballant que l’idée naît vite d’inventer, ici, un lieu d’un genre nouveau où les bonnes volontés et le travail en commun habiteraient l’espace…

 


Tisser des liens

 


Quelques mois plus tard, le trio de départ est devenu une association, « La Ménagerie du 27 » (référence au naturaliste Buffon), avec CA – la majorité des membres a répondu présent le jour de notre entretien – et adhérents, dont une quarantaine de « membres engagés » qui soutiennent le projet pendant un an en versant une contribution fixe mensuelle, suivant ses envies et ses moyens : la part débute à 5 euros... L’idée est que l’association s’autofinance sur le plan du fonctionnement du lieu afin de garantir son indépendance et permettre à chaque membre d’être pleinement responsable de tout ce qu’il s’y accomplira.


Que trouvera-t-on au 27, rue Hugot ?

D’abord, une porte ouverte le plus souvent possible car le lieu se veut chaleureux, créateur de lien social, à mille lieux des incubateurs élitistes de jus de cerveau.


Ensuite, des professionnels qui, chacun dans leur domaine, peuvent apporter leur expertise sur un modèle économique participatif.


Exemple ?

Un producteur de miel souhaite renouveler son packaging (« l’emballage » de ses miels) et fait donc appel à La Ménagerie. Qui lui propose un projet, de contenant, d’étiquettes etc. en échange d’une rémunération adaptée. Pourquoi pas un dépôt-vente dudit miel dans les locaux de la Ménagerie avec un pourcentage sur les ventes reversé à l’association, ou carrément un don en nature (de miel, donc), que M27 vendra à son profit. Ainsi, sont mis en vitrine et le savoir-faire de l’apiculteur et celui du créateur de son contenant, bref, celui du Pays Auxois tout entier, ce qui, au passage, est l’un des objectifs de La Ménagerie.

D’autres projets vont voir le jour, comme une boutique où l’on trouvera notamment les créations réalisées in situ au sein d’ateliers où professionnels et amateurs créeront ensemble des produits estampillés M27 avec un credo : tout se partage, les savoir-faire et les tours de main... sans empiéter sur ce qui existe déjà. Ainsi, un atelier couture va voir le jour à la MJC de la ville ? Tant mieux !

Déjà, La Ménagerie a pris contact pour voir ensemble comment tisser des liens, puisque qu’à M27, un atelier autour de la création textile devrait démarrer… Véronique, fondatrice de la librairie A fleur de mots, rappelle en une formule le credo du projet : « Tout seul, on va vite, mais ensemble, on va loin. »


Les créatifs isolés dans leurs ateliers se réjouissent déjà de trouver, ici, les indispensables frottements aux travaux de leurs homologues pour enrichir leurs propres questionnements et expérimentations personnels, dans un esprit de partage et non par opportunisme. L’un d’eux, l’illustrateur Laurindo, insiste : M27 n’est pas là pour permettre à chacun de faire du business (les fondateurs de La Ménagerie sont déjà bien occupés…) mais bien pour retrouver une ouverture vers l’autre, une fraternité avec d’autres artistes, d’autres créateurs, ou des amateurs curieux, un passant attiré par l’énergie du lieu, des scolaires… renouer avec cet élan qui s’étiole lorsque l’on vit l’essentiel de son temps dans un atelier ou à travers un écran. Pas étonnant qu’Annie, retraitée, qui s’occupait auparavant des affaires sociales de la commune, ait souhaité rejoindre l’association : la création du lien social l’anime et elle se réjouit qu’ici, pas mal pensent comme elle. La preuve ? Pendant l’entretien, il y a eu l’apparition fugace de Nicole, toute contente qu’il se passe un truc vivant dans son quartier, venue donner son chèque de « membre engagé ». Au 27 de la rue Hugot, le bail est à peine signé mais quelque chose nous dit que ça va déménager ! â? 

 

* Plein d’infos sur la page facebook de M27 :
www.facebook.com/lamenageriedu27

 

 

 

Cette chronique est extraite du magazine mensuel 

Dijon-Beaune Mag