Après 24 années passées en tant qu’adjoint au maire de Dijon et vice-président de la Métropole, Pierre Pribetich est devenu ce qu’il rêvait de devenir, député pour participer au travail parlementaire à l’échelon national.
« Il faut aimer les gens pour faire de la politique » résume Pierre Pribetich. Député de la troisième circonscription de Côte-d’Or depuis les élections législatives de l’été 2024, il baigne dans la politique depuis l’enfance. D’ailleurs, en l’écoutant parler, on remonte le temps et l’histoire de la politique française en général et du parti socialiste en particulier. « Ma grand-mère maternelle était responsable d’un groupe dans la section du PS de Roubaix, c’est elle qui m’a formé à la politique et à l’idéologie. Mon grand-père était conseiller municipal à Roubaix. Du côté de mon père par contre, ils étaient communistes » raconte Pierre Pribetich, fier de son enfance marquée par les discussions politiques de tout bord qui ont forgé son engagement. Dès 1962, il suit les actualités politiques et écoute les discussions engagées pendant les repas de famille. Etudiant, il cumule son cursus et des petits boulots comme la vente de tissu au mètre sur le marché de Roubaix. En 1976, il a « failli rentré au PS », mais il attendra finalement 1986. Son déclencheur ? L’entrée du front national à l’assemblée nationale suite aux élections proportionnelles.
Désormais encarté et titulaire d’un doctorat en électronique, il trouve enfin le temps pour le militantisme. « Je savais que quand je commencerai en politique, je n’arrêterai plus. Pour l’instant, ça s’est exaucé » sourit le député. Le congrès de Lille en 1987 puis celui de Rennes en 1989 marquent le début d’une carrière, moment où, Fabusien, il rencontre pour la première fois François Rebsamen, déjà engagé de son côté. Il rentre ensuite dans la confédération nationale du Nord. Sa carrière de professeur d’université le conduit dans la Nièvre en 1994 où il rejoint le conseil fédéral avant d’atterrir à l’Université de Bourgogne en 1995 et d’adhérer à la fédération de Côte-d’Or et d’intégrer le conseil fédéral.
Au gré des rencontres et des rebondissements, à la fin des années 90, il rejoint brièvement François Rebsamen au sein de la section avec l’ambition de conquérir la mairie en 2001. « Finalement, j’ai accompagné Jean-Claude Foriter dans sa campagne pour les régionales. Après son échec, je me suis retrouvé isolé un temps. » En 2000, François Rebsamen le sollicite pourtant pour diriger la campagne « Dijon s’éveille ». Les deux hommes collaboreront jusqu’en juin 2024.
Engagement dijonnais, français, européen
Pendant 24 ans, Pierre Pribetich œuvre à Dijon et dans la Métropole où il devient l’expert en urbanisme. « J’ai aimé monter des projets et en arrivant à Dijon, tout était à faire. » Il détaille les quartiers qu’il a transformé, de Junot à l’éco-cité des Maraichers en passant par Arsenal ou Garden State. « Sur la période, nous avons construit entre 18 000 et 19 000 logements. » Certains projets doivent encore voir le jour comme Bruges 2. « Tout ce qui va être inauguré dans les trois prochaines années seront des projets que j’ai portés. Chaque fois, je l’ai fait avec conviction. Quand je n’étais pas persuadé d’un truc, je ne faisais pas. Ce qui m’a plu c’est d’avoir une idée et de mettre en forme pour répondre aux problèmes des citoyens. »
En parallèle, en 2004, candidat aux élections européennes derrière Pierre Moscovici, il rejoint le parlement quand ce dernier change de fonction. « De 2007 à 2009, je goûte au mandat européen. Ce n’est pas le même travail mais on peut faire des choses. » Il planche sur des sujets comme le spatial, l’automobile ou encore les affaires étrangères. « C’est un travail moins dans la lumière maison où l’on agit. »
Une thématique que Pierre Pribetich affectionnera au point de rejoindre la commission des affaires étrangères en devenant député. En plus de s’appuyer sur cette expérience européenne, il peut compter sur ces années en tant qu’adjoint à Dijon et vice-président de la Métropole. « Un mandat local forge et donne une vision de tous les dossiers. Le mandat national s’avère plus compréhensible grâce au mandat local avec lequel on acquiert des réflexes. Pour autant, un député sans expérience n’est pas moins bon, les choses sont justes moins faciles. Mais à 68 ans, je reste un jeune parlementaire et je ne dispose pas de toutes les expériences. »
Du local au national
En tant qu’élu national, Pierre Pribetich répond à son envie de participer au débat pour le pays, d’apporter sa connaissance de l’exécutif en fabriquant le législatif. « Nous sommes là pour porter les problèmes de la circonscription. C’est une autre manière de faire de la politique. » De Chenôve à Izeure, 38 communes forment sa circonscription. « Chacune d’elle a besoin de soutien et d’accompagnement. Nous devons faire remonter leurs sujets préoccupants comme l’eau, la carte scolaire ou le maintien des entreprises. »
Jour après jour, du lundi au dimanche, Pierre Pribetich siège aux séances de l’assemblée nationale mais aussi en commission, participe aux réunions avec ses collaborateurs ou se rend sur le terrain. « Il y a toujours une sollicitation, un dossier. On est interpellé continuellement sur des problèmes locaux, des projets de lois qui concernent les habitants. Derrière chaque mail, il y a une réponse à apporter et un positionnement politique à prendre. » Si pour Pierre Pribetich, certains sujets ne soulèvent aucun doute dans son esprit, d’autres l’interrogent comme celui de la fin de vie. Au quotidien, tous les sujets sont matières à questionnement comme récemment le seuil de TVA pour les autoentrepreneurs. « On nous adresse des questions sur l’impact ou on nous envoie des éléments pour amender. On a nos idées mais on écoute les arguments et s’ils sont valables, on peut évoluer. Je ne reste pas bloqué sur un point de vue. »
Plus qu’une fonction, l’engagement politique traduit un choix de vie qui oblige à s’y consacrer. Même si cela relève d’un rêve de gosse devenu réalité pour Pierre Pribetich, il se confronte aujourd’hui à une réalité parfois éloignée de ses illusions. « Je voulais être impliqué et contribué à régler l’immensité des problèmes mais entre les envies et la réalité, il y a des freins. Loin de l’emballement, de la volonté, il y a des contradictions, qu’elles viennent des citoyens ou des politiques, mais aussi la complexité, la technicité… » En politique, tout n’est pas tout beau, tout rose, même quand on est un politicien.
Nadège Hubert