Pour un Dijonnais, la Côte d'or se résume bien souvent à la rue de la Liberté, les cafés autour des Halles et un joli tram cassis qui circule de la Place Darcy et son nounours à la Rép'.
Disons pour la faire courte que la station de tram Valmy c'est la porte vers des galaxies très très lointaines. Et bien tu sais quoi, jeune padawan dijonnais ? Grâce à nous, tu vas aller voir ce qui se passe du côté obscur de la force !
Tu imagines comme tu vas envoyer du rêve :
- Au brunch à tes cops' digital influenceuses !
- A la CPME entre deux "si la TVA prend deux points, ça va flinguer les TPE" !
- Au Chez Nous, à tes potes écolo friendly !
Aujourd'hui, on se lance dans le nord de la Côte d'Or. (Je vois ta tête. C'est celle de Galabru dans Les Ch'tis). En quatre lettres, easy pour ton GPS : AVOT. Alleeez...!
Le départ se fait bien sûr de check-point Charlie, alias le rond-point Valmy. Tu passes devant le Botanic, direction Is-sur-Tille et l’aventure commence, ne nie pas. Tu le sens, ce petit frisson ? Koh-Lanta à côté, c'est du pipi de chat.
A partir de là, attention les yeux c'est tout droit. Pas trop vite hein, "ils" viennent d'installer un radar... Ah oui, charme local : le nord Côte d'Or perpétue une coutume datant de la deuxième guerre, à savoir le rationnement de carburant. Comprendre que Is-sur-Tille, c'est ta dernière chance de faire le plein avant perpète. Par contre, le choix est royal : trois stations dans une ville de 4 400 habitants. Donc selon l'adage "si fueris Romae, Romano vivito more", ou pour faire simple : fais comme nous, ami Dijonnais et surveille ta jauge !
Oui, comme nous, tu as bien lu : l'auteur de ces lignes est en effet un autochtone, mais qui vit sous un nom d'emprunt pour ne pas être ennuyé par les fans, alors pas la peine de se donner du mal à déchiffrer les boîtes aux lettres. Depuis Is-sur-Tille, tu suis donc ton GPS qui selon les versions te fera passer par Avelanges (21 mn), voire par Marey-sur-Tille (23 mn). Nous les locaux, on a un raccourci (12 mn), mais c'est comme la potion magique : ça ne sort pas du canton, on a tous juré de garder le secret sous peine d'exil à la Toison d'Or un 24 décembre. Imagine bien qu'on la boucle. Bref. Te voilà arrivé. Au pied du centre névralgique du village, j'ai nommé : la Diane !
Bambi, tu vas prendre cher !
Surplombant la fontaine qui fait aussi office de giratoire, Diane la Chasseresse, sortie tout droit de la mythologie : afin de punir Actéon le chasseur qui l'avait surprise nue, elle le changea en cerf et le malheureux fut dévoré par ses chiens. La Diane d'Avot est même prête à lui asséner un coup de lance... de nos jours, cette tradition se perpétue lorsque le chasseur achève un gros gibier blessé à la dague ou à l'épieu : on appelle ça "servir la bête". C'est le genre de connaissance qui ne sert pas à grand-chose, mais ça fait toujours un sujet de débat avec un électeur de feu Chasse, pêche, nature et traditions ou avec un insomniaque qui préfère Histoires naturelles à Hanouna vers les trois heures du mat'. Conseil d'ami : même si tu trouves ça barbare, reste modéré dans tes propos. Statistiquement, il y a d'énormes chances que si tu croises un vernaculaire, il soit détenteur d'un permis de chasse. Et connaisse la forêt comme sa poche. Or le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont une arme chargée et ceux qui creusent. T'as pas envie d'avoir les mains calleuses ?
