En bref : Des gaulois retrouvés assis à Dijon

En bref : Des gaulois retrouvés assis à Dijon

Info+ :

Pour rappel,

L’Institut national de recherches archéologiques préventives, INRAP, est un établissement public placé sous la tutelle des ministères en charge de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 2 000 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi
qu’à la diffusion de la connaissance archéologique.


27 janvier 2025
Une équipe de l’Inrap vient de mettre au jour des sépultures gauloises atypiques à Dijon. Une fouille a en effet livré une série de 13 sépultures datées du second âge du Fer (ici, entre 300 et 200 avant notre ère). Ces fosses circulaires, régulièrement espacées les unes par rapport aux autres, forment une bande rectiligne. Elles contiennent des sujets adultes déposés selon une modalité identique, assis sur le fond de la fosse, le dos en appui contre la paroi orientale de la fosse, le regard vers l’ouest.

Communiqué :

Une équipe de l’Inrap vient de mettre au jour des sépultures gauloises atypiques -une série de défunts enterrés assis - lors de la fouille liée à la restructuration du groupe scolaire Joséphine Baker à Dijon. Menée sur prescription de l’État (DRAC Bourgogne-Franche-Comté), entre octobre et décembre 2024, sur une superficie d’environ 1000 m², cette opération a également livré des vestiges allant, de façon discontinue, de l’Antiquité à la période contemporaine.


Des inhumations atypiques


Les niveaux les plus anciens de la parcelle, datés vraisemblablement du second âge du Fer ont livré une série de 13 sépultures. Ces fosses circulaires d’environ un mètre de diamètre, régulièrement espacées les unes par rapport aux autres, forment une bande rectiligne de 25 m de longueur, orientée du sud en direction du nord. Ces structures sont globalement bien préservées malgré une érosion importante qui
a provoqué le déplacement voire la destruction des os les moins enfouis. Les défunts sont des sujets adultes déposés selon une modalité identique, assis sur le fond de la fosse, le dos en appui contre la paroi orientale de la fosse, le regard vers l’ouest. Leurs bras reposent le long du buste, les mains posées à proximité du bassin ou des fémurs. Leurs jambes sont très fléchies, souvent de façon asymétrique. À l’exception d’un brassard en roche noire (daté entre 300 et 200 avant notre ère), aucun mobilier personnel ou de parure n’est associé aux
dépouilles. Sa datation permet de rattacher l’occupation à l’époque gauloise.
Dans les années 1990, la fouille, proche, du quartier Sainte-Anne avait livré deux sépultures de ce type. Cette proximité impliquerait une même occupation se déployant à partir de la parcelle de la rue Turgot en direction du nord, où a été reconnu un espace (daté entre la fin de la période gauloise et le début du Ier siècle de notre ère) structuré par la construction d’un imposant fossé défensif et d’un axe de circulation bordé par une zone dédiée à l’ensevelissement d’animaux. Cet ensemble comporte le dépôt de squelettes entiers de chiens, moutons et porcs, pratique qui pourrait révéler la présence d’un lieu de culte de la fin de l’époque gauloise.


Quelques pistes d’interprétation


Cette découverte de la rue Turgot est particulièrement remarquable par le nombre d’inhumations mises au jour et le bon état de conservation des squelettes. Des exemples de défunts déposés en position assise sont avérés à partir du Mésolithique et, bien que rares, durant toute la Protohistoire. À l’issue de la fouille il est trop tôt pour tirer des conclusions sur l’occupation funéraire de la rue Turgot. Mais les caractéristiques communes à l’ensemble des tombes et l’uniformité des gestes funéraires évoquent des occupations similaires qui couvrent la totalité de la période de La Tène (environ entre 450 et 25 avant notre ère). Une douzaine de sites archéologiques seulement livrent une
cinquantaine de défunts « assis » dont les fosses sont placées à proximité d’habitats aristocratiques voire de sanctuaires ou de lieux de culte, à l’écart des nécropoles. Neuf de ces sites sont répertoriés en France, répandus dans la moitié nord de la Gaule, trois autres en Suisse. Malgré l’éloignement de ces sites, des concordances se répètent : ces structures sépulcrales sont installées en limite des occupations ;
les individus concernés sont des adultes dont le sexe, lorsqu’il est déterminé, est masculin. De plus l’uniformité des positions (une même orientation, la disposition soignée du cadavre) rappellent les figurations en pierre ou en métal de personnages accroupis voire assis en tailleur datées entre La Tène finale et le Haut-Empire ; ces inhumations évoquent une pratique vraisemblablement destinée à des sujets particuliers.
La spécificité du traitement funéraire réservé à un nombre limité d’individus dont les corps reposent dans une attitude codifiée porte à s’interroger sur leur statut : s’agit-il de membres issus de familles dominantes, de guerriers, d’ancêtres, d’individu liés à la sphère politique ou religieuse ?


Au cours du Ier siècle de notre ère, une nécropole gallo-romaine consacrée à l’inhumation d’une vingtaine d’enfants, décédés vraisemblablement avant un an, est installée dans une large partie de l’espace exploré. Ses limites ne sont pas avérées, l’installation de fosses de plantation, de fossés et la réalisation, pendant la période moderne, de travaux agricoles ayant effacé plusieurs tombes.

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