Réforme de l'assurance chômage : Océane CHARRET-GODARD interpelle le Président de la République et demande un Grenelle de l'emploi, du travail et de l'inclusion.

Daniel a travaillé 2 mois puis a été au chômage durant 18 mois. Il a retrouvé un CDD de 4 mois au SMIC. Avant la reforme de l’assurance chômage, Pôle Emploi lui aurait versé 936€ par mois pendant 6 mois. Après la réforme qui prend effet ce 1er novembre 2019, Pôle emploi lui versera 282€ par mois pendant 24 mois. Un exemple pour illustrer que la réalité devient soudainement plus dure pour 850.000 femmes et hommes pour qui traverser la route afin de trouver un emploi ne suffisait pas.

La sémantique n’est pas innocente, elle a le pouvoir de manipuler l’être humain et de fabriquer des normes : les premiers de cordées qui réussiraient, les autres qui seraient responsables de leur chômage et de leur précarité, les entreprises de vilains employeurs qui abuseraient des CDD ? Évidemment non !

L’objectif de la reforme de l’assurance chômage affiché par Emmanuel Macron est de rendre le travail plus attractif, plus rémunérateur que le système assurentiel actuellement remis en cause. Nous aurions pu collectivement en partager la philosophie si cette réforme avait eu lieu il y a 15 ans ! Quand le CDI était la norme, avant la crise de 2008, l’accélération des mutations de l’économie et du travail. Outre l’injustice criante envers les citoyens les plus fragiles, la grande oubliée de cette réforme est la réalité du marché du travail.

Notre incompréhension reste totale : dans un contexte où le chômage de longue durée s’enkyste dans notre société et où 30 % des CDD ont une durée inférieure à 1 jour, le gouvernement est capable de confier dans le même temps des moyens inédits pour la formation des personnes les plus fragiles et de s’atteler à la lutte contre la pauvreté tout en réduisant les droits de ces mêmes personnes en cas de chômage. Qui peut encore croire qu’une majorité de nos citoyens opte délibérément pour l’insécurité ? Cynisme ou incohérence ? Qui peut croire à l’effet synergique de ces deux logiques ?

J’affirme au contraire que, outre leur incompatibilité, elles ne font que nous diriger vers une société à l’américaine avec, côté pile, un taux de chômage à 5 % et, côté face, une inactivité et une pauvreté qui explosent! Et, dans le même temps où il fait bon vilipender les collectivités territoriales pour leur goût immodéré pour les dépenses, ce sont elles qui devront absorber les errements de la politique nationale. Elles qui devront trouver les ressources pour maintenir et même développer de nouvelles formes de service public.

Par conséquent, la véritable disruption ne serait-elle pas de cesser les grands plans nationaux cloisonnés à la française et de concentrer les moyens en direction des entreprises, premiers acteurs de l’inclusion en leur donnant le moyens de jouer ce rôle ? Au regard de l’urgence et de la gravité de la situation, j’en appelle au Président de la République pour l’organisation d’un Grenelle national de l’emploi, du travail et de l’inclusion. Impulsons ce sursaut collectif et humaniste, avec les citoyens et l’ensemble des acteurs concernés, pour concentrer nos énergies et notre intelligence afin de concevoir de nouveaux systèmes de sécurisation des parcours professionnels et de nouvelles modalités de gestion des ressources humaines dans les entreprises qui permettent à ces dernières de mieux répondre à leurs besoins et aux premiers le rebond sur le marché du travail.

 

*Sources UNEDIC et Médiapart.

 

Océane CHARRET-GODARD, 

Conseillère Dijon Métropole en charge de l’emploi, 

Vice présidente du Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté en charge de la formation et de l’orientation, 

Secrétaire Nationale de Parti Socialiste en charge de la formation professionnelle.

 

 

 

 

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