Voeux 2020, François Rebsamen souhaite que Dijon soit forte dans son économie et harmonieuse dans sa cohésion sociale

13 janvier 2020

Devant 3500 personnes, Francois Rebsamen a présenté ses voeux aux Dijonnais. A cette occasion, il a rappelé l'importance prise par les métropoles depuis 2015 avec la loi Maptam. Un tiers des habitants habite une métropole d'envergure et ceci pose de véritables problèmes écologiques, sociaux, économiques aux élus en charge des affaires. Ils doivent se dépasser et inventer inlassablement des alchimies capables de rendre les habitants heureux et susceptibles d'en attirer de nouveaux. Il faut conjuguer développement et harmonie sociale. Pour y arriver, les élus doivent faire preuve de créativité et être fortement inspirés. Dans son discours, François Rebsamen présente les convictions et valeurs qui le guident pour permettre à la ville métropolitaine de se développer au service de la population.

 

François Rebsamen, Maire de Dijon, Président de Dijon métropole
Discours de François Rebsamen, Maire de Dijon, Président de Dijon métropole

"C'est toujours un grand plaisir pour moi et pour le conseil municipal de nous retrouver parmi vous pour cette traditionnelle manifestation de notre vie communale et métropolitaine, qui constitue un moment privilégié d'échanges, de convivialité et de fraternité républicaine partagées."

Œuvrer pour l'intérêt général est un facteur de cohésion sociale

"Je suis extrêmement sensible à la présence de chacune et de chacun d'entre vous, élus, responsables sociaux, économiques et associatifs, de vous tous qui, à des titres divers, œuvrez pour notre région, notre département, notre métropole et notre ville. Un grand merci de jouer ce rôle essentiel de partenaires de confiance. Oui, vous avez des talents, des idées, des compétences, des engagements, des volontés, des dévouements et du désintéressement. Et nous sommes portés par le même souci de servir l'intérêt général et d'animer notre ville. Merci encore pour votre implication de tous les instants, car c'est elle qui donne à notre commune son cœur, son âme, sa vitalité.  Nous avons la chance d'habiter dans une ville où la proximité facilite la vie quotidienne et où les liens peuvent se tisser à toutes les échelles : la famille, les amis, les voisins, les collègues de travail, la relation entre les élus et les citoyens, la vie associative. Les associations et leurs bénévoles symbolisent cet élan vers l'autre, cette solidarité généreuse sans laquelle il ne peut y avoir, dans une ville, de cohésion sociale. Cette proximité est rassurante et précieuse. En ces temps où l'on a parfois l'impression que la marche du monde nous échappe, elle donne du sens au lien social qui se construit à travers la relation aux autres. La solidarité, nous la devons en effet, tout près de nous, aux personnes les plus fragiles, à celles qui sont en situation de handicap, ou qui connaissent la précarité ou la solitude. Ce sont des citoyens, un moment meurtris par la vie.  C’est l'honneur d’une grande ville à taille humaine comme la nôtre d’être ainsi capable de conjuguer performance et protection, réussite et partage…

… Dans notre gestion de la République du quotidien, nos convictions d'élu sont fortes et nos valeurs sont justes car elles s’adressent à toutes et à tous. Les Françaises et les Français le savent et nous témoignent leur confiance dans la durée : le pouvoir local est moderne parce qu’il est proche des personnes dans un monde qui se globalise. C’est notre force mais c’est aussi une responsabilité : ne pas se décourager malgré les obstacles, transmettre notre énergie et notre envie de rassembler, favoriser l’engagement des citoyens dans les projets collectifs. Plus que jamais, le maire est un des piliers de la République et l'élu préféré des Français ; je ne dis pas cela pour moi ... Quoique !!

La mission première des élus et des politiques publiques est de faciliter le quotidien de chaque citoyen. Celle du maire, c’est de rassembler et de veiller à ce que chacun trouve sa place dans la maison commune.

De tous temps, à la croisée des chemins, notre ville a été une cité rayonnante où s’exerce le commerce entre les hommes – rappelons simplement qu’au temps des ducs de Bourgogne, elle était la capitale d’un immense territoire qui s’étendait jusqu’au nord de l’Europe.