"La" Diane (oui, habitue-toi), non contente d'être un point de repère facile pour qui cherche le restaurant du village "Les Feuillus" (voir plus loin), est également le point de ralliement des habitants lors du 14 juillet. Ce jour-là "Le" Bernard Guillemot, maire de la commune et l'équipe municipale offrent un coup à boire. L'idée c'est que ça puisse se mélanger à l'eau de la fontaine de "la" Diane (bon t'as compris le concept ?) : personnellement on a testé le Pont - Pontarlier, version jurassienne du pastis - et une gamme étendue de sirops, le tout au son de l'accordéoniste qui vient chaque année avec son chromatique pour jouer du musette. Après, il y a le barbecue en commun, la balade aux lampions à la nuit tombée, le feu d'artifice (tiré depuis le clocher de l’église cette année !) et le bal des pompiers. C'est pas républicain, ça ? En plus, la place est toute neuve, puisque d’octobre 2015 à juin 2016, l’équipe municipale a fait faire les choses en grand : « La terrasse du restaurant a été faite, avec une entrée pour les personnes à mobilité réduite, détaille Bernard Guillemot. Ainsi que l’enfouissement des réseaux, un éclairage spécifique, un mobilier urbain adapté et un terrain pour jouer aux boules... » Sans oublier une rangée de poiriers d’ornement taillés en « palmettes » du plus bel effet.
Trois lavoirs, une rivière
Dans le village, outre une très jolie église et son cimetière qui réserve des surprises, tel ce Christ dégringolé d'un crucifix qui semble sortir du lit, une curiosité : le reste d'une ancienne scierie dont l'unique vestige est l'impressionnante cheminée de briques. La commune est traversée par la Tille qui ensuite ira grossir la Saône mais c'est une autre histoire. Baigné d'eau, Avot possède pas moins de trois lavoirs (tous restaurés), une flotille de canards, des randonneurs avertis (les chemins balisés abondent et le GR 7 traverse le village) et un souci du bien public qui peut servir d’exemple : ainsi la grange qui abrite le matériel communal a été restaurée par des bénévoles du village, les espaces publics sont entretenus par des habitants etc. En septembre, la foire d’automne réunit vide-grenier et vendeurs choisis : « on ne veut pas n’importe quoi » résume le maire.
Avot a enfin une riche histoire, notamment liée à la Résistance. Les bois entourant la commune ont accueilli les maquisarts et notamment le Maquis Lucius, commandé par Lucien Guillemot, papa du maire actuel. Une association commémorant la mémoire de ces combattants de l’ombre est en projet, portée par des proches descendants de Résistants : « nous leur apporterons toute l’aide possible ! » assure Bernard Guillemot. Le prélude peut-être a un projet plus ambitieux, celui d’un musée ? Affaire à suivre… Résistance toujours : à trois km du village, en pleine forêt, s’élève la Ferme de Charmois (qui accueille aujourd’hui gîtes ruraux et chambres d’hôtes) : c’est là que se trouvait le Camp « A » du maquis Lucius, camp qui comptait 107 hommes selon Gilles Hennequin, dans son livre Résistance en Côte-d’Or (Tome IV). Une plaque a été posée sur le pigeonnier de la Ferme de Charmois, grâce à la générosité d’un habitant de Marcilly-sur-Tille passionné d’histoire, pour rappeler l’histoire du lieu. Tout autour, les forêt rappellent qu’Avot sera dans l’emprise du futur Parc National qui mettra les bois de « feuillus » (chênes, hêtres…) à l’honneur. Autant prendre de l’avance, ami Dijonnais, et visiter paisiblement la commune avant que les touristes, avides de chlorophylle et de grands espaces, ne le découvrent avant toi...
Manger, dormir...
Restaurant Les Feuillus : 03.80.75.12.36
Cuisine familiale, prix plus que tenus, bar et terrasse pour les beaux jours : que demander de plus ?
Le Domaine de Charmois
Deux chambres d’hôtes et deux gîtes (3 épis Gîtes de France) dans une ancienne ferme fortifiée restaurée dont le bâtiment le plus ancien date de 1634, entourée de 40 ha de prairies et de forêt.