Une cérémonie sobre, digne, émouvante se déroulait à Beaune à 19 heures. Face au monument, autour duquel étaient déployés les Portes Drapeaux, fut diffusé l’Appel du Général de Gaulle. Quelle leçon de convictions et quelle voix ! Puis la sonnerie aux morts a retenti, suivie d’une minute de silence et de La Marseillaise entonnée par tous. Nous n’étions pas très nombreux et seuls deux enfants étaient présents. Pour commémorer l’un des moments fondateurs de ce que la France est aujourd’hui. Libre.
Cérémonie, en présence des Autorités civiles et militaires, au cours de laquelle Anne FRACKOWIAK-JACOBS, Sous-préfète de Beaune, a lu le message de Monsieur J-M TODESCHINI, Secrétaire d’Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire.
Message ci-dessous à la fin de l'article.
QUELQUES EXPLICATIONS A MES PETITS ENFANTS :
« Ces cérémonies peuvent vous sembler désuètes. Réservées, comme vous dites, « aux vieux ». Mais celle-ci commémore la démarche d’un Homme seul. Alors que les armées allemandes avaient franchi la Loire et que le Maréchal Pétain avait annoncé la capitulation, le Général de Gaulle, refusant la défaite de la France, a lancé son appel, de Londres, dès le 18 juin 1940, pour poursuivre le combat. Face à la défaite, aux bombardements des populations, aux horreurs (qui par la suite s’amplifièrent !) de la guerre il fut l’Homme du sursaut National, de l’Honneur de la France. Il a fait son Devoir. 5 années de combats, ensuite, pour libérer notre pays grâce à l’aide de nos Alliés. Votre pays, celui dans lequel nous vivons en paix depuis 70 ans. Ne pas oublier vous appartient. C’était il y longtemps … mais c’était hier ! La barbarie n’est jamais loin. Etre citoyen c’est aussi se souvenir. Même à 13 ans ».
Le Général de Gaulle fût rejoint à Londres par de nombreux Français et beaucoup devinrent Résistants, en restant en France, activement ou passivement mais refusant la présence allemande dans notre pays. Non tous les Français ne furent pas résistants mais ce serait trop long d’aller plus loin en quelques lignes.
Jacques M. Résistant en Bretagne puis Londres :
« Nous fûmes peu nombreux à entendre sur la BBC l’Appel du 18 juin. J’ai eu la chance de l’entendre. J’allais avoir 17 ans et dès le lendemain ma décision était prise. Je ne suivrai pas Pétain mais bien de Gaulle. Je refusais l’occupation allemande et j’ai, toute ma vie, été pour la Liberté et le refus des autorités qui m’imposaient des lois contraires à mes conviction, à celles de la République « Liberté, Egalité, Fraternité ». On ne nait pas résistant on le devient face à certains qui cherchaient encore à préserver leur confort ou composaient avec l’occupant. Au départ il n’y avait aucune organisation. Il fallut attendre 1943 pour voir naitre de véritables structures. Nous dévissions les voies ferrées, nous sabotions le travail sur le mur de l’Atlantique… avec nos petits moyens. Puis je suis allé à Londres. Nous ne devons rien oublier ».
Un Préfet qui doit loyauté au Gouvernement et entre en résistance ? Jean Moulin.
Anne Frackowiak-Jacobs, Sous-préfète de Beaune : « Jean Moulin ? Les circonstances étaient extrêmes. Il a payé tragiquement de sa vie son engagement. Beaucoup de préfets furent démis de leur fonction par le gouvernement Pétain, d’autres restèrent en place pour tenter d’atténuer l’application des lois de l’occupant, de sauver des personnes. Aujourd'hui l’article 40 du code de procédure pénale nous donne l’exigence de nous dérober lorsque les ordres sont contraires aux fondamentaux de la République. Nous avons même le devoir de les dénoncer. Qu’aurions-nous fait ? C’est une question que l’on peut souvent se poser ».
Qu’aurions-nous fait ? C’est une question que l’on peut se poser, une question que vous pouvez vous poser. Vous ne serez vraisemblablement pas des héros alors soyez, au moins, des Citoyens.
Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi
Message de Jean-Marc Todeschini, Secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire
Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle appelait les Français à refuser la défaite et à poursuivre la guerre par tous les moyens disponibles, partout dans le monde. Refusant l'abaissement de la France, il déclarait : « Quoi qu'il arrive, la flamme de la Résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ».
En cette journée nationale qui marque le 75e anniversaire de l'appel historique du 18 juin 1940 et le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous rendons hommage au chef de la France Libre et à tous ceux qui l'ont rejoint pour défendre une certaine idée de la France et de la Liberté.
La Nation française rend hommage à ce précurseur, illustre visionnaire, que fut le général de Gaulle.
Précurseur par les conceptions de stratégie militaire liées à l'emploi des blindés qu'il développa largement entre les deux guerres mondiales, qui lui valurent d'être nommé le 11 mai 1940 à la tête de la 4e division cuirassée de réserve ; puis d'être appelé le 6 juin suivant, au poste ministériel de sous-secrétaire d'état à la guerre et à la défense nationale.
Illustre lorsqu’il appela les Français à poursuivre la lutte, créant la France Libre puis la France combattante et unissant ainsi autour de lui tous ceux, en France métropolitaine comme hors de l'hexagone, qui voulaient rendre à la France sa Liberté.
Visionnaire enfin en permettant à la France, après cinq années d’occupation et de combats, de siéger à la table des vainqueurs, retrouvant ainsi sa place pleine et entière dans le concert des nations.
La Nation française ne peut commémorer ce 18 juin sans rendre hommage également à toutes celles et tous ceux qui, refusant la facilité et l'avilissement, répondirent à l'appel et prirent les armes contre l'ennemi, qu'ils aient choisi de servir au sein des Forces Françaises Libres ou qu'ils aient préféré s'engager dans la voie de la Résistance.
Les Français Libres venant de France, d'Afrique et d'ailleurs, légionnaires, tirailleurs, marsouins, marins et aviateurs, constituèrent une admirable cohorte de volontaires ayant en commun la croix de Lorraine.
Les Résistants de l'intérieur, de toutes convictions, de toutes conditions, choisirent de mener le combat sur le territoire national au sein des réseaux, des mouvements et des maquis.
Toutes ces femmes et tous ces hommes ont honoré la promesse du général de Gaulle. Celle du 18 juin 1940 de ne jamais éteindre la flamme de la Résistance. C’est à la lueur de cette flamme que nous devons, 75 ans après, continuer d’écrire l’histoire de notre pays, celle d’un pays libre et fraternel, celle d’une Nation profondément attachée à ses valeurs républicaines.
Xavier MULLER
Correspondant de l'Echo des communes
pour le Pays Beaunois
06 09 72 56 94