Ludovic Rochette : « Le temps ville contre campagne n'existe plus »

23 mars 2017

Alors que la loi Notré et la transformation très prochaine de Dijon en métropole a rebattu les cartes des compétences dans les territoires, Ludovic Rochette analyse ces changements avec pragmatisme. Pour l’élu – vice-président du Conseil départemental, président de la communauté de communes Norge et Tille, maire de Brognon et président de l’Association des maires de France de Côte d’Or - la métropole peut être une chance à condition qu’un dialogue réel s’instaure entre Dijon et le reste du département. Porte-parole des maires, Ludovic Rochette réaffirme leur besoin de visibilité.

Comment voyez-vous le futur des relations entre la désormais métropole dijonnaise et le reste du département, notamment le monde rural ?

Ludovic Rochette. La première chose à dire, c’est que le fait métropolitain n’est pas une révolution. Il ne faut pas penser qu’il n’y a jamais eu de relation entre la métropole et les territoires péri-urbains et ruraux ! Le Schéma de cohérence territorial existe, et acte déjà l’existence de relations. Mais nous sommes, du fait de la loi et de l’obligation de statuer sur les compétences, dans un bon moment pour réfléchir aux relations entre métropole et territoires. Le cadre bouge, mais il ne faut pas que chacun reste dans son coin : une métropole citadelle et un département qui se vit hors métropole, cela ne peut pas fonctionner. Une seconde chose est que les métropoles ont chacune leur logique : le fait métropolitain à Lyon n’est pas le même qu’à Dijon. Il ne faut pas confondre les problématiques, mais s’adapter aux réalités des territoires. Je crois moi à la contractualisation, avec des politiques différenciées.

 

Sauf que pour l’instant, on assiste surtout à des démonstrations de force entre François Sauvadet et François Rebsamen sur cette distribution de compétences…

Ludovic Rochette. J’ose espérer que l’aménagement du territoire ne se résout pas que dans des questions d’ego et de rivalités ! La réalité c’est que cet aménagement du territoire ne se résume pas uniquement à une discussion entre deux hommes. Les relations entre le Département et la métropole peuvent et vont impacter les politiques territoriales. Nous sommes actuellement dans un délai de négociations, que je crois positives. Le Département est, à ce titre, l’élément de liaison et de péréquation entre la métropole et les territoires.

 

Les territoires ruraux et péri-urbains vont-ils réellement profiter de la création de la métropole ?

Ludovic Rochette.Soyons clairs : la métropole est un « label » indispensable en terme de promotion internationale. A nous de savoir si nous voulons monter dans le TGV ou circuler en Micheline. Je crois que les effets vont se diffuser à condition, je le redis, que chacun ne vit pas en vase clos. Le temps ville contre campagne n’existe plus. Il y a des passerelles à trouver, notamment avec les communautés de communes péri-urbaines, dans un respect mutuel.

 

Vous êtes président de l’Association des maires de France de Côte d’Or. Quelles sont les remontées du terrain vis-à-vis de la loi Notré, l’autre bouleversement en terme d’aménagement du territoire ?

Ludovic Rochette.Il y a beaucoup d’incompréhensions et de ressentis. D’abord parce que les nouveaux découpages territoriaux se font faits uniquement sur des critères démographiques : or il y avait sur le terrain des compétences stratégiques. Beaucoup de maires regrettent que ces structures de plus en plus grandes éloignent encore le citoyen des services publics. Dessaisir certains mairies de la compétence d’établir les cartes d’identité tout en obligeant les administrés à se rendre dans les mairies équipées des nouveaux dispositifs (pour prendre les empreintes digitales, NDLR), passe très mal.

Enfin, les intercommunalités prennent de plus en plus de compétences : GEMAPI, eau, tourisme, transfert des compétences économiques, en particulier pour les ZA… les maires se demandent qu’elle est leur marge de manœuvre au sein des grands ensembles. Les intercommunalités doivent être au service des communes et non pas le contraire ! Voilà pourquoi je suis opposé au suffrage universel pour désigner les représentants des communes dans les intercommunalités.

Ces réformes successives ont engendré un sentiment d’impuissance car les maires les ont subies. Sans compter que cela a ralenti le pays. On fera les comptes en 2020 : les maires auront passé beaucoup d’énergie à comprendre et à appliquer les réformes ; donc autant de temps en moins à travailler pour leurs communes. Voilà pourquoi, et c’est notre rôle à l’AMF, nous mettons à partir de fin mars un juriste en Côte d’Or et Saône-et-Loire un juriste à disposition des élus intercommunaux pour du conseil et du soutien.

 

Nous sommes en pleine campagne présidentielle. Comment l’AMF entend peser sur celle-ci et faire campagne pour les maires ?

Ludovic Rochette. Précisément, nous auditionnons les principaux candidats à la Maison de la Radio sur ce point. Les maires ont besoin de réponses, et notamment concernant les dotations. Ils veulent de la visibilité sur un mandat.

 

Comment à votre avis ces réformes territoriales vont-elles peser sur le citoyen ?

Ludovic Rochette. Les changements sont nombreux ! En Côte d’Or, une question cruciale est celle des transports en commun, y compris scolaires transférés du Département à la Région. La gratuité du transport scolaire sera-t-il garanti et va-t-il peser sur les collectivités ? Voilà le genre d’impact d’une réforme sur le citoyen.

 

Saint-Julien inaugure son Carrefour Contact

En tant que président de la communauté de communes « Norge et Tille », Ludovic Rochette et ses collègues élus ont œuvré pour l’ouverture d’une Zone d’activité économique dans le cadre du Schéma intercommunal de développement économique.

 7 ha, 2,5 millions d’euros investis, 75 % de la surface réservée, 12 emplois créés, une station-service… ce sont quelques-uns des marqueurs de cette zone dont la figure de proue est l’ouverture d’un magasin Carrefour Contact de 700 m², inauguré mardi. La création de la ZA a été faite, assure Ludovic Rochette, en concertation avec les citoyens, puisque les commerces du village ne vont pas baisser le rideau, mais au contraire s’installer dans la galerie marchande et profiter de l’effet d’attractivité du supermarché. Le groupe Carrefour a lui-même participé pour 50 % au financement du rond-point nécessaire pour équiper la zone. « Nous avons choisi de nous développer par l’économie en créant des bases fiscales plutôt qu’en pensant davantage par les impôts sur le citoyen, explique Ludovic Rochette. Car à terme, cette dernière solution condamne l’investissement. »

communauté de communes « Norge et Tille »

 

 

 

Rédaction : Emmanuelle de Jesus
Agence ProScriptum
03 80 75 87 37 | proscriptum.presse@gmail.com

 

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