Paradoxalement, Dijon n’est pas assise sur les rives d’un fleuve. Elle est également l’une des villes françaises les plus éloignées des mers mais pourtant dès le Moyen-Age, les routes en ont fait un carrefour pour le commerce. Le chemin de fer dopera son rayonnement à partir de la seconde moitié du 19ème siècle en générant une forte croissance démographique et en facilitant le développement des industries et des services. Dijon, qui n’a pas échappé à son histoire, elle en est même le produit, a toujours été une ville ouverte sur l’Europe.

Le Dijon du 21ème siècle est donc plus que jamais une ville de rencontres et d’échanges. La majorité de la population mondiale vit désormais en zone urbaine et le phénomène s'accélère. Ce basculement quantitatif implique une nouvelle définition de la ville : plus durable, plus écologique, plus juste, plus conviviale.

Qu'attendent donc de leur ville les citadins d'aujourd'hui ? Avant tout, je le crois profondément, un lieu où il fait bon vivre ! Peut-être avez-vous pris connaissance, pas plus tard qu’hier du classement paru dans un grand hebdomadaire national qui classe Dijon en 4ème position derrière Rennes, Tours, Strasbourg et devant Nantes parmi les métropoles championnes de la qualité de vie en général. Un lieu où il fait bon vivre, donc, c’est-à-dire un lieu aux multiples choix : la modernité, mais aussi le patrimoine historique. L'urbanisme et la construction de logements, mais aussi les espaces verts. La foule joyeuse, mais aussi la solitude apaisante.  Le repos, mais aussi l'animation nocturne. Les transports, mais aussi le silence. La production de richesses, mais aussi l'air pur. L'anonymat, mais aussi la convivialité. L'attractivité, mais aussi sa condition d'authenticité. Rien n'est jamais acquis, puisque la ville est par essence une construction culturelle, un carrefour d'intérêts et de projets parfois contradictoires. Ce n'est pas pour rien que l'urbanisme est d’ailleurs un métier. La forme d'une ville est faite d'un savant mélange entre passé, présent, et futur ; entre héritage et audace ; entre flux de visiteurs et quotidien des habitants eux-mêmes. La ville est une œuvre humaine, l’une des plus belles."

Dijon, une ville tournée vers l'avenir

"Comme le dit joliment et avec justesse Jacques Attali : « la ville est le seul être vivant capable de rajeunir vraiment ». Nous avons comme ambition commune de faire de notre cité au riche passé, dotée d'un patrimoine d'exception et d'une histoire singulière, à la fois une ville douce à vivre pour ses habitants au présent, et une ville tournée vers la jeunesse, c’est-à-dire qui relève avec succès les défis écologiques d'une métropole moderne.

Alors, ce lien qui nous unit dans la même passion et le même amour pour Dijon se renforce par le travail que nous effectuons chaque jour, notamment pour dynamiser la ville-centre, développer la solidarité entre tous les quartiers, jouer résolument la carte de l'ouverture au monde comme c'est aussi sa vocation. Etre dijonnais, pour nous, c'est en effet être européens. Parce que nous aimons la France, nous le disons comme François Mitterrand et son pari pascalien : « La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir ».

En 2015, la loi Maptam a non seulement donné une nouvelle impulsion à l’intercommunalité, mais elle a surtout permis à nos grandes villes de se mettre en situation d’affronter à armes presque égales la concurrence de leurs homologues européennes. De ce point de vue, même s’il existe une grande diversité de situations, le pari est plutôt réussi : selon la plupart des études sur le sujet, les métropoles françaises ont gagné en compétitivité et créent l’essentiel des richesses économiques et des emplois. C’est en leur sein que s’installent les entreprises et les laboratoires les plus performants, c’est dans leur centre-ville que les start-up se créent et se développent ... Un tiers des Français habite une métropole d'envergure. C'est une révolution sans précédent, qui a bouleversé notre lien à la terre. On pourra discuter longtemps des aspects négatifs ou positifs de cette mutation. Mais elle est irrésistible : les concentrations humaines deviennent notre écosystème familier.

Cette réalité urbaine est un défi qui nous oblige à nous dépasser.  Une ville n'est jamais finie, elle est à inventer. Une ville ne se décrète pas ; elle est une alchimie complexe. Des villes historiques, des capitales réputées peuvent malheureusement faire fuir leurs habitants, faute de maintenir une qualité de vie, un environnement, une mixité sociale, des équipements ... bref cet ensemble nécessaire au bien-vivre ensemble.

