Le Directeur général de l'ARS, Pierre Pribile et son adjoint, Olivier Obrecht

A l’issue de plus de 20 mois de travaux et la contribution d’un millier d’acteurs, le Projet Régional de Santé 2018-2028 a été arrêté le 2 juillet 2018 par le directeur général de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté. Il est dans la droite ligne de la Stratégie Nationale de Santé. Photo: ©ARS

Le PRS Bourgogne-Franche-Comté s’engage résolument dans quatre transformations :

· le virage de la prévention ou comment donner à chaque habitant de Bourgogne-Franche-Comté les clés pour préserver et améliorer sa propre santé 
· le virage ambulatoire ou comment s’organiser pour assurer au patient un retour le plus rapide possible à sa vie ordinaire après un passage à l’hôpital, quelle que soit la discipline dont il relève (chirurgie, médecine, psychiatrie …)
· le virage inclusif ou comment faire en sorte que personnes âgées et personnes en situation de handicap vivent dans le « milieu ordinaire » en repensant l’offre de services pour accompagner leur quotidien · le virage numérique ou comment permettre aux patients et aux professionnels d’interagir dans un environnement numérique sécurisé et facilitant les échanges.

Le Projet, qui privilégie une approche par parcours de santé et de vie pour les patients, vise aussi à accélérer l’innovation en santé à l’appui de ces transformations.

Plus de 300 avis ont été rendus par les instances et collectivités qui se sont exprimées au cours des trois mois de la période de consultation, entre février et mai : la conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), près de 270 communes, les 8 conseils départementaux, le conseil régional…

L’Agence Régionale de Santé a examiné l’ensemble des remarques qui ont été formulées dans ces avis. Leur prise en compte se traduit dans plus de 200 précisions, corrections et clarifications dans la rédaction finale de ce document, donc certaines portent sur des points de doctrine de la politique mise en oeuvre.

Le PRS réaffirme et précise ainsi la nécessaire gradation des soins sur le territoire, la place des hôpitaux de proximité, ou encore le rôle des collectivités et des élus locaux dans la territorialisation des politiques de santé.

Il décline l’ensemble des outils à la disposition de l’ARS et de ses partenaires pour faire face aux tensions sur la démographie des professionnels de santé.

Cinq défis à relever

Le défi du vieillissement
Plus de 10% de la population de Bourgogne-Franche-Comté a plus de 75 ans (soit 1,3 point de plus que la moyenne nationale). Les projections à horizon 2030 prévoient une hausse de 4,5% de la population par rapport à 2011.
Cette progression dépassera les 20% pour les plus de 60 ans et approchera les 25% pour les plus de 85 ans.

Le défi des maladies chroniques
En Bourgogne-Franche-Comté, les principales causes de décès sont les cancers (7 600 décès par an) et les maladies cardio-vasculaires (7 500 décès par an sur la même période, 2009-2013).
Près de 2 000 morts peuvent également être imputés au diabète chaque année.

Le défi de la santé mentale et de la psychiatrie
60 000 personnes étaient enregistrées en affection de longue durée (ALD) pour affections
psychiatriques en 2014. La région souffre d’une surmortalité par suicide (plus de 25 décès
avant 65 ans pour 100 000 habitants chaque année, contre 20 à l’échelle nationale).

Le défi de la démographie déficitaire des professionnels de santé
La région compte 96 médecins généralistes libéraux pour 100 000 habitants, une densité inférieure de plus de 8 points à la moyenne nationale. L’offre régionale est fragilisée par la forte proportion de praticiens proches de l’âge de la retraite : près de la moitié de ces praticiens sont âgés de 55 ans et plus.
L’offre régionale en spécialistes (libéraux, salariés ou mixtes) est plus déficitaire encore avec une densité de moins de 150 pour 100 000 habitants, contre plus de 185 pour 100 000 habitants en France métropolitaine.

Le défi de l’environnement
Qualité de l’eau, habitat, allergies aux pollens, changements climatiques….Plusieurs facteurs environnementaux déterminent la santé des habitants de la région. Ces enjeux sont pris en compte dans le Plan Régional Santé Environnement 2017-2021 publié en septembre 2017 et dont les actions sont intégrées dans le PRS.

Ce qui compose le PRS

Le Projet Régional de Santé comporte quatre volets :
-Un cadre d’orientation stratégique d’une durée de 10 ans (échéance 2028).
-Le schéma régional de santé (SRS) élaboré à partir d’un diagnostic régional, d’une durée de cinq ans.
-Le programme d’accès à la prévention et aux soins (5 ans).
-Un volet relatif à la coopération franco-suisse en matière de santé.

Les 4 finalités de la politique régionale …

1. Améliorer l’état de santé des habitants de la région Bourgogne-Franche-Comté en agissant sur les déterminants de la santé
2. Réduire les inégalités sociales et territoriales de santé
3. Garantir la qualité du système de santé ainsi que la sécurité et la pertinence des prises en charge et des actions de santé
4. Innover au service de la santé et de l’autonomie de demain.

… conformes aux 4 axes de la Stratégie Nationale de Santé

1. Mettre en place une politique de promotion de la santé incluant la prévention dans tous les milieux et tout au long de la vie
2. Lutter contre les inégalités sociales et territoriales d’accès à la santé
3. Garantir la qualité, la sécurité et la pertinence des prises en charge au bénéfice de la population
4. Innover pour transformer notre système de santé en réaffirmant la place des citoyens.

Des orientations déclinées suivant un fil rouge : les parcours des patients

La notion de parcours s’est imposée pour faire évoluer le système de santé vers une prise en charge plus complète de l’individu.
Privilégiant une approche globale et continue, les parcours intègrent la prévention, les soins, l’accompagnement social et médico-social.
Objectif : faire en sorte qu’un individu trouve le bon service au bon moment et au meilleur coût, en facilitant la coordination des acteurs qui interviennent tout au long de sa prise en charge.
L’ARS Bourgogne-Franche-Comté a identifié 13 parcours de santé, par population ou par pathologie, l’enjeu consistant à réduire les points de rupture qui peuvent intervenir dans le cheminement du patient.
· Parcours personnes âgées
· Parcours handicap/une réponse accompagnée pour tous
· Parcours précarité/vulnérabilité
· Parcours santé mentale et psychiatrie
· Parcours cancer
· Parcours diabète
· Parcours maladies cardio-vasculaires
· Parcours neurologie
· Parcours nutrition/santé
· Parcours maternité et parentalité
· Parcours développement de l’enfant
· Parcours adolescents et jeunes adultes
· Parcours addictions

De nouvelles approches : prévention, inclusion, gradation des soins

Faire le choix de la prévention
Environ 1 500 décès seraient évitables chaque année en Bourgogne-Franche-Comté par la modification des comportements individuels. En cause notamment : le tabagisme, la consommation d’alcool, la pollution de l’air …
Promotion de l’activité physique et de l’équilibre alimentaire, dépistage du cancer, repérage des troubles du langage chez les enfants, éducation thérapeutique des patients atteints de maladies chroniques : le PRS encourage le développement des environnements et pratiques favorables à la santé tout au long de la vie et dans tous les milieux de vie, en faisant porter l’accent sur la période de l’enfance.

Favoriser l’autonomie et l’inclusion
Les orientations du PRS dans son volet médico-social visent à faciliter l’autonomie des personnes en situation de handicap, dans le respect de leur choix de vie et en privilégiant l’inclusion, qu’elle soit scolaire, sociale (accès à un logement adapté) ou professionnelle.
Autre priorité : prévenir la dépendance des personnes âgées par un repérage avec les médecins généralistes, les acteurs de santé et les travailleurs sociaux et médico-sociaux.
Pour proposer une alternative au placement en institution, l’offre de services à domicile sera réorganisée et renforcée pour permettre une meilleure prise en compte des besoins et une meilleure couverture du territoire, coordonnée avec l’ensemble des acteurs locaux.

Veiller à la nécessaire gradation des soins sur le territoire
Ressources humaines, qualité et sécurité du service rendu : l’offre de soins d’une région ne peut être identique en tout point du territoire. Le PRS Bourgogne-Franche-Comté prévoit rois niveaux :
· le premier recours, qui correspond à la possibilité pour le patient d’accéder en proximité à un médecin généraliste, à un infirmier, un masseur-kiné, un pharmacien, un dentiste, une sage-femme… le plus souvent en ville, mais qui peut aussi s’appuyer sur une offre hospitalière de proximité ;
· le deuxième recours correspondant à l’accès au médecin spécialiste, libéral ou hospitalier et à un hôpital de proximité ou un centre hospitalier dans un périmètre un peu plus élargi ;
· le troisième recours donnant la possibilité d’accéder à des établissements de soins équipés de plateaux techniques plus sophistiqués et dotés d’équipes spécialisées de type centre hospitalier universitaire.
Le PRS souligne la nécessité de la coordination territoriale dans l’organisation de l’offre. Les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) y contribueront notamment, en élargissant leur partenariat aux établissements de santé privés, aux structures et établissements médicosociaux et aux professionnels libéraux du premier recours.
Dans ce cadre, les hôpitaux de proximité constituent un pivot de l’offre de soins. Points de rencontre entre soins de ville et soins hospitaliers, entre le champ sanitaire et le domaine médico-social, ils ont vocation à jouer un rôle majeur dans leur environnement en contribuant à l’offre de premier recours et en assurant un rôle de passerelle vers le deuxième recours.

A l’écoute des partenaires

Parce que le champ de la santé est immense et que l’amélioration de la santé de la population est l’oeuvre de tous : famille, école, professionnels de la santé, établissements et structures, collectivités, administrations… le PRS a pour ambition de fédérer tous ses
partenaires autour d’objectifs communs et partagés.
Le document a donc dû évoluer par rapport à la version soumise à consultation, pour prendre en compte les avis reçus et, chaque fois que cela était nécessaire, compléter certains points, en corriger d’autres ou apporter des précisions.
Ainsi, c’est l’ensemble du PRS, dans ses 4 composantes, qui a été amendé par rapport à la version soumise à consultation :
· plus de 200 modifications
· des actualisations pour rester en phase avec les orientations nationales (stratégie de transformation du système de santé, plan national de santé publique, service sanitaire…)
· des parties nouvelles en réponse aux avis, notamment sur la gradation des soins, la place des hôpitaux de proximité, celle des médecins spécialistes, le rôle des collectivités et des élus locaux dans la territorialisation des politiques de santé…
· des parties largement réécrites et plus étoffées, en particulier sur l’offre médicosociale, la démographie des professionnels de santé, ou encore les transports sanitaires ...
La qualité des relations avec les partenaires institutionnels constitue un élément clé pour atteindre les objectifs du PRS, tant les différentes dimensions de la santé sont aujourd’hui contenues dans un ensemble vaste de politiques publiques portées par de
nombreux acteurs de l’Etat (DRDJSCS, Rectorat, DREAL….) et les collectivités territoriales.
L’implication accrue des usagers dans la mise en oeuvre de certaines orientations sera également déterminante.

Au plus près du terrain pour porter l’ambition du PRS

L’ARS Bourgogne-Franche-Comté a joué la carte de la transparence pour présenter les enjeux du PRS et les porter à la connaissance du grand public. Le directeur général de l’Agence, Pierre Pribile, s’est déplacé sur le terrain à plusieurs reprises pour aborder certaines de ses grandes problématiques aux côtés des professionnels directement concernés :
-en mars sur le thème de l’accès aux soins dans une maison médicale de Seurre, en Côted’Or, 
-en avril, sur la problématique des urgences, en présence des professionnels, à Dijon,
-en mai, pour évoquer la prévention, au sein d’un complexe sportif, à Vesoul, avec la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRDJSCS) et le Réseau sport santé,
-en juin, pour évoquer l’inclusion en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap, avec le recteur de la région académique, dans une école élémentaire de Besançon.