Être élu rural, entre atouts et difficultés

17 juin 2025

Vivre et être élu en ville ou à la campagne n’ont rien de comparable. Si les avantages ne sont pas les mêmes, le monde rural rencontre des problèmes qui lui sont propres comme l’éloignement des centres de décision ou le désert médical.

Avec 107 communes, la communauté de communes du Pays Châtillonnais se targue d’être la plus grosse EPCI de la région, mais avec 21 000 habitants seulement, cela ne pèse pas aussi lourd qu’espéré dans la balance. « Il vaut mieux avoir 20 communes denses comme la métropole de Dijon pour être écouté » estime Jérémie Brigand, président de la communauté de communes du Pays Châtillonnais. Pour l’élu, également maire de Massingy, 858 habitants, le faible nombre d’habitants combiné à l’éloignement par rapport au centre de décision complique la mission des élus ruraux. « Il faut se battre doublement pour avoir des résultats et être entendu de la haute fonction publique. » Une situation que Jérémie Brigand applique, par exemple, au maintien des classes dans les écoles ou encore à la présence de service public. « Parfois, la collectivité doit prendre le relais pour combler le manque de l’État. »

Ainsi, alors que l’État porte la responsabilité régalienne de la santé, le Pays Châtillonnais fait partie des déserts médicaux, obligeant la collectivité à prendre le relais pour garantir les services indispensables à ses habitants. « Je vais embaucher un médecin salarié avec un reste à charge de 40 000 euros par an pour le contribuable du Châtillonnais. En ville, les collectivités n’ont pas à payer pour avoir un médecin » insiste Jérémie Brigand. La communauté de communes engage par ailleurs un investissement d’un million d’euros pour se doter d’un centre de dialyse dont les travaux débuteront en fin d’année 2025. Les communes du territoire se situent jusqu’à 1h45 de route de Dijon, comme c’est le cas pour Grancey-sur-Ource, et à 1h00 de Troyes, autre ville d’importance à proximité ; obtenir certains soins relève alors du défi. « Nous accueillons une orthophoniste depuis un an grâce aux bourses que l’on donne aux étudiants. Là encore, en ville, la question ne se pose pas. »

D’autres déserts à surmonter

À côté, l’élu constate la fermeture de certaines filières scolaires en milieu rural, obligeant les jeunes à partir dans les villes voisines, mais éloignées. « Au fil des décennies, on assiste aussi à l’éloignement des services à la population. » Le président de la collectivité évoque notamment les impôts des particuliers, partis mais remplacés par des permanences, toutefois insuffisantes. « Elles sont saturées » regrette l’élu. Une série de situations qui pèse sur le quotidien des habitants.  « Le sentiment d’abandon ressenti reste une réalité que le monde parisien ne perçoit pas. On créé une France à deux vitesses où les emplois se concentrent aussi en ville » martèle Jérémie Brigand. Les projets structurants reçoivent toutefois le soutien financier des partenaires que ce soit le conseil départemental, le conseil régional ou encore l’Etat qui, ensemble, ont financé à 80 % l’espace économique et numérique du Pays Châtillonnais. « Nous avons attiré une entreprise dijonnaise qui y a installé son siège. Ça fait du flux et dynamise. »

Il fait bon vivre en campagne

Même si le monde rural cumule les difficultés, Jérémie Brigand rappelle les atouts des territoires comme le sien. Outre la qualité de vie ponctuée par l’absence de bouchons, de pollution, la présence de la nature et le calme ambiant, l’élu met en avant d’autres avantages. « Nous avons des exonérations fiscales pour les entreprises qui s’installent. » Pour encourager la création ou la reprise d’entreprises en zone France ruralités revitalisation – ZFRR, l’État applique en effet un régime d’exonération des bénéfices à condition que ce soit entre le 1?? juillet 2024 et le 31 décembre 2029.

« Nous avons aussi de l’immobilier à prix abordable qui permet d’investir pour se loger ou entreprendre. » Et contrairement à certaines idées reçues, Jérémie Brigand rappelle que le Châtillonnais propose également de nombreuses infrastructures de loisirs comme une piscine, un cinéma ou un théâtre et s’appuie sur une vie associative dynamique.

Un bon père de famille

Pour mener à bien ses projets et trouver des réponses pour que vivre en milieu rural reste attractif, Jérémie Brigand insiste sur l’importance d’avoir une capacité d’autofinancement. « Depuis que j’ai été élu, je n’ai pas lancé d’emprunt. Je ne dépense pas l’argent que je n’ai pas. » Chaque année, la communauté de communes du Pays Châtillonnais investit un million d’euros. En 2025, en plus du centre de dialyse, la collectivité prévoit d’installer trois aires pour camping-cars dans l’année à venir pour développer l’offre touristique.

S’il se félicite de gérer le denier public en bon père de famille, Jérémie Brigand craint toutefois que la situation financière de l’État et des collectivités dans leur ensemble n’impacte « nos petits territoires ruraux. »

Nadège Hubert

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