Et une ville qui perd des habitants, c’est une ville qui progressivement se dessèche, se rétrécit, ferme peu à peu ses écoles et ses crèches, et se meurt doucement.

« Le déclin démographique est un poison lent », aurait pu dire Alfred Sauvy. C’est loin d’être le cas à Dijon comme vient de le révéler l’INSEE. Notre ville, dans un développement maîtrisé, gagne ainsi près de 1 000 habitants par an, sa population totale est donc de 160 000 habitants au 1er janvier 2017 et je pense que nous avons encore progressé depuis.

Madame la Présidente, je crois que vous le savez mieux que quiconque, l’enjeu démographique est majeur. Et je vous le dis avec reconnaissance : vous avez raison de miser sur Dijon comme vous le faites ! Vous avez raison de miser sur un territoire qui a créé 800 emplois privés depuis début 2019 et dont le taux de chômage est aujourd’hui limité à 7% lorsque la moyenne nationale est à 8,4%. Vous avez raison de soutenir tous les projets de cette métropole à côté de laquelle vous auriez pu passer, si nous ne nous étions pas battus avec une conviction et une ardeur extrêmes pour obtenir ce statut. Et nous serons ensemble mardi prochain, pour lancer la création de notre unité de production et de distribution d’hydrogène, destinée à alimenter à terme une grande flotte de plusieurs centaines de véhicules propres.

Dijon, ville de réalisations

"Mesdames, Messieurs, ce grand projet hydrogène qui démarre juste – nous l’avons lancé lors des derniers conseils métropolitains de l’automne - me donne l’occasion, comme c’est de tradition lors des vœux, d’évoquer sans m’attarder quelques-unes des réalisations emblématiques de l’année qui vient de s’achever, vous les connaissez toutes. Je les prendrai par ordre à peu près chronologique :

- Je veux d'abord mentionner le projet OnDijon, dont le lancement a eu lieu en avril. Vous le savez, avec ce projet, nous avons engagé la coordination efficace, centralisée et connectée de toutes les grandes fonctions urbaines : circulation, signalétique de voirie, transports, surveillance de l’espace public, réclamations des citoyens… Les services de Divia ont rejoint en octobre ceux de la métropole. C’était une première française et mondiale, qui nous a valu jusqu’alors d’accueillir plus de 40 délégations des plus grandes villes françaises, capitales européennes, pays tels le Japon et prochainement l’Australie. La ville d’Angers vient de lancer un projet dans le même esprit.
- Juste avant, en mars, très exactement le jour de la Journée mondiale de l’eau, nous avions inauguré la nouvelle usine d'ultrafiltration des eaux de la source de Morcueil. Unir la technologie d'aujourd'hui avec le patrimoine d'hier, c’est une très belle ambition. Deuxième source historique de Dijon après le Val Suzon, la source de Morcueil alimente environ pour 25% l’eau de la métropole. Avec malice, je vous dirai qu’il faut toujours protéger ses sources …
- C’est aussi la raison pour laquelle, dès le mois de mars, Dijon a été la première grande ville de France, sous mon impulsion, à prendre un arrêté anti-glyphosate. Je le redis, ça n’est en rien une manifestation d’hostilité à l’égard du monde agricole. C’est même tout le contraire. Je connais la difficulté des agriculteurs à se passer de certains pesticides. Mais ma conviction est profonde que nous devons les y aider, qu’ils doivent être accompagnés, et que les questions de santé publique et de protection de l’environnement les concernent tout autant que tous nos concitoyens.
- Puis, bien sûr, la réouverture du musée des Beaux-Arts le 17 mai dernier. 300 000 visiteurs, Mesdames et Messieurs ! C’est ce que nous espérions, nous avons œuvré pour cela et cela s’est produit. Rénové et gratuit, ce phare culturel constitue aujourd'hui un puissant outil de l’attractivité de toute la métropole.
- Autour du musée des Beaux-arts et en même temps, la piétonisation des places Notre-Dame et Sainte-Chapelle et des rues des Forges, Verrerie et Longepierre, ainsi que la pose de 1 000 arceaux à vélos dans le centre de Dijon.
- En juillet, nous avons posé – enfin – la première pierre de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin, Deux ans de retard en raison de recours, mesdames et messieurs. Mais ça y est, c’est parti.
- En septembre, plusieurs belles inaugurations : la piscine métropolitaine du Carrousel, où nous en sommes à plus de 80 000 entrées ;
- la passerelle de l’Arquebuse qui ouvre la gare vers le Jardin des Sciences, en direction de la Cité internationale de la gastronomie et du vin
- et l’ouverture de l’école d’ingénieurs ESEO, début décembre – nous poserons la semaine prochaine la première pierre de la construction, sous l’égide de la SPLAAD, du campus métropolitain qui accueillera l’ESTP et l’ESEO.
- En septembre également, nous avons appris que Dijon faisait partie des lauréats de l’appel à projet Territoire de Grande Ambition pour l’Innovation, pour notre grand projet en faveur de l’alimentation durable 2030.
- Nous avons aussi lancé officiellement le technopole santé de Dijon, en lien avec BF Care, le CHU, le centre Georges François Leclerc, et l’Université de Bourgogne
- Depuis septembre toujours, notre bibliothèque municipale est désormais ouverte chaque premier dimanche du mois, avec une belle fréquentation. Ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit largement d’un public nouveau. Là encore, une belle preuve de la capacité d’adaptation du service public, dont je me félicite et dont je remercie les agents.
- Novembre et décembre n’ont pas été en reste. Je citerai juste, après plus de 2 ans de travail avec l’ensemble des maires et élus de la métropole et des centaines de réunions de concertation, l'adoption du plan local d'urbanisme intercommunal – habitat et déplacement, qui constitue la nouvelle feuille de route pour le développement stratégique de notre territoire.

Un mot sur le logement, pour vous dire ma satisfaction, en 2019, que Dijon soit, enfin, en règle avec la Loi puisque nous avons atteint le seuil de 20% de logements à loyer abordable.
Je terminerai cette brève énumération par 2 sujets importants :
- la conclusion, enfin, sous l’égide du Préfet, des modalités de transfert des compétences du Département vers la métropole. Tout cela entrera en application en 2020. Il sera temps d’en reparler.
- et enfin, la sélection de Dijon parmi les 18 villes admises à concourir pour le titre de capitale verte européenne 2022. J’ignore naturellement le nom du maire qui verra, je l’espère, aboutir cette candidature pour laquelle une décision devrait être connue en avril.  Mais c’est grandement symbolique du chemin emprunté par Dijon, en faveur de la transition écologique et de la lutte contre le réchauffement climatique.

A travers ces très nombreux projets, laissez-moi redire aujourd'hui, mon estime et ma reconnaissance pour le travail accompli chaque jour au service de nos administrés, par les agents de la fonction publique territoriale dont le dévouement et les compétences méritent - je vous le demande -  nos applaudissements ..."

Voeux 2020, François Rebsamen souhaite que Dijon soit forte dans son économie et harmonieuse dans sa cohésion sociale

Comment permettre le développement de Dijon tout en gardant des liens de proximité avec toute la population ? 

"Si Dijon mène de grands projets qui portent son rayonnement et son attractivité au-delà de son territoire, elle est tout autant une ville de proximité avec ses habitants. La gestion et l'entretien des lieux publics qu'ils aiment fréquenter, les services publics dont ils ont besoin en sont l'essentiel. L'attachement de chacun avec sa ville, c'est un lien singulier, familial ou amical, d'histoire ou de hasard personnel. C’est une histoire avec un lieu particulier, un quartier, avec une rue, une place ou un jardin, avec un monument, avec son école, avec ses commerçants ... Vous savez, les questions urbaines et péri-urbaines ont beaucoup changé en 50 ans. Et la ville, en vérité, est traversée par toutes les préoccupations du temps. Qu'il s'agisse de logement et de transport, d'environnement, de biodiversité, d’énergie, de la limitation de son empreinte carbone mais aussi des questions sociales, éducatives, des questions d'intégration, d’inclusion, d'équilibre des richesses ou encore d'emplois... Penser la ville aujourd'hui exige que l'on pense cette multitude de questions diverses et que l'on prenne la mesure des équilibres et des tensions qui la traversent.

La ville durable est une nécessité, une véritable priorité politique, à un moment où les bouleversements technologiques, climatiques ou économiques que nous traversons appellent une réponse. La construction de cette ville durable exige que l'on aborde de manière à la fois globale et transversale un nombre considérable de questions complexes. Il faut se soucier de gouvernance, de solidarités et de justice, il faut traiter de territoires, d'habitats, de formes urbaines, il faut se préoccuper de la place de la nature en ville, de l'innovation et des réseaux. Et toutes ces questions, il faut les traiter ensemble. Ce vaste chantier qui nous engage demande la coopération de tous. L'Etat, les collectivités locales, les entreprises, les chercheurs, mais aussi les citoyens et les associations. De plus en plus d'acteurs économiques, associatifs et institutionnels, maillons essentiels de la mobilisation et de l'action, s'engagent et agissent à leur niveau. Je souhaite que cette mobilisation puisse se généraliser à toutes les sphères de l'action publique, privée et citoyenne afin de rendre la ville plus douce à vivre, plus accessible et exemplaire en matière d'écologie urbaine.

La double bataille du progrès durable et des lumières est à reprendre, à réinventer et doit nous rassembler. Nous sommes tous conscients que seules des évolutions profondes et assumées de notre comportement, tant individuel que collectif, permettront d'éviter de plus grands maux pour les générations futures. Comment inventer la ville durable, la ville écologique, la ville qui s'allie avec la nature au lieu de la combattre ? Voilà le plus grand défi de la politique du XXIe siècle.

Nous devons inventer un nouveau modèle de croissance, une croissance sûre qui concilie progrès social, progrès humain, progrès économique durable et lutte contre le réchauffement climatique ; où le progrès scientifique serve à maîtriser et à diminuer l’empreinte carbone des hommes sur la planète.

C’est à dire l’exact contre-modèle de ce qui se passe aux USA, au Brésil et en Australie par exemple.
Un mot sur l’Australie : c’est trop simple de faire croire que les dramatiques incendies qui frappent ce continent sont le produit du réchauffement climatique. Ils sont aussi la conséquence d’un capitalisme sauvage, prédateur, totalement débridé qui en est arrivé à transformer le sous-sol en gruyère pour des profits spéculatifs immédiats et - on n’arrive pas à le croire - à faire coter l’eau en bourse !

Je reviens à Dijon… En cette fin de mandature municipale, mesdames et messieurs, je tiens ce soir à rappeler aussi l'importance des attentes que les Dijonnais placent dans leurs élus. Que chaque élu, et particulièrement ceux qui sont présents ce soir, reçoive ma gratitude pour son implication et son dévouement au profit du bien commun et de l'intérêt général pour conduire le destin de cette ville au jour le jour, et de la métropole. Un maire, c'est une sorte de chef d'orchestre, en charge de jouer une partition qui doit écouter toutes les voix, et pas seulement les plus fortes. Dans notre pays, les confrontations partisanes restent trop souvent enfermées dans des controverses du passé. Elles ont des causes profondes, structurelles, comme on dit aujourd'hui, liées notamment à un système centralisé à l'excès. C'est en étant ouverts sur toutes celles et tous ceux qui font vivre la démocratie sur le terrain, ces associations, collectivités, élus qui vivent et agissent aux côtés de leurs concitoyens, que l'on construira l'avenir de notre pays.

Il nous faut réhabiliter la notion de compromis et même en faire l’éloge. Le compromis, c’est la capacité à garder ses convictions, à défendre ce en quoi l’on croit. Mais c’est surtout cette volonté de faire prévaloir le rassemblement sur la division, bref l’intérêt général plutôt que les intérêts particuliers. J’ai longuement échangé hier sur ce sujet avec Laurent Berger, qui était à Dijon dans le cadre de la promotion du Pacte pour mieux vivre qu’il a élaboré avec Nicolas Hulot.

Car l’échange nait de la rencontre ; et des rencontres naît la richesse des relations et des actions. Une ville est un microcosme de diversité. Des femmes et des hommes de tous horizons y vivent ensemble, au-delà de leurs différences et même de leurs divergences : citoyens engagés dans le monde associatif, forces vives économiques, étudiant, parents et jeunes enfants, jeunesse, seniors, sans oublier les publics fragilisés par les épreuves de la vie.

C'est ainsi que l'on renouvellera le débat public. Et c'est ainsi que notre démocratie exprimera le mieux ce mouvement vital qui porte notre société dans ce 21e siècle.

Je voudrais qu'évolue un certain mode de pensée : ce n'est pas la société qui doit être dépendante en tout de l'État ; c'est l'État qui doit être au service du développement de la société. Dans cet esprit, nous ne devons pas avoir peur. Il faut libérer toutes les énergies qui sont à l'oeuvre dans notre pays.  Et pour cela, nous devons faire de la démocratie locale le moteur d'une démocratie de participation. Je souhaite, mesdames et messieurs, que la responsabilité des élus locaux soit renforcée, en même temps que le pouvoir des citoyens.

Que la décennie qui s’ouvre soit celle d’une nouvelle ère démocratique qui fasse davantage place aux initiatives décentralisées des territoires.

Je l'ai dit, je le redis aujourd'hui, notre pays doit savoir donner aux collectivités territoriales les moyens de s'engager plus efficacement au service des Français, sur tous les fronts où se jouent leur quotidien et leur avenir. La démocratie repose avant tout sur une certaine conception de l'homme, de sa liberté, de sa responsabilité. Elle se justifie aussi par l'efficacité avec laquelle elle permet à chaque individu de réaliser ses aspirations, d'exprimer ses talents, de surmonter les difficultés qu'il rencontre aux différentes étapes de sa vie, de participer effectivement aux décisions qui intéressent la collectivité, en apportant son expérience, ses convictions, la variété de ses savoir-faire. La démocratie doit respirer. Elle doit renouveler ses idées, s'ouvrir aux nouvelles générations. Elle doit faire vivre la mixité, riche de promesses pour la transformation de notre organisation sociale.

En cela, la confiance que nous nous portons mutuellement est essentielle. C'est elle qui nous pousse à travailler, imaginer, transformer, à rendre accueillante et attractive notre ville, à y dessiner son avenir, dans le respect de son histoire et de ses traditions. Dans une ville reconnue pour sa qualité de vie, le bien-être des Dijonnais repose évidemment sur un environnement sain et préservé mais aussi, et peut-être surtout, sur une politique sociale efficace. La réduction des inégalités passe par notre capacité à soutenir tous ceux qui en ont besoin : les tout-petits dès la crèche, certains seniors fragilisés ou les personnes en situation de précarité sociale. Favoriser la proximité avec les habitants répond à cette exigence et cette responsabilité : l’écoute, l’entraide et l’accompagnement social, qui sont au cœur de la vie municipale.

Face aux nombreuses difficultés que nous avons à résoudre, c’est la confiance qui nous donne la volonté nécessaire pour chercher et trouver les meilleures solutions aux problèmes du quotidien. La confiance nous permet de privilégier ce qui est et doit rester notre préoccupation principale : l'humain et la vie des gens. 

Dijon est une ville plurielle. On souligne la beauté de son patrimoine, sa douceur de vivre, son dynamisme. Mais je n'oublie jamais qu'elle abrite des situations humaines extrêmement disparates et qu’une ville n’est pas réservée à ceux qui réussissent.

Nous devons sans cesse agir dans deux directions complémentaires : lutter contre les inégalités fiscales et sociales, et en même temps combattre la pauvreté. Certes nous ne pouvons pas tout ; certes, les villes ne peuvent pas tout, pas toutes seules. Mais elles doivent prendre leur part à ces combats car ne l’oublions pas ce sont en métropole que vivent le plus grand nombre de personnes pauvres.

A Dijon, chacun doit avoir sa place, quels que soient son âge, sa situation sociale, ses talents et ses difficultés.

La force de la démocratie, c'est la liberté, c'est la citoyenneté, c'est l'égalité des droits, bien sûr. Mais c'est aussi la capacité à résoudre les problèmes, à répondre aux besoins de tous, à réaliser concrètement la proximité en prenant en charge les attentes de chaque citoyen.

L'honneur d’une ville, c'est d’agir au service des habitants en difficulté, parce qu'il n'y a pas de République sans égalité des chances. Cette grande idée ne doit jamais être abandonnée.

Nous sommes dans le temps des vœux : mon souhait le plus cher pour 2020, c'est que nous bâtissions ensemble une année de progrès durable. Une année qui soit aussi plus respectueuse des hommes et des femmes, dans laquelle chacun ait le sentiment de se sentir écouté et respecté. Je forme bien sûr, pour vous toutes et pour vous tous, pour vos proches, pour les collectivités publiques, les administrations, les chambres consulaires, les institutions juridictionnelles, les organisations et syndicats professionnels, les entreprises, les associations, la société civile que vous représentez, mes souhaits les plus chaleureux pour cette nouvelle année.

Voeux de santé, de prospérité, de bonheur pour vous-mêmes, pour vos familles et pour tous ceux qui vous sont chers.  

Alors qu'en mars prochain, nous aurons un grand rendez-vous démocratique, je formulerai, si vous le permettez, un vœu personnel : c’est celui que nous restions attachés aux valeurs universelles de notre République qui sont notre bien commun. Notre pays s'est notamment construit sur le dépassement des différences d'origines et l'adhésion à ces valeurs communes qui sont celles de l'échange et du dialogue des cultures, inséparable de l'affirmation claire et sans concession des valeurs qui font ce que nous sommes. Ne craignons pas en effet de l’affirmer avec force Dijon est une ville éprise de liberté, de fraternité et d'égalité. Une ville laïque, mais respectueuse   des religions. Libre à chacun de croire ou de ne pas croire, libre à chacun dans sa sphère privée de choisir ou non la religion de son choix. C'est pourquoi notre défi aujourd'hui, en tant que responsables politiques, est de contribuer à créer un climat d'apaisement pour que tous les Français soient en phase avec les fondamentaux de notre République. Ne craignons pas d'affirmer une vraie éthique, comme celle qui a inspiré la Déclaration universelle des droits de l'Homme. L'affirmer, c'est souligner la solidarité qui nous unit. C'est chercher sans cesse l'expression d'un idéal commun.

La fraternité qui est un principe essentiel de notre devise républicaine est, plus que jamais, une exigence pour mieux vivre ensemble, pour qu'une cité ait une âme, évite les clivages des générations, des origines et des cultures. Ce choix, celui de vivre ensemble dans le respect de chaque différence n'est jamais définitivement acquis. Il n'y a aucune contradiction entre une éthique universelle et la diversité des cultures parce que leur respect participe à cet humanisme qui nous anime.

Telles sont les valeurs sur lesquelles je ne saurais transiger. Nous sommes porteurs d'un héritage républicain irremplaçable qui nous a été légué et que nous avons à notre tour l'obligation de transmettre aux générations futures. Nous devons être fiers de notre culture et de notre histoire. Nous devons les connaître, les transmettre, les promouvoir, affirmer notre identité et notre diversité pour nous unir et nous rassembler. Voilà, Mesdames et Messieurs, ce qui doit nous mobiliser. Le reste, finalement, n’est que conjoncture ...

Que serons-nous dans 10 ans, dans 20 ans ? Une capitale régionale qui prend sa place, qui tient son rang, qui avance, qui prend des décisions ? Ou une ville qui regarde les autres, qui se désole, qui craint la comparaison, qui se dénigre, qui s'inquiète.

Je souhaite que Dijon soit forte dans son économie et harmonieuse dans sa cohésion sociale ; sinon, c'est la dislocation, la distorsion, les inégalités, les affrontements, le communautarisme. Je souhaite que Dijon soit exigeante dans l'affirmation de son adhésion aux valeurs républicaines.
Je souhaite que Dijon soit une ville toujours attachée à la liberté, aux libertés, à toutes les libertés. A la liberté de penser, à la liberté d’entreprendre, à la liberté de créer, dusse-t-elle, cette liberté - y compris dans l’espace public - ne pas toujours nous ménager, parfois même bousculer nos yeux ou nos oreilles. Comment, mesdames et messieurs, ne pas évoquer, avec la gorge serrée, le souvenir, il y a tout juste 5 ans, de l’attentat de Charlie Hebdo, qui a coûté la vie à 12 de nos frères et sœurs ? Comment ne pas penser, en ce 10 janvier, à la ferveur mêlée d’effroi qui était la nôtre, en ces grandes manifestations qui ont eu lieu dans tout le pays, et dans le monde entier, en soutien à Charlie et aux victimes du terrorisme ? Je souhaite profondément que Dijon, toujours, sache manifester - dans le respect du droit que je place au plus haut de la nécessité républicaine et démocratique - son attachement indéfectible à l'égalité et à la fraternité. Pour y parvenir, nous devons nous inspirer de deux vertus essentielles :
- la ténacité, c'est-à-dire la constance,
- la solidarité, qui est un état d'esprit et aussi un comportement. Solidarité dans les épreuves de la vie qui frappent chacun, solidarité dans les choix que nous aurons à faire, solidarité aussi pour unir les habitants de notre ville."

La politique locale est une politique de proximité qui nécessite de respecter autrui en même temps que le respect de soi-même.

"Mesdames, Messieurs, j'ai fait le choix d'aimer Dijon. C'est la ville où je suis né, où j'ai grandi, où j'ai fait mes études. C’est la ville où je vis. Aussi loin que remontent mes souvenirs, la passion et le besoin d'engagement ont toujours été présents au cœur de mon identité. Vous ne serez pas étonnés, si je vous dis que mon attachement à Dijon est d'abord un attachement aux Dijonnais et que j'éprouve à leur égard une profonde reconnaissance de me permettre de partager aussi intensément un moment de leur vie et de leur histoire. Une belle et grande vie, c'est une vie mise au service de quelque chose de plus grand que soi. Pour être maire, il faut, d'abord, aimer profondément sa ville et ses habitants, j'ajoute, tous ses habitants. Et s'intéresser à l'histoire locale et régionale. C'est je crois, le souci de quiconque aime une ville : qu'elle grandisse sans perdre son âme, son caractère, qu'elle prépare son avenir sans faire injure à son passé.

Au plan national, les attentes des Français demeurent fortes en matière de dialogue social, de retraites, de services publics de proximité, de facilités de vie quotidienne. Les mouvements sociaux répétés, l'inquiétude sur l'avenir de la planète, sur le niveau et la qualité de vie, sur les inégalités sociales ont occupé en 2019 une très grande place. Et la hiérarchie, la centralisation sont contestées aujourd'hui car elles n'apparaissent plus comme protégeant (suffisamment) l'intérêt général. Dans le même temps, les réseaux sociaux permettent de créer de nouveaux collectifs horizontaux, des contre-pouvoirs utiles, mais sans offrir de débouché politique. La conscience écologique, pour sa part, a progressé comme en atteste l'audience acquise par les rapports d'experts constatant le recul de la biodiversité ou le réchauffement climatique. Les marches pour le climat, en particulier celles de la jeunesse, témoignent de cette évolution des consciences. La réalité nous a rattrapés sur ce plan avec les épisodes de grêles et de canicule subis l'été dernier.

Il nous appartient à nous, élus, de répondre par une vision locale-globale de nos politiques publiques. Les politiques publiques décentralisées, construites par les territoires doivent être évaluées à l'aune de leur impact écologique, du bien-être social des plus fragiles, de l'égalité des chances assurée à tous et du soutien à l'innovation nécessaire pour inventer un nouvel avenir. C'est à mon avis l'opportunité du retour ''de la politique'' au sens noble du terme.

Je pense aussi à l'exigence éthique qui est le respect d'autrui en même temps que le respect de soi-même. Le respect d'autrui, c'est, pour l'homme public, le respect de ses concitoyens, l'attention à leurs aspirations. C'est aussi l'exercice de la responsabilité que le peuple lui confie.

Le respect de soi-même, c'est la conscience que la politique engage ; que l'on ne peut pas renier ses convictions en prétendant que c'est le vent qui tourne et non la girouette ; qu'il faut tenir ce que l'on promet, faire ce que l'on dit, réaliser en permanence la synthèse de sa pensée, de sa parole et de ses actes ; que les actes comptent et qu’ils en disent beaucoup de ce que nous sommes et de ce dont nous sommes capables ; «Je crois ce que je dis, je fais ce que je crois » (Victor Hugo). C'est cet engagement qui donne un sens à la vie et qui inspire la dignité des attitudes et des comportements.

Cet engagement, il mérite que l'on y investisse du temps, de la capacité d'écoute, de l'imagination, de l'énergie et ceci bien sûr au-delà des itinéraires personnels

Merci à toutes et à tous de votre présence ce soir.

De tout cœur, bonne et heureuse année 2020 !" 

François Rebsamen, Maire de Dijon, Président de Dijon métropole

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