Au coeur des communes, la chronique qui t'emmène au-delà de la Lino, par Guy Pierre Surdon (alias GPS).

08 mars 2017

La Côte d’Or pour un Dijonnais, c’est ça : Dijon, sa ville d’amour, et pas grand-chose autour. Disons pour la faire courte que la station de tram Valmy reste l’ultime frontière avant la plongée dans l’inconnu. Et bien tu sais quoi, ami dijonnais ? Grâce à nous, tu vas oser te risquer hors de ta zone de confort ! Tu imagines les histoires que tu vas pouvoir raconter :

- Au Quentin, si tu as moins de trente ans !

- Au MEDEF ou au golf si tu émarges chez la France qui se lève tôt et trouve que les 35 heures, ça a tué l’économie !
- A la caisse de ta coop bio ou avec tes copains des Amap, si tu connais tout de la biosphère locale grâce à tes sites écolo-friendly sur internet !

 

 

Aujourd’hui, mise en jambes dans un village à moins d’une demi-heure de la Lino, on débute mollo: MOLOY. En voiture Simone !

 

« Cet-itinéraire-est-non di-gi-ta-li-sé »

Le départ se fait bien sûr de check-point Charlie, alias le rond-point Valmy. Tu passes devant le Botanic, direction Is-sur-Tille et l’aventure commence, ne nie pas. Bien sûr, si tu ne sais pas lire les panneaux mais seulement l’écran de ton GPS, tu auras pris soin de télécharger l’itinéraire AVANT de prendre la route. Car oui, la « zone blanche » dans la campagne, ce n’est pas une légende urbaine… D’ailleurs c’est bien dommage le nez sur ton écran, car tu vas louper un instant super poétique : le fameux cerf-volant sur le panneau de la DDE. Moi, ça me fait sourire à tous les coups.

A un moment, entre deux champs de colza ou autre, tu vas tourner à gauche, enquiller deux-trois virages et après une longue ligne droite (expérience de terrain : à la campagne aussi, le permis de conduire est à points). Et là, juste après le village de Courtivron… tadaaâ ! Te voilà arrivé !

 

Au coeur des communes. Moloy

Au coeur des communes. Moloy

Au coeur des communes. Moloy

Au coeur des communes. Moloy

L'ancienne forge - L’église dont le patron est Saint-Jean Baptiste - L'hôtel-restaurant l'Ecrevisse - Le monument aux morts avec son Poilu ripoliné.

 

Un pont, des pommes

Pour pénétrer dans le village, c’est comme dans une chanson de Brassens : il suffit de passer le pont. Un joli pont qui enjambe l’Ignon, la rivière qui quelques kilomètres plus loin arrosera Is-sur-Tille. (Oui, la toponymie n’est pas toujours logique). A ce propos, en parlant de l’origine des mots, il semble que Moloy vienne d’un mot latin signifiant « lieu planté de pommiers ». C’est pas poétique, ça ?

A gauche, une très belle demeure privée, cernée de murs, close aux regards par une porte cochère et une poterne surplombée d’une vierge visible de la rue est l’ancienne forge, dont on peut aussi voir les multiples bâtiments depuis le pont.

Le moment culturel

L’activité métallurgique a en effet été source de richesses pour la commune et globalement la vallée de l’Ignon depuis le XVIème et jusqu’au XIXe siècle et ceci pour une raison fort simple : on y disposait en abondance d’une source motrice (l’eau) et de bois comme combustible : Moloy possède 700 ha de forêts, soit plus d’un tiers de sa superficie ! Le bûcheronnage a d’ailleurs également été une activité florissante. Il reste de cette époque un haut-fourneau que le propriétaire, monsieur Rémi Bros, ouvre volontiers à la visite sur demande. Pour cela « il suffit de toquer à sa porte », dixit le maire Florian Paquet.

La commune abrite aussi deux châteaux privés. Le premier est une résidence, autrefois propriété de la famille Thoreau qui exploitait les forges. Le second (également autrefois propriété d’un maître de forge) se situe dans un des hameaux de la commune à Labergement-lès-Moloy : c’est aujourd’hui un lieu touristique et de séminaire dans un environnement exceptionnel : rivière, parc arboré avec piscine et on en passe, doté de plusieurs suites.

Un bestiaire animé

Toujours depuis le pont, on aperçoit sur la droite l’église dont le patron est Saint-Jean Baptiste, celui-là même qui baptisa Jésus dans l’eau du Jourdain. En cours de restauration, après une campagne de travaux de plusieurs phases, elle abrite notamment des restes de peintures murales du XVIème siècle.

A quelques pas, l’Hôtel-restaurant de l’Ecrevisse, (une vingtaine de chambres et repas familiaux). De l’extérieur il semble fermé, mais il ne faut pas s’y fier : il marche au contraire du feu de Zeus)  C’est en saison le camp de base des chasseurs. Car Moloy abrite des chasses très réputées : oui, ami dijonnais, avec un peu de chance, tu croiseras peut-être dans ton périple dans les champs, à l’orée des bois : chevreuils, cerfs, sangliers, mais aussi blaireaux, renards et lapinous, comme dans un Walt Disney mais en version sauvage.
La preuve : parfois ces bêtes-là, pour des raisons inconnues, traversent la chaussée pile-poil au moment où on arrive en voiture. Voilà un truc qui ne risque pas d’arriver entre la place Darcy et les Halles, non ? (Quoique, des blaireaux urbains…)

 

Au coeur des communes. Moloy

Le plus jeune maire de Côte d’Or !

En s’enfonçant dans le village, on passe devant la mairie qui occupera dans quelques semaines de nouveaux locaux. C’est là que l’on croise le maire, Florian Paquet, le plus jeune maire de Côte-d’Or (élu en 2014, il avait alors 23 ans!). Juriste de formation, il est également président du SMOM d’Is-sur-Tille. De quoi casser l’image d’Épinal du maire rural que l’on imagine plus volontiers retraité… « J’étais conseiller municipal, auparavant, nous avons monté une liste et voilà... » résume-t-il, quand on s’étonne de cette précocité. Le gros dossier de son mandat ? Incontestablement la rénovation de la mairie, transférée de son premier étage au rez-de-chaussée dans les anciens locaux de l’école (fermée en 2009 à l’ouverture d’un pôle scolaire dans la commune voisine de Lamargelle) pour satisfaire aux obligations en matière d’accueil des personnes à mobilité réduite. L’équipe municipale appréciera sans doute alors que la mairie n’avait pas connu de travaux depuis vingt ans !

 

 

A ne pas rater

Les deux lavoirs.

Le monument aux morts avec son Poilu ripoliné. Arborant l’uniforme bleu horizon et les bandes molletières blanches, le visage martial et mélancolique barré d’une large moustache noire, ce soldat très réaliste est un souvenir assez marquant pour le visiteur ! (photo 3428)

Le site de Bellefontaine, classé en zone Natura 2000. Une balade en forêt domaniale y est balisée, pour permettre la découverte de deux raretés naturelles et protégées : le Sabot de Vénus (orchidée vernaculaire) et le Damier du Frêne, joli nom d’un papillon.

Moloy abrite également l’atelier du peintre Denis Guitton, qui l’ouvre volontiers aux visiteurs venus  découvrir son œuvre épurée, assez inclassable.

Enfin, difficile de résister au récit de cette coutume, trouvée sur le net : « au XVIIIème siècle, le jour de la purification de la Vierge, les jeunes filles allaient à la fontaine et y jetaient un morceau de pain. Si celui-ci flottait, cela prouvait la virginité de celle qui l’avait lancé... » A méditer, chères lectrices amie des bêtes, la prochaine fois que vous lancerez vos croûtons rassis aux canards du Lac Kir...

Alors, ami Dijonnais, pas mal pour une commune de 223 habitants, non ? Ça va en faire, au retour des histoires à raconter…

 Au coeur des communes - MoloyAu coeur des communes - Moloy

Lavoir.                                                                                          Très belle demeure privée. (Photo André Beuchot)                                       

 

Interlude

Ami dijonnais, note-bien le site de la Tour de Labergement dans un coin de ta tête ! Cela te permettra de briller comme une boule à facettes si :

- ton boss te demande : « Dites donc, Machin(e), vous ne connaîtriez pas par hasard un lieu original pour organiser le prochain séminaire de la société ? »

- ta belle-mère te demande : « Dites-moi, Chose, avez-vous ENFIN décidé où se passera le mariage de mon petit-fils chéri ? »

- ton oncle Marcel (celui avec le gros ventre, une passion pour la canne à pêche et l’héritage) te demande : « Au fait, Truc, tu connaîtrais pas un endroit tranquille où Tonton pourrait taquiner la truite ? » (répète-la à voix haute sans trébucher celle-là, tiens…)

On dit merci qui ? Merci Guy !

 

Hôtel-restaurant L’Ecrevisse : 03.80.75.12.36 Jean-Luc et Claude, les propriétaires, ainsi que le gardien le chien Eliott font un tabac sur internet parmi les habitués !

 

Rédaction/Photos
Emmanuelle de Jesus - Agence ProScriptum 
03 80 75 87 37 - proscriptum.presse@gmail.com
Route de Charmoy 21580 AVOT

Illustration
Patrick Borkowski - LA GRIFFE
03 80 57 22 61 - patrick.borkowski@lagriffe.com
71, rue Chabot Charny - Dijon

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