Réponse à la Députée Yolaine de Courson


Communiqué de presse de la FDSEA de Côte d’Or et des Jeunes Agriculteurs de Côte d’Or


Bretenière, le 18 Septembre 2020
Réponse à la Députée Yolaine de Courson


Madame la Députée de Courson est en colère ? Et bien nous aussi ! Depuis son élection, bien qu’elle ait pris des positions fortes contre l’agriculture de nos zones, régulièrement à l’encontre des connaissances scientifiques actuelles, nous avons toutes les difficultés du monde à la rencontrer, et ce n’est pas faute de solliciter.
Nous rencontrer lui aurait probablement permis de saisir un peu mieux les enjeux de souveraineté alimentaire nationale, mais aussi de l’agriculture dans nos zones rurales de Côte d’Or, essentiellement intégrées à sa circonscription.
Vous vous offusquez de dérogations, alors qu’elles sont permises par la règlementation européenne, et que ce n’est pas sans raison. Même la Ministre Barbara Pompilli reconnait que le problème des lois mal calibrées en amont, c’est qu’elles ont tendance à se heurter à la réalité. Et oui, la recherche agricole, ça prend du temps : les cycles culturaux c’est généralement 1 an en grande culture, et pour expérimenter, il vaut mieux en avoir plusieurs, des cycles. Sans compter sur le temps préalable de recherche des solutions, avant les
tests pratiques.
La protection intégrée, la prophylaxie, le biocontrôle, les rotations… nous y sommes très favorables, à condition de pouvoir intervenir quand ça ne marche pas. Des coccinelles nous dites-vous ? Personne n’y aurait pensé ! Enfin, non pas parce que nous ne savons pas que ce sont des prédateurs des pucerons, mais parce que cette solution ne tient que dans un cadre théorique fumeux : Les coccinelles attaquent les pucerons une fois qu’ils sont là, sauf qu’une seule piqure de puceron, avant la prédation, suffit à transmettre la jaunisse (de la betterave, mais aussi du blé ou de l’orge) : un premier problème temporel. Et en cette année chaude, les pucerons étaient présents plusieurs semaines avant les coccinelles : un vulgaire problème de cycle biologique, mais nous ne reviendrons pas dessus. Ils ont donc largement eu le temps de faire des dégâts avant la prédation. Les agriculteurs bios de la 4e circonscription pourront certainement confirmer que de nombreuses parcelles ont été retournées bien avant récolte à cause des dégâts incontrôlables de
pucerons, malgré l’arrivée effective mais tardive des coccinelles. Par ailleurs, si madame la Députée, vous voulez du progrès agricole, nous vous encourageons à vous élever, à nos côtés, contre la destruction d’essais visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires grâce à la génétique, mais aussi les besoins en eau des cultures, leur résistance au climat extrêmes…Mais jusqu’ici nous n’avons pas eu de soutien de votre part.
En ce qui concerne précisément les néonicotinoïdes, « on flingue la vie sur terre », il paraît. Pourtant, de nombreux apiculteurs professionnels continuent à travailler avec les agriculteurs, néonicotinoïdes ou non. Il y en a même un qui va jusqu’à installer ses ruches chez un Vice-Président de la FDSEA21… Selon les chiffres officiels, moins de 4% de la mortalité des abeilles pourraient être attribuée à des problèmes de pollutions diffuse, dont les pesticides. En revanche, des problèmes de disponibilité de la nourriture, comme celle que fournissait le colza que nous ne pouvons plus produire faute de contrôle des ravageurs, ont une certaine tendance à décimer les colonies. Ainsi que des champignons et autres frelons asiatiques non traités.
Si vous voulez sauver les abeilles domestiques, qui ne sont jamais que des animaux d’élevage, il ne faut pas se tromper de cible. Et temps qu’on y est, nous vous signalons que bien que contrairement à ce que vous affirmez, les pollinisateurs ne sont pas nécessaires à toutes les cultures, seulement certaines, nous tenons tout autant que vous à les préserver, ainsi que l’environnement, qui est à la base de l’agriculture.
Enfin, vous parlez spécifiquement de la betterave, qui ne nous concerne pas, mais il semble que cet avis traduit votre raisonnement global sur l’agriculture en France, alors voici notre réponse :
Les filières agricoles, la betterave, mais aussi le colza par exemple, contribuent largement à la souveraineté alimentaire française, à l’emploi dans les territoires, et à notre balance commerciale, même si tous ces aspects tendent à se réduire depuis que certains décideurs, sous la pression de lobbies écologistes hors sol, ont décidé de prôner uniquement la modèle Martine à la Ferme. Sauf que rien n’est si simple : Si nous pouvions gérer les cultures sans produits phytosanitaires, nous le ferions, ne serait que par intérêt
économique (à défaut de croire en notre bonne volonté environnementale, en cette année catastrophique pour l’agriculture, vous ne pouvez pas négliger l’argument économique).
Vous pouvez indemniser les producteurs autant que vous voudrez (et en votant des lois mal calibrées, inapplicables, hors sols… nous comptons bien que vous le ferez, c’est la moindre des choses), ça ne produira pas de denrées agricoles. Adieu donc souveraineté alimentaire, filières locales qui s’en iraient ailleurs là où on a une chance d’honorer les contrats, emplois agricoles et industriels. Et allons faire produire notre alimentation ailleurs. Profitons-en pour promouvoir un RIP qui, se cachant derrière un affichage de bien-être animal complètement dévoyé par une vision anthropomorphique des animaux, fait partie d’une stratégie visant à signer la fin de l’élevage français, pour le remplacer par des importations d’aliments dont le manque de qualités alimentaires et la majoration des risques sur la santé liée à l’ultratransformation feraient défaillir l’OMS.
Comme ça, nous serons tous, en tant que consommateurs, responsables de l’application de normes sanitaires, environnementales et sociales dérisoires dans des pays qui nous fournirons l’alimentation à prix modérés dont une partie de la population française a besoin. Et nous réduirons nos exportations vers des pays structurellement déficitaire en terres cultivables, en eau, en stabilité politique qui sont des conditions essentielles, mais non suffisantes, à une agriculture prospère. Un futur réjouissant en somme…
L’agriculture est, par essence, une activité qui comme toutes les activités humaines, a un impact sur l’environnement. Mais elle travaille en continu à minimiser les impacts négatifs, et améliorer les externalités positives (stockage du carbone, entretien des milieux ouverts, implantation de cultures mellifères et d’abris pour la petite faune sauvage, participation aux énergies renouvelables…). Aucun des mécanismes n’est simple, il ne s’agit pas de jardinage, mais de trouver le meilleur équilibre entre production agricole et protection de notre environnement à tous. Il est donc normal qu’aucune décision simpliste ne soit adaptée.
Nous travaillons à trouver des solutions, mais il faut laisser du temps à la recherche, travailler selon la meilleure balance bénéfice/risque possible plutôt que de se concentrer sur des hommes de paille. Nous sommes en mouvement, et nous acceptons volontiers d’échanger avec tous ceux qui auraient des propositions, des réclamations, des inquiétudes… Mais ces personnes doivent aussi faire un pas pour comprendre nos réalités de terrain, et les enjeux généraux autour de l’agriculture.

FDSEA de Côte d’Or
Tel : 03.80.68.67.67
Mail : accueil@fdsea21.fr

Jeunes Agriculteurs de Côte d’Or
Tel : 03.80.68.67.70
Mail : ja21.syndical@orange.fr
1 rue des Coulots, 21 110 Bretenière

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