François Sauvadet : « Tout ce que nous pourrons faire, nous le ferons »

22 février 2017

Loi Notré, inscription de Dijon comme métropole régionale, nécessité pour les conseils départementaux de redéfinir leurs actions… François Sauvadet, président du Conseil Départemental de Côte-d’Or est très loin d’approuver les bouleversements induits par une réforme territoriale menée selon lui sans véritable concertation. Et il n’hésite pas à le dire.

Que pensez-vous de l’évolution de la politique territoriale à l’aune de la loi Notré et des différentes phases des lois de décentralisation ?

Il s’agit d’une évolution considérable que je n'ai ni souhaitée ni votée. On voit déjà poindre les difficultés, notamment les fusions de communautés de communes qui aboutissent à des communautés de taille bien insuffisante pour assumer les nouvelles compétences qui leur sont confiées. Quant aux maires, ils ont perdu leurs repères. On aurait pu faire l’économie d’un tel bouleversement en période de crise. Les particuliers enfin verront eux aussi très concrètement l’effet des transferts de compétences : le transport scolaire par exemple, dont la gratuité était jusqu’ici assurée, va très probablement coûter de 120 € à 150 € aux familles ! (1) Nouvelle étape enfin, Dijon acquiert le statut de métropole : c’est un phénomène nouveau. On en connaît le cadre légal mais pour en faire quoi ? On ne sait rien. Il n’y a eu aucune concertation préalable et j’ai l’impression que Dijon-métropole au lieu d’être une locomotive va se vivre comme un monde à part, avec une gestion intra-muros repliée sur elle-même. Un simple exemple : le plan de circulation. Décidé sans concertation avec l’environnement extérieur, sans parkings-relais suffisants, il aboutit à des bouchons et des difficultés de circulation. L’absence de dialogue a dune répercussion immédiate sur les habitants et je le regrette.

 

Ce statut de métropole s’accompagne là aussi d’un transfert de compétences

Oui. La loi lui permet de prendre 3 compétences parmi les 8 du Conseil départemental et, en cas de désaccord, ce sont les 8 compétences qui seront transférées hormis les collèges. Nous avons un conflit sur la prévention spécialisée. Le préalable aux discussions, c'est qu'elle fasse partie des compétences transférées. Et je le dis, s’il n’y a pas accord à ce sujet, il n'y aura pas d'accord global ! (3)

 

Quelle est votre vision du Conseil départemental et de son importance à l’avenir dans ce contexte ?

Je suis confiant ! Nous sommes devenus la seule structure de solidarité avec le monde rural, car de nombreuses communautés de communes ne sont pas en mesure d’assurer les compétences qui leur sont transférées. Le département est le garant des solidarités territoriales et humaines. Malgré un resserrement de ses compétences, le Département a donc paradoxalement un grand avenir… sauf si on l’étrangle financièrement.

Je suis pour une gestion au plus près des besoins : le RSA se gère mieux en proximité ; l’agriculture a encore besoin de nous ; les services aux particuliers, aux communes comme aux entreprises. C'est dans cette logique que nous conserverons notre laboratoire départemental.

Tout ce que nous pourrons faire, nous le ferons !

Je mets en garde contre la politique des élites républicaines qui voient le développement de la France uniquement sous le faisceau du fait urbain, ce qui génère un sentiment d’abandon et de désespérance qui à terme est une menace pour la République.

 

Comme Président, comment voyez-vous ces moyens d’action dans un futur proche ?

Le Département doit être pro-actif dans plusieurs secteurs.

- Pour les personnes âgées. Il faut agir pour garantir le plus longtemps possible le maintien à domicile, puis dans des unités de vie à proximité du lieu où ces personnes ont vécu. C’est pourquoi nous œuvrons pour maintenir les hôpitaux locaux, les Ehpad de proximité…

- Dans l’éducation. Le réseau de collèges est un outil d’aménagement du territoire, il n’y aura donc pas de fermetures.

- Dans le domaine de la famille et de l’aide à l’enfance, via nos agents solidarité-famille.

- Auprès des centres de secours

On m’accuse de saupoudrage parce que nous aidons les communes. Je revendique le saupoudrage : le Département est le premier interlocuteur du maire !

Enfin, une des clefs du développement est l’investissement massif dans le déploiement du numérique.

 

Quelles sont les perspectives pour le Département de la Côte-d’Or ?

Loin du fatalisme, je veux inscrire la Côte d’Or comme un laboratoire de l’initiative territoriale. Au sein de « Futurs 21 » j’ai souhaité que le Conseil départemental regroupe dans une association l’Université de Bourgogne, des chercheurs, des sociologues, des spécialistes du développement durable et des circuits courts, des entrepreneurs des territoires… pour inventer de nouvelles formes d’aménagement du territoire, porter un message d’espérance, faire de notre département un « fab lab » de l’innovation territoriale. Dans le domaine du développement durable, tout est à inventer.

 

François Sauvadet

En parlant de perspectives de développement et de projets structurants, quels sont ceux qui portent le département ? Où en est-on par exemple du Parc National ?

C’est un projet qui n’est pas assez porté politiquement et je le regrette. Le Parc National pourrait être un espace d’innovation économique, avec une opportunité de labellisation dans le domaine de l’exploitation du bois. C’est un dossier qui a été longtemps enlisé mais je fais confiance à Marcel Jurien de la Gravière, le président du Groupement d’intérêt public, pour sortir des craintes et faire émerger le Parc.

Il nous font aussi capitaliser sur nos autres points forts : les 80 ans de la Route des Grands Crus, les Climats, nos voies vertes, les voies cyclables qui font de notre département l’un des plus reconnus par le monde du cyclotourisme, le muséo-Parc d’Alésia : sur ce dossier, la Région évolue dans les financements et je m’en réjouis, le Musée Châtillon-Vix. Nous avons des atouts !

 

(1) Lire à ce sujet le blog de François Sauvadet : http://www.francois-sauvadet.net/la-gratuite-payante/#more-1918

(2) http://www.francois-sauvadet.net/metropole-dijonnaise-et-maintenant/#more-1933

(3) Lire à ce sujet les tribunes libres du dernier numéro de Côte d’Or magazine, la revue du Conseil départemental de Côte d’Or. http://www.cotedor.fr/cms/page8744.html

 

Emmanuelle de Jesus
Agence ProScriptum
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