Réseau des réserves naturelles de France (RNF) ; une entrée dans l'année anniversaire du réseau avec la thématique de la libre évolution

Réseau des réserves naturelles de France (RNF) ; une entrée dans l'année anniversaire du réseau avec la thématique de la libre évolution

Info+ :

Photo : les membres du réseau des réserves naturelles de France rassemblés pour la première fois en cette année des 40 ans
©Patrice TERRAZ

Réserves naturelles de France
La Bourdonnerie
2 allée Pierre Lacroute
CS 67524
21075 Dijon Cedex
03 80 48 91 00
rnf@rnfrance.org

https://www.reserves-naturelles.org/

 


12 mai 2022

Du 3 au 5 mai 2022, le réseau des réserves naturelles de France, qui fête cette année ses 40 ans, s’est retrouvé pour ses « Rencontres scientifiques et techniques » sur le site remarquable de la Saline royale d’Arc-et-Senans, dans le Doubs. Organisées par « Réserves naturelles de France (RNF) » et placées sous la thématique de la libre évolution, ces journées ont permis à plus de 200 membres du réseau de partager des pratiques et d’échanger. Aux côtés de nombreux invités, trois grands témoins ont fait l’honneur de leur présence à cet événement : Francis Hallé, Gilbert Cochet et Béatrice Kremer-Cochet.

La libre évolution des milieux naturels, une pratique en devenir

Contrairement à l’approche de gestion active mise en oeuvre par les gestionnaires d’espaces naturels lorsque des enjeux de conservation particuliers l’exigent, la libre évolution consiste à laisser les milieux naturels évoluer spontanément, sans intervention humaine. On favorise alors la naturalité des espaces quitte à sacrifier parfois certains enjeux patrimoniaux.
Longtemps restée marginale ou teintée d’idéologies, la libre évolution intéresse aujourd’hui de plus en plus les gestionnaires d’espaces naturels. Elle permet en effet de contribuer aux enjeux de ce siècle, notamment notre adaptation au changement climatique qui conduit à de grandes menaces : celles de la disparition à moyen terme des espèces et milieux naturels. Pourquoi ne pas privilégier la spontanéité des processus écologiques à l’oeuvre pour permettre à la nature de s’adapter ? Les travaux scientifiques montrent que bien souvent, les espaces à forte naturalité font preuve d’une meilleure résilience vis-à-vis des grandes pressions comme le changement climatique ou les espèces exotiques envahissantes.

Les forêts ont été les premiers milieux à faire délibérément l’objet d’une mise en libre évolution par les gestionnaires de réserves naturelles. Les bénéfices de la non-gestion pour la biodiversité (gros arbres, arbres sénescents, bois mort au sol…) y sont visibles et indéniables. Dans le réseau des réserves naturelles, entre 7 et 8 % des espaces forestiers sont aujourd’hui “gérés” en libre évolution. Deux réserves classées pour protéger les forêts anciennes de hêtres laissées en libre évolution ont été classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2021 de par leur gestion au plus proche de la naturalité : la Réserve naturelle nationale (RNN) de la forêt de la Massane dans les Pyrénées Orientales et la RNN du massif du Grand Ventron dans les Vosges. La non-intervention se développe aujourd’hui dans d’autres milieux comme les zones alluviales ou les milieux ouverts.
Ces rencontres ont permis de poser les bases de la stratégie de RNF en matière de mise en place de la libre évolution dans le réseau. On estime à 2,5 % du réseau géré en libre évolution actuellement, l’ambition est de mieux identifier ces secteurs, les valoriser et renforcer la trame de ces espaces pour permettre d’accroitre la résilience de la nature. Comme le précise Charlotte Meunier, présidente de RNF, « le changement climatique menace une grande partie de la biodiversité française. Les réserves naturelles sont des lieux d’expérimentation et d’innovation pour imaginer le meilleurs pratiques pour faire face au changement climatique ».

Aux côtés des membres du réseau, trois grands témoins experts de la libre évolution
Point d’orgue de l’événement : trois grands témoins renommés ont fait l’honneur de leur présence pour la dernière journée de l’événement, le 5 mai 2022. Francis Hallé, biologiste, botaniste et fervent défenseur des forêts primaires a rappelé « l’importance de réinventer la place de l’Homme dans la nature et de sensibiliser les jeunes ». Pour Gilbert Cochet, agrégé de SVT et auteur de Ré-ensauvageons la France (Actes Sud, 2018), il faut « développer la libre évolution qui permet de tendre vers un milieu naturel complet ». Béatrice Kremer-Cochet, naturaliste et agrégée de l’université, a indiqué que « malgré le peu d’espaces naturels en libre évolution (moins de 1% du territoire métropolitain), cette approche fait son chemin ». La parole était également donnée à certains membres du réseau qui ont intégré la non-intervention dans leur pratique. À partir d’exemples concrets, ils ont pu témoigner de leur expérience et inspirer d’autres gestionnaires.

L’occasion de célébrer 40 ans d’histoire commune
Ces rencontres constituent le premier temps fort de l’année anniversaire du réseau des réserves naturelles. Ce dernier, a vu le jour en 1982 de par la volonté du Ministère de l’Environnement et de gestionnaires d’avoir une unité et une certaine indépendance d’action au bénéfice de la protection de ces sites en pleine expansion. À ce moment-là, ce sont 30 membres qui constituent l’embryon de ce réseau de gestionnaires en devenir. Le réseau commence alors à se fédérer autour d’une politique commune et de trajectoires concertées.
Depuis, le réseau, porté par RNF s’est organisé, professionnalisé et développé. Sa construction, progressive, a connu de belles réussites telles que la mise en place de protocoles scientifiques communs à l’échelle du réseau, le développement de méthodes pour la gestion, le portage de projets européens, des congrès toujours plus fédérateurs … Il regroupe actuellement 356 réserves naturelles et près de 700 membres.
L’année 2022 marque 40 années d’une dynamique singulière, innovante et engagée en faveur de la protection de la nature métropolitaine et ultra marine. C’est la fleur de l’âge, RNF, forte de sa légitimité désormais actée dans le Code de l’environnement, se projette. Ses ambitions futures : atteindre 500 réserves à l’horizon 2030 dans le cadre de la Stratégie nationale des aires protégées, améliorer les connaissances et les pratiques pour la gestion des espaces, faire émerger des nouvelles solutions économiques, sociétales et culturelles, des modèles de transition écologique et solidaire.

 

Charlotte Meunier, présidente de RNF, aux côtés de Béatrice Kremer-Cochet, Gilbert Cochet et Francis Hallé ©RNF


Présentation de l’association « Réserves naturelles de France »

L’association « Réserves Naturelles de France (RNF) », inscrite depuis 2016 au code de l’environnement, constitue le coeur du réseau des réserves naturelles de France. Elle oeuvre pour la protection de la biodiversité et du patrimoine géologique en France. RNF fédère une multiplicité d’acteurs : près de 700 membres dont 170 organismes gestionnaires de réserves naturelles, des bénévoles, des experts, des organismes de la protection et de la gestion de la nature en France et des autorités de classement (Régions et Collectivités). Elle anime ce réseau en proposant à ses membres un appui technique, de l’expertise, de la mutualisation d’outils et de ressources, des temps de rencontres et d’échanges. Elle contribue également aux politiques publiques et participe à la mise en oeuvre de la stratégie nationale pour les aires protégées. RNF est soutenue par l’État, les Régions, divers partenaires et l’adhésion volontaire des gestionnaires (personnes morales et physiques). Elle compte 36 salariés, la plupart d'entre eux étant des experts des thématiques de la biodiversité et de la géodiversité.

 

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