Quelle est la place des éluEs en Côte-d'Or ?

30 mars 2016

Kheira Bouziane, députée de la 3ème circonscription, a organisé pour la deuxième année consécutive, une réunion des femmes élues de sa circonscription. Une trentaine de femmes étaient présentes, toutes tendances politiques confondues, pour partager la galette des Reines, et pour échanger leurs expériences respectives : Sujet, les femmes dans la sphère publique et privée. 

Pour Kheira Bouziane, si la condition de la femme connait des avancées certaines, grâce notamment à un travail parlementaire de longue haleine, il ne faut surtout pas relâcher la pression, "le combat des femmes n’est jamais terminé, et le combat pour l’égalité est loin d’être gagné". Elle pense que "les femmes doivent manifester une certaine solidarité, pas forcément aveugle, et doivent parfois être en capacité d’agiter le drapeau".

Souvent, les femmes élues sont cantonnées dans des rôles dits « féminins » (la petite enfance, l’école, les associations), et lorsqu’elles sont adjointes, elles sont très souvent cantonnées à la délégation sociale. Les exceptions existent bien sûr : Exemple à Arc-sur-Tille où la première adjointe est en charge des finances, et la troisième adjointe s’occupe de l’urbanisme.

 Kheira Bouziane, la galette des Reines

 Elues de la ville, de la campagne, toutes ont une expérience unique de leur rôle d’élue dans leur commune, ou au département : Leur vie d’élue est rythmée par des relations plus ou moins bonnes, plus ou moins tendues avec leurs collègues masculins. En effet, si certaines n’ont aucune raison de se plaindre car considérées comme l’égale de leurs homologues masculins, ce qui est le cas pour les conseillères municipales de Quetigny, Longvic, Arc-sur-Tille, d’autres en revanche vivent des moments que l’on pourrait qualifier d’épiques : Denise, conseillère municipale, en est à son troisième mandat. Impliquée dans sa commune au point de participer activement à la commission travaux, elle doit se battre pour être simplement mise au courant des réunions de chantier auxquelles elle n’est jamais conviée et où elle doit systématiquement d’imposer, ce qui n’est pas du goût du maire et de ses collègues masculins. Mais qu’à cela ne tienne, cette femme au caractère bien trempé ne s’en est pas laissé compter et a réussi, au fil des mandats à faire comprendre à ces messieurs « que les travaux peuvent être portés par des femmes, même si elles ont besoin de plus faire leurs preuves ».

Sylvie, a quant à elle, le sentiment d’avoir pris la place d’un homme : En effet, sans la loi sur la parité, elle n’aurait jamais été abordée pour faire partie de la liste. « Toutes les occasions sont bonnes pour me faire sentir ou comprendre que je ne suis pas à ma place », dit-elle, un peu désabusée. Et Patricia de renchérir : « Certains hommes ne se rendent pas compte que la voix d’une femme est la même que la leur ».

Malgré ces problèmes inhérents plus particulièrement à la relation homme/femme, les femmes sont des élues très enthousiastes et très impliquées dans leurs fonctions, comme Patricia Bonot (élue de Quetigny) qui dit : « si j’en avais les moyens, je m’arrêterais de travailler pour me consacrer entièrement à mon mandat municipal », malgré les obstacles qu’elles rencontrent : Il est compliqué pour une femme de s’impliquer totalement dans sa fonction, lorsqu’elle doit poursuivre une carrière professionnelle et mener à bien sa vie privée et l’éducation de ses enfants. Du coup, les élues qui s’engagent sont souvent retraitées ou bien leurs enfants sont élevés, ce qui leur laisse plus de temps libre à consacrer aux problématiques de la commune.

De plus, ces femmes se heurtent souvent à un problème de formation. En effet, particulièrement dans les petites communes, elles doivent « apprendre sur le tas », souvent compter sur le personnel pour espérer comprendre et résoudre les problèmes.

Pour ces femmes élues, il existe des solutions : L’employeur a l’obligation d’accorder un crédit d’heures à l’élue. Elles ont un droit à la formation. Certaines communes, lorsqu’elles ont un budget qui le permet, pourraient favoriser la participation des femmes jeunes en offrant des possibilités financières, comme une aide à la garde d’enfants par exemple.

Pour conclure cet échange enrichissant, Kheira Bouziane a proposé la création d’une association apolitique pour les femmes élues, qui offrirait des possibilités de formation sur différentes thématiques, en particulier pour toutes celles qui ne sont pas adhérentes à des partis politiques et n’ont donc pas accès à la formation.


Femmes élues, quel engagement ?

Nicole Darmigny et Elisabeth LaurençotA Aiserey, le conseil municipal compte sept femmes dont deux étaient présentes à la réunion :
Nicole Darmigny est conseillère municipale. Habitante de la commune depuis 46 ans, elle est aujourd’hui retraitée et son engagement au sein de la vie communale date de bien longtemps. C’est d’ailleurs sa vie de bénévole engagée au service des autres (elle était entre autres choses, bénévole à l’ADMR) qui lui a donné l’envie de s’engager plus avant et de s’impliquer au plus près dans la vie municipale. Avec beaucoup de détermination, elle fait fi des obstacles et des humeurs de ses collègues masculins. Elle est par ailleurs porte-drapeau départemental.

     

 
  Nicole Darmigny et Elisabeth Laurençot 

Elisabeth Laurençot, quant à elle est deuxième adjointe déléguée, et c’est elle qui le dit comme cela : « à tout ce qui n’est pas travaux et finances ». Elle s’occupe donc de la communication, du CCAS, des relations avec l’école maternelle, des associations, est responsable du personnel et en plus déléguée communautaire. Elle passe en moyenne trois heures par jour à la mairie. Son engagement pour la commune est récent puisqu’elle est arrivée il y a peu de temps à Aiserey, pour y prendre sa retraite. Elle ne connaissait rien à la vie rurale et s’est sentie très vite isolée en découvrant un désert culturel total. Et c’est ce constat qui l’a poussée à accepter une place au sein du conseil municipal, place qu’elle ne doit qu’à la loi sur la parité. Elle y a découvert les coulisses d’un conseil municipal, et la place des femmes. Malgré les obstacles auxquels elle se heurte, particulièrement avec le maire de la commune, elle sait pouvoir compter sur le soutien de ses collègues masculins, et sa détermination à offrir le meilleur possible à ses concitoyens reste intacte.

Infos : La loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes :
Définitivement adoptée en août 2014, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes aborde le sujet des inégalités entre les deux sexes dans toutes ses dimensions. Elle est axée sur 5 points qui sont de véritables priorités :
- La généralisation de la parité
- De nouveaux moyens pour parvenir à l’égalité professionnelle
- Une garantie publique contre les impayés de pension alimentaire
- Une lutte contre les violences faites aux femmes
- Le recul des stéréotypes sexistes
Toutes ces mesures, ces efforts, ces progrès, ont permis à la France de passer de la 45ème à la 15ème place au classement mondial de l’égalité femmes-hommes.

Photos et article Corinne Royer (cpcorinne.royer@sfr.fr)

 

Kheira Bouziane, la galette des Reines